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sur 493 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ceux qui partent, ce sont ces émigrés fuyant la misère, qui se pressent, dès la passerelle franchie, sur Ellis Island. Ils attendent, résignés ou inquiets, le long de files interminables que les autorités veuillent bien leur délivrer ce papier pour une vie nouvelle dans un pays neuf. Dans cette attente se croisent des destins et se créent des avenirs. Il y a là Andrew qui tente, derrière le viseur de son appareil photo, de capter le reflet de leurs espoirs pour une vie meilleure. Il est tout de suite attiré par un père et sa fille, des italiens, qui ne semblent pas être là poussés par la misère. Emilia est une fille rebelle qui vient chercher sa liberté, le jeune homme le perçoit très vite et, pourtant, il s'attache à ses pas. D'autres destins se croisent durant ce temps suspendu entre deux rives, sous le regard lointain de la statue de la liberté. Gravor, le tsigane tentera aussi d'attacher son pas à celui d'Emilia, ainsi qu'Esther, l'arménienne survivante des massacres.
Durant cette longue nuit d'attente, Donato le comédien lit « L'Énéide » à ces hommes en partance qui se retrouvent dans le destin d'Enée, exilé lui aussi.
Les langues sont nombreuses et disparates au milieu de cette foule et, pourtant, les regards, les gestes parlent un langage universel.

Le récit de Jeanne Benameur est intimiste. L'action est limitée, elle laisse la part belle à l'introspection de chaque personnage. Chacun d'entre eux vit l'exil à sa façon, revient sur son passé, sur ce qu'il a dû laisser derrière lui. Il y a aussi cet espoir, aux dimensions de ce pays immense, qui les pousse de l'avant, cet espoir qui tente de repousser la peur d'être refoulé.

Les couleurs tiennent une grande place dans le roman, il y a le rouge de la toile peinte par Emilia, le bleu de la robe d'Hazel, la blancheur de la neige et « il y aura des couleurs dont on perdra la trace »

Avec sa grande puissance d'évocation, l'écriture de Jeanne Benameur sait rester légère et poétique.
C'est un texte superbe et profond avec des personnages émouvants et attachants. Longtemps on restera avec, en soi, le rêve de ces émigrants
« Il y a tant de rêves dans les pas des émigrants qu'ils veilleront les rêves dormants à l'intérieur des maisons »

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Un vrai plaisir de retrouver sa belle et douce écriture, un moment poétique même si la réalité devait être bien autre ... un voyage avec les arrivants à Ellis Island , leurs espoirs , leurs craintes et leurs regrets ... juste un petit bémol , on peut regretter un manque de force dans le propos , une vision un peu trop lisse à laquelle on a du mal à adhérer . Cela reste néanmoins une très jolie lecture
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« Ceux qui partent » raconte l'histoire de ceux qui viennent de débarquer sur Ellis Island après une longue traversée en bateau. Des déracinés qui ont déjà vue sur la statue de la Liberté, mais qui doivent encore passer des contrôles, afin d'être acceptés ou rejetés par ce pays qui vend certes du rêve, mais qui accueille toutefois cette nouvelle vague de migrants avec beaucoup de méfiance.

Ce roman choral qui se déroule sur une journée et une nuit à Ellis Island en 1910, dresse le portrait de personnages dont les vies s'entremêlent aux portes des Etats-Unis et qui dévoilent progressivement leurs rêves, leurs passions, leurs souvenirs et leurs doutes. Suspendus entre un avant qu'ils n'ont pas encore totalement quitté et un avenir rempli d'espoir, mais encore très flou, ils vont faire des choix et des rencontres qui risquent de bouleverser leur avenir…

Si le roman graphique entièrement muet de Shaun TanLà où vont nos pères ») aborde le même sujet à coups de silences qui en disent souvent très long, on peut difficilement rêver mieux que la plume délicate de Jeanne BenameurOtages intimes ») pour restituer les émotions de ceux qui, par nécessité ou par choix, décident de partir vers une nouvelle vie… surtout que l'auteure, de père algérien et de mère italienne, a également connu l'exil à l'âge de cinq ans.

Même s'il ne se passe pas grand-chose et que certains passages peuvent paraître particulièrement lents, restituant au passage l'attente interminable de ces candidats au rêve américain, le sujet s'avère d'une actualité brûlante et les mots de Jeanne Benameur ne peuvent que transporter le lecteur…
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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Un jour et une nuit pour pleurer, aimer et accepter... Emilia et Donato qui ont quitté volontairement leur Italie natale, Gabor et son peuple de gitans, Esther qui a fuit son Arménie martyrisée et ses fantômes. Tous sont partis pour une raison ou pour une autre. Là, comme de nombreux migrants avant eux, ils attendent de pouvoir débarquer à New York;
C'est un merveilleux roman qui donne à la migration une autre dimension, plus poétique et sensuelle, et qui fait souffler un vent de liberté!
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Ce roman est comme un poème.
Ce roman raconte des personnes qui se cherchent, qui se rencontrent, qui se découvrent.
Ce roman relate le voyage intérieur que représente la migration.
Ce roman bouleverse par la profonde introspection qu'il suscite chez le lecteur.
Ce roman est un très beau roman, lent, poétique, coloré, charnel et inspirant.
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les personnages ont personnalité un peu trop épurée et idyllique à mon goût- la nature humaine est faite de tellement de contradictions intérieures et de sentiments mêlés. Néanmoins, j'ai apprécié la vérité historique du passage obligé des migrants par Ellis Island, à la porte de New York, fait que j'ignorais. J'ai aussi beaucoup apprécié les réflexions très justes sur l'état d'esprit de "ceux qui partent", notamment sur leur langue maternelle qu'ils importent et l'impossible oubli de ce qu'ils laissent derrière eux.. Malgré les réserves mentionnées, j'ai aimé cette histoire pour la qualité de la réflexion et le style de l'écriture.
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Sous ce titre simple, de son écriture, poétique, Jeanne Benameur, a écrit un beau roman sur ceux que nos jours, on nomme « les émigrés », que certains veulent rejeter, voire même les laisser se noyer dans la Méditerranée où la Manche. Elle place son intrigue, en 1910, sur Ellis Island, cet endroit du port de New York ou les « émigrants », ainsi qu'on les appelait en ce temps, débarquaient des bateaux pour tenter une nouvelle vie en Amérique ? Ce n'était pas sans formalités, sans attente, sans promiscuité, mais c'était avec espoirs. Ce sont ces espoirs, ces désirs, ces rêves, ces craintes, qu'elle décrit dans une histoire éminemment positive et sensuelle. Il faut dire qu'il y a une belle galerie de personnages. Donato et sa fille Emilia, sont des italiens plutôt aisés, ils fuient un deuil, lui veut démarrer une nouvelle vie et offrir à sa fille un lieu pour exercer sa vocation pour la peinture. Gabor, le bohémien violoniste, fuit les persécutions que subit son clan en Europe, et rêve de sédentariser sa vie à l'écart des siens. Esther, l'arménienne, qui a survécu au génocide de son peuple, et espère exercer son métier dans la couture pour les femmes libres de l'Amérique. Andrew Jónsson, est New Yorkais, il pratique sa passion pour la photographie en amateur, en réalisant des portraits d'émigrants ce qui le relie à ses ancêtres Islandais venus s'installer précédemment en Amérique. Autour de chacun d'eux il y a un grand nombre de personnages. Tout se déroulent sur les quarante huit premières heures de leur arrivée sur l'île, pendant lesquelles ils se rattachent à leurs langues, derniers liens avec les pays qu'ils ont quittés. Leurs vies se croisent, leurs désirs se rencontrent, leurs rêves se rejoignent, l'amour se révèle. Les humiliations qu'ils subissent les font s'interroger sur leurs avenirs. Ce qui les maintient tous, c'est l'espoir d'une vie meilleure. Et puis, il y a ceux qui sont déjà là, autour de Andrew, eux aussi s'interrogent sur les changements que ces émigrants vont occasionner, vont-ils perturber leurs vies, contrarier leurs plans, réveiller des souvenirs, voire des secrets?
Comme dans tous les romans de Jeanne Benameur, les mots ont leur importance, les livres sont en bonne place, à chaque fois ils sauvent des personnages. Ici, Donato, lit à voix haute L'Enéide de Virgile, Hazel, la prostituée a toujours une lecture en cours pour oublier son sort. Au fur et à mesure que l'on avance dans le roman on s'interroge sur le sort qui va être réservé à chacun. On se prend même à penser ce qui va se passer, voire à espérer pour chacun le bonheur recherché. C'est un vrai plaisir de lecture.
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Acheté pour une amie littéraire comme cadeau de Noël. Je pense qu'elle va se délecter car ce fut mon cas. Je l'ai lu évidemment, sinon comment savoir si j'ai bien choisi...
Décembre 2020, juste avant Noël, un Noël bien particulier.
2020, deux confinements et une crise migratoire toujours d'actualité, le moment de lire Ceux qui partent.
J'avais lu Laver les ombres de Jeanne Benameur voilà quelques années.
Après la découverte de Ceux qui partent dans 28'minutes sur Arte, j'avais très envie de le lire. C'est chose faite.
Un superbe récit qui raconte une vie ou plutôt des vies en une seule nuit. Et quelle nuit ?
La nuit sur Ellis Island aux portes de l'Amérique. C'est là que les routes des exilés européens et celle d'un photographe New-Yorkais vont se croiser. Une nuit capitale et profonde qui va changer leurs vies et sans doute aussi apporter sa pierre dans la grande histoire américaine.
Emilia et son père, les italiens, sont là par choix, ils ne fuient pas leur pays, ils ne sont pas pauvres ou traqués mais cherchent l'espoir d'un nouveau départ dans ce pays où la jeune fille, dont la mère est morte, imagine qu'il leur offrira la chance d'une vie plus trépidante à la mesure de leurs rêves.
Gabor et son clan, déjà nomades dans une vieille Europe désabusée, semblent se trouver là par hasard, on dirait qu'ils ont suivi une route qui a traversé l'océan. La soif de liberté de Gabor et les rêves d'Emilia vont se heurter et se croiser sans mots.
D'autres encore fuient la famine ou la guerre...
Leurs routes et leurs désirs se font l'écho de tous ceux qui les ont précédés et qui suivront sur toutes les routes du monde, vers toutes les amériques.
Jeanne Bénameur nous livre son interprétation magistrale du départ et des raisons qui poussent les humains vers ailleurs.
L'écriture est poétique, les pensées s'entrechoquent, c'est profond et terriblement beau.
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1910. Une foule débarque des paquebots à Ellis Island, seuil de l'Amérique rêvée, après une longue traversée. Il y a d'abord Emilia au sourire éclatant et son père Donato, qui ne se sépare jamais de son Enéide et trouve chez Virgile toutes les réponses aux grandes questions. Puis Esther, arménienne, seule rescapée de son village, suite au génocide. Andrew, jeune photographe d'origine islandaise les photographie, espérant inconsciemment retourner dans les pas de son père, immigrant islandais qui a fait fortune. le violon de Gabor, un jeune tzigane, les réunit, les lie et les délie pendant la longue attente aux contrôles…

Avec une sensibilité infinie, Jeanne Benameur, se glisse dans leurs pensées, leurs angoisses. Leurs histoires, leur attente deviennent nôtres, et cette galerie de personnages a assez de force pour symboliser tous les départs.
L'écriture est légère, presque poétique, et nous entraîne dans ses sortilèges.
Verdict: un deuxième coup de coeur cette semaine, j'ai de la chance!
Lien : https://www.instagram.com/bc..
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Un beau roman sur l'émigration aux Etat-Unis au tout début du XXème siècle.

Ellis Island est ici le personnage principal, avec ses vas et viens, ses tris de personnes -comme si elles étaient de vulgaires têtes de bétails-, sa promiscuité, ses rêves et ses espoirs déçus.

L'écriture de Jeanne Benameur est froide, distante et descriptive.
On s'attache malgré tout à ces quelques personnages que nous suivons tout au long du livre.

Chacun se sent étranger sur ce sol et en même temps a bien conscience de vivre un moment absolument capital de sa vie : encore un peu attaché au passé et tout à la fois tourné vers un futur totalement inconnu.
Se côtoient une multitude de langues, de nationalités, et le seul point commun entre ces personnes est qu'elles se trouvent pleines de leurs attentes aux portes d'une même ville.

L'auteure pose un questionnement sur ce qu'est « être étranger » par rapport à un « vrai américain » en 1910. La supériorité de ces derniers est écoeurante, comme s'ils avaient eux-mêmes oublié ce que leurs ancêtres fuyaient au moment de leur propre arrivée.

Jeanne Benameur dessine sous nos yeux de belles personnes avec lesquelles on vibre tant elles deviennent réelles au fil de la lecture.

Le point faible du roman est qu'elle se répète beaucoup trop sur certaines émotions de ses personnages. de plus, j'ai trouvé que la fin était bâclée. Certes, j'ai bien compris que le roman se situe exclusivement « SUR » Ellis Island et l'objectif n'est pas de nous raconter l'histoire de ces personnes une fois débarquées à New-York. Mais tout de même … Dommage !

Réellement fascinée par les vieux clichés de cette époque, je vous conseille vivement le livre de Barry Moreno « Ellis Island » images des Etats-Unis aux éditions Arcadia (isbn : 978 0 7 385 9572 6).
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