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Elisa Beiram (Autre)
EAN : 9791036000461
496 pages
L’Atalante (24/09/2020)
3.38/5   37 notes
Résumé :
Zahid est déboussolé. De retour de Genève, où il est sujet d'expérience pour une scientifique sur les rêves, il déambule gare de Lyon, peu pressé de rejoindre l'appartement qu'il partage avec Victoire, sa soeur. Puis la routine, silencieuse, reprend ses droits.Elle, submergée par les gardes à l'hôpital, lui, s'occupant de sa nièce - les conduites à l'école, les goûters, les devoirs... Mais les manifestations étranges qui peuplent son sommeil n'ont de cesse de le tou... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Il s'agit d'un livre sur une épidémie. Non, non, ne partez pas tout de suite ! Je sais bien que le contexte sanitaire actuel rend très peu attractive la mise en avant de ce sujet dans une oeuvre de fiction (on a tous un peu envie de penser à autre chose...), mais la pandémie qui bouleverse le monde d'Elisa Beiram n'a pas grand-chose à voir avec notre Covid-19 puisqu'il s'agit d'une épidémie… de rêves. Avouez que vous vous sentez déjà un peu plus dépaysé ! le roman met en scène un monde futuriste finalement assez proche du notre, qui présente suffisamment d'innovations pour titiller la curiosité mais demeure malgré tout suffisamment reconnaissable pour que le lecteur ne s'y sente pas totalement perdu. le contexte géopolitique a évolué mais la structure des continents et des pays reste grosso modo similaire à aujourd'hui, de même que les gens semblent avoir globalement les mêmes préoccupations. Un événement va toutefois venir perturber le calme relatif de ce « monde d'après » tout technologique et quelque peu aseptisé : les rêves. Des rêves qui se mettent à se matérialiser, et qui parviennent par conséquent à influer directement sur le réel. Présenté de cette manière, cela pourrait presque paraître attractif, et ça l'est effectivement parfois : des animaux surprenants arpentent soudain les rues, les vieux monuments décrépis retrouvent leur lustre d'antan ou se parent de couleurs ou de formes extravagantes qu'ils n'ont jamais eu, des constructions énormes se lèvent de terre et disparaissent en un claquement de doigt… de quoi enflammer l'imagination et susciter l'émerveillement même des plus blasés. Seulement les rêves de la plupart des individus n'ont rien de très drôle, et peuvent même se révéler dangereux : qui n'a jamais rêvé de perdre le contrôle d'un train ou d'une voiture lancé à toute vitesse ? Ou de se retrouver en plein milieu d'un champ de bataille ? le problème avec les rêves, c'est qu'on y retrouve tout, le meilleur comme le pire de l'être humain, les joies comme les peurs, et leur réalisation peut avoir des conséquences dramatiques, surtout lorsque leur impact se fait à grande échelle.

Le roman possède un grand nombre de qualités même s'il n'est pas exempt de quelques défauts. Outre l'originalité du pitch, c'est l'univers esquissé par l'autrice qui m'a surtout emballée. Elisa Beiram dresse le portrait d'un monde relativement proche du notre (et par conséquent plausible) dont on ne découvre les spécificités que peu à peu, au détour d'une remarque émise par un personnage ou à l'occasion du déplacement d'un autre. Les nouvelles technologies y sont omniprésentes et la plupart des gens passent leur temps sur « le réseau » (le terme « internet » étant manifestement devenu has-been), prêts à commenter, s'indigner ou s'émouvoir du prochain sujet à la mode. On retrouve également la panoplie désormais classique d'objets futuristes, de la voiture autonome, aux nanorobots en passant par les vêtements intelligents. Loin de s'en servir comme de simples gadgets visant à démontrer qu'on est bien dans de la SF, toutes ces technologies sont au contraire utilisées par l'autrice pour questionner de manière très pertinente notre rapport au monde, au numérique, aux sensations et aux émotions qui sont ici considérablement émoussées par la technologie (Damasio parlerait sans doute ici de « techno-cocon »). Elisa Beiram dresse également subtilement le nouveau profil géopolitique du monde, là encore uniquement par petites touches, ce qui peut s'avérer frustrant par moment. On apprend ainsi que l'UE a mis en place une politique migratoire extrêmement ferme (quitte à mettre sous le tapis les droits de l'homme), ou encore qu'elle a purement et simplement abandonné les pays jugés encombrants, au premier rang desquels la Grèce, devenue le bastion des marginaux et des laissés-pour-compte de la société européenne. le roman fait ainsi écho subtilement mais de manière répétée à des problématiques politiques très actuelles, de l'immigration au tout numérique en passant par les réseaux sociaux ou encore la récupération des données sur internet. le numérique occupe d'ailleurs une place centrale dans le roman, et notamment la manière dont les informations y circulent, sont recensées et sont perçues par les utilisateurs. J'ai également beaucoup apprécié les réflexions de l'autrice sur les « villes augmentées », ces centres historiques reconvertis en attractions touristiques à l'aide de la réalité virtuelle qui permet aux visiteurs de se projeter dans une époque reconstituée plus vraie que nature, et ce alors même que les superbes vestiges de la dite période tombent en lambeau à leurs pieds.

Parmi les autres points forts du roman il convient également de citer la plume de l'autrice, suffisamment travaillée pour qu'on s'en rende compte et l'apprécie, mais pas assez pour que cela nuise à la fluidité du récit. Ses réflexions sur la société et l'humanité sont à l'avenant et poussent à la réflexion et l'introspection sans pour autant noyer le lecteur sous des considérations philosophiques malvenues. D'autres aspects du roman sont malheureusement un peu moins convaincants, à commencer par l'intrigue qui, bien qu'extrêmement prometteuse, patine pendant une trop grande partie de l'ouvrage. L'idée de base est bonne, mais elle ne se déploie que trop peu, si bien qu'on a l'impression que l'enquête n'avance jamais. Cette impression est d'autant plus renforcée par la construction narrative, chaque chapitre étant composé de la même manière : le récit de la nuit, et plus spécifiquement d'un rêve ayant causé plus ou moins de dégât dans le monde, suivi de celui de la journée, au cours de laquelle on suit les protagonistes qui se posent beaucoup de questions mais n'agissent que rarement. Ces derniers figurent également parmi les points faibles du roman car trop distants, et ce en dépit des tentatives de l'autrice de leur donner davantage de consistance en évoquant leur passé, leurs peurs ou leurs particularités. C'est le cas notamment des deux personnages au coeur de l'intrigue, Alma et Zahid, qui sont loin d'être antipathiques mais dont les réactions ne sonnent pas « vraies » (on peine à comprendre tous les choix de la premières tandis que le second est bien trop détaché pour susciter l'attachement). Les personnages secondaires sont cependant plus réussis car moins lisses, qu'il s'agisse de l'enquêteur tenu de composer avec ses homologues européens, ou encore de la soeur de Zahid, infirmière surmenée élevant seule sa fille.

« Rêveur zéro » est un bon roman, basé sur une idée intéressante qui permet de stimuler efficacement l'imagination du lecteur. La société futuriste dépeinte par Elisa Beiram est à la fois familière et inquiétante, et c'est là l'une des plus grandes réussites de l'ouvrage qui souffre malgré tout de quelques défauts, parmi lesquels des protagonistes auxquels on peine à s'identifier ainsi qu'une intrigue qui aurait mérité d'être un peu plus étoffée. L'ensemble reste malgré de très bonne facture, surtout pour un premier roman, aussi serait-il dommage de vous en priver.
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Dans un futur proche, une épidémie de rêves commence à sévir dans le monde : les rêves, en effet, se mettent à se matérialiser et sont, malheureusement pour certains, mortels. Elisa Beiram a choisi de nous raconter cette épidémie sur dix-huit jours, en suivant toute une galerie de personnages en lien avec l'épidémie : Zahid, un français qui participait à une étude scientifique sur les rêves au moment des faits, et qui déambule dans Paris sans trop savoir pourquoi ; Alma, une des scientifiques participant à l'étude, qui découvre que le labo dans lequel elle avait lieu a subitement disparu, alors qu'elle en était partie quelque temps ; Philipp, officier de police chargé d'enquêter sur la disparition du labo, et qui va se trouver mené dans une enquête au plus long cours, celle de la recherche des rêveurs zéro ; et enfin Janis, frère d'Alma, informaticien qui se voit confier une mission sur l'épidémie de rêves. Au fil des jours, au rythme des découvertes de chacun des personnages, nous découvrons nous-mêmes cette épidémie d'un nouveau genre, de plus en plus inquiétante et de plus en plus meurtrière.

Rêveur zéro renvoie à un schéma narratif plutôt classique désormais – narration alternant entre plusieurs personnages, nombre de jours via lesquels l'on remonte à travers eux le cours de l'histoire pour la comprendre -, qui aurait pu de ce fait tomber à plat au milieu de toutes les productions du même type. Mais heureusement, j'ai trouvé qu'Elisa Beiram, grâce à une intrigue bien menée et rigoureuse, une description tout aussi rigoureuse, dans le même temps profonde, de ses personnages, et de son univers – ils sont fort crédibles et intéressants -, ainsi qu'une plume très agréable à lire, donnait corps à ce schéma classique pour en faire quelque chose de vraiment personnel. Entre récit d'anticipation, enquête policière, quête de soi, et récit de voyage, ce roman aux multiples facettes est en effet passionnant à lire.

Seul bémol à ma lecture : en refermant ce roman, j'ai tout de même eu la sensation de n'avoir pas eu assez d'éclaircissements sur l'origine de l'épidémie. le dénouement nous permet davantage de boucler l'histoire que de comprendre totalement en quoi cette épidémie de rêves a pu se développer, et pourquoi à ce moment précis.

Pour un premier roman, qui n'entre pas forcément dans ma zone de confort littéraire, que j'ai justement décidé de secouer un peu en ce moment, c'est en tout cas une jolie découverte que je suis ravie d'avoir pris le temps de faire.
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Lorsque j'ai demandé ce roman en service de presse à la community manager des éditions l'Atalante, je lui avais aussi demandé quelque chose de différent de Kra de John Crowley, parce que j'avais mis un temps infini à le lire. Sa réponse avait été assez laconique me disant que c'était « assez différent ». Pourtant, à bien y réfléchir, Kra et Rêveur Zéro se ressemblent curieusement dans ce qu'ils ont d'étrange, de lent, et d'onirique. Qu'à cela ne tienne, le pitch ne pouvait que me parler, moi qui note, depuis toujours, les rêves les plus bizarres qui me traversent. de la présence discordante d'une bouée crocodile dans un champ de paille, de cette tour infernale dont je n'arrive pas à trouver l'entrée en faisant son contour indéfiniment, de cette vague monstrueuse et rose qui nous submerge ma mère et moi alors que nous observons le balai de l'océan, sans bouger, sans parler. Des rêves étonnants, sans queue ni tête, des rêves flippants de réalisme, de ces chutes, de ces adieux, de toutes ces choses irréelles qui nous ont tiré de notre sommeil, le coeur battant à tout rompre, ne vous êtes-vous jamais demandé ce qu'ils se passeraient s'ils traversaient notre réalité ? J'ai particulièrement apprécié que les rêves ne soient pas des rêves tangibles mais globalement du domaine de l'absurde, sautant du coq à l'âne, d'un endroit à un autre, sans qu'il n'y ait d'interruptions. Comme dans un rêve donc.

C'est au coeur de cette interrogation, parmi beaucoup d'autres, que nous entraîne Elisa Beiram dans ce roman rempli d'onirisme et de nouvelles technologies. Dans un futur proche, mais assez éloigné pour qu'on parle de 2020 en disant « vingt vingt », d'internet en mentionnant « réseau », pour que les prises électriques soient obsolètes et pour que chacun puisse « se connecter », « récolter des données », etc. Pour que certaines choses nous semblent familières (saturation des hôpitaux, laissés pour compte, migrants refoulés aux frontières) et d'autres lointaines (réalité virtuelle partout, des lieux proche du cyberpunk avec des lumières et des gadgets). L'univers de l'autrice se déploie avec subtilité, construisant sous nos yeux un monde pas si lointain couche par couche, nous parlant de pollution de l'air, d'absence du soleil sous le fog dans certaines régions, des robots qui prennent le travail des hommes, des pays qui ont engagé une répression drastique de la migration, de la Grèce que l'on a lâché, des monuments brisés que l'on cache derrière des illusions. Dans ce monde, les sociétés privées se font gentiment taper la main quand elles utilisent les données des utilisateurs à leur insu, mais les médias se nourrissent du résultat de leurs recherches. Est-ce vraiment si éloigné du nôtre ?

Malgré un pitch très intéressant, un univers remarquablement bien construit, tangible, crédible, une épidémie étrange qui nous éloigne suffisamment de la nôtre pour ne se sente pas oppressés, le roman ne plaira pas à tout le monde et cela tient en sa construction. La narration choisie rend l'ensemble extrêmement lent, avec l'impression que rien avance. En alternant une période de nuit, donc de rêve, ayant des conséquences plus ou moins grave sur le monde, et une période de jour où nos protagonistes se débattent à grand renfort d'idée plus que d'actions, tout semble rester au même stade pendant un temps infini. Mais quels sont nos protagonistes ? Nous avons, au coeur de l'intrigue : Zahid, un rêveur zéro, un des premiers à avoir fait transiter son rêve dans la réalité et à s'être enfermé dans sa conscience ; Alma, une chercheuse spécialisée dans le rêve qui travaillait justement avec Zahid en tant que patient. Ces deux personnages sont curieusement effacés, comme si travailler sur le rêve, être un rêveur lucide, ou une chercheuse passionnée par le sujet, les avait vidés de leur substance réelle. Alma est d'ailleurs tellement effacée au départ que je me suis interrogée sur sa propre existence en tant qu'être. Parce qu'évidemment le roman nous pousse à nous interroger, au détour de conversations, de réunions, d'informations, on se pose des questions. Jusqu'où s'étend notre réalité et où commence le rêve ? Sont-ils désormais indissociables ? Tout cela a bien entendu des allures de Matrix ou d'Inception. Les autres qui gravitent autour d'eux, Janis, le frère d'Alma, travaille pour une des sociétés privées agrégeant des données ; Victoire, la soeur de Zahid, se tue à la tâche à l'hôpital pour convaincre des milliers de patients que, non, ils ne sont pas en train de mourir dans les flammes, que tout ceci n'est qu'un rêve et que leurs sensations ne sont qu'illusions ; Philippe, un policier chevronné, bien décidé à ne pas se laisser prendre au jeu des services gouvernementaux et des cloisonnements entre eux pour l'empêcher de mener sa mission à bien ; et beaucoup d'autres qu'on voit par intermittence, qui apparaissent pour disparaître, tous ceux qui rêvent, etc.

Sans doute que si les protagonistes m'avaient davantage touchée, si j'avais ressenti de l'angoisse, de la nervosité, de la peur pour eux, peut-être cela m'aurait rendu Rêveur Zéro plus addictif. Au lieu de cela j'ai mis beaucoup de temps à le lire, non pas par désintérêt parce que l'histoire m'intriguait réellement, mais par manque d'entrain. Mon rythme de lecture est très impacté par ce que je ressens pour les personnages, allez savoir pourquoi ! Deuxième point qui m'a déstabilisée c'est l'absence de réponses. Bien sûr on finit par comprendre d'où vient l'épidémie, son facteur de propagation, voire même pourquoi cette épidémie existe. Mais il m'a manqué des « comment », et des « que va t-il se passer ensuite ». J'aime les fins énigmatiques ou ouvertes mais je trouvais que cela ne collait pas forcément avec ce roman. Après, bien sûr, la suite appartient aux rêveurs !

En résumé

Rêveur Zéro a ce goût étrange du « presque ». C'est presque notre monde, presque notre époque, presque nos pays. On s'y sent presque chez soi. Et ce fut presque un coup de coeur. Malgré une intrigue curieuse et sensible, emprunte d'onirisme et de poésie, autant que de technologie et de rêverie, il m'a manqué un chouïa de sensible pour que je m'y attache complètement. Malgré tout, Rêveur Zéro est une découverte envoûtante, à la frontière des genres entre science fiction et fantastique, un petit OVNI parmi la littérature de l'imaginaire.
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Rêver est plus beau que d'être rêvé…

Des rêves se matérialisent dans la réalité de manière si tangible que même si toute trace de ces apparitions disparait, leurs conséquences psychiques sur les témoins et physiques sur les « victimes collatérales » (quand bien même ces séquelles n'ont aucune réalité mais sont uniquement somatisées par ceux qui croient les avoir subies) subsistent. Une personne ayant été « amputée » d'un membre par l'effet d'un rêve ressentira l'amputation dans sa chair et dans son esprit alors que le dit membre est intact. Si tu crois mourir dans une apparition de rêve, tu meurs vraiment !

Petit à petit, les rêves matérialisés commencent à s'inscrire dans la durée…

Au début du récit, c'est l'inconscient des rêveurs qui s'immisce dans la réalité, s'y matérialise de manière éphémère. Les conséquences sont parfois violentes et importantes, mais elles restent des épiphénomènes. Jusqu'à ce que les autorités prennent conscience que des rêveurs tentent et parviennent à manipuler leurs rêves en toute conscience pour modifier de façon durable la réalité, que ce soit dans un but louable ou criminel.

Au fil de l'histoire, Elisa Beiram parvient à faire douter le lecteur de la réalité. En effet, celle-ci peut être contaminée par les rêves qui semblent bien réels. Ils sont tangibles, comme si l'esprit du témoin était trompé ou faussé à tel point qu'il participe à à ce que le rêve devienne la réalité au détriment de celle-ci.

On ne peut qu'adhérer à l'idée que le rêve surgisse dans la réalité afin d'y amener du mieux, à tout le moins du différent. Mais comment réagir si le rêve devait supplanter la réalité ? Si les rêveurs ne devaient pas des réveiller et continuer à hanter la réalité à travers un avatar qui n'aurait plus conscience de n'être que cela, un avatar errant, une enveloppe vide ? Que se passerait-il si on les laissait libres de se liguer entre eux, de se livrer à des affrontements de rêves ?

Elisa Beiram traite cette épidémie de rêves comme une épidémie classique : pour trouver la cure, il faut trouver le patient zéro, le patient initial à l'origine de l'épidémie… le rêveur zéro. Cette recherche se fait à travers le récit de quatre personnages centraux.

Il y a tout d'abord Zahid, un parisien qui participe à une étude sur les rêves. Il a fui le centre de recherche pour rentrer chez sa soeur, centre duquel tous les autres participants et le personnel scientifique ont mystérieusement disparu. Il y a Alma, une des scientifiques du centre de recherche sur les rêves, absentes du centre au moment des disparitions, dont l'appartement à brûlé et qui part à la recherche de Zahid pour tenter de comprendre ce qui s'est passé.

Il y a Janis, le frère d'Alma, qui travaille dans une start-up développant des bases de données pouvant permettre de comprendre voire d'anticiper le phénomène des rêves, et qui s'interroge sur ce qu'il doit faire de ses connaissances informatiques.

Il y a Philipp, un policier en charge de l'enquête sur les disparitions, forcément en lien avec l'épidémie de rêves, qui se retrouve enrôlé dans la recherche du rêveur zéro et qui se lance sur la piste de Zahid, avec Alma.

Vous avez donc les quatre typologies de personnages nécessaires à la compréhension du phénomène : le policier pour y remettre de l'ordre, le data-scientist et la scientifique pour étudier sa propagation, le rêveur pour le symboliser. Les personnages d'Elisa Beiram remontent la piste du rêveur zéro à travers le récit de 18 jours et 18 nuits, à partir de l'apparition du premier rêve et de la disparition du rêveur zéro.

Par petites touches, elle plonge le lecteur dans un monde qui n'a rien de post-apocalyptique, qui ressemble férocement au nôtre, comme si ce qui manquait dans notre monde moderne c'était la « Beiram's touch » : l'immixtion des rêves. Elisa Beiram propose une idée simple : laisser libre cours à nos rêves. Mais, Elisa Beiram n'étant pas Dieu, elle est contrainte de laisser l'être humain s'emparer de son idée pour en faire ce qu'il veut et non pas ce qu'il faudrait… et c'est bien là que le bât blesse.

Elisa Beiram utilise le concept de rêveur lucide pour qualifier ces personnes qui maitrisent leur cycle de sommeil pour générer les rêves de leur choix dans la réalité. Mais s'ils sont effectivement lucides dans le sens de conscients de ce qu'ils font, ils n'ont pas la lucidité de saisir les enjeux de leurs actes. Ceux-ci se résument finalement à tenter de faire prendre conscience à l'humanité de ses propres perversions, de ses limites, de ses erreurs. Et c'est finalement déjà énorme. A travers les interactions de leurs rêves sur la réalité, ils ne cherchent pas tant à modifier cette réalité qu'à inciter l'humanité à prendre conscience de son action sur l'environnement et donc sur elle-même.

Le message n'est pas essentiellement environnemental mais il est éminemment humain. Et plein d'espoir.

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Il s'agit d'un roman de science-fiction et d'anticipation français qui nous conte une épidémie de rêves aux conséquences parfois bonnes mais parfois catastrophiques, désastreuses.



Angoisse, perte de repères et sentiment de suffocation permanent sont les ressentis que la plume d'Elisa Beiram m'a fait rencontrer.



J'ai beaucoup aimé les personnages et la manière de les faire évoluer dans l'histoire.

Le scénario est original, très original même et met le lecteur en situation épidémique. Vous me direz "on est en plein dedans", oui c'est vrai, mais ici on évite la réalité, grâce à ces rêves.

J'ai tout de même trouvé certains passages assez longs, ce qui a mon goût est le petit point négatif de cette lecture.


Rêveur zéro est un roman aussi étrange qu'inventif.
Lien : https://unbouquinsinonrien.b..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Aiguille après aiguille, elle ne sait plus si elle vide la poche ou si elle la remplit de son propre sang. Peut-être s’inocule-t-elle ses propres substances, en circuit fermé. A présent qu’elle a les yeux tournés vers le ciel, c’est la voie lactée qui transite dans ses vaisseaux. C’est un fluide à la fois très plein et très vide, un gloussement de plaisir qui glisse délicatement entre la mâchoire et l’oreille. Un peu…Un peu comme si elle était amoureuse de l’univers.
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Fuir est, en réalité, d'un ennui mortel.
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Mais tout à coup, dans l’idée de la disparition du rêve, le sentiment du vide et de la perte est plus fort que celui du confort retrouvé. C’est le rêve qui l’a fait retourner à Genève et retrouver Suzie. C’est le rêve qui a fait revenir sa carrière et renaître sa confiance. C’est le rêve, enfin, qui secoue la masse inerte qu’était le cerveau de l’humanité. A faire disparaître le rêve, ne risquerait-on pas de faire disparaître le monde ?
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Ça ne m'étonne pas que tu sois fascinée par l'émotion humaine, elle t'est inconnue.
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"Mon frère, il a fallu que tu rêves pour enfin te réveiller"
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En 1999, Edgar Morin listait sept items pour fonder l'éducation du futur. Ils conduisent à prendre conscience des cécités de la connaissance, à affronter la complexité et les incertitudes, à reconnaître l'unité comme la diversité humaines et à réaliser une citoyenneté terrienne. Est-ce cela que nous apprendrons demain ? Et un savoir pertinent ici et aujourd'hui, l'est-il toujours ailleurs et demain ? Et si la fiction était la piste d'apprentissage idéale ?
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