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EAN : 9782375543009
368 pages
Slalom (12/08/2021)
4.13/5   211 notes
Résumé :
Le récit vibrant d'émotion d'un adolescent en quête d'amour, d'identité et de reconnaissance.
Felix cumule les étiquettes –; noir, queer, trans –; mais son identité reste trouble. Comment avancer dans la vie quand on n'arrive pas même à savoir qui l'on est ?
Alors qu'il lutte pour s'affirmer, le jeune homme va devoir faire face aux critiques et aux jalousies. Mais dans l'épreuve vont éclore les plus grandes amitiés... et la plus belle des histoires d'a... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (86) Voir plus Ajouter une critique
4,13

sur 211 notes
J'attendais, depuis quelques temps déjà, la parution de ce livre sur nos tablettes du québec ce livre à la jolie couverture orange, j'en ai même fait une demande de service de presse, qui n'est jamais venue. Ça ne m'a pas empêché de sauter dessus une fois arrivé d'outre-Atlantique et comme je le pressentais, j'ai apprécié dans l'ensemble, malgré quelques anicroches. Ce roman est le premier de l'auteur, ce qui peut expliquer certains points sur le plan de l'écriture, mais globalement, difficile de ne pas aimer ce trop rare roman qui met en lumière un personnage transgenre. Avec le roman "Birthday" de M.Russo, c'est donc mon deuxième roman sur le sujet. Je précise que l'autrice.eur est trangenre, iel parle donc en connaissance de cause.


Nous suivons Félix Love, 17 ans, né fille, en voie de devenir garçon, mais en pleins questionnement identitaire. Élève possédant un certains talent en art, surtout dans les portraits, Félix aspire à entrer dans une prestigieuse école où un cursus double en design lui semble la meilleure option, d'autant plus qu'une bourse est octroyée à un étudiant méritant. Pourtant, bien loin de travailler sur son "book" ( on appel ça un "portfolio" ici au Québec), Félix semble démotivé, veillant aux petites heures du matin, enchainant les joints, les soirées arrosées et les grandes questions existentielles. Il ne quitte pratiquement jamais son meilleur ami Ezra, qui malgré son statut de fils de riches privilégié, a lu aussi des griefs contre ses parents. En effet, le père de Félix a bien du mal avec la transformation physique de son enfant, et sa bonne volonté ponctuée d'erreurs de pronom et de noms semble ne pas être assez pour le jeune homme. Un jour, en entrant dans son école dont il suit un cursus d'été, Félix est confronté a une exposition de photos dont il est le sujet. Des photos agrandies de lui, plus jeune, alors qu'il était une fille. Cet attaque à sa vie privée est accompagnée de textos d'un "troll" anonyme qui s'attaque à son identité de genre. Blessé et humilié, Félix ne songe alors qu'à se venger et met ce exposition et ce troll sur le dos de Declan, ancien petit-ami d'Erza sont il tient rancune pour son attitude. Il cré un faux compte Instagram dans le but de se rapprocher de lui et trouver un élément susceptible de lui nuire. Néanmoins, ce n'est pas la personne responsable de l'expo et Félix, le premier surpris, réalise qu'en fait, c'est agréable de converser avec Declan. S'ensuit alors une sorte de triangle amoureux entre Erza, Félix et ce dernier. En parallèle, Félix est en pleine quête identitaire, papillonnant entre ses amis, un groupe de soutient LGBTQIA+, son père et sa classe d'art en espérant trouver à la fois des réponses sur son identité et un moyen de surmonter le blocage créatif pour amorcer un portfolio digne d'entrer dans sa prestigieuse école.


Comme je l'expliquais plus haut, le fait de n'avoir pratiquement pas de romans sur le sujet tend à me faire dire que ce roman mérite une plus grande attention. Nous avons peu de romans qui questionne l'identité de genre transgenre, non-binaire et, comme je l'ai découvert ici, l'identité "demiboy", un terme que je connaissais pas du tout. Il en existe déjà plusieurs pour l'homosexualité, mais pour le transgenre, je n'en ai vu que cinq, dont deux sont de la même autrice. Ce roman-ci couvre large sur les identités, en cela, il est assez unique - du moins pour le moment. Je pense que malgré ses petits travers de forme et son côté "américain sensationnel" , ça reste une oeuvre notable et utile. En outre, on fait aussi la connaissance du vocabulaire de la communauté, comme le "iel".


Que veux-je dire par "Sensationnel américain"? Je constate une sorte de constante dans les histoires qui nous viennent des auteurs et autrices états-uniens.iennes, et c'est cette manie de faire dans le "gros, grand, wow"! On dirait qu'ils ont du mal avec la notion de "terre-à-terre". C'est souvent plus grand que nature et ça perd en crédibilité. Difficile alors de se projeter complètement quand ça semble si invraisemblable et grandiloquent. Mais bon, c'est peut-être un genre qu'ils se donnent, en harmonie avec leur tendance à faire dans le "rêve américain". Dans le roman, c'est encore cette fin grandiose, cette façon de faire un "happy ending" en apothéose qui me donne surtout cette impression de trop en faire. Aussi, c'est très "dramatique" quand aux relations entre les personnages. On est loin d'histoires telles que celles de Sacha, Nick et Félix de "Chimie 501" ou même "Birthday". Ici, on a pas cette question de la sécurité de base, ni même d'intimidation soutenue. Il y a des enjeux, certes, mais je les trouve traités avec exagération, surtout par égard aux autres romans sur la communauté LGBTQ+.


Sur l'écriture, comme certains autres l'ont mentionné, c'est un peu trop "oral", mais ce qui ajoute un peu au problème est cette façon des traducteurs de France de mettre leur jargon de "jeunes" plutôt que d'opter pour des termes plus internationaux. du coup, ça contraste beaucoup. On coupe beaucoup certains mots en deux, "putain" revient souvent, ça jargonne allègrement. Ce n'est pas illisible, mais ça donne encore l'impression que les jeunes adultes ne savent pas parler, encore une fois. Néanmoins, à d'autres moment, les descriptions des émotions sont jolies, on a pas de difficulté à suivre le ressenti de Félix et c'est tant mieux, parce qu'à mon sens, c'est ce qu'on s'attend à avoir avec une histoire comme la sienne: être capable d'avoir de l'empathie pour lui.


Aussi, il manque des espaces entre les dialogues et les paragraphes et les textos auraient pu être mit dans des bulles de texte, pour plus de clarté. Je note cependant que les textos sont bien écrits et les mots complets, dieu merci.


Côté personnages, j'ai eu un coup de coeur pour Tully, le grand-père de Declan, qui malgré ses deux courtes apparitions, est l'un des personnages les plus adorables du roman et on en souhaiterait des millions des comme lui, de part le monde. Il est ouvert d'esprit, chaleureux et a de meilleurs compétences parentales que bien des gens. le personnage de Leah est également notable, un super personnage féminin qui a une bonne tête et un grand coeur.


Félix , pour sa part, rentre un peu dans le standard de personnages principaux américains: beau ( mais il ne le sait pas), désirable ( mais il ne le sait pas), au centre d'un triangle amoureux ( encore une fois), rempli de talent ( qui ne demande qu'être révélé aux autres) et différent ( mais ça fait de lui un être exceptionnel). Assez typiquement américaine comme formule. Seul bémol: Je l'ai trouvé très égocentrique. Il avait cette façon de tout ramener à lui qui devenait irritante. Aussi, ce qu'il appelait "deadnamer" par son père , ce qui veut dire que son père utilisait son ancien prénom, celui qu'il avait quand il était une fille, générait toujours des crises. Cela dit, pour un parent qui a utilisé un prénom durant des années, ce doit nécessiter beaucoup de temps pour s'habituer. En ce sens, j'ai trouvé Félix très peu compréhensif et empathique. Il admet volontiers que son père était là pour lui, même pour ses transformations. Il me semble que cela fait foi de tout? Mais non. Pour Félix, chaque "deadname" est une insulte. Ça je dois dire qu'il m'énervait avec son manque d'empathie.


Et je n'adhère pas à son plan à la "catfish", vous savez, ces gens qui s'invente une identité pour piéger d'autres gens sur les réseau sociaux? Deux mots pour décrire ce genre de manoeuvre: Lâche et Cruel. Manipuler les sentiments des autres, jouer dans leur tête, s'amuser à leurs dépends, ça devrait être sanctionné tellement c'est malsain. Alors quand Félix a sorti cette idée, je n'étais aussitôt plus de son côté et je lui souhaitais de s'en mordre les doigts. Parce que la vengeance non plus n'est pas une excuse à "catfisher" quelqu'un. Et des enjeux personnels ne justifient aucunement de malmener les autres, ça ne devrait jamais servir d'excuses. C'est un mauvais mécanisme de défense et ça ne peut causer que du drame, ultimement. IL s'arrange aussi pour briser des liens de confiance, en se comportant ainsi.



Sur le plan de la psychologie, comme mentionné, on a pas tant de représentants personnages pour cette catégorie de gens, les persos transgenres, et c'est là que ça détonne. le côté "drama" adolescent USA , on connait, mais l'aspect d'identité de genre, on en a beaucoup moins. J'aime la façon que les autres personnages ont teinté la perception de Félix vis-à-vis de lui-même, mais aussi de l'adolescence en général. Tous les ados se cherchent, c'est une vérité universelle. C'est même ça qui distingue cette période où l'on découvre qu'on est une personne distincte et unique. En cela, Félix n'est donc pas le seul. Ce qui est différent, c'est qu'il cherche très précisément "l'étiquette" de genre qui lui convient. Là, je dois dire que le débat est ouvert: a-t-on vraiment besoin d'avoir des étiquettes? Bref, je dois dire que c'est tout un pan de questions et d'identités de genre que je ne connaissais pas qui se sont matérialisées dans le roman, et pour ça je trouve que ça vaut la peine de le lire. Ce n'est pas simple de concevoir quels sont les questions et les tracas des ados qui ont des identités de genre autre que celles qui sont connues. Bon nombre de débats sont ouverts juste en lisant cette histoire, puisque bon nombre de personnages soulève des questions pertinentes , mais au final sans réponses.


Petit constat: Je souhaite vraiment que les maisons d'édition française cessent de ne pas traduire leur titres. Ça porte à confusion et en plus, ça ne valorise pas la langue française.


En somme, c'est un roman mitigé, différend à certains égards, typiquement américains sur d'autres, le tout peuplé de beaux personnages en nuances, sur des thèmes comme la famille, la différence, l'Art visuel, les relations amicales et amoureuses, ainsi que la découverte et l'émancipation de soi. J'aimerais voir ce roman rejoindre les étagères des bibliothèques et servir les professeurs, particulièrement pour servir l'éducation sexuelle et promouvoir la diversité de genre.


Ce roman ne contient pas de contenu sexuel explicite ni violence outrancière, mais il y a certaines violences psychologique ( le harcèlement que vit Félix, les mensonges et la manipulation de Félix sur Declan, par exemple) et sociales ( le rejet parental d'adolescent(e)s queer notamment). Il y aussi beaucoup de jurons français de France. Ce peut donc être une bonne lecture pour le second cycle secondaire (15-17 ans), avec accompagnent professoral ou d'intervenants, mais demeure un roman classé "Jeune adulte", 17 ans+.


PS: Il y a une erreur à la page 363, dans les quatrièmes de couvertures de livre suggérés. On y présente "Jemima Small" avec le descriptif du roman "Filles Uniques".
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Au moment où le pronom « iel » entre dans le dictionnaire, il était temps que je me penche un peu sur la question, notamment en lisant un roman mettant en lumière la communauté LGBTQI+ (si je ne me trompe pas).

Felix est une personne née dans un corps qu'iel ne considère pas comme le sien. Mais, autant iel est sûr.e qu'iel n'est pas une fille, iel ne sait pas pour autant s'iel est un garçon. A cela s'ajoute les tourments de l'adolescence, les premiers émois, la découverte de l'autre, et des autres, un avenir où tout est possible mais où tout semble compliqué. D'autant que certaines personnes semblent vouloir lui mettre des bâtons dans les roues.

Bon, je ne vais pas tourner autour du pot, je n'ai que très moyennement apprécié ce roman. Déjà, parce que ces atermoiements d'ado ne m'ont pas intéressée le moins du monde. Je n'étais clairement pas la cible. J'ai trouvé Felix, ainsi que son meilleur ami Ezra, assez pénibles et irritants, seul Declan, au final, a trouvé une certaine empathie chez moi.
Ensuite, parce que l'écriture, très orale, ne m'a pas transcendée non plus. Et que la fin, que j'ai vue venir à dix mille kilomètres, m'a semblé un peu trop hollywoodienne.
Enfin, et c'est peut-être ce qui fait que j'ai du mal à rédiger mon avis, est que je me sens assez éloignée des problématiques avancées dans ce roman, ne m'étant jamais posé la question de mon identité et ne connaissant personne de transgenre. Et, aussi, je ne comprends pas bien quel était le but de l'auteur.e. Pour un livre qui prône le non-étiquette, qui avance qu'une personne est avant tout un être humain, peu importe son genre, ou son non-genre d'ailleurs, je trouve qu'il y est surtout, justement, question d'étiquettes ici. Alors, j'ai appris des choses, et ça j'en suis ravie, mais au final je suis restée très perplexe tout le long de ma lecture. Beaucoup de choses m'ont semblé sonner faux. Désolée mais si mon ado venait me dire « coucou maman, en fait je ne suis pas une fille mais un garçon et j'aimerais que tu m'appelle désormais Adrien », ben je ne répondrais pas « d'accord mon chou. Au fait, tu veux manger quoi ce soir ? ». Alors oui, j'exagère un peu, mais je trouve que la place des parents, notamment du père ici, n'est pas bien exploitée. Je doute qu'un seul parent, même le plus ouvert et le plus bienveillant du monde, ne se pose pas la question de savoir ce qu'il a manqué dans l'éducation de son enfant si ce dernier lui annonce vouloir changer de sexe. Ce n'est pas une remarque de vieux con (ou de vieille conne ici), mais je pense que c'est normal, au départ, de se questionner. Car on se dit que la vie de son enfant sera plus compliquée, et aussi parce qu'on se retrouve face à un enfant qu'on ne (re)connaît plus. Et aussi, ce qui m'a semblé déroutant, et désolée si je heurte certaines personnes, est que j'avais l'impression lors de ma lecture que de se définir aujourd'hui en tant qu'homme ou femme, garçon ou fille, était presque une insulte voire une honte. Alors, je suis certaine que ce n'était pas du tout le but recherché par l'auteur.e mais je n'ai pas pu m'empêcher de penser cela tout au long de ma lecture.

Reste que ce roman peut être lu par beaucoup, adolescents, adultes, parents, oncles, tantes, grands-parents ou autre, facilitant ainsi peut-être la parole au sein de certaines familles. Des romans mettant en scène des adolescents, il y en a beaucoup. Mais qui mettent l'accent sur l'identité de genre, il y en a très peu à ma connaissance. Et c'est très bien que ces ouvrages existent. Alors, du haut de mes plus de 40 ans, je n'ai pas été particulièrement sensible au "drama" de Felix et des autres, mais je me dis que ça risque en revanche de bien parler aux adolescents, et à leurs parents.

Un grand merci à Babelio pour la masse critique ainsi qu'aux éditions Slalom pour l'envoi de ce livre.

Lu en décembre 2021
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Felix Love vivait à Brooklyn avec son père qui a des difficultés financières et ils ont dû déménager à Harlem. Il est au lycée et prépare son dossier de candidature à l'université ; il est transgenre et quand bien même il a déjà vécu sa transition sociale et une bonne partie de sa transition physique, il continue à se poser des questions sur son identité de genre. Il est ami avec Ezra Patel moitié noir moitié bengali dont les parents sont richissimes. Felix rêve d'intégrer l'université Brown notamment le RISD, l'école de design de Rhode Island et il suit des cours d'été au lycée Sainte-Catherine à New-York avec son ami Ezra qui a l'intention de sortir avec son camarade Austin et la bande de Leah, Marisol, Hazel, Tyler et… Declan Keane que Felix déteste un peu trop après qu'il ait été le petit ami d'Ezra.

Kacen Callender est un auteur transgenre vivant à Philadelphie aux Etats-Unis d'Amérique, il a écrit plusieurs romans et Felix Ever After est son premier texte traduit en français et probablement le plus personnel. Il met en scène un héros transgenre après sa transition sociale et physique qui continue néanmoins à questionner son identité de genre et continue de douter de la validation sociale de son identité. Il doute tellement qu'il ne voit pas l'amour que lui porte son meilleur ami. le roman permet d'aborder plusieurs thèmes dont la transition sociale, les menaces d'outing sur l'identité assignée à la naissance, les difficultés de l'entourage à utiliser les bons pronoms et à oublier le deadname de la personne transgenre mais aussi la transphobie et Kacen Callender nous donne un aperçu de la vie de la communauté LGBTQi+ à New-York et notamment les rapports parfois difficiles entre la communauté blanche homosexuelle et les minorités de la communauté. Au delà de l'intérêt de l'identité de genre abordé de manière dédramatisée dans la littérature pour adolescents, le roman nous a paru un peu lent, la romance perd en intensité en détaillant peut-être un peu trop longuement d'une part la tentative de vengeance du héros après l'outing de son identité assignée et sa relation attendue avec son bel ennemi et d'autre part les égarements du meilleur ami du héros aussi attendus.
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J'avais très envie de lire ce livre dont le sujet m'intéressait, aussi merci à Netgalley et aux éditions Slalom de m'avoir permis de le découvrir.

Felix est plutôt privilégié selon lui car grâce aux sacrifices de son père il n'a jamais manqué de rien et il est maintenant dans une école privée d'art bien cotée qui lui permettra peut-être d'intégrer la prestigieuse université de Brown s'il réussit à obtenir une bourse. Mais pour celle-ci il est en concurrence avec un élève avec lequel il est en guerre ouverte depuis qu'il leur a brusquement tourné le dos à lui et son pote Ezra avec lequel il est pourtant sorti 7 mois. Garçon qu'il soupçonne maintenant d'avoir piraté son compte Instagram afin de récupérer des vieilles photos d'avant sa transition pour les afficher dans le hall de son école accompagnées de son deadname. Violemment secoué par cet acte, physiquement et psychologiquement, il décide de se venger en découvrant à son tour un secret sur Declan pour l'afficher.

Plein de doutes sur lui-même sur son identité de genre, sur le fait qu'il mérite d'être aimé, sur son avenir et sur son talent artistique. Sa maman les a abandonné lui et son père quand il avait dix ans, a refait sa vie ailleurs et ne lui donne plus de nouvelles, ce qui ne fait que renforcer cette impression de ne pas mériter d'être aimé. Son père le soutient psychologiquement et matériellement, même si pour lui la transition est toujours un peu dure à encaisser, il l'appelle encore parfois par son deadname et surtout jamais Felix. Mais ce dernier, même si cela le met en colère, se sent surtout redevable auprès de son père qui cumule les petits boulots pour pouvoir payer ses études et sa transition, et coupable de lui en vouloir de ne pas l'accepter tel qu'il est. Felix vit donc des tiraillements assez forts, se sentant à la fois chanceux et incompris, pas complètement accepté et surtout il a lui-même du mal à définir son identité et il se sent parfois spectateur de la vie des autres en attendant de pouvoir vivre pleinement la sienne. Mais au cours de l'été celle-ci va connaître de nombreux bouleversements et cela va aider Felix à mieux savoir qui il est et ce qu'il veut.

Malheureusement je n'ai pas vraiment été séduite par l'écriture, que j'ai trouvé assez banale et très orale, mais c'est sûrement parce qu'il y a beaucoup de dialogues dans ce récit. J'ai aussi eu du mal à vraiment rentrer dans l'histoire, un peu comme ce fut le cas pour « Qui es-tu Alaska ?» de John Green, je dois être trop loin de mon adolescence pour entrer en empathie avec les personnages, tout ce drama des relations de groupes ou inter personnelles, ainsi que la façon dont on se pose sans cesse des questions à ce moment-là de nos vies et j'y ai donc trouvé des longueurs. Et ce notamment quand l'histoire d'amour a commencé à prendre de plus en plus de place au détriment de tout le reste. La thématique de l'intersectionnalité et toute la question autour de l'identité m'a intéressé mais tout cela se trouve naturellement dilué par tous les questionnements et chamboulements qu'on vit à ce moment de l'adolescence. Ce moment où on réfléchit à ce qu'on veut faire de sa vie, mais aussi où l'on a envie de relations amoureuses et surtout d'être aimé. Ce n'est déjà pas évident en tant qu'ado lambda, mais ces réflexions sont d'autant plus difficiles pour Felix qu'il sent qu'on lui renvoie qu'il est trans et noir, ainsi que parce qu'il est toujours en pleine interrogation sur son identité de genre. Tout cela est très juste mais je n'ai malgré tout pas du tout réussi à accrocher vraiment aux personnages (qui ont le mérite de montrer plus de diversité qu'habituellement dans les romans) et au récit en général.

Je pense vraiment que c'est les relations amoureuses et amicales qui m'ont gonflé, ainsi qu'avoir vu venir le truc à la moitié du roman. Mais j'achèterai quand même le roman pour la médiathèque parce que je pense que les ados peuvent se retrouver dans ces histoires et interrogations-là, mais aussi parce que je trouve important que le maximum de diversité possible soit représentée dans nos structures et que ce roman fait entendre beaucoup de réflexions autour des questionnements sur l'identité en général.

 

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Lorsque ce livre est sorti en français, je l'ai vu passer quasiment partout. Et j'ai tout de suite eu envie de le lire, je crois que c'est l'un des premiers livres dont j'ai entendu parler qui avait un personnage principal trans.

Felix est un adolescent de 17 ans, il fait sa scolarité dans un lycée privé spécialisé dans les matières artistiques et pendant tout le mois de juillet, comme presque tous les élèves de son école, il suit des cours d'été. C'est alors qu'une exposition est organisée dans le hall de son lycée, y sont affichées de vieilles photos de lui pré-transition accompagnée de son deadname. Qui a bien pu faire ça ? Felix est bien décidé à retrouver lae coupable et se venger…

Je dois avouer qu'au début l'écriture me posait problème, j'ai eu du mal à accrocher et même une fois dans l'histoire je ne l'ai pas trouvé particulièrement agréable ; heureusement l'histoire et les personnages compensent largement ce problème et j'ai assez vite oublié l'écriture pour me concentrer uniquement sur ce qu'il se passait. Par contre, j'ai tiqué face à certaines expressions utilisées, notamment « gay pride » qui invisibilise les autres identités LGBTIA+ et les descriptions des couleurs de peau régulièrement comparés à de la nourriture (« peau café au lait » par exemple), je ne sais pas si les problèmes viennent uniquement de la traduction où s'ils sont déjà présents dans la VO.

Concernant l'histoire : j'ai adoré ! au vu du résumé j'avais très peur d'entrer dans une histoire sombre et dure à lire mais j'ai été surpris par la faculté de l'auteurice de raconter des évènements durs, en montrant bien leur violence et la souffrance qu'ils causent tout en réussissant à ajouter une touche d'espoir et de légèreté. Les sujets sont abordés à leur juste valeur, sans tourner autour du pot, sans leur enlever leur gravité et c'est important. Ce que subit Felix est grave.

J'ai vraiment adoré Felix, c'est un personnage touchant et attachant mais surtout humain. Il est en colère, blessé, impulsif, il fait des erreurs et c'est ce qui rend son personnage tellement puissant. C'est un adolescent perdu qui doit se battre pour exister et je dois avouer avoir du mal à comprendre la haine que se prend ce personnage. J'ai vu (depuis la sortie du livre) de nombreuses critiques concernant ce personnage, il a été qualifié d'égoïste et de détestable à de multiples reprises et je suis loin d'être d'accord. En commençant le livre, j'appréhendai et m'attendais à tomber sur un personnage antipathique et désagréable, je n'ai pas eu ce sentiment. Felix se remet en question tout au long du livre, il doute constamment de ce qu'il fait et culpabilise des erreurs qu'il a pu commettre ; c'est un personnage sans une once de méchanceté. Il fait des choses bêtes et impulsives c'est un fait, mais comme chaque être humain. Et je me pose une question, comment aurait été perçu ce personnage s'il avait été blanc ? et cis ? tout le monde crie sur tous les toits aimer les personnages « moralement gris » et « complexes » mais apparemment c'est uniquement lorsque c'est un homme cis blanc. Apparemment ce sont les seuls ayant le droit d'être en colère et de faire des erreurs sans être détestables. Les personnes issues de minorités sont constamment jugées plus sévèrement et c'est une réalité que les personnes noires sont tout de suite considérées plus agressives ou violentes et je ne peux pas m'empêcher de penser que le traitement de ce personnage en est le résultat. Je ne comprends vraiment pas comment on peut lui en vouloir d'être en colère ? il subit littéralement un outing suivit d'un harcèlement transphobe. Il aura votre compassion seulement quand il se fera tabasser dans la rue ? ou même ça ce n'est pas suffisant ? Felix est à mes yeux une des forces du livre. On le suit, lui et ses questions et remises en question. Il a peur, il hésite, il doute ; il est en quête d'amour, d'une partie de son identité, de son futur.

Concernant les autres personnages, j'ai beaucoup aimé passer du temps avec elleux. Les relations entre tous les personnages évoluent et j'ai énormément apprécié voir des amitiés se créer au fur et à mesure du livre, elles sont vraiment précieuses. J'ai également adoré la présence de l'art, montré sous toute ses facettes, toustes baignent dedans et c'est un élément que j'aime toujours autant. Chacun à sa manière d'être artiste, de créer, de penser l'art ce qui les différencie les uns des autres. Les descriptions donnent envie de se mettre à peindre le monde de toutes les couleurs.

C'est un livre avec de beaux messages et beaucoup de bienveillance. J'ai passé un agréable moment avec ces personnages et dans leur monde d'artiste paumé. La fin est vraiment mignonne mais j'ai trouvé que tout se passait un peu trop rapidement dans les vingt dernières pages.
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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
J'entends ce que me dit Austin. C'est comme la première fois où j'ai lu "I am J", et où ça a fait tilt dans ma tête. Quelques années plus tôt, j'étais déjà passé par la case "remise en question de ma sexualité". Il m'arrivait de craquer pour des filles ou des garçons, mais jamais les deux en même temps, presque selon des cycles. Pendant quelques mois; j'avais envie de certaines filles, puis c'étaient les mecs, puis ça changeait de nouveau. Et quand j'étais sur un garçon (je m'en rends compte maintenant), je n'aurais pas su dire si j'avais vraiment envie de lui, ou si j'avais envie d'être lui - ou les deux. C'était une des périodes les plus compliquées de ma vie. Allez savoir pourquoi, j'avais l'impression que je devais trancher, décider qui m'attirait le plus - si j'étais gay ou pas. Un jour, quelques semaines après avoir rencontré Ezra - au moment où il a commencé à sortir avec Declan-, je lui ai confié que ça me rendait dingue.
- Je capte pas , m'a-t-il répondu, perplexe. Pourquoi tu devrais choisir.
Et ça a été aussi simple que ça. Il m'a fallu un peu de temps mais j'ai cessé de me poser la question et j'ai accepté les cycles -et, à partir de là, j'ai commencé à découvrir ce qui m'attire vraiment chez les gens, ce qui me plaît chez eux. La confiance. Cette étincelle en eux, comme s'ils savaient exactement qui ils sont, et que personne ne peut les faire douter.
- Et toi Ezra, demande Leah, tu es bi, aussi ?
(...)
- En vrai, les étiquettes, c'est pas trop mon truc. Je veux dire , je sais que ça compte pour plein de gens, et je comprends ça, je ne leur jette pas la pierre. Mais moi ... je voudrais juste pouvoir exister sans me demander dans quelle catégorie j'entre. S'il n'y avait pas d'hétéros, pas de violence, pas d'insultes, pas d'homophobie, rien, on n’aurait pas besoin d'étiquettes, si ? (p. 83 / 84 )
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Quelques années plus tôt, j’étais déjà passé par la case « remise en question de ma sexualité » . ll m´arrivait de craquer pour des filles ou des garçons, mais jamais les deux en même temps, presque selon des cycles. Pendant quelques mois, j’avais envie de certaines filles, puis c’étaient les mecs, puis ça changeait de nouveau. Et quand j’étais sur un garçon (je m´en rends compte maintenant), je n'aurais pas pu dire si j’avais vraiment envie de lui, ou si j’avais envie d’être lui - ou les deux. Cétait une des périodes les plus compliquées de ma vie. (p 83) Il m’a fallu un peu de temps, mais j’ai cessé de me poser cette question et j’ai accepté les cycles-et, à partir de là, j’ai commencé à découvrir ce qui m’attire vraiment chez les gens, ce qui me plaît chez eux. La confiance. Cette étincelle en eux, comme s’ils savaient exactement qui ils sont, et que personne ne peut les faire douter. (p 84)
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J'ai fait des recherches de définitions, de mots, d'étiquettes. Il y a des gens qui disent qu'on n'en a pas besoin, qu'il ne faut pas chercher à rentrer dans des cases. Mais je ne suis pas sûr. Moi, ça me fait du bien, ça me donne l'impression de ne pas être seul. Que quelqu'un d'autre a déjà ressenti et vécu ce que je traverse. Ca me valide. Mais ça me gène aussi.
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Je veux dire, je VEUX tomber amoureux. J’en ai toujours rêvé. Tu vois, aimer quelqu’un, et savoir qu’il t’aime en retour. C’est quoi? Un autre niveau de l’amitié? Un autre niveau de confiance, de vulnérabilité, la possibilité de dire ce qu’on pense et qu’on sent, de tout partager, d’être en harmonie avec l’autre, comme si on ne faisait qu’un?
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En vrai, les étiquettes, c'est pas trop mon truc. Je veux dire, je sais que ça compte pour plein de gens, et je comprends ça, je ne leur jette pas la pierre. Mais moi... je voudrais juste pouvoir exister sans me demander dans quelle catégorie j'entre. S'il n'y avait pas d'hétéros, pas de violence, pas d'insultes, pas d'homophobie, rien, on n'aurait pas besoin d'étiquettes, si ? On se contenterait d'exister. Mais des fois, je me demande si justement, ce ne sont pas les étiquettes qui nous en empèchent. Genre, si je me déclare hétéro à cent pour cent, est-ce que ça m'oblige à n'aimer que les filles ? Du coup, je minterdis de tomber amoureux d'un gars ? Je ne sais pas..
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