Le livre d'un auteur israélien est toujours dans un contexte à part qui ne pourrait s'appliquer à un aucun autre contexte de la littérature mondiale. Quand j'en lis les premières pages je suis déjà dans ce pays, quelque soit le sujet ou l'auteur. Et je ne sais pas vraiment pourquoi mais tout ces écrivains israéliens d'où qu'ils viennent sont des grands explorateurs de l'âme humaine peut-être dû à la particularité de leur statut d'israélien et du contexte de leur pays.
Là je découvre une nouvelle écrivaine dans la même veine que
Zeruya Shalev,
Mira Maguen, ou
Ronit Matalon …., mais malheureusement beaucoup moins intéressante . Pourtant les premières cinquante pages j'ai été sous le charme , après ça a dérapé à cause de la tournure de l'histoire.
Ana prépare un mémoire d'histoire sur la répression des sorcières, construit autour d'un personnage de fiction, dans une université de Tel-Aviv. Elle rencontre Liora, une femme mystérieuse, intellectuelle engagée de trente ans son aînée qui exerce sur la jeune femme une fascination immédiate. Atteinte d'un glaucome, Liora perd lentement la vue, Ana accepte de venir lui faire régulièrement la lecture….
Ben-Naftali à travers la rencontre de ces deux esprits rebelles, analyse la manipulation, mettant en parallèles le sujet de thèse d'Ana,la figure de la sorcière à l'époque de l'Inquisition, et cette femme dissimulée sous une carapace de femme libre, qu'on peine à cerner. La vulnérabilité de l'être humain à travers leur relation troublante est mise au jour dans toute sa complexité.
Un court roman qui m'a laissée un sentiment de malaise, pourtant l'histoire et l'analyse des personnages ne manquaient pas d'intérêt.
« Pendant un temps, j'ai accumulé un savoir quantitativement plus important que ce que l'expérience m'avait appris. Je n'avais pas encore vécu le jour où les plateaux de la balance seraient égaux, ni le temps où mon expérience serait plus importante que mon savoir, au point de finir par le tuer. Pourtant, même alors, avant que l'équilibre ne soit brisé, les faits se sont débarrassés de leur matérialité, laissant derrière eux des idées abstraites et désincarnées et parfois rien d'autre qu'une grande fragilité. »
« Avant de m'adresser au professeur Sirkin avec l'idée d'inventer un personnage imaginaire, Emmanuelle Pinson, de comprendre que l'invention romanesque pouvait contenir plus de vérité que les faits, je n'avais pas recherché des généalogies imaginaires.”