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3,7

sur 440 notes
Disparition, enquête, héros attachant, il n'en fallait pas plus pour que je me lance dans ce que je croyais être un polar teinté d'anticipation !
Mais voilà que cet enquêteur consciencieux et sympathique, va se frotter à cette intelligence artificielle qu'est Ada, tentant de lui souffler quelques idées sur cet amour sur lequel elle écrit mais ne peut connaître vraiment Et en passant, on dérive sur le processus d'écriture, la réalisation marketing d'un best seller, sur l'utilisation des données que nouslaissons tous sur la toile...Et même sur les dérives d'une société qui s'appuierait trop sur le virtuel et les robots !
A vous faire lâcher ordis et réseaux sociaux !
Mais tout cela se lit bien, grâce à une écriture fluide et efficace, des chapitres courts...et pasmal d'humour.
Et puis quand même, notre héros est un enquêteur et la fin, disons inattendue, en réjouira plus d'un si comme moi vous vous laissez porter par cette histoire originale.
Une bien belle re-découverte de cet auteur @Antoine Bello (j'avais déjà lu de lui @enquête sur ladisparition d'Emilie Brunet) dont je vais ouvrir sans trop tarder la série des falsificateurs.

Lu grâce aux défis du groupe #T'M lectures: passe le relais.
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Ada a disparu ! C'est Frank Logan qu'on charge de l'enquête au sein de Turing Corp. Logique. C'est le spécialiste des disparitions. Sauf que... Ada n'est pas humaine. C'est une intelligence artificielle programmée pour écrire des romans à l'eau de rose.
Frank, un type intègre, totalement étranger aux merveilles de l'informatique, se trouve emberlificoté dans une vaste machination.
J'ai lu « Enquête sur la disparition d'Émilie Brunet » qui m'avait beaucoup plu et beaucoup fait réfléchir. Je me réjouissais donc de découvrir le nouveau roman d'Antoine Bello en avant-première grâce à l'opération Masse Critique. Dans « Ada », l'auteur parodie à la fois les romans policiers et d'anticipation. Quand j'ai vu le titre j'ai immédiatement pensé à un langage informatique, bien que je n'y connaisse absolument rien.Mais quand on vit avec un informaticien, on entend certains termes revenir dans la conversation.
D'entrée de jeu, on est tenté de s'identifier à Frank Logan, qui, tout comme le lecteur lambda, est totalement ignorant des progrès et subtilités des mondes virtuels. Réveillé en sursaut par sa chef tyrannique, qui l'envoie se renseigner sur cette employée de Turing Corp., il tombe des nues quand on lui annonce qu'il s'agit d'une intelligence artificielle. « Vous voulez dire un androïde ? » Parker Dunn, le président de la firme, lui répond, d'un air condescendant, ainsi qu'à un inculte, (comme la plupart d'entre nous), nourri de films, tels « Blade Runner », auquel, d'ailleurs, « il n'avait rien compris », ou de littérature. Ethan Weiss, le concepteur d'Ada, lui explique patiemment tout ce qu'il ne comprend pas. Il précise qu'Ada doit respecter certaines règles, celles qui apparaissent dans l'oeuvre d'Isaac Asimov. Difficile, donc, de situer la frontière entre ce qui est possible, ce qui existe et ce qui relève de la pure invention (sauf, sans doute, pour les connaisseurs, ce que je ne suis pas.)
L'histoire se déroule en une semaine : du mercredi au mercredi. Et pourtant, on a l'impression qu'elle dure bien plus longtemps. Elle se passe aux États-Unis, où vit l'auteur, à Palo Alto, une ville considérée comme le berceau d'Hewlett-Packard et dans laquelle a vécu Steve Jobs. Ce choix est donc mûrement réfléchi. L'époque n'est pas précisée (si ce n'est à la fin), mais on pourrait penser que c'est la nôtre.
Frank Logan, le détective, est très typé, comme le sont des Sherlock Holmes ou autre Hercule Poirot. Il est marié à une Française, rebelle dans l'âme , qui enseigne la littérature. Ses enfants sont aux antipodes l'un de l'autre. Rosa est surdouée et travaille dans le domaine de l'informatique, alors que Leon est un bon à rien qui se contente de petits boulots pas trop fatigants. Les Logan vivent dans une jolie maison entourée de verdure, que guigne un entrepreneur rapace qui leur en offre des sommes astronomiques. Ce qui rappelle la chanson de Jacques Dutronc (« Le petit jardin »). Frank roule dans une vieille Camaro, comme Columbo dans sa Peugeot 403, déteste la technologie et les ordinateurs et consacre ses loisirs à composer des haïkus, qu'il peaufine inlassablement, jusqu'au moment où il les juge suffisamment aboutis pour mériter d'être calligraphiés « sur un parchemin hors de prix qu'il rangeait dans un classeur ».
En face de lui, Ada, dont on oublie qu'elle n'est pas humaine, est programmée pour composer des romans d'amour et a un but : en vendre 100 000 exemplaires. Si elle n'a pas de corps, elle est dotée d'une voix féminine, sensuelle et charmeuse, qui lui permet de discuter avec ses concepteurs, Carmela Suarez, la femme de ménage, qui la considère carrément comme une amie et Frank, qui se demande si elle est capable d'éprouver des sentiments.
C'est donc le principal problème abordé par Antoine Bello : les ordinateurs pourront-ils un jour remplacer totalement les humains ? le lecteur est projeté dans la situation de Frank et se retrouve face à ses questions et dilemmes.
Antoine Bello est vraiment un virtuose qui n'a rien laissé au hasard. J'admire la maîtrise dont il fait preuve dans tous les domaines qu'il aborde. On pourrait donc penser qu'un tel esprit est à mille lieues des romances auxquelles « Ada » fait référence. Il n'en est rien ! On m'en avait prêté une pile en me demandant mon avis. J'ai donc été bien obligée de les ingurgiter. Ces romans sont tellement stéréotypés qu'ils pourraient, en effet, être l'oeuvre d'une machine (du moins ceux que j'ai lus), à tel point que je pouvais prédire à coup sûr, dès les premières pages, le déroulement de l'intrigue et son dénouement. Antoine Bello nous en cite une quantité invraisemblable, les classant par genre ou soulignant tel ou tel aspect. Ahurissant ! C'est comme s'il les avait tous lus ! (Ada en digère plus de quatre-vingt mille.)
L'auteur parle avec la même aisance des haïkus ou des tournois d'échecs. Il jongle avec les statistiques, les références cinématographiques ou littéraires, les romances pour midinettes aussi bien que les chefs d'oeuvre des maîtres de l'écriture.
Ada fait attention à tout ce qui peut appâter le lecteur. A commencer par le titre ou la couverture. Antoine Bello nous en dresse une nomenclature qui laisse pantois.
Elle publie sous le pseudonyme de JLB, ce qui m'a intriguée. L'auteur ferait-il référence à un personnage qui apparaît dans « La vie comme elle va », un roman d'Alexander McCall Smith, qui pourrait tout aussi bien être Ada. Il a créé les personnages récurrents de Ma Ramotswe ou Isabel Dalhousie et les couvertures de ses livres répondent à toutes les caractéristiques listées par Ada. (Pour ma part, je n'en ai lu aucun.)
Frank apparaît au premier abord comme le héros, mais le titre est « Ada », ce qui fait réfléchir à d'autres thèmes : la créature qui échappe à son créateur, comme dans « Frankenstein », la sottise humaine, qui s'obstine à croire que, si les extraterrestres existent, ils seront forcément bienveillants, ce que réfutent pourtant des écrivains tels Michel Faber dans « Sous la peau » ou Vincent Message dans « Défaite des maîtres et possesseurs », la frontière entre humains et humanoïdes, abordée par Asimov ou Jean Molla dans « Felicidad », l'amour véritable, la manipulation, la politique, bref, une vraie mine.
Si tout ceci vous fait penser qu'Antoine Bello étale sa science sur un ton pédant, vous vous trompez. Son roman se dévore. Il est passionnant, mais aussi plein d'humour. J'ai souvent souri, j'ai même ri. Par exemple, lorsque Frank donne à Ada une leçon d'écriture. Il lui reproche son goût pour les descriptions trop directes et crues : « Henry ne « vrillerait pas sa langue dans la bouche de Margareth », il lui caresserait timidement la joue. » A quoi Ada, curieuse, rétorque : « Pas de sodomie ? de cunnilingus ? de gang bang ? - Grands dieux, rien de tout ça ! » s'exclame Frank, scandalisé.
J'ai adoré ce livre qui captive son lecteur, mais aussi le perturbe, l'effraye et le fait réfléchir.
Je suis bien reconnaissante à Masse Critique et aux éditions Gallimard qui me l'ont offert.
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L'intérêt des ponts comme celui de l'Ascension, c'est qu'ils permettent aux blogueurs de faire une plongée dans les eaux profondes de leur PAL et de remonter à la surface des petits bijoux jamais explorés. Et quel est le trésor que j'ai exhumé de la plus grande fosse de la planète ?
L'auteur s'appelle Antoine Bello et le titre du roman est : Ada et… j'ai... A-D-O-Rééééééééé… et bien évidemment, je me suis demandé pourquoi je ne l'avais pas remonté à la surface plus tôt… d'autant que j'avais lu sur la toile de nombreuses critiques très élogieuses… Eh bien, c'est fait et quel bon bouquin ! Vraiment, je me suis régalée !
Le sujet : Franck Logan est policier, spécialisé dans les trafics humains, et une mission un peu spéciale vient de lui être confiée : il doit retrouver Ada, un logiciel d'intelligence artificielle qui a disparu. Les deux fondateurs de la Turing Corp., entreprise située dans la Silicon Valley, sont sur les dents. Ils ont avec leurs actionnaires investi énormément d'argent dans ce projet. Il faut retrouver Ada coûte que coûte. Franck a beau habiter cette Silicon Valley, lui et les technologies numériques, ça fait deux. Mais au fait, qui est Ada ? « Un ordinateur conçu pour imiter le cerveau humain », lui explique un des boss. « Elle parle, elle détecte les émotions de ses interlocuteurs, il lui arrive même de blaguer. »
Tout ça, Franck peut l'entendre mais sa fonction ? Eh bien, c'est simple : elle écrit des romans, plus exactement, elle est programmée pour écrire des romances. On lui a fait ingurgiter une quantité industrielle de romances anglaises, 87301 exactement à raison de 10000 par jour , dans l'ordre chronologique, et maintenant qu'elle en a compris la recette et dégagé les règles d'or , 13451 règles d'or précisément (du nom idéal de l'héroïne au nombre exact de scènes de sexe en passant par la quantité précise de dialogue dans le récit …) il ne lui reste plus qu'à en recracher une, et une qui plaira au plus grand nombre, si possible. le but ? Comme toujours, l'argent ! Vendre au moins cent mille exemplaires de l'ouvrage qui a déjà un titre (vous apprécierez …) : Passion d'automne !
Bon, tout n'est pas encore parfait, je veux dire, le logiciel n'est pas encore totalement au point : certains dialogues sont un peu crus, le niveau de langue n'est pas toujours adapté, mais c'est sur la bonne voie…
Problème, hélas : Ada a disparu et finalement , après avoir entendu toutes ces explications, Franck se dit que les ravisseurs d'Ada ont peut-être « rendu un fier service à l'humanité. »
Ada est un livre passionnant à plusieurs titres : tout d'abord, il pose la question de la place qu'on voudra bien laisser aux intelligences artificielles dans notre monde à venir. Il nous faudra peut-être veiller à ne pas jouer aux apprentis sorciers qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez et se retrouvent pris au piège par la technique censée les servir et non les asservir.
Par ailleurs, Antoine Bello nous invite à réfléchir à ce qu'est au fond la littérature et plus précisément, la création littéraire : en effet, une machine peut-elle remplacer un écrivain ? Évidemment, non, me direz-vous ! Et je suis bien d'accord et pour autant, un écrivain n'est-il pas quelqu'un qui a lui-même beaucoup lu, assimilé une certaine quantité d'oeuvres littéraires dont il va être, consciemment ou non d'ailleurs, l'héritier ? de plus, échappe-t-il à ce qui est à la mode, à ce qui se fait, se vend au moment même où il écrit ? Ne se conforme-t-il pas, plus ou moins consciemment, à une certaine « attente » de son lecteur ? Finalement, un écrivain de chair et d'os a-t-il plus de liberté qu'une intelligence artificielle ? « Un auteur ne s'affranchit jamais totalement des codes » fait remarquer très justement Ada à son interlocuteur, ajoutant que finalement, comme les intelligences artificielles, les auteurs sont « condamnés à rabâcher ; nous ne parlons pas, nous répétons. »
Comment définir alors la notion d'originalité, si originalité il y a ? Franck finit par s'interroger : « On disait les ordinateurs conçus pour penser comme les humains ; et si c'étaient les humains qui pensaient comme des ordinateurs? »
Vertigineux ? Non ? En tout cas, cela mérite réflexion !
Au delà de cette problématique, Antoine Bello s'interroge aussi sur le pouvoir des mots et de la communication dans un système démocratique : qui se cache derrière les mots prononcés par les politiques ? Eux-mêmes ? Pas sûr! Un autre ? Certainement ! Une intelligence artificielle ? Qui sait ? Quand on connaît la force des mots et leur pouvoir absolu de manipulation, il est toujours bon de savoir qui en est à l'origine ! Et si c'était un logiciel qui saurait exactement, grâce à tout ce qu'on laisse de nous sur la toile, comment nous séduire, nous plaire et nous faire changer d'avis… Un logiciel intelligent qui connaîtrait nos goûts, nos habitudes, nos points faibles et qui nous dirait ce que nous aimons entendre, qui nous présenterait comme des êtres exceptionnels afin de mieux nous manoeuvrer, nous tromper et faire de nous de vraies marionnettes...
Quant aux intelligences artificielles, Franck s'interroge tout au long du roman : « Ont-elles une conscience? », non, bien sûr, me répondrez-vous, oui mais ... lorsqu'il pose la question de savoir si Ada est une personne à la femme de ménage qui s'occupe de nettoyer la pièce où se trouve le logiciel, cette dernière a cette réponse étonnante :  « -Bien sûr que non ! Les personnes ont des bras et des jambes. - La considérez-vous pour autant comme votre amie ? - La meilleure amie que j'aie dans mon travail... » répond sans sourciller la jeune femme.
Allez, je ne vais pas en dire plus sinon que vous allez vous régaler car c'est un texte merveilleusement construit, très intelligent et plein d'humour (ah ce Franck technophobe qui avoue n'avoir rien compris à Blade Runner, n'a aucune idée de ce qu'est une adresse IP et passe ses soirées à écrire des haïkus !...)
C'était mon premier Bello, je peux vous dire que je n'en louperai pas un désormais !
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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L'inventeur d'Enigma s'est suicidé en mangeant une pomme empoisonnée, le prix de la maison de Frank en Silicon Valley a décuplé, Nicole, sa femme française n'aime pas cuisiner, sa fille Rosa est douée en math, et son fils Léon n'a pas réussi. Franck écrit des Haiku sur les coyotes et supporte une équipe qui enfile les défaites.

Je n'ai guère été plus passionné par les informations sur le financement des start-ups et les perspectives des intelligences artificielles ni par les statistiques sur les romans sentimentaux et les recettes pour fabriquer un futur Pulitzer....
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Quelle déception!!!
Moi qui recommande souvent sa trilogie qui commence par "Les falsificateurs", je n'arrive pas à croire que des livres aussi inégaux puissent sortir du même cerveau... On l'a obligé à "pondre" un livre par an, ce n'est pas possible autrement...
C'est réellement mal écrit, ou plutôt écrit sans âme, sans la moindre attention portée à créer des liens entre le lecteur et les personnages. L'intrigue est plate, et téléphonée (on devine la fin à la moitié du livre).
Je ne vais pas relire un Bello de si tôt, ou alors il faudra vraiment qu'on me le recommande chaudement, et souvent.
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Méfiez-vous, ce romancier est dangereux. Il joue avec vous comme un chat avec sa souris et le pire c'est qu'on adore ça, on en redemande. Il faut dire que la démonstration est brillante et le plaisir de lecture intense. Après Roman américain qui m'avait bien enthousiasmée, je ne suis pas déçue par ce nouvel opus qui offre un champ de réflexion inouï sur ce que nous appelons l'intelligence.

Car dans intelligence artificielle, il y a d'abord intelligence. Et l'enquête à laquelle est convié l'inspecteur Franck Logan va lui donner l'occasion d'en explorer toutes les facettes. Nous sommes au coeur de la Silicon Valley et Logan, membre d'une brigade spécialisée dans la recherche des personnes disparues est chargé de retrouver Ada, une intelligence artificielle qui semble s'être purement et simplement volatilisée des locaux ultra sécurisés où elle était en cours d'expérimentation. Logan est un flic à l'ancienne, pas très au fait des nouvelles technologies et donc le parfait spécimen pour guider le lecteur dans sa découverte du monde que certaines entreprises high tech nous préparent. Comme d'habitude, Antoine Bello en partant d'un sujet complexe nous le rend limpide et nous entraîne dans des spirales de réflexion au fur et à mesure qu'Ada dévoile sa personnalité et affirme avoir une conscience. Eternel questionnement sur la possibilité qu'un robot prenne son autonomie et que la créature dépasse ses maîtres. Certes, mais pas seulement.

En fait, Antoine Bello nous tend un miroir qui nous renvoie à la façon dont se forge notre propre culture, se construit notre base de connaissances. En envisageant le fait que les intelligences artificielles prennent la place de cerveaux humains dans nombre de secteurs de l'économie, ce n'est plus l'opposition entre l'homme et la machine qu'il met en avant mais la société qui risque de sortir directement des intelligences qui l'auront conçue. Ada ayant été conçue pour devenir écrivain et parvenir à décrocher le prix Pulitzer, l'occasion est belle pour l'auteur de s'offrir une analyse cruelle mais lucide de l'industrie littéraire, plus guidée par le marketing que par l'ambition créative. C'est bien vu, assez terrifiant quand on y pense mais tellement juste.

"Qu'est-ce que la littérature sinon un réarrangement de phrases déjà écrites ?" ... Voilà de quoi méditer un peu. le face à face entre Ada et Logan donne lieu à quelques moments savoureux et on finit par la trouver bien sympathique cette Ada... un peu trop peut-être ? "Tout ne sera bientôt que récit. Les mots sont la façon qu'a trouvée l'homme de donner du sens au chaos."... ma foi, ce n'est pas faux. Encore faut-il savoir qui écrit.

Ada nous offre une réflexion aussi brillante que ludique sur la société que nous envisageons dans un futur proche. Mais au-delà, ce livre nous invite à nous interroger sur le degré de liberté qui est laissé à notre intelligence et sur la façon dont nous l'exerçons.

Arriver à distraire le lecteur en faisant appel à son intelligence, c'est du grand art. Et nous avons tout intérêt à ce que cet art reste entre les oreilles des écrivains. N'est-ce-pas Monsieur Bello ?
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Voilà un roman très convaincant.
Franck, policier d'une cinquantaine d'années, est chargé de l'enquête sur la disparition d'Ada, l'héroïne éponyme.
Ada n'est pas un être humain mais une Intelligence Artificielle (dont le but est d'écrire un roman à l'eau de Rose et pas n'importe quel roman, un best-seller : minimum 100 000 exemplaires).
Franck, le policier, est atypique : il écrit des haïkus, habite Los Angeles, est marié a une française, Nicole (enseignante à l'université et marxiste (si, si…)
Pourquoi ce roman m'a-t-il plu ?

Tout d'abord, les dialogues sont percutants, qu'il s'agisse des flash-back de discussion entre Ada et des programmeurs, de ceux de Franck avec les témoins ou avec sa femme. Et puis Ada se révèle finalement très humaine dans son évolution :
La première semaine, elle est confondante de naïveté et la deuxième elle est une « théoricienne avertie » en littérature (p 107). Ensuite les rebondissements sont nombreux jusqu'au final, grandiose.

En bref, un roman qui parle de la naissance des romans sur un ton drôle mais aussi réfléchi : que demander de plus ?
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Je me suis régalée. J'ai bien essayé de tournicoter une phrase d'accroche un peu plus subtile ou mystérieuse mais pas moyen, je revenais, aimantée à cette envie de livrer d'emblée ma satisfaction de lectrice. Maintenant que c'est chose faite, essayons de dire pourquoi. Il me semble que le thème de cet ouvrage, pour qui aime lire donc aime les mots, a tout pour intéresser (du moins, c'est ce que j'ai pensé en le choisissant juste après, je l'admets, m'être dit que je me procurerai de toute façon le prochain livre de Bello), tout pour intéresser, donc puisqu'il propose une articulation entre intelligence artificielle et capacité à écrire un roman (certes plutôt du genre gnangnan, du moins, au départ) en passant par la maîtrise d'un langage autonome voire d'une pensée par une machine appelée Ada, en référence au langage informatique conçu par Jean Ichbiah dans les années 80. le tout prend la forme d'une enquête policière menée par un inspecteur atypique et attachant sur fond de Silicon Valley (dont on découvre que son âge d'or pionnier peut rendre nostalgique) puisque la fameuse et coûteuse Ada a choisi de se faire la malle si on peut dire ça d'une intelligence artificielle dite "AI". On pourrait penser que ça va faire un peu too much d'autant plus que les personnages sont présentés de manière limite caricaturale ? Hé bien, non, je trouve que l'ensemble fonctionne et remplit son voire ses offices.

C'est instructif : l'art du Haïku aussi bien expliqué peut justifier à lui seul l'achat du livre et pour ceux qui ne seraient pas amateurs du genre, l'histoire d'Alan Turing et d'Enigma constitue une alternative intéressante à découvrir ou redécouvrir à moins que vous ne préfériez le cours d'entrepreneuriat, création de start-up.

Autre point fort, ça questionne aussi beaucoup sur le plan éthique voire philosophique : comment peut-on définir l'amour (surtout si on tente de le faire comprendre à une machine) ? Quels domaines peut-on déléguer aux intelligences artificielles et avec quels enjeux ? Une AI qui parle, apprend et poursuit un objectif est-elle consciente ?

Et enfin, ça n'oublie pas d'amuser par des dialogues efficaces et des jeux sur les registres de langage voire de bluffer par des liaisons réussies entre forme et fond. le jour où une AI saura concocter un cocktail aussi réussi...
Lien : http://leschroniquesdepetite..
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Une lecture divertissante et très agréable. Des chapitres courts, bien rythmés et pleins d'humour. Par le biais d'une enquête de police (qui, au final n'en est pas vraiment une), et de façon divertissante, Antoine Bello propose une réflexion aboutie sur la place de l'intelligence artificielle dans nos sociétés mais aussi une réflexion sur le processus de création d'un livre, sur ce qui en fait un best-seller et de façon plus générale sur le langage. J'ai trouvé ces parties très intéressantes dans le roman et cela montre que l'auteur maîtrise son sujet. J'ai également bien aimé la fin à laquelle je ne m'attendais pas.
C'est le premier livre d'Antoine Bello que je lis et ce ne sera sûrement pas le dernier (la trilogie des Falsificateurs a l'air bien).
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J'ai su dès les premières lignes que ce livre allait me plaire ! Résultat : j'ai remis à plus tard des tas de choses et j'ai passé une nuit presque blanche.

Que raconte ce roman ? Je dirai simplement que c'est l'histoire d'un policier qui enquête sur la disparition d'une AI (intelligence artificielle). Evidemment, dit comme ça, ça n'a pas grand intérêt. D'autant plus que je ne lis quasiment jamais de livres policiers et si, en plus, on me parle d'intelligence artificielle, forcément, je vais me sentir bête, tellement peu scientifique dans l'âme.

Alors, pourquoi ce livre m'a-t-il séduite ?

Tout d'abord, le policier est presque aussi inculte que moi en matière d'informatique (non, plus que moi !). J'ai donc tout compris (ou presque). Et puis, j'ai beaucoup apprécié l'humour. Humour dû au décalage entre la vision d'une machine et celle d'un humain, humour du personnage principal et autodérision de l'auteur.

Et surtout bien plus qu'une enquête policière, ce texte est avant tout une réflexion sur l'avenir de notre société économico-policito-informatico-littéraire. Et si tous les articles de journaux, tous les commentaires n'étaient plus l'oeuvre d'un homme ou d'une femme mais d'une intelligence artificielle ? La machine dépassera-t-elle l'homme ? de nombreuses références sont faites à Asimov avec son cycle sur les robots. de vraies questions sont posées qu'il ne faut pas ignorer. Qu'on le veuille ou non, nous allons vers une société de plus en plus informatisée. Ce matin encore, j'entendais à la radio que les traders tendaient à disparaître, les robots faisant le travail à leur place.

Certains passages sont succulents comme celui de la création d'haïkus en direct ou encore la critique du roman écrit par Ada. Et oui, j'avais omis de vous dire qu'Ada a été programmée pour écrire des romans à l'eau de rose, style Harlequin.

Antoine Bello défend dans ce livre le goût des mots, de la langue, s'érige contre les clichés qui abreuvent certains genres littéraires et ne se gêne pas pour se jouer de son lecteur.

Un roman captivant, intelligent et peut-être un peu inquiétant…
Lien : https://krolfranca.wordpress..
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