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Gérard de Chergé (Traducteur)
EAN : 9782743615840
491 pages
Payot et Rivages (12/10/2006)
3.88/5   78 notes
Résumé :
Dans une ville du Midwest, par un après-midi torride, un homme et une femme sont en train de faire l'amour dans une chambre de motel quand, soudain, la porte s'ouvre.
Une silhouette se profile. Suit une double détonation... Les deux victimes sont Barbara Fulraine, égérie de la haute société, et son amant Tom Jessup, modeste professeur. Comment cette grande bourgeoise a-t-elle pu finir d'une façon aussi sordide? Qui a tué les deux amants ? Vingt-six ans après ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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Amateur de polar pas vraiment au top de votre forme ?
Vous aimeriez entamer une thérapie mais la dure réalité économique freine vos ardeurs ?
J'ai ! le rêve des chevaux brisés pourrait bien vous contenter sur tous les tableaux ! Ceux de Géricault et de Delacroix ont ma préférence mais n'engagent que moi, individuellement, à titre personnel, même si Stubbs, casaque rouge toque vermeil, longtemps tint la corde ténue.

Lorsque David Weiss, dessinateur judiciaire, revient couvrir une affaire dans cette petite ville du midwest où il a grandi, gageons que le hasard et l'amour du métier ne soient pas les seuls éléments moteurs.
En effet, traumatisé par une tragédie qui laissa, il y a 26 ans de cela, deux corps criblés de balles dans un motel pouilleux, David compte bien faire la nique à ses fantômes qui font rien que le parasiter depuis.

Original et suffocant, ce rêve tourne rapidement au cauchemar pour notre dessinateur préféré. En réalité, c'est le seul que je connaisse dans le domaine donc un classement aussi rapide que vain.

Au style chirurgical narrant une bien sordide mais tristement banale affaire d'adultère, Bayer y adjoint un fond des plus atypiques en s'appuyant sur le journal d'un psy révélant les tenants et les aboutissants d'une femme alors en consultation.
La femme étant, bien entendu, la victime précitée de ce pouilleux motel mortifère et ce psy le paternel de David, comme de par hasard.

Bayer lève le voile pianissimo, au rythme de ce journal doucettement décrypté, tout en promettant à David et au lecteur, dans un souci de parité fort louable, un palpitant au bord de l'implosion.
Le rythme est prodigieusement indolent, le déroulé du récit parfaitement maîtrisé, la résolution de l'intrigue à l'image d'une effeuilleuse burlesque au sommet de son art.

William Bayer ne murmure pas à l'oreille des chevaux mais à celles des lecteurs en leur promettant un moment inoubliable. Et s'il avait raison, le bougre ?
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Un polar? Non, bien plus que cela.

Un roman noir? Un thriller psy? Une histoire de sexe et de mort?  L'archéologie d'un crime ? La thérapie d'un trauma?

Un peu tout cela....mais ce serait alors passer sous silence la part esthétique du récit, la place que William Bayer accorde à l'art dans l'économie et la dynamique du roman ( le tissage ou le modelage avaient ce même pouvoir actif  dans Trame de sang).

Elle est  centrée, ici , sur l'art du coup de crayon, sur la vérité du portrait graphique, où le talent, la technique tiennent leur puissance  d'une connaissance intuitive des êtres.
 
Car le coup de crayon inspiré,  c'est le "sel de la terre" de ce polar qui plonge dans l'archéologie d'une affaire classée:  le narrateur,  "portraitiste-physionomiste" pour le FBI, hanté par un crime non élucidé qui a bouleversé son enfance et sali sa famille, entreprend,  des dizaines d'années après, de gratter ses plaies avec la pointe de son crayon HB.

La lumière jaillira-t-elle du sfumato?

 L'écriture de William Bayer est  sismique, concentrique, obstinée, comme un portrait où hachures et traits finissent par faire émerger de l'ombre la grâce lumineuse d'un visage..

Comme l'univers qu'elle scrute, elle tente d'exhumer une vérité perdue dans les brumes du passé.

Pour la  mélancolie de cette enquête rétrospective,  pour les ombres qui persistent, les questions qui demeurent, j'ai très souvent pensé à  True Detective -saison 1 ou 3- ce qui est, à mes yeux, plus qu' un compliment.

Décidément, les livres de William Bayer sont une ...mine, si vous me passez ce mauvais jeu de mots!

A lire absolument !
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Après 15 ans d'absence, David Weiss, portraitiste judiciaire, revient à Calista la ville du Midwest qui l'a vu naître. Il doit y couvrir un procès très médiatisé mais c'est surtout pour lui l'occasion d'exhumer une vieille affaire jamais résolue. Il y a 26 ans de cela, dans un motel miteux de la ville, Barbara Fulraine et son amant Tom Jessup ont été assassinés alors qu'ils faisaient l'amour. David connaissait Tom qui était son professeur, et aussi Barbara, mère de deux de ses camarades de classe et patiente de son père psychanalyste. A l'époque, le crime avait fait grand bruit, Barbara étant une personnalité en vue, divorcée d'un richissime magnat de l'acier, maîtresse d'un membre de la pègre et qui pleurait encore la perte de Bella, sa petite fille kidnappée et jamais retrouvée. Près de trois décennies après le drame, David est bien décidé à mener sa propre enquête, et pourquoi pas, à trouver le coupable de ce crime qui a indirectement bouleversé sa vie.

Il y a dans ce roman des chevaux brisés mais il y a surtout une femme brisée, Barbara Fulraine. Brisée par un père absent, une mère autoritaire, un mariage ennuyeux et surtout par la disparition de sa fille. Pour remplir le vide laissée par cette enfant au destin tragique, Barbara se sert de sa seule arme, sa sexualité, serial séductrice multipliant les amants, faisant l'amour comme on se tue, pour oublier la vie. C'est cette femme que David Weiss va apprendre à connaître, à travers les témoignages de ceux qui l'ont connue et surtout par les carnets laissés par son père qui la psychanalysait. Rien ne restera secret de ce qui faisait l'essence de celle qui incarnait la réussite, la beauté, la richesse. Mais derrière la façade de la femme comme de la ville se cachent les petites misères, les échecs, les jalousies, les bassesses.
Grâce à un suspense bien mené, une fine analyse d'une ville américaine moyenne et une très belle écriture, William Bayer nous plonge au coeur du drame, au centre de la vie de ses personnages, principaux et secondaires, tous brillamment dépeints, dans un livre difficile à lâcher, mélange de polar, de roman psychologique et de quête identitaire. Un bien bon roman américain.
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The Dream of the Broken Horses
Traduction : Gérard de Chergé

Tout apprenti-romancier devrait lire ce livre qui, par la rigueur de sa construction et la profondeur de ses analyses des personnages et des situations, atteint pratiquement à la perfection, une perfection que, jusqu'ici et dans le genre "polar", je n'ai rencontrée que chez Ellroy ou Lehane.

Si l'on excepte le flou qui entoure jusqu'à la fin le destin tragique de la petite Belle Fulraine, rien, dans ce livre, ne laisse à son lecteur une impression d'inachevé. (Encore peut-on penser que ce flou fait écho à l'épouvantable incertitude qui est trop souvent le lot des parents dont les enfants ont été enlevés et qui ne reparaissent jamais.) Tous les détails ont été peaufinés avec des tendresses d'horloger travaillant à une machine infernale. Les contradictions des caractères sont exposées, puis démontées et remontées avec une passion d'entomologiste. Enfin, contrairement à ce qu'il arrive trop souvent dans ce genre d'intrigue, la fin ne déçoit pas et les mobiles du meurtrier restent crédibles.

Avec tout cela, il ne faut pas s'étonner si l'ambiance de cette tranquille petite ville du Midwest, avec ses notables et ses moins notables, leurs secrets, leurs réussites et leurs échecs, est formidablement rendue. En prime, toute une palanquée de personnages dits "secondaires" qui auraient fait merveille dans l'un des grands films noirs des années quarante. Sans doute était-ce l'un des buts recherchés par Bayer puisque lui-même établit des parallèles entre le bar où se déroulent un bon nombre de scènes - l'omniprésent Chez Waldo - et le club dirigé par Bogart dans Casablanca (Chez Rick, si mes souvenirs sont exacts.)

Mention toute spéciale au personnage du psy qui tente de soigner Barbara et qui, peu à peu, grisé par l'idée qu'il tient un cas digne de "L'homme aux loups" de Freud, va dériver complètement.

Et puis, quelle maîtrise des flash-backs ! ...

L'intrigue déroule ses spirales empoisonnées autour du meurtre de Barbara Fulraine, épouse en instance de divorce du magnat des aciéries locales, et de son amant, Tom Jessup, qui était l'un des professeurs de leurs deux garçons, Mark et Robin. Les deux amants ont été criblés de balles, dans la chambre 101 d'un hôtel miteux local. Au-dehors, l'après-midi était splendide et chaud.

David Weiss, qui n'est autre que le fils de l'ancien psychanalyste de Barbara, a l'occasion de revenir sur les lieux en qualité d'illustrateur pour un procès à huis-clos, le procès Forrest. Et, fatalement, tout cela remue pas mal de souvenirs en lui, d'autant que son père s'est suicidé peu après l'affaire Fulraine qui, vous vous en doutez, n'a jamais été résolue.

Décidé à obtenir au moins quelques réponses, même s'il doit pour cela remuer la boue, Weiss s'enfonce dans sa propre enquête ...

Le reste, je ne vous le raconterai pas. Procurez-vous "Le Rêve des Chevaux Brisés" et venez nous dire ici si vous partagez mon enthousiasme - ce que je vous souhaite. Et merci à Gémini, qui m'a suggéré cette lecture. ;o)
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David Weiss est portraitiste judiciaire et doit se rendre à un procès qui ne l'intéresse pas beaucoup. Par chance il se situe dans sa ville natale où il n'a pas remis les pieds depuis 15 ans. Cela sera l'occasion pour lui d'éclaircir un meurtre qui a marqué sa jeunesse.

Barbara Fulraine, riche bourgeoise de la ville, avait été retrouvée assassinée dans un motel en compagnie de son amant qui était le professeur de David au collège. Son propre père, qui était le psychanalyste de cette dame, s'est suicidé peu de temps après ce meurtre. David a toujours supposé que la mort de son père était liée à ce meurtre et souhaite faire toute la lumière sur cette affaire.

Ce roman psychologique est remarquablement construit et très bien écrit. Il est empreint de nostalgie et la quête d'identité du héros est universelle. Connaît-on vraiment la vie de nos parents, leurs secrets ? Et s'ils nous ont caché des choses il n'est peut-être pas toujours bon de les connaître !
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Citations et extraits (34) Voir plus Ajouter une citation
L'important, ce n'étaient pas les propos qu'ils avaient échangés : c'était la danse silencieuse de leurs yeux, pénétrant ces recoins secrets du coeur humain où, sans préavis, naissent l'attirance et l'amour. Ce ballet oculaire avait dû être encore rehaussé par leur environnement : l'air printanier, que parfumaient les fleurs et le gazon fraîchement tondu ; les rayon obliques de la lumière dorée ; enfin, la douceur ambiante qui donnait un lustre appétissant à leur peau baignée de soleil, tout en libérant ces stimulants aromatiques dont Mr Butterfield, notre professeur de sciences naturelles, nous avait appris qu'ils s'appelaient des "phéromones".
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Dehors  il fait nuit. Le vent glacial lui fouette le visage. La neige qui tombe est si épaisse qu'il ne voit pas le sol. Frissonnant dans le froid, il se sent impuissant à résister à cette force qu'on appelle l'instinct de mort, Thanatos. En équilibre sur la corniche tel un funambule sur son fil, il reste immobile quelques instants, écarte les bras, puis exécute un saut de l'ange tout en douceur à travers le rideau de flocons tourbillonnants...
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Je n'oublierai jamais la réflexion de mon père à ma mère pendant que nous observions ces images : " Les gens aiment ce genre de spectacle. ça leur montre que les riches et les puissants peuvent souffrir, eux aussi."
Oh! Oui, papa avait raison...car ce qui se passait devant cette grille était l'essence même de la tragédie : les cris désespérés de grands seigneurs roulant dans la poussière.
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Donc, tu vois, mes liens avec la famille Fulraine ne se limitent pas au fait que les garçons de Barbara étaient mes camarades de classe, que Tom Jessup était un de mes professeurs favoris et que mon père était le psy de Barbara. Ce ne sont là que de simples coïncidences.  Comme tu l'as dit toi-même, si on regarde l'affaire d'une certaine manière, c'est le kidnapping qui est à l'origine de tout. La disparition de Belle dont j'ai été le témoin naïf,  involontaire et peut-être même indigne de foi, a été l'élément déterminant.
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Il y a une heure je dessine. Je termine mon croquis : l'embrasure de porte inondé de lumière, les silhouettes disloquées sur le lit noyé d'ombres. Je pose mon carnet et m'allonge sur le dos, le cœur battant à grands coups.
Je suis épuisé. Peut-être mon projet se révélera-t-il insensé ? Non, me dis-je, il n'est pas insensé. Difficile par moments, ça oui ; douloureux, même, de cette douleur qui accompagne souvent la nécessité.
Mais tout est là, précisément : mon projet est nécessaire si je veux obtenir un jour la tranquillité d'esprit.
Je me lève du lit, me dirige vers la porte ouverte et observe furtivement la piscine par-dessus le balcon. Les deux garçons jouent maintenant à l'ombre.
Leur mère, rallongée sur le transat, le haut de son maillot dégrafé, son dos nu offert au soleil, tourne légèrement la tête et croise mon regard.
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