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EAN : 9782246803928
208 pages
Grasset (05/03/2014)
3.63/5   26 notes
Résumé :
Tout commence dans une salle de vente parisienne avec une sculpture signée Modigliani : Élisabeth Barillé croit y reconnaître le visage singulier de la poétesse russe Anna Akhmatova. S’ensuit l'enquête. Au fil des indices récoltés – lettres, poèmes, journaux intimes, photographies, dessins –, l'auteur retrace la rencontre de ces deux artistes, en 1910. Anna est une jeune mariée ; Amedeo un homme libre.
Élisabeth Barillé nous offre la résurrection de deux figu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
[***Acquisition en 2014- lecture fin mars 2020]

Un livre épatant, brillant où nous apprenons mille choses sur le Montparnasse des années 1910-1920...des artistes, dont la colonie russe...
Paris, cette ville lumière qui attira et inspira tant d'artistes: " Sur quelles images fixer cette capitale qui fut la tentation, l'espérance, et la seconde naissance d'artistes nés loin, très loin d'elle ? L'extase de Chaïm Soutine devant les Chardin du Musée du Louvre ? Constantin Brancusi, à l'exposition aéronautique du Bourget où l'ont entraîné Marcel Duchamp et Fernand Léger, jurant, devant la beauté des oiseaux d'acier, qu'il sera capable de faire mieux ? (...)"(p. 79)

Un texte très dense au niveau de l'abondance des artistes français, russes et
autres, évoqués... avec les projecteurs, toutefois braqués sur deux jeunes
artistes, dévorés par leur passion pour l'Art; l'une, Anna Akhmatova, pour
l'écriture, de l'autre, Modigliani, dévoré par sa sculpture [ ce que j'ignorais; je le connaissais essentiellement pour sa peinture ]...

"[ Anna Akhmatova]
Un jour, je serai poète, répète-t-elle
En d'autres mots, dans la bouche d'une Russe, née en 1889, à la fin d'un
siècle encore attaché-mais pas pour longtemps- à parquer les femmes dans
l'enclos des contraintes, je serai libre. En attendant, préparons-nous ! La liberté n'est pas une libellule qu'on attrape par les ailes sur la pointe d'un roseau, un fauve plutôt, tapi dans l'ombre des pulsions. La liberté s'arrache et se mérite. "(p.26-27)

Evocation vivante, émouvante, palpitante, mystérieuse d'une rencontre entre deux artistes à l'orée de leur existence, à Paris, en 1910...dans le Paris des grandes crues...
Deux êtres exceptionnels, en quête de quelque chose de plus grand qu'eux ! Après cette lecture, J'ai noté une liste impressionnante de noms d'artistes à rechercher... Revisité la vie de ces deux créateurs au destin tumultueux; Découvert un portrait attachant et lumineux de la mère de Modigliani,mère aimante et encourageante, esprit éclairé et grande lectrice...etc.

Tous les deux sont en quête, dans l'impatience de trouver leur voie, dans les doutes, les chagrins, la vie excitante, difficile et stimulante de tous ces Montparnos, exilés !! Leur feu pour la création ainsi que pour la beauté... Cette belle rencontre qui nous est offerte débute par une vente aux enchères à laquelle l'auteure assiste et où elle reconnaît, parmi les pièces, une magnifique tête en pierre ,signée par Modigliani, représentant au demeurant, le visage de la poétesse russe, Anna Akhmatova....Ainsi débute notre récit !!...

Le style est allègre, riche de moult anecdotes et de portraits vivement croqués de cette communauté d'artistes !!

Avec, en plus, une connaissance des plus confirmées de la colonie russe...
Intriguée, j'ai été faire des recherches, j'ai ainsi appris que le grand-père maternel d'Elisabeth Barillé était russe. j'ai d'ailleurs noté pour une lecture prochaîne: "Une légende russe", où elle rend hommage tour à tour à ce grand-père et à Lou -Andreas Salomé...

Dans ce dernier ouvrage, elle nous ressuscite avec bonheur et talent ces deux grandes figures aux personnalités si différentes et en même temps, "aimantées... En tous cas, c'est ce que l'on ressent en s'immergeant dans les lignes de l'auteure !!!

Ces deux artistes ont toutefois un goût commun pour la Poésie, même si parfois, Modigliani ne saisit pas totalement les vers de son amie !!...

" Modi, son nom dans le quartier, a toujours un livre sur lui, Baudelaire ou Leopardi, D'Annunzio ou Shelley, Villon ou Wilde?ça ne lui déplaît pas de passer pour l'érudit de la bande. Autre manière d'étouffer cette peur qu'il a de disparaître sans avoir rien accompli. "(p. 73)

Une lecture tant plaisante que fort instructive, vivement appréciée... , mêlant harmonieusement la Littérature et l'Amour de l'Art...!

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Au premier regard, ils se sont aimés, ils se sont reconnus. L'aube d'une nouvelle vie était là et ils l'ont entrevue ensemble. Mais jamais, ils n'ont franchi le pas d'associer leurs noms, d'unir leurs destins...

C'est le parti pris d'Isabelle Barillé dans cet ouvrage de laisser une possibilité d'amour entre ces deux géants du monde artistique. Géants, certes ils ne l'étaient pas encore à l'époque mais l'avenir leur souriait, la jeunesse les guidait, l'envie de faire oeuvre les titillait.
Un roman très intéressant qui permet de côtoyer Modigliani et de le découvrir amoureux des lettres (toujours un livre en poche) et sculpteur mais surtout de rencontrer une des plus grandes poétesses russes, qui a su trouver sa place au sein d'un cénacle masculin russe et plutôt macho.
Ce roman est aussi l'occasion de croiser les nombreux artistes qui ont fait la réputation de Montparnasse et son célèbre café La Rotonde entre 1910 et 1920, comme Brancusi, Picasso, Braque, Cocteau, Soutine, Max Jacob... ainsi que pléthore de poètes et écrivains de la diaspora russe, d'apprendre les noms des mécènes ou protecteurs généreux comme Paul Alexandre, ou encore d'entrevoir la naissance du cubisme.

Peu de choses reste de cette rencontre fugace. Juste quelques mots de Modigliani envoyés à Anna : « vous êtes en moi comme une hantise », « je tiens votre tête entre les mains et vous couvre d'amour »... alors oui, on a bien envie de croire à cette idylle.

Une lecture riche de renseignements, sur la rencontre de deux êtres hors du commun, sur l'émulation artistique de l'époque et sur le souffle de la liberté qui règne en ces lieux, dont je remercie Fanfanouche24 dont la très belle critique m'a donné le goût.
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Amedeo Modigliani et Anna Akhmatova n'ont du se rencontrer qu'une dizaine de fois au début du XXième siècle. Quelques mois tout au plus.

Pourtant, en 1910 lorsque la poétesse russe découvre Paris comme en 1911 lorsqu'elle y reviendra voir son Italien, ces doux moments changeront leur vie. de ces quelques jours de passion, nous ne conservons que peu de traces. Purges soviétiques, discrétion des amants, seuls ont parcouru les années un dessin de Modigliani figurant la poétesse russe, et quelques têtes en pierre de l'artiste italien. C'est la découverte de cette dernière oeuvre qui va déclencher chez Elisabeth Barillé l'envie de mettre des mots sur leur rencontre, de se replonger dans le Paris des années 1910, dans le Saint Petersbourg de la fin du symbolisme russe.

Elle nous emmène alors dans un voyage poétique au plus près des deux amants. Leurs aspirations à la renommée, leurs tourments comme leurs quelques échanges dans un français fragile jalonnent ce récit des plus touchants. Une bien belle mise en lumière d'une rencontre aussi émouvante que méconnue.
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N°820 – Octobre 2014.

UN AMOUR A L'AUBE – Élisabeth Barillé - Grasset


Lorsque deux personnages se sont croisés, même si on ne sait pas grand chose de cette rencontre, la tentation est grande pour le romancier d'imaginer ce qu'elle fut. Amédeo Modigliani (1884-1920), peintre et sculpteur a effectivement connu à Paris, en 1910, la poétesse russe Anna Akmatova (1889-1966). Il ne coûte rien de supposer qu'ils ont fait connaissance dans un café à la mode fréquenté par les artistes, du côté du boulevard Montparnasse. A ce moment, elle n'a encore rien publié mais il est fasciné par sa beauté. Lui est libre et elle n'est mariée que depuis trois semaines, lui est pauvre et elle est riche. Tout les oppose donc mais ces deux figures de l'art sont à l'aube de leur destin.

C'est bien la réalité qui inspire la fiction puisque, en 2010 est adjugée dans une salle des ventes parisienne une tête de femme sculptée par Modigliani datant de 1910-1912. Les enchères atteignent des sommes faramineuses pour l'oeuvre d'un homme dont toute la courte existence ne fut qu'une survie difficile. Rien ne permet d'imaginer que cette oeuvre représente Anna Akmatova mais Élisabeth Barillé veut le croire ! D'autant que quelques mois auparavant, dans un musée de Saint-Pétersbourg, elle a vu un dessin de Modigliani la représentant. Ce sera donc le point de départ de son roman.

Que sait-on d'une éventuelle liaison entre eux ? Pas grand chose, si ce n'est qu'ils furent fascinés l'un par l'autre, qu'ils se sont écrit, lui surtout quand elle est revenue en Allemagne « Vous êtes en moi comme une hantise, je tiens votre tête entre les mains et je vous couvre d'amour ». de telles paroles peuvent plaider en faveur d'une sculpture la représentant ou aussi signifier des relations plus intimes. Tout est donc possible pour la romancière bien que la poétesse confie « Je le vis peu en 1910 » mais précise « Je remarquais chez lui, quand nous nous revîmes en 1911, qu'il était amaigri, devenu sombre ». Quant au dessin représentant Anna, il est le survivant d'une série aujourd'hui disparue. Cette démarche artistique en direction d'une belle femme peut effectivement signifier un attachement particulier de la part de son auteur, mais rien n'est prouvé.

Quand ils se rencontrent, Anna est mariée mais son mariage bat de l'aile et son mari, soucieux de son image de poète veut y ajouter celle du voyageur. Il part donc pour l'Afrique, mais seul, et pendant deux années. L'épouse qu'il retrouvera à son retour sera transformée, affirmée dans l'écriture, elle est réellement devenue poète et n'est plus une femme effacée comme avant son départ. Quand elle reviendra à Paris un an plus tard, elle retrouvera Modigliani .

C'est un livre passionnant, fort richement documenté et fort bien écrit qui s'attache son lecteur dès la première ligne. Il fait revivre deux figures qui ont marqué le début du XX° siècle artistique, leur prête une liaison peut-être hypothétique mais si agréablement imaginaire.

Élisabeth Barillé est une auteure que je suivrai volontiers dans sa démarche littéraire.

©Hervé GAUTIER – Octobre 2014 - http://hervegautier.e-monsite.com
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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Elizabeth Barillé nous conte une rencontre : un amour, entre Amadeo Modigliani et Anna Akhmatova . Est-ce une fiction? une biographie?un essai double sur la peinture à Paris et sur la poésie russe? Lecture à la fois facile et savante. Facile parce que le roman est court, fluide. Savante si on veut approfondir la recherche en suivant les pistes offertes.



De cette rencontre, peu de preuves tangibles subsistent : un dessin que la poétesse a conservé toute sa vie, un court essai rédigé près de 50 ans plus tard, une tête de pierre sculptée par Modigliani surgie dans une vente qui a inspiré Barillé pour écrire cette histoire....Les lettres qu'Amadeo a écrite à Anna sont perdues, comme les quinze autres dessins de lui qu'elle possédait.

Une rencontre? une amitié? une liaison? un amour? Anna avait 21 ans quand elle a rencontré Amadeo, mariée depuis trois semaines.


Les histoires d'amour me touchent assez peu, les ragots encore moins. En revanche je suis très curieuse de l'intense vie artistique dans le Paris des années 1910. J'aurais dû prendre un crayon et faire la liste de tous les artistes et parfois plus précisément des oeuvres : Picasso et Braque bien sur, mais aussi Soutine, Kremegne, Brancusi, Zadkine, Duchamp ou Fernand Léger... pour les plus connus mais aussi des Russes que je ne connais pas comme Natalia Gontcharova et le mouvement "valet de Carreau", Alexandra Exter, Nadejda Hazin (future Madame Mandelstamm) Altman.. J'interromps souvent la lecture pour avoir une idée des tableaux sur le petit écran du téléphone, ou sur l'ordinateur. 


Autre pôle : la poésie russe. Essai intéressant bien que je sois totalement ignorante. L'auteure nous emmène sur les lieux de l'intelligentsia à Saint Petersbourg ou à la campagne dans des lieux tchékoviens.

Allusions aussi à  ce qui va suivre, stalinisme et persécutions, goulag. Mais c'est une autre histoire!
Lien : https://netsdevoyages.car.blog
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Citations et extraits (44) Voir plus Ajouter une citation
C'est de la pierre que tout part, affirme Brancusi.
Et Rodin ? demande Modigliani.
Brancusi a été son élève, quelques semaines seulement, juste le temps d'apprendre que rien de bon ne peut pousser à l'ombre des grands arbres.
J'ai étudié auprès de lui pour m'affranchir de ses méthodes. Rodin imposait sa volonté au chaos de la matière. Rodin modelait et malaxait la terre comme personne.
Du génie, mais trop de boue !
Modigliani sourit de son bon mot.
Qu'on travaille le bois, le marbre ou la pierre, la matière commande la forme, poursuit Brancusi.
Tout part de la matière, répète-t-il comme un mantra. Il n'y a donc qu'une voie possible : la taille directe. Attaquer le bloc ; si quelque erreur gâche le travail, reprendre un autre bloc et recommencer.
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[ Anna Akhmatova]
Un jour, je serai poète, répète-t-elle
En d'autres mots, dans la bouche d'une Russe, née en 1889, à la fin d'un siècle encore attaché-mais pas pour longtemps- à parquer les femmes dans l'enclos des contraintes, je serai libre. En attendant, préparons-nous ! La liberté n'est pas une libellule qu'on attrape par les ailes sur la pointe d'un roseau, un fauve plutôt, tapi dans l'ombre des pulsions. La liberté s'arrache et se mérite. (p.26-27)
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L'angoisse est la chance de l'artiste, pensait Modigliani, l'angoisse se travaille, comme le marbre. Tout obstacle franchi accroît la volonté, écrivait-il à son ami Oscar Ghiglia : l'homme qui ne sait pas tirer de son énergie de nouveaux désirs, et presque un nouvel individu, destinés à toujours démolir tout ce qui est resté de vieux et de pourri, pour s'affirmer, n'est pas un homme, c'est un bourgeois, un épicier, ce que tu voudras.
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Pour Eugénie Modigliani [mère de l'artiste ], les livres fécondent la richesse intérieure; pour Laure, sa jeune soeur, ils servent la révolution.
Laure Garsin: une fausse fragile, dévorée d'impossible, une Camille Claudel sans oeuvre, une Louise Michel privée de barricades. La tante idéale quand on soutient que la sagesse consiste à avoir des rêves assez grands pour ne pas les perdre de vue. (p. 72)
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La vie moderne, Modigliani n'en veut pas. Quel concept vaseux ! Quelle imposture ! Le seul temps de l'art, c'est l'éternité, martèle-t-il à la marcheuse près de lui. (…)
L'artiste doit affronter son temps, réplique-t-elle, avec douceur. Etre de son temps ne veut pas dire lui être soumis, s'emparer de son temps comme d'une place forte. C'est sa position, celle aussi d'une nouvelle génération de poètes en Russie, explique-t-elle au marcheur énervé. (p; 175)
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Vidéo de Elisabeth Barillé
Elisabeth Barillé - "Un amour à l'aube" et "Une légende russe" .A l'occasion de la première édition du salon Russkaya Literatura qui s'est tenue les 7-8-9 novembre à l'Espace des Blancs Manteaux à Paris, rencontre avec Elisabeth Barillé autour de ses ouvrages "Un amour à l'aube" aux éditions Grasset. http://www.mollat.com/livres/barille-elisabeth-amour-aube-amedeo-modigliani-anna-akhmatova-9782246803928.html et "Une légende russe" aux éditions Grasset. http://www.mollat.com/livres/barille-elisabeth-une-legende-russe-9782246783497.html Notes de Musique : ?I've Been Waiting For You? (by Silence Is Sexy). Free Music Archive.
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