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3,89

sur 5042 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Alessandra Baricco, écrivain reconnu, est aussi musicien, journaliste, essayiste, publicitaire et critique musical.
Doté d'une solide formation en philosophie et en musicologie, armé d'une flopée d'expériences tout aussi « musclées » les unes que les autres, cet Italien doué et cultivé, certainement imprégné de toute la richesse architecturale et artistique de son pays, s'est probablement nourri dans les mains du bon dieu, tout en partageant l'intimité, que dis-je, l'amitié d'Apollon, de Phébus, de Bach et de Mozart……

Cent vingt pages ni plus ni moins. Je désirais lire ce petit opus emprunté à la médiathèque en buvant une tasse de thé. Une récréation sympathique et le désir de ne me poser la moindre question.
J'ai lu les premières pages. J'ai refermé le livre, bu mon thé en catastrophe, repris « soie » avec mon bloc, mon stylo et mes lunettes à quadruple foyer….

Une densité inattendue, un voile mystérieux, des silences éloquents, des phrasés délicieux, des sourires énigmatiques, une musique, une ambiance…..

Et puis des morceaux que j'ai relus plusieurs fois juste pour le plaisir « Des étoffes merveilleuses, des tissus de soie, tout autour de la chaise à porteurs, mille couleurs, orange, blanc, ocre, argent, pas la moindre ouverture dans ce nid magnifique, juste le bruissement de ces couleurs ondoyant dans l'air, impénétrables, plus légères que rien ». Ou encore:
"Peut-être que ta vie, des fois, elle tourne d'une drôle de manière, et qu'il n'y a plus rien à ajouter."

Une histoire oui bien sûr. Des voyages lointains. Plusieurs voyages même. Des personnages, leur caractère unique, comme celui-ci:"C'était du reste un de ces hommes qui aiment assister à leur propre vie, considérant comme déplacée toute ambition de la vivre."
la richesse et l'échec, l'amour, la trahison et la fidélité sur la même face d'une médaille, la beauté, l'enchantement, la nature, un palais « entouré de cèdres énormes qui en défendaient la solitude » des centaines d'oiseaux « explosés de la terre, étourdis………..pyrotechnie jaillissante d'ailes, nuée de couleurs et de bruits lancée dans la lumière, terrorisés, musique en fuite, là dans le ciel à voler ».

La mélodie devient symphonie. Les mots s'entrelacent comme si des racines poussaient jusqu'au plus profond du coeur. Puis tout semble s'arrêter. le non-dit. Une pointe d'ésotérisme où l'on se perd avec délice. Une terrifiante mélancolie surgit d'un regard sur le coin d'une page, une hésitation semble provoquer des sensations à l' abri d'un secret, d'un mur, c'est pareil . Un rythme. Une attente.l'inquiétude.

Je continue ma lecture. Je suis sans voix. Je reprends mon souffle tandis que l'auteur semble respirer calmement. Interpréter ce texte en le commentant ce serait m'obliger à couper les cimes des flamboyants de toute la pathétique Asie. D'en bafouer tous les symboles

Je vais quand même essayer de faire une critique, enfin :
Voilà…. Imaginez la grâce d'une danseuse, la beauté d'un amour naissant….Imaginez l'infini…. Tenez dans vos mains le fragile ver à soie……… Voilà

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En ce jour de Saint-Valentin, voici une lecture bien agréable et toute en sensualité qui se déroule à la fin du XIXème siècle. L'auteur nous propose de suivre Hervé Joncour, éleveur de vers à soie, qui est contraint de traverser le monde pour tenter de sauver sa ville spécialisée dans le commerce de la soie d'une faillite annoncée causée par l'épidémie de pébrine qui détruit les oeufs des vers.

Il va traverser plusieurs pays et devoir faire confiance à des personnages peu fréquentables afin d'arriver jusqu'au Japon, pays où l'on produit la plus belle soie du monde.

Il va donc faire la rencontre du maître de la soie, un certain Hara Kei, un homme très puissant et donc redoutablement dangereux. Pourtant Hervé Joncour ne va pas trop y prêter attention puisqu'il va s'intéresser d'un peu trop prêt à l'amante de l'homme d'affaire.

Notre héros, de retour en France auprès de sa femme, sera obnubilé par cette Geisha à qui il n'aura pas adressé un seul mot et dont il n'aura rien vu en dehors de ses beaux cheveux et de ses yeux "qui n'avaient pas une forme orientale"

Il fera 4 voyages en tout, mais le dernier sera celui de tous les dangers et source d'une conclusion inattendue...

Ce livre est un roman par sa profondeur mais peut être comparé à une nouvelle pour le nombre de pages ou à un conte par la beauté de l'écriture.

Un voyage qui devrait vous enchanter pour ses notes d'espoir légèrement tintées d'érotisme...

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Un livre rare qui nous renvoie par des chemins détournés et mystérieux à des moments précieux de notre existence.
Le silence nostalgique de la nuit ou d'un coin de forêt ; un paysage, un sourire, une silhouette, quelques mots qui nous transportent et nous élèvent ; l'amour que l'on vit et celui rêvé avec nos chimères ; ces longues et apaisantes caresses qui nous font retrouver nos sourires d'enfants…
Ces folles espérances qui nous mènent aux confins de notre monde. Puis, fourbus ou riches d'expériences, le retour à notre point de départ. Et pour finir, la « quiétude inentamable des hommes qui se sentent à leur place », ou la tristesse aux coins des yeux de ceux qui ne l'ont pas trouvée…
L'histoire de ce livre est belle et a la douceur de la soie. Les personnages y sont extraordinaires et évanescents. Les empreintes de leurs passages sur terre sont aussi fragiles et éphémères que celles des oiseaux sur le sable…
Un livre qui chuchote. Un livre qui cicatrice et berce. Un livre à garder à portée de main pour pouvoir le feuilleter, lire quelques mots pris au hasard afin de se souvenir de tous nos messages d'amour, et d'entrevoir dans un doux mélange nos rêves passés et futurs…
Je remercie vraiment Luce (titoune5) de m'avoir proposé « Soie » à lire en commun. Il nous a surpris, il nous a désarçonnés, il nous a parfois déçus et parfois enthousiasmés. A-t-elle ressenti les mêmes sensations que moi ? Je vous laisse découvrir son billet…


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Les habitants de la bourgade de Lavilledieu vivent des filatures dépendant de la sériciculture. Lorsqu'une maladie attaque les vers à soie, c'est une catastrophe pour l'économie locale. Baldabiou, représentant le Conseil envoie Hervé Joncour au Japon où il doit acheter des oeufs de vers à soie. Dans les années 1860, c'est une expédition risquée d'autant que l'entrée au Japon et la vente des oeufs de vers à soie est interdite aux étrangers. Hervé fera le voyage plusieurs années de suite, la narration du voyage revient telle un leitmotiv. Devenu riche, Hervé prend l'habitude, au retour de chaque expédition, d'inviter sa femme Hélène en voyage d'agrément. Alessandro Baricco dépeint magistralement les séjours d'Hervé dans un Japon moyenâgeux et insolite pour un Européen.
La lecture de Soie m'a procuré un réel plaisir, l'écriture d'Alessandro Baricco est belle et élégante.
À lire !

Challenge Petits Plaisirs 2015-2016 - 114 pages
Challenge Atout Prix 2016-2017 - Prix Relay des voyageurs - 1997
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Ah ! mes amis, quel livre ! L'écriture d'Alessandro Baricco a l'exotisme et la poésie de François Cheng, la concision de Pascal Quignard. Voici un prodige de la littérature !

1861 : à l'heure où d'autres se ruent vers l'Ouest à la recherche d'or, le Français Hervé Joncour se rend régulièrement vers l'Est, pour gagner le lointain Japon à la recherche d'oeufs plus précieux que l'or. Ces coûteuses expéditions vont sauver la production de soie de Lavilledieu, dont les vers sont décimés par une maladie inconnue. Tandis qu'Hervé Joncour se laisse gagner par un amour mystérieux...

Avec 140 pages bien aérées, "Soie" pourrait être pris pour une nouvelle. Or s'en dégage la puissance évocatrice d'un grand roman. Ceci vient d'une narration brillante et économe, d'autant plus forte qu'elle stimule l'imagination. Comme un concentré de mots qui se déploie dans notre cerveau à la lecture.

Le style travaillé n'est pas froid, bien au contraire. Complice, Alessandro Baricco jalonne son récit de repères et de formules, familiarisant ainsi le lecteur avec ses personnages et leurs aventures. Par exemple, pour montrer qu'Hervé Joncour se laisse porter par son destin, il va introduire l'image de l'homme qui regarde pleuvoir sa vie, et la rappeler aux moments clés de l'histoire. « Elle pleuvait, sa vie, devant ses yeux, spectacle tranquille. »
Ou bien le long voyage de 8000 kilomètres depuis Lavilledieu jusqu'au Japon, décrit en à peine une page et répété à chaque expédition, avec de subtiles variantes dans le texte comme un jeu des "sept différences".
Ou encore la femme fascinante aperçue au Japon et reconnue ainsi : « Ses yeux n'avaient pas une forme orientale, et son visage était celui d'une jeune fille. »

Biographie imaginaire, roman d'amour nostalgique, carnet de voyage, "Soie" est un ouvrage aussi subtil et riche que son étoffe. Un voyage littéraire à entreprendre absolument.
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Qui a dit qu'un jour je partirais au Japon, que je me retrouverais en plein milieu du dix-neuvième siècle dans un pays totalement isolé du monde pour acheter des oeufs de vers à soie.
La magie de la lecture rend tout possible. Je suis parti en compagnie de Hervé Joncour pour quatre voyages dans l'empire du soleil levant. pour le retour le temps est contre nous, il faut arriver le premier dimanche d'avril, avant l'éclosion des oeufs.
Pour madame Joncour, la belle Hélène, la douce Hélène ces départs sont un déchirement. Sa voix douce, douce comme la soie lui demandant " Promet moi que tu reviendras ".
Le magicien Alessandro Baricco m'a encore touché au coeur avec ce petit livre "Soie". Une histoire de voyage, de rencontre en terre inconnue, d'une mystérieuse femme " Ses yeux n'avaient pas une forme orientale, et son visage était celui d'une jeune fille".
Quand le désir s'invite à travers un kimono de soie, entrouvert.
" Je suis là, à te frôler, c'est la soie de ma robe, n'ouvre pas les yeux et tu auras ma peau..."
Un livre qui parle de désir, mais ce désir, cette envie, cette passion qui vous engourdi est souvent plus près que l'on ne pense, pas besoin d'aller bien loin, de courir le monde à la recherche des secrets de l'amour. Comme Hervé Joncour l'apprendra il suffit juste d'ouvrir les yeux.
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Le roman débute en 1861.
Hervé Joncour, trente-deux ans , achète et vend des vers à soie alors que son père l'imaginait entreprendre une belle carrière dans l'armée.
Installé dans le Vivarais, avec sa femme Hélène, ils n'ont pas d'enfants.
Les vers à soie sont atteints d'une maladie, la pébrine .
Arrive au village, un personnage de conte, entreprenant, fantasque et beau parleur, Baldabiou, qui imagine que Joncour peut aller chercher des oeufs au Japon pour sauver la sériciculture de la région.
Et c'est ce qu'il va faire quatre fois; de très longs voyages qui durent des mois car le canal de Suez n'est pas encore percé.
Sur place, il rencontre une sorte de seigneur local Hara Kei qui lui permet de réaliser son commerce.
Celui-ci a une jeune maîtresse au regard occidental qui ne lâche pas notre marchand des yeux et lui non plus.
S'ensuivront des échanges épistolaires traduits par une mystérieuse Japonaise installée à Nîmes. Hélène, l'épouse d'Hervé ne sera pas étrangère à la fable.
C'est un magnifique roman avec une écriture de conte, de rêve, très expressive.
Des scènes douces et sensuelles parsèment le récit.
Les passages répétés au bout de deux ou trois chapitres donnent un rythme tout à fait original au texte, comme un refrain à une chanson.
Le roman est très court mais chaque mot vaut la peine d'être lu.
C'était pour moi une découverte d'Alessandro Baricco et une révélation : une écriture unique.
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Dans les années 1860, les monts du Vivarais voient se développer la culture du ver à soie. Mais pour se procurer des oeufs sains, l'un des éleveurs, Hervé Joncour, décide de se rendre de Lavilledieu jusqu'au Japon.
Hervé est heureux avec sa femme Hélène...mais au Japon, rencontrant le maître de la soie, Hara Kei, il tombe immédiatement amoureux de la jeune femme qui l'accompagne, en croisant son regard "non oriental"...Il fera plusieurs fois le même voyage pour tenter de revoir cette femme mystérieuse et évanescente dont il n'a pas même entendu la voix...mais Hélène a senti, compris que son mari a succombé au charme d'une femme...

Lorsqu'il reçoit un jour chez lui une lettre en japonais, il se rend à Nîmes chez Madame Blanche, une courtisane d'origine japonaise d'un certain âge pour se la faire traduire...une lettre d'amour sublime et sensuelle. Elle le laissera plein de nostalgie...

Soie est la petite merveille qui a révélé Alessandro Baricco et on comprend pourquoi ! C'est une sorte de conte pour adulte, d'abord dans la forme : de chapitres hyper-courts, une à trois pages, et un effet de répétition volontairement simpliste, phrases répétées à l'identique pour retracer chacun des parcours aller et retour France-Japon...

C'est aussi une ode à la sensualité : les regards, les mots, le toucher, de la peau des corps et de la soie..., à la nostalgie, au rêve...éloge de l'amour aussi, amours muets, pudiques, platoniques, tragiques, mais aussi à l'amour conjugal le plus profond, d'une forme de sagesse aussi devant la force du destin et du temps qui s'imposent à nous...Superbe !

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« On était en 1861. Flaubert écrivait « salammbô », l'éclairage électrique n'était encore qu'une hypothèse et Abraham Lincoln, de l'autre côté de l'océan, livrait une guerre dont il ne verrait pas la fin.
Hervé Joncour avait trente-deux ans.
Il achetait, et il vendait.
Des vers à soie ».

Dès la première page, l'écriture ciselée, limpide, musicale, empreinte de poésie d'Alessandro Barrico frappe le lecteur au coeur. En quelques mots, le décor est posé. Cette phrase se répétera d'ailleurs au cours du roman, à la manière d'un motif musical.

En 1861, les élevages de vers à soie sont contaminés par une épidémie, et Hervé Joncour va entreprendre la première de ses expéditions au Japon pour acheter des oeufs sains. A l'issue d'un interminable périple, traversant la Bavière, l'Autriche, Budapest, Kiev, la steppe russe, les monts Oural, la Sibérie, et longeant le lac Baïkal, il atteint le port de Sabirk, où un navire de contrebandiers hollandais l'amène sur la côte ouest du Japon.

Notre héros des monts du Vivarais y fait la rencontre d'Hara Kei, avec qui il fera affaire pour acquérir les oeufs tant convoités. Ce seigneur féodal est accompagné de son épouse qui dévore Hervé Joncour des yeux. Entre le commerçant voyageur et la jeune femme, c'est le début d'une impossible histoire d'amour, d'une passion dévorante et sans issue, d'un désir inextinguible voué au naufrage.

Dans « Soie », Alessandro Barrico se fait romancier, conteur, poète et musicien. Il nous propose un ouvrage hors du temps qui n'est ni vraiment un roman, ni un conte, ni un poème et qui est pourtant tout cela à la fois.

« Soie » transcende les genres littéraires, invente sa musicalité, et pose un regard à la poésie douce-amère sur le temps qui passe, la lenteur des voyages, la douleur de la quête du fruit interdit.

« Soie » est une musique qui va moderato, qui traverse les steppes russes et les monts Oural, qui enchante le lac Baïkal, et nous emporte dans des contrées lointaines et inviolées.

« Soie » est un conte qui nous conduit à la rencontre d'un seigneur féodal d'un autre temps, qui libère des centaines d'oiseaux pour dire sa joie à un monde oublié.

« Soie » est un poème qui nous narre la quiétude des saisons qui se succèdent, le désir inassouvi et l'amour aussi.

« Soie » est un court roman qui compose sa propre musique, que la voix douce et chaude d'Alessandro Barrico nous murmure au coin du feu. Il fait partie de ces livres que l'on referme à regret tant l'on aurait souhaité que la magie improbable du voyage d'Hervé Joncour traversant le monde pour quelques oeufs de vers à soie ne s'arrête jamais.
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Hervé fera quatre fois le même voyage au Japon pour y chercher des vers à soie et sauver l'économie de son village car la sériciculture est victime d'une épidémie. Mais l'histoire n'est pas dans ce pitch.

De petits chapitres secs construisent ce récit comme une "feel good story". Ecrit par un Italien, le style en est délicat comme celui d'une nouvelle japonaise.

Ne vous privez pas de ce petit opus poétique qui se lit d'une traite si vous aimez, comme moi, varier les styles et les genres... pour respirer entre deux thrillers.
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