Dis-moi comment tu es né, je te dirai qui tu es

Michel a les larmes aux yeux, et la colère peut se lire sur son visage. Il estime qu'il s'en est sorti, même si ça a été dur. J'en conviens. Toutefois, je lui fais part de mon hypothèse : les enfants pourraient avoir choisi leurs parents. Et si c'était le cas ? Pourquoi aurait-il choisi cette mère ?
Mon patient voit rouge à cette idée. Pour lui, cette théorie est une ineptie : "Personne ne voudrait d'une telle mère perverse !" Je comprends. Pourtant, il est toujours plus intéressant de se dire : "Peut-être que j'ai pris part inconsciemment à ce choix de vie afin de pouvoir me dépasser et en sortir victorieux" plutôt que de se dire : "Je suis 'tombé' sur la mauvaise mère, quelle malchance." Dans la première version, une part de nous comprend que chaque décision est nôtre et que l'on peut ainsi l'analyser, la rejeter, puis la modifier. Dans la seconde, il s'agit d'une fatalité contre laquelle nous ne pouvons rien. "C'est la faute à pas de chance". Et la fatalité est toujours plus pesante et étouffante que le libre arbitre. [p. 126-127]

Les répétitions sont toujours intéressantes : elles nous enseignent que l'inconscient a mis en place une stratégie qu'il répète à chaque fois qu'une situation similaire apparaît... Il faut donc trouver à quel moment cette stratégie a émergé. [p. 188]