Qu'est-ce que nous dit
Beckett ?
Là est la question.
Après
Murphy je croyais avoir compris quelque chose chez l'irlandais, trouvé une sorte de modalité, un "système-
Beckett"...Je croyais avoir compris que les personnages évoluaient soit dans la clarté ( le blanc )du langage et de la mobilité, soit dans la pénombre ( les nuances de gris)d'une pensée entre raison et folie, avec en perspective les ténèbres, le noir, l'abîme finale ou primordial.
Dans
Murphy, ce système des trois zones paraît simple, une grille de lecture bien pratique mais certainement erronée.
Pourvu de mon mince mode d'emploi je me suis lancé, faussement confiant, dans cette
fin de partie.
J'ai vite déchanté et me suis débarrassé rapidement de ma théorie fumante des trois zones...Le diable de
Beckett n'était pas où je l'attendais.
Ç'aurait été trop facile!
Des les premières lignes j'étais désarçonné, démunis, remis à ma place.
C'est quoi cette mise en scène, les deux fenêtres, des gens dans des poubelles, ces dialogues absurde?
Les corps incongrus y sont toujours aussi difficiles à mouvoir, les dialogues paraissent insensés, ne semblant que révéler la vacuité des protagonistes, leur impossible révélation. le langage vidé de sa substance, comme une simple tension entre des existences contingentes, permet le surgissement du rien, "cet éclat incolore".
La
fin de partie qui se déroule est peut-être celle entamée par
Murphy et son ami psychotique où les coups respectent les contraintes de déplacement des pièces, mais sans la perspective de la victoire, sans efficacité, sans autre but que le mouvement lui même. Jouer à jouer, jouer au dialogue mais finalement soliloquer, jouer désespérément à une fausse joute verbale, jouer à faire semblant d'être perçu par les autres, jouer à exister ?