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3,83

sur 491 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un passage dans une librairie extraordinaire du vieux Vannes [Morbihan ], "Le Silence de la mer ", où je serais bien restée des heures à fouiner dans leur fonds littéraire, très engagé et personnalisé... si je n'avais eu une visite non reportable !...

J'ai toutefois pris le temps d'acheter le dernier opus de Jeanne Benameur, parmi mes auteures de prédilection... même si j'ai lu plusieurs fictions autour d'Ellis Island, dont l'excellent texte de Gaëlle Josse, "Le Dernier gardien d'Ellis Island "...je me suis lancée !

"Les émigrants ne cherchent pas à conquérir des territoires. Ils cherchent à conquérir le plus profond d'eux-mêmes parce qu'il n'y a pas d'autre façon de continuer à vivre lorsqu'on quitte tout.
Ils dérangeront le monde où ils posent le pied par cette quête même." (p. 326)

Le titre choisi par Jeanne Benameur est d'une simplicité extrême...et le style de cette auteure nous " prend aux tripes" d'emblée !...Sans oublier la couverture sépia, également sobre, exprimant l'essentiel de cette fiction... !


"Il s'est habitué maintenant aux arrivées à Ellis Island. Il sait que la parole est contenue face aux étrangers,que chacun se blottit encore dans sa langue maternelle comme dans le premier vêtement du monde." (p. 12)


En faisant des recherches, je découvre que l'auteure a débuté son oeuvre par l'écriture de poésie, ainsi qu'un texte-poème de Jeanne Benameur, édité récemment par Bruno Doucey, dont le titre est des plus évocateurs "La Géographie de l'absence"... j'apprends ainsi que notre auteure a aussi vécu le drame de l'exil, le chagrin d'être arraché à son pays. Dans ce cas, elle était une petite fille de cinq ans, devant partir de l'Algérie avec sa famille... entre un père algérien et une maman italienne...Alors, elle sait de quoi elle parle, et nous le sentons très fort au fil de ce texte...; on ressent vivement le choix exigeant de chaque mot...!!

"Comme les grands oiseaux qui vont chercher l'asile propice pour faire leur nid, ils sont partis mais les hommes n'ont pas la liberté des ailes. La nature ne les a pas pourvus pour se déplacer au-dessus des mers et des terres. Il leur faut faire confiance à d'autres hommes pour être transportés.
Et pour être accueillis ? "(p. 27)


Dans cet espace "charnière" d'Ellis Island... nous nous prenons de sympathie avec les différents personnages: le jeune photographe, Andrew Johnson, New-Yorkais, père islandais, mère fière de son ascendance qui a appartenu aux premiers pionniers, refusant toutefois de parler de tous ces migrants; Ce fils,complice de sa grand-mère islandaise,qui tente de comprendre le passé de sa famille, en captant un peu de ces visages croisés, de leur destinée; Donato et sa fille Emilia, lui comédien talentueux,
amoureux des textes anciens; Emilia, dessinatrice et peintre...ils partent pour "tourner" la page, atténuer le chagrin de la mort prématurée de la maman; Esther, l'Arménienne...qui a vu mourir les siens; Gabor, gitan violoniste, orphelin, élevé par son grand-père, espérant aussi une nouvelle existence. Tous ces êtres vont se croiser, s'aider même silencieusement; un regard amical, bienveillant... pour s'insuffler du courage dans ce "no man's land" de l'attente, de l'espoir !

Récit au style magnifique, entre prose et poésie !! On pourrait sans doute être parfois gêné par des phrases très "léchées" aux thèmes identiques... comme des sortes d'incantation, mais cela fait partie intégrante de la musique, du rythme du texte...

"La douleur qui n'est pas écrite n'a pas de forme, elle peut envahir tout l'air et on peut en être envahi simplement en respirant." (p. 54)

Chaque personnage possède un moyen,une passion , un talent particulier pour moins souffrir dans ses deuils et ses manques: que cela soit la lecture , le théâtre, la musique, la peinture, et la tendresse des corps [ thème très présent...pour un oubli de tout, nécessaire, vital et en même temps,dans un instinct de Vie, plus fort que tout ...] dans ce moment charnière, où chacun tente de se projeter dans un Avenir...différent... Ces personnages, tous attachants, qui veulent oublier l'angoisse de leur statut angoissant de migrant...entre deux pays... le leur et celui qu'ils ont choisi pour se reconstruire....recommencer !

"Si jamais personne ici ne veut d'eux, de ce qu'ils sont vraiment, comment vont-ils vivre ? Dans quel regard vont-ils trouver le respect qui donne la force de vivre ?" (p. 147)

Une lecture très forte, exceptionnelle en émotions et questionnements "universels"... qui ne peut que nous interpeller au plus profond de nous mêmes....Je prolongerai cette lecture avec "La géographie de l'absence" , texte que j'ai commandé aussitôt, qui parle aussi d'exil, et de déracinement...
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Ceux qui partent est un poème de 320 pages. Merci Jeanne Benameur pour cet ouvrage. C'est une pépite, une douceur qui se déguste.
Liberté, c'est le fil rouge. Autour de ce mot se glissent les couleurs, les musiques, les paroles, les souvenirs, l'espoir du futur, la mouvance de la vie...
Le fond de l'histoire, l'immigration aux Etats-Unis au début du XXème siècle. L'espoir de ces nouveaux arrivants qui débarquent à New York avec dans leurs bagages leur histoire. Mais en fait, cela importe peu... L'histoire pourrait se dérouler en un autre lieu, une autre époque.
Ce livre se lit, peu à peu, pas d'une traite... Les mots de Jeanne Benameur se dégustent, le lecteur se laisse emporter dans ce rythme langoureux.
Ce n'est pas le 1er livre de cette auteure que je lis, et je suis encore une fois conquise. Ce livre, il faut prendre le temps de le lire, pour le laisser nous imprégner, nous submerger. Besoin de pauses pour laisser les mots se faufiler en nous et nous emporter dans une sensation poétique. L'histoire en elle-même importe peu finalement. C'est un livre de sensations, de ressentis. Un livre à lire au calme, un livre apaisant.
Un véritable coup de coeur !!
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L'écriture de Jeanne Benameur est fascinante. Telle une orfèvre qui ciselerait un bijou, les mots sonnent justes et portent des émotions qui nous dépassent.
Nous sommes emportés très loin et très vite dans le tumulte des coeurs, dans un foisonnement de couleurs qui portent un monde à elles-seules.
Ceux qui partent, ce titre a une portée double.
Celle des émigrants que nous content Jeanne Benameur dans ce livre et les morts qui sont partis mais toujours vivants dans ceux qui vivent.
Cette vision nous transporte dans un fol espoir qui nous réunit tous ensemble.
Les personnages du roman sont au final, un peu des rebelles qui ont choisi l'exil américain sciemment pour partir vivre une nouvelle vie.
Parfois, cet exil leur est imposé comme Esther, cette jeune femme arménienne qui a perdu tous les siens, d'autres comme Emilia, cette jeune italienne qui choisit avec son père de larguer les amarres pour New York.
Tous sont rattachés à leur langue qu'ils n'oublieront jamais car elle est le sel de l'identité. A l'image de cette islandaise qui parle sa langue chaque jour même seule.
Oui, beaucoup de messages très forts et surtout un message d'espoir, l'exil ne conduit pas forcément à la misère mais s'il ne demeure pas moins un arrachement douloureux à une partie d'un être humain
Un petit roman magnifique qui monte en puissance à l''image d' un chant d'amour, un chant qui prône la vie.

"Les émigrants ne cherchent pas à conquérir des territoires. Ils cherchent à conquérir le plys profond d'eux-mêmes parce qu'il n'y a pas d'autre façon de continuer à vivre lorsqu'on quitte tout."
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À travers le récit de "Ceux qui Partent" en abandonnant le pays de leur enfance, Jeanne Bénameur exprime toute sa tendresse pour les personnages, devenus émigrants du bout du monde. Une journée et une nuit à Ellis Island (NY), dans les premières années d'un autre siècle, pour changer de peau, une nostalgie comme passagère, un exil apaisé peut être.


Elle se rappelle, que sa famille a connu l'exil en 1958, elle avait cinq ans à son arrivée en France. Son père est algérien et sa mère italienne. Son père restera très attaché à la langue française, sera même exigeant pour abandonner le parler du pays, faisant tout pour que la famille s'intègre. Leur nouvelle langue deviendra le pivot de la vie familiale.
Jeanne sait qu'il faut connaître le manque pour que le poème sonne juste.


Il y a dans cette fiction une volonté de projeter enfin, un regard apaisé sur son passé de migrant, sur les douleurs de l'exil, sur la difficulté de porter une autre culture. La maman italienne s'affranchissait des tabous de la famille, Jeanne son frère et ses sœurs écoutaient cette musique du passé, l'italien, la musique de leurs premiers cris.


Jeanne retrouve ses racines italiennes avec délectation, et teste de nouvelles couleurs à épingler sur Emilia et Donato et à leur nouvelle vie. Emilia et Donato, n'ont jamais cesser de regarder les bateaux comme s'ils venaient tous, des bords de la Méditerranée.
Emilia, jeune institutrice espère dans ce pays qui s'ouvre à la peinture, y puiser un nouveau souffle pour son travail. Picabia un peintre d'avant garde par exemple, viendra vers 1910 à New-york. Son père, Donato Scarpa, acteur italien, l'accompagne pour la protéger dans cette quête de liberté avec sous le bras son livre fétiche, L'éneïde.


Sa lecture de l'énéïde aux heures d'angoisse fera vibrer et revivre comme un gourmet ses souvenirs d'artiste et de comédien.
Donato sait qu'une langue est plus sûre qu'une maison. Rien ne peut la détruire tant qu'un être la parle. (p. 166)


Andrew Jonsson, photographe New-yorkais de père islandais, crée des passerelles et des liens. La photographie véhicule des images et réanime les êtres. Andrew devient le révélateur, un peu comme un passeur : lui à la recherche d'islandais, parmi les premiers pionniers, auxquels sa mère reste attachée, les migrants eux à la recherche de parents, d'amis, de proches par la langue. Ils cherchent à reconquérir le plus profond d'eux-mêmes.
Chacun se blottit encore dans sa langue maternelle comme dans le premier vêtement du monde.


Migrant pour migrant, Jeanne Bénameur se sent des ailes pour embrasser toutes les minorités opprimées. le génocide arménien est là présent avec Esther, une jeune femme qui fuit les persécutions, celles qui ont enseveli toute la communauté orthodoxe, avec une ampleur que l'histoire a toujours des craintes d'explorer ou de raviver. Esther, elle, rêve simplement de liberté.


Gabor, un tzigane, son violon en bandoulière est une belle image d'une intégration qui se cherche. le violon est sa langue et son langage, il véhicule ses émotions, il fait des rencontres, il existe par sa chair et ses palpitations.
"Comme sur le bateau, il lit pour tous ceux qui ont besoin d'entendre autre chose que des ordres ou des plaintes. Il lit parce que la voix humaine apaise et qu'il le sait, page 145 "
La musique et la poésie, portent cette capacité à se trouver bien en soi, de savoir faire une pause, d'adresser un baiser.

Un livre qui respire, qui s'offre aux vents.

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J'apprécie toujours les romans de Benameur, c'est surtout l'écriture si particulière qui a le don de nous emporter sur une terre rare.
L'histoire des migrants sur cette petite île d'attente j'en ai déjà lu notamment le dernier gardien d'Ellis Island de Gaëlle Josse que j'avais beaucoup aimé.
Ici ce sont plus les histoires des uns et des autres que l'auteure nous dépeint, cette terre promise qui s'offre à eux, et celle qu'ils ont quittée entre les deux, il y a cette longue nuit où se joue tout un méli-mélo. Je n'ai pas trouvé très crédible que cette jeune fille italienne bien éduquée se jettant corps et âme dans les bras d'un parfait inconnu, surtout à cette époque.
Les histoires de mariage à conclure du photographe, idem, sans intérêt pour ce récit de migrant, mais lui, j'ai bien aimé sa façon d'imposer sa passion à ses parents surtout sa mère qui pense caser son fils ici et pas ailleurs, la grand-mère Ruth est adorable.
Puis il y a aussi cette fille de joie qui s'évade dans ses bouquins en attendant d'avoir amasser suffisamment d'argent pour tirer sa révérence.

Tout ça, compose une mosaïque, et le ciment qui relient tous ces éclats de couleur, c'est le déracinement d'un pays, et cette douleur sourde de savoir que plus jamais, on ne sera jamais tout à fait chez soi. Les migrants sont toujours entre deux terres.

Ce titre : Ceux qui partent, raconte donc ce sentiment, cette peine d'avoir quitter un jour sa terre natale, et comment ils vivent cet exil au très fond de leur âme, toujours il y a cette lueur d'espoir de revoir leur pays même en rêve. Et il y a ceux qui ont fait un trait pour toujours, et veulent à tout prix vivre pleinement leur nouvelle vie sans jamais regarde en arrière.

Une très belle plume qui me fait noter ce livre à 5 étoiles, une très belle couverture, des personnages forts mais pour ce qui est des histoires d'amour ça a fait "tâche" dans le décor à mon goût, certes il faut meubler un roman, mais il y avait tant à dire sur cet exil, sur Ellis Island. J'ai également beaucoup aimé les dernières pages avec les couleurs qui s'associent aux personnages, se fondent, se confondent ou se détachent. Une belle manière de résumé les personnages dans le tableau final.
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L'écriture de Jeanne BENAMEUR a le pouvoir de m'emporter. Je suis partie de l'autre côté de la terre, à Elis Island, juste avant de poser le pied sur cette terre que tant de gens ont espéré pouvoir fouler un jour, pour une raison ou une autre, qu'est New York.

Quel que soit le motif du départ pour cette terre pleine d'espoir, Elis Island est le passage obligé pour tous les migrants de toutes origines.

A travers les yeux d'un jeune photographe en devenir, Andrew JONSSON, dont les grands-parents paternels sont également issus de l'imigration, j'ai fait la connaissance d'Emilia et son père, Donato SCARPA, italiens, Esther AGAKAIN, améninenne, Gabor, bohémien, et bien d'autres encore.

Par petites touches, je me suis immiscée dans les histoires de chacun des personnages. Jeanne BENAMEUR tire sur des fils, que j'ai suivis avec délectation.

L'exil est le thème principal de ce livre, où chacun tente de se rattacher à l'ancien monde d'où il vient, mais en allant de l'avant, quoi qu'il arrive.

J'ai vibré, j'ai été désespérée, j'ai sombré, j'ai espéré, j'ai été dans une rage noire, j'ai repris espoir, j'ai imaginé, j'ai lâché prise, j'ai rebondi.

J'ai lu ce livre sur plusieurs jours, alors qu'un ou deux aurait suffit, mais je n'avais pas, contrairement pour d'autres, envie de me précipiter. Je me suis laissée habiter par les destins de ces hommes et femmes, et je n'avais pas envie que cela se termine. Mais voilà, je suis arrivée à bon port, le mot fin à sonner. il ne me faut plus qu'un pas pour revenir à ma vie quotidienne.

Ce livre va m'habiter encore un bon moment.
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Critique à chaud sur ce dernier roman de Jeanne Benameur, une fois de plus j'ai été sous le charme.
J'ai retrouvé toute la sensibilité et la poésie de cette auteure sur le thème de l'exil.
1910: sur le paquebot qui accoste sur Ellis Island ,aux portes de New York,nous allons faire la connaissance de Donato et sa fille Emilia ,Italiens ,appartenant au monde du théâtre, Esther ,l'Arménienne ,fuyant son pays en sang,et Gabor ,le violoniste ,qui ne rejoindra pas son clan,et puis Andrew Jónson ,l'étudiant New-yorkais qui immortalise ces précieux instants grâce à son appareil-photo.
Retenus un jour et une nuit sur cette Île, ils sont confrontés à l'attente et Jeanne Benameur tour a tour va décrire, les sentiments de chacun ,Le doute ,le regret, la joie de découvrir un nouveau monde ,l'exaltation ..... Avec beaucoup de sensibilité,Jeanne Benameur explore l'âme de chaque personnage ,un petit bémol pour moi,sur la deuxième partie du livre : j'ai'trouvé un peu trop de scènes érotiques et j'ai ressenti un sentiment de cassure ,une impression d'essouflement,j'ai beaucoup aimé la première partie ,mais après ,un peu déçue ,et la fin trop rapide ,quant au devenir de ses personnages ,j'aurais aimé rester avec eux .Le style aussi ,à changé ,beaucoup moins poétique qu'au début. Mais c'est quand même un gros coup de coeur ,et je le recommande chaleureusement. ⭐⭐⭐⭐⭐
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1910 Long Island. Leur bateau accoste. Ils arrivent enfin ....

Les mots, les gestes, les regards, les berceuses, les couleurs, l'avant, l'après, hier, aujourd'hui demain. Qui sont ils? Que souhaitent ils? Et demain?
Un sujet certes déjà traité, je pense entre autres au très beau texte de Gaelle Josse le dernier gardien d'Ellis Island, mais la plume de Jeanne Benameur !! Oui je le reconnais j'apprécie cette auteure, j'aime le déroulé de ses phrases, le choix de ses mots, l'aura de ses personnages. Lire Jeanne Benameur c'est (re)découvrir les mots, les sons, les couleurs, le toucher, la peau de l'autre, l'amour, la beauté de la Vie.
Une fois encore je pose mon livre , le coin de l'oeil humide et le sourire aux lèvres. Merci madame.


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Donato et Émilia, un père et sa fille, sur le pont du grand paquebot qui vient d'accoster. Nous sommes en 1910 et ils viennent d'arriver à Ellis Island. Leur langue est devenue étrangère. Avec leurs compagnons de voyage, ils partagent tous une espérance sans limites, sans limites comme ce nouveau pays. Nous allons les suivre lors de leur première journée et première nuit face à la statue de la Liberté. Certains ont été chassés par la misère, d'autres sont ici par envie et par choix. Chacun va tenter de trouver une place dans ce Nouveau Monde. Les langues, les fraternités et les corps vont se mêler et au lever du jour plus rien ne sera comme avant.
Ce qui m'a vraiment intéressé dans ce récit ce sont les portraits de cinq femmes, fortes, fières et indépendantes. Émilia ne rêve pas de prince charmant, mais elle rêve de liberté, d'un endroit où dessiner et peindre nuit et jour. Lucile, jeune fille de bonne famille ne demandera jamais à l'homme qu'elle aime de sacrifier ses rêves pour une vie de famille. Esther a fui les massacres de la lointaine terre d'Arménie, sauvée par les corps entassés sur elle. Marucca, fille sauvage d'un chef de groupe de bohémiens attend son amoureux sans broncher, elle sait qu'il reviendra. Hazel est arrivée pour se louer dans une maison close, elle a su endormir son corps pour en faire un outil. Avec l'argent économisé, elle veut ouvrir une pension pour accueillir les femmes qui arrivent de loin, un endroit paisible où elles pourront trouver un havre de paix.
Les personnages masculins sont aussi riches par leurs rêves, leurs passions, leurs souvenirs, leurs doutes, leurs faiblesses.
J'ai eu un peu de mal à entrer dans ce roman, petit à petit j'ai apprivoisé le récit et les personnages et puis j'ai retrouvé la magie de l'écriture poétique, lumineuse et sensuelle de Jeanne Benameur. L'auteur nous fait parfaitement ressentir le déchirement de quitter son pays, sa culture et sa famille. Les contrôles qu'il faut affronter, les formalités interminables, l'humiliation parfois. Les dernières pages sont sublimes et résonnent particulièrement dans notre monde actuel, écoutez :
« les émigrants ne cherchent pas à conquérir des territoires. Ils cherchent à conquérir le plus profond d'eux-mêmes parce qu'il n'y a pas d'autre façon de continuer à vivre lorsqu'on quitte tout.
Ils dérangent le monde où ils posent le pied par cette quête même.
Oui, ils dérangent le monde comme le font les poètes quand leur vie même devient poème.
Ils dérangeront le monde parce qu'ils rappelleront à chacune et à chacun, par leur arrachement consenti et leur quête, que chaque vie est un poème après tout et qu'il faut connaître le manque pour que le poème sonne juste.
Ce sera leur épreuve de toute une vie, car lorsqu'on dérange le monde, il est difficile d'y trouver une place. »
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Emilia et Donato partent d'Italie pour l'Amérique. Plus rien ne les retient sur le vieux continent. Sur le bateau, il y a aussi Gabor le gitan, Esther l'arménienne, Andrew photographe à Ellis Island...
Jeanne Benameur propose de les suivre à leur arrivée à Ellis Island et de partager leur attente, leurs histoires et leurs espoirs. En effet, il faut patienter avant de pouvoir entrer réellement en Amérique.
C'est à ce moment là que Andrew intervient pour photographier les nouveaux arrivants. Il se questionne lui aussi sur ses origine et l'histoire de sa famille.
Chaque personnage découvre la notion d'émigrés, chacun arrive avec sa langue et son passé (plus ou moins lourd).
Durant cette attente, des liens se nouent et se dénouent... en fonction des rêves de chacun.
Un roman tout en poésie, on y perçoit l'attente et l'espoir que tout est enfin possible sur cette nouvelle terre...
Un beau moment de lecture, si certains passages peuvent paraître lents ! C'est, peut-être, aussi pour nous aider à percevoir la longue attente de ces gens avant de débarquer.
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