Entre le 3 et le 26 avril 1975, le président américain Ford ordonne une vaste opération d'évacuation d'enfants à partir de Saïgon. C'est l'opération
Babylift. Trois milles enfants quittent le Vietnam à destination des États-Unis, de la France, de l'Australie ou du Canada. le but est d'évacuer les enfants métisses nés de père GI et les orphelins de guerre en cours d'adoption. L'opération commence par un drame terrible. le première avion, un Galaxy C-5, s'écrase juste après le décollage. Sur les 330 ,passagers, 150 perdent la vie. Il s'agit surtout d'enfants. Dans la précipitation du départ certains sont emmenés alors qu'ils ne sont pas orphelins. Face à l'angoisse de l'arrivée imminente de l'arme Vietcong, des mères apeurées voient dans cette opération un moyen de sauver leurs enfants. L'opération
Babylift est un événement perçu de manière contrastée. Certains y voient une manière pour les américains de s'acheter une bonne conscience au moment de leur départ du Vietnam. On parle aussi de "kidnapping massif" car certains n'étaient pas orphelins. Les familles adoptantes y voient au contraire une opération héroïque qui à sauvé des milliers d'enfants.
C'est histoire, peu connue, constitue le centre de l'intrigue du roman de
Marie Bardet. Sean et May, des jumeaux métisses, sont adoptés par deux soeurs vivant dans un petit village français. A 17 ans, Sean est accusé d'un terrible meurtre et prend la fuite. Pour le défendre, son avocat fouille les circonstances de son adoption et déterre un passé trouble. de son coté May part au Vietnam pour y chercher la vérité sur leurs origines.
Est-ce qu'un bébé qui a connu l'horreur peut devenir un adolescent serein ? Est-ce que les services connus dans les premiers mois peuvent être réparer ? Dans leurs premiers mois de vie Sean et May connaissent le pire. C'est une blessure profonde sur laquelle ils ne peuvent pas poser de mots. Il grandissent avec cette douleur et lorsqu'ils entrent dans l'adolescence, elle explose. L'absence de racines devient souffrance. Sean entre dans une phase autodestructrice et May se débat avec l'amour trop puissant que son frère lui porte.
Le voyage de May au Vietnam est emprunt de nostalgie et de tendresse. L'autrice, qui a elle-même visité les lieux qu'elle décrit, nous raconte le pays de manière immersive. Les odeurs et les couleurs des rues de Saïgon, devenue Ho Chi Ming-Ville, ou des Hauts-plateaux affluent et nous envoute. On sent l'admiration que porte de
Marie Bardet pour le pays. Nous découvrons un pays qui s'ouvre progressivement aux étrangers et qui porte ses blessures à vif.
Le roman met en lumière un événement terrible de l'histoire du Vietnam qui eu des répercutions en Occident. La débâcle de l'armée américaine angoisse tout le monde et les opérations d'évacuations se font dans le chaos. Les enfants, le plupart du temps tout petits, embarquent dans des avions militaires pas du tout adaptés à leur jeune age. Les avions décollent dans les pleures des nourrissons consolés par trop peu de nourrices. L'autrice nous raconte cela de manière saisissante et nous lisons ces pages le ventre noué. Elle relate un événement qui a eu très peu d'écho en France et contribue à restaurer une mémoire. Fruit de nombreux recherches et lectures, ce roman offre un mausolée aux victimes.
J'ai trouvé ce livre poignant par son sujet mais aussi par son traitement. Sean et May sont les victime collatérales de choix politiques et de décisions prisent dans l'urgence. Même prés de vingt ans après une guerre qu'ils n'ont pas connus, ils en portent les stigmates. On sort de cette histoire ému et révolté.
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