Avec ce petit volume sur ce peintre que j'affectionne tout spécialement, je découvre cette sympathique collection "Parole d'artiste", aux éditions Fage, qui a le mérite d'offrir des extraits de correspondances, ainsi que des reproductions d'oeuvres moins connues...
Déjà familière avec les tableaux de cet artiste, j'ai néanmoins fait deux très belles découvertes: un incroyable "Portrait de Verlaine en troubadour" [1868], ainsi qu'un portrait des plus vifs, naturels de son ami, Renoir, en 1867...
Dans ce modeste volume bilingue [anglais-français], j'ai eu le plaisir de découvrir des extraits de lettres du peintre, de correspondance avec ses parents...
Contrairement au côté un peu guindé [le plus souvent] de ce genre de lettres, nous avons l'heureuse surprise de faire connaissance avec un homme à l'humour cinglant, ne manquant pas d'auto-dérision, et d'ironie... et en dépit des anxiétés parentales compréhensibles, il se dégage une forte affection et confiance entre l'artiste et ses parents...
Un peintre malheureusement mort très prématurément...
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J'admire autant que tout Delacroix, j'aime beaucoup Ingres, Corot, Rousseau, Millet, souvent Courbet. Je me méfie un peu des hommes comme Troyon, ce peintre a fait de très jolies choses en commençant, mais les succès l'ont gâté, on sent trop la facilité dans les toiles, et non l'amour qu'il a mis à les faire, il a trouvé de jolis tons sur sa palette et quand il a vu qu'il plaisait au public il a recommencé en veux-tu en voilà. [p. 58- Lettre à son cousin, avril 1869]
Tu vois que je travaille agréablement en beaucoup de genres ( je t'entends dire ici, trop). Rassure toi, mon cher père, ces hors -d'oeuvre ne me font pas oublier que la peinture est mon seul plat du milieu, et je m'y adonne toujours avec plus d'ardeur, me disant qu'il est bien permis à un rôtisseur d'essayer de temps en temps une omelette soufflée. [Lettre à son père; Paris, 17 juillet 1865] (p. 16)
Je n'éprouve un violent amour pour personne, il faudrait peut-être ne pas attendre le moment où je ne rencontrerai que des colimaçons. (p. 26)
Frédéric Bazille, peintre.