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Jacques Perret (Éditeur scientifique)
EAN : 9782070383450
512 pages
Gallimard (22/03/1991)
3.88/5   574 notes
Résumé :
Ce poème de dix mille vers conte l'histoire d'un jeune prince Enée, rescapé du sac de Troie, qui mêle à ses multiples péripéties quelques compagnons d'infortune. Cet homme est à la genèse de la cité de Rome.
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Critiques, Analyses et Avis (49) Voir plus Ajouter une critique
3,88

sur 574 notes
Quelle barbe, mes aïeux, quelle barbe ! Autant j'ai aimé L'Iliade et L'Odyssée, autant j'ai détesté L'Énéide. Il me faut pourtant, dès à présent, reconnaître un gros, un très gros, un immense avantage à cette oeuvre : pour quelques euros, voire aucun — car il traîne un peu partout dans les boîtes à livres —, vous pouvez acquérir un véritable remède contre l'insomnie, garanti efficace et sans accoutumance !

Oh ! l'odieux pensum que voilà ! Bon diou qué misère, peuchère, qué misère ! M'est tombé des mains au moins 7272 fois et j'ai arrêté de compter ensuite. Ça fait un an que j'y suis à me farcir cette purge, et elle m'en a fait baver ! Vous voulez mes impressions de lecture ? Ça va aller vite, croyez-moi, en deux mots, je dirais : CHIENLIT ABSOLUE.

Dans l'Iliade, dans l'Odyssée, on sentait le souffle mythique, on sentait l'apport de la tradition, une volonté étiologique, et tout et tout. Ici, on sent le vide, l'absence d'inspiration, la commande à plein nez, la volonté de légitimation d'une bande d'arrivistes qui se prennent pour des dieux. Je trouve ça nullissime, de la resucée de quatrième catégorie à visée bassement politique.

C'est à peu près aussi intéressant à mes yeux qu'une hagiographie d'Elon Musk, Jeff Bezos et Mark Zuckerberg réunis pour nous expliquer combien tous ceux-là sont de grands, de bons, de visionnaires dirigeants. Essayez à toute force de faire entrer un cube dans une boîte de conserve trop étroite et vous aurez le vibrant contenu de cette auto-justification, auto-proclamation de filiation divine pour le peuple romain.

Virgile est allé nous ressortir un quatorzième couteau de la Guerre de Troie, tellement marquant dans l'Iliade que je ne l'avais même pas retenu, et essaie très maladroitement de nous copier/coller le destin des héros principaux des mythes grecs pour nous expliquer que Rome, en fait, c'est tout pareil, et même encore mieux que l'original, si possible.

Alors, paraît-il, en latin, soit disant que ça en jette. Moi, je veux bien, mais je ne parle pas latin tous les jours, ni bulgare, ni japonais, voire à peine swahili. Donc je m'en remets aux traductions.

Premier essai, la traduction de Maurice Rat aux éditions GF. Pffff ! Rat-le-bol. Abandon après le livre second (sur douze). Deuxième tentative, l'édition bilingue des Belles Lettres, traduit par André Bellessort, texte établi par René Durand. Un micro chouia plus digeste, mais globalement la même farine. Au forceps, je suis allée au bout et j'en sors épuisée, écoeurée, énervée.

Je regardais de temps en temps en vis-à-vis le texte latin avec ce que je connais de latin. Dans les notes, le gars s'extasiait sur le texte, trouvait tout génial, là où moi je ne lisais que platitude et douloureux ennui. Bon, notre spécialiste reconnaît tout de même que par endroit, si l'auteur avait pu relire son manuscrit, il aurait changé deux ou trois trucs. Virgile lui-même, sentant sa fin toute proche, aurait demandé qu'on le brûle — le manuscrit, pas lui — preuve sans doute de l'excellence de l'ensemble, mais je n'insiste pas…

Alors, cahin-caha, Énée se barre du champ de bataille de Troie, avec son fiston et le paternel sur les épaules. On laisse bobonne se faire rôtir, bien entendu. Il chemine avec quelques potes, très vaillants, jugez-en puisqu'ils se tirent dare-dare au moment où les Grecs pénètrent dans leur ville.

Bref, Énée qui est né de Vénus, arrive bon an mal an jusqu'à Carthage où il rencontre Didon. Lui est beau, elle est belle, ils en pincent l'un pour l'autre, elle lui ouvre son coeur et son coffre, mais voilà, c'est impossible, les dieux, le destin, n'est-ce pas, vous comprenez, donc faut qu'Énée reprenne la mer. Amère, la Didon lui dit « Dis donc ? Avec tout ce que je t'ai filé ? T'es pas gêné, quand même, saloupiaud ! » Bon, elle est furax et elle se sent un peu la Didon de la farce. donc, auto-trucidation, donc ressentiment éternel de Carthage et patati et patata…

Le vieux d'Énée, Anchise, il claque en chemin, alors l'autre, ça le chiffonne un peu, il voulait sa bénédiction. À un moment, pour être bien sûr que sa destination, que la destinée du destin lui destine, c'est bien Rome et nulle autre, il se dit qu'il irait bien faire un petit tour aux enfers, histoire d'inspirer Dante (qui accomplira l'exploit, plus d'un millénaire après, d'écrire un truc encore plus chiant que Virgile, ça fallait déjà oser relever le défi), mais surtout, qui repompe gaillardement l'épisode correspondant de l'Odyssée. Bla-bla-bla et bla-bla-bla, oui, c'est bien mon gars, faut que tu walk the line, perds pas le cap, c'est bien là, vas-y fiston, Capri c'est fini, tous les chemins mènent tes Roms, arrivé là-bas, tu pourras prendre un rhum à ma santé.

Pas contrariant, Énée écoute papa Anchise avec franchise, puis écoute maman, Vénus avec… enfin peu importe, Vénus, donc, qui lui redit la même chose, car il est un brin dur de la comprenote l'Énée de la famille, elle lui fait des pansements et une boîte à goûter, car c'est une vraiment bonne mère cette Vénus, une bellissima mama et vous, vous ne regretterez pas d'être velus…, euh, Venus, voulais-je écrire.

Okay. Et les Latins, là dedans ? Bah, ils sont cons, les Latins, ils comprennent rien. Bon, faut dire qu'en plus il y a toujours Junon qu'a méchamment pas digéré le coup de la défaite de Troie et qui lui prépare deux-trois embûches, au Énée, en appelant à la rescousse des pseudo-divinités de sixième zone, pas des stars, bien entendu, sinon elle gagnerait, la mégère apprivoisée, mais des petites célébrités locales tout de même, histoire que ça dure, dure, duuuuuuuuure longtemps, longtemps, looooooontemps cette saloperie de machin latin simili mythe.

Ce faisant, parmi d'autres tocards à la manque, y a le Turnus et tout un tas d'inconnus qui se laminent, qui se transpercent, qui s'écartèlent, qui s'étripent, qui se lamentent, qui tombent et qui se relèvent, et qui repartent pour un tour, et ça n'en finit jamais, et c'est looooooong, et c'est chiant à mourir, d'ailleurs c'est ce qu'ils font tous à la fin, pour la plupart, mourir. Énée, qu'était un brave gars et qui voulait pas de tous ces massacres, il a été obligé, vous comprénée…, euh, comprenez, voulais-je écrire, mais c'était le destin, n'est-ce pas… c'était un gentil, dans le fond, devenu dominateur par obligation, n'est-ce pas, parce que c'est les dieux qui l'ont dit, bien obligé, pas le choix, et toute la fameuse marmelade du droit divin et tutti quanti.

Bref, et de tout ça, nous, Romains, on y l'est les plus beaux, les plus forts, les plus tout, et c'était écrit, mais comme, en fait, c'était pas encore tout à fait écrit à ce moment-là, l'imperator, Auguste, il a discrètement demandé à Virgile de lui pondre ce machin, un truc qui ferait date, qui attesterait, preuves indiscutables à l'appui, que les Romains sont bien des descendants avérés des dieux grecs en personne, voire, aussi du Popocatepetl si l'Amérique avait déjà été latine à cette époque. Enfin, ce sont des gens bien, vous voyez.

Donc, un condensé de propagande antique, de bricolage mythique à visée politique, du lent, du lourd, du traînant, du pénible, du hautement dispensable où tout est faux à la virgile près. Même « nos ancêtres les Gaulois » avait quelque chose de plus authentique et véridique que ce torchon-là, sacralisé par les siècles. Personnellement, je me demande pourquoi, mais bien entendu, ce n'est là, que mon tout, tout, tout petit avis de poisson rouge, haine & ide, c'est-à-dire, pas grand-chose.

P. S. (suite aux commentaires) : Si je déteste ce livre, c'est qu'il est vicié dès le départ. Un récit mythique, au sens de mythe fondateur, c'est quelque chose de très spécial : ça vient du fond des âges, on se l'est raconté sur des générations et des générations, donc, fatalement, cela a subi nombre d'altérations et de fabulations venant combler tel trou de mémoire ou tel élément factuel pour le rendre un peu plus reluisant ou sensationnel, mais, dans l'ensemble, cela possède toujours un fond de vérité ou d'une certaine manière de penser.

Par exemple, quand Homère nous parle des Cyclopes, cela fait référence à un fait réel et inexpliqué à l'époque de façon " logique " : la présence d'immenses crânes percés d'un seul orifice en Sicile. Personne ne sait plus d'où viennent ces crânes et ils se questionnent. DONC on invente une histoire pouvant rendre compte de cette présence avérée. Bien sûr, elle est fausse car ces crânes étaient des crânes d'éléphants, du temps fort ancien où la Sicile abritait de tels animaux (ce que ces gens avaient pris pour un oeil unique étaient en fait le trou de la trompe).

Mais ce mythe avait quelque chose de fondateur, d'authentique, témoignant de croyances ayant réellement eu lieu. Même chose pour Poséidon, « l'ébranleur de terre », qui expliquait l'inexplicable quand un redoutable séisme sévissait à l'est de la Méditerranée. Même chose pour Perséphone chez Hadès la moitié de l'année, etc., etc., la liste est sans fin. En outre, ici, avec Virgile, tout est entièrement reconstruit pour les besoins de la cause défendue : tout est inventé, tout a une fonction, tout se doit d'avoir une certaine RENTABILITÉ narrative.

Et c'est ça que j'exècre, cette reconstruction ad hoc dans un but précis, qui plus est, dans le but de légitimer et donner du lustre au pouvoir en place, encore pire à mes yeux. Rien n'est authentique dans l'Énéide, tout sonne faux car, stricto sensu, tout EST faux, rien ne s'appuie sur du réel inexpliqué, tout est apprêté, façonné, sélectionné, calibré exactement comme les historiens du XIXème réécrivaient l'histoire des deux côtés du Rhin dans un but de propagande précis.

Bon, encore, s'il n'était que le projet littéraire, ce serait seulement détestable, mais, dans le fond, pourquoi pas. Malheureusement, au surplus d'être trompeuse et manipulatoire, cette fiction est également, pour moi, d'un ennui mortel à lire, d'où le caractère tranché et univoque de cet avis.
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Que l'on soit ou non fan d'antiquité, que l'on se soit ou non vu imposer Homère et les versions latines au collège, il est bon de lire Virgile, ou du moins une bonne traduction... pour le plaisir !

Tout simplement parce qu'il est, avec Homère, le maître de l'épopée, et que les auteurs d'heroïc fantasy et de films à grand spectacle doivent encore énormément à ces maîtres antiques.

Les meilleurs auteurs modernes, à commencer par Tolkien, ne se contentent pas de faire enchaîner à leurs héros combats, aventures et magie, mais, souvent, les faiblesses de ce héros sont le principal obstacle dans leur noble quête, et ce sont elles que l'aède ou troubadour moderne met en scène.

Ainsi, même si cette littérature est aujourd'hui lue, elle garde, quand elle est bien faite, quelque chose de la poésie de ces récits antiques psalmodiés ou chantés. La magie y est relayée par la présence des dieux et, contrairement aux chansons du haut-moyen-âge parfois grossières de ce point de vue, grecs et latins ont su manier l'hyperbole avec un charme inégalé.

Le récit de l'Enéide, destiné à asseoir la légitimité mythique de Rome, est bien connue : elle associe, en les inversant, les trames de L'Iliade et de l'Odyssée, Enée errant sur les mers avant d'atteindre le Latium, puis luttant pour s'y établir. Mais il est aussi et surtout un long poème classique, en hexamètres dactyliques, aux passages superbes -même traduits-, qui parviennent encore à émouvoir à notre époque où la poésie a évoluer vers des formes totalement différentes.

En modèle classique d'épopée, l'Eneide continue aussi d'influencer le genre romanesque, notamment quand celui-ci conte le voyage initiatique du héros qui, imparfait, connaît sa descente aux enfers -plus symbolique de nos jours-, avant de remonter par ses vertus. Ces vertus, dans l'Enéide, oeuvre d propagande commandée par Auguste comme le furent les peintures de David commandées par Napoléon, sont bien sûr celles du "viril" et prosaïque peuple romain, ce qui rend l'oeuvre à la fois proche et différente des chants homériens.

Sans être un spécialiste de l'Enéide, je terminerai en disant que c'est là un récit plutôt agréable à lire, et un beau roman d'aventures, dont la forme poétique ne gâche rien, même si ma médiocrité de latiniste peu assidu ne me permettait pas de le faire n VO.. Virgile, contrairement à Homère, adresse même des clins d'oeil de connivence au lecteur... divin privilège !
Je conseille de le lire dans foulée des récits homériens, comme je le fis moi-même, et avant Tolkien.

Surtout, il me semble indéniable, que l'on apprécie ou pas ce genre un peu désuet, que Virgile et son Enéide continuent d'influencer, relayés à travers des siècles par leurs successeurs, le roman, en particulier le roman fantastique et d'aventure, tandis que la poésie s'en est éloignée, malgré quelques joyaux produits. Certain des thèmes introduits par ces récits héroïques antiques sont tellement ancrés dans notre inconscient collectif que certains auteurs de fantasy font aujourd'hui, comme M. Jourdain, du Virgile sans le savoir...





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Excellent souvenir de mes études latines, l'Enéide de Virgile est tout à la fois une magnifique source littéraire, historique et "Rome antique".
Mythique épopée d'Enée depuis Troie jusqu'au Latium en passant par la Carthage de la divine Didon, l'Enéide nous transporte par ses vers enchanteurs dans des contrées antiques dignes d'Homère. L'amour, le combat, la tragédie, toute situation est poussée à son paroxysme pour coincer chaque personnage dans ses derniers retranchements physiques et psychologiques. Une merveille littéraire donc qui, comme bon nombre d'oeuvres antiques, brille par un style inimitable et des thèmes immuables.
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Je n'ai jamais eu envie de lire Virgile. Il est fort probable que je n'aurais jamais lu L'Enéide si je n'avais pas lu Lavinia d'Ursula le Guin avant. Ah ! le pouvoir de la SFFF qui donne envie de lire les sources mythologiques ^_^

Un petit conseil : évitez les versions disponibles du domaine public, c'est illisible. Heureusement, BazaR a mentionné dans un commentaire la dernière traduction de Paul Veyne.

« Paul Veyne, fin lecteur et bon païen, a décidé de nous affranchir de la sacro-sainte "structure" du texte pour restituer la dimension épique de ce qu'il n'hésite pas à nommer dans sa magnifique préface "un film d'action". En latin, traduire en suivant servilement l'ordre des mots conduit à un abominable charabia et jamais l'Enéide n'avait été aussi belle à lire. » (F. Busnel)

Je ne vais pas refaire l'histoire mais j'ai passé un très bon moment de lecture. J'ai surtout été bleuffée par ce qu'Ursula le Guin en a fait. À quelques détails près, les deux histoires se complètent parfaitement. Quand le Chant XII s'est terminé… je me suis dit : « et la suite ? c'est déjà fini ?»

Après réflexion, il m'est impossible de vous conseiller : lequel lire en premier ?



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Challenge multi-défis 2018 (65)
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L'Enéide est une épopée se composant de douze chants. Elle relate les sept années pendant lesquelles le héros, Énée, va surmonter différents obstacles afin d'honorer la mission des dieux : fonder la nouvelle Troie. En effet, Troie, patrie d'Énée, a été détruite. Il fuit cette dernière. Mais Junon, qui lui voue une haine incommensurable, va lui mener la vie dure comme l'indique l'entrée en matière :


"Je chante les combats du héros prédestiné qui fuyant
les rivages de Troie aborda le premier en Italie, près de Lavinium ;
longtemps il fut malmené sur terre et sur mer
par les dieux puissants, à cause de la cruelle Junon, à la rancoeur tenace ;
il endura aussi bien des maux à la guerre, avant de fonder sa ville
et d'introduire ses dieux au Latium, le berceau de la race latine,
des Albains nos pères et de Rome aux altières murailles."


Je ne résume pas l'histoire, on la connaît ! Mais quand on pense que Virgile voulait détruire le manuscrit... Il eut été dommage de priver ainsi des générations d'un des plus beaux poèmes épiques de la littérature. Quel bel hommage à Homère à qui il empruntera le sujet !
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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Citations et extraits (136) Voir plus Ajouter une citation
Implacable amour, à quoi ne forces-tu pas le cœur des mortels !
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Voilà qu'elle s'adresse à Énée et dissipe ses inquiétudes en ces termes ' "Pourquoi te complaire autant, mon époux chéri, à une douleur aussi absurde ? Ces choses n'arrivent pas sans la volonté des dieux. (...) Maintenant, adieu ! Conserve ton amour à notre commun fils." Ayant dit ces mots, elle me laissa seul malgré mes larmes et tout ce que j'avais encore à lui dire, elle se retira dans l'air impalpable. J'ai tenté à trois reprises de lui mettre les bras autour du cou et trois fois, saisie en vain, l'image m'échappa, égale au vent léger, pareille au songe fugitif.
Ce fut la fin. La nuit étant consommée, je vais revoir mes compagnons. Là j'ai l'heureuse surprise de découvrir qu'un nombre considérable de nouveaux venus a afflué vers nous, des matrones, des hommes, une population rassemblée pour l'exil, une foule misérable. Ils sont venus de toutes parts avec le courage et les ressources qu'il fallait pour prendre la mer et aller coloniser le pays que je voudrais, quel qu'il fût. Déjà l'étoile du matin s'élevait au dessus de l'Ida et ramenait le jour. Les Danaens [les Grecs] tenaient bloquées les portes de la ville [Troie], aucun recours n'était à espérer. J'ai cédé la place et, mon père sur les épaules, je m'en suis allé sur la montagne.

[Fin du Chant II]
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À quoi ne forces-tu pas le cœur de l'homme, maudite soif de l'or !
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Puissent les dieux - s'il est des divinités qui aient égard aux cœurs vertueux, s'il est quelque justice au monde -, puisse la conscience d'avoir bien agi t'en récompenser dignement. Quel siècle heureux que celui qui t'a vu naître ! Quels ont dû être tes parents, pour avoir donné le jour à celle que tu es ! Tant que les fleuves iront à la mer tant que l'ombre parcourra les versants des montagnes, tant que le ciel sera le pâturage des étoiles, tes honneurs, ton renom, ta gloire demeureront à jamais, quelque terre qui puisse m'appeler.
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Énée se tenait droit, resplendissant dans une claire lumière ;
il avait le visage et les épaules d'un dieu ; car sa mère elle-même
d'un souffle avait donné à son fils une chevelure magnifique,
l'éclat vermeil de la jeunesse et des yeux pétillants de charme :
ainsi des mains artistes rehaussent la beauté de l'ivoire,
ou parent d'or fauve l'argent ou le marbre de Paros.

Alors il s'adressa à la reine et, soudain, à la surprise générale,
il dit ainsi : « Je suis ici devant vous, celui que vous cherchez,
le Troyen Énée, arraché aux ondes libyennes.
Ô toi, tu es la seule à t'être apitoyée sur les épreuves indicibles de Troie,
et nous, restes échappés aux Danaens, qui sur terre et sur mer
avons déjà épuisé tous les malheurs, et sommes totalement démunis,
tu nous associes à ta cité, à ta maison ; te remercier dignement,
ô Didon, est impossible pour nous comme pour les quelques survivants
de la nation dardanienne disséminés un peu partout par le vaste monde.
Si des divinités prennent en compte la piété des hommes,
s'il existe quelque part une justice et la conscience de la droiture
que les dieux t'accordent des récompenses dignes de toi. Quels siècles heureux
t'ont vue naître ? Quels parents si grands ont engendré une fille telle que toi ?
Tant que les fleuves courront vers la mer, tant que dans les montagnes
les ombres parcourront les vallées, tant que le ciel nourrira les étoiles,
toujours subsisteront et ta gloire et ton nom et tes louanges,
où que je sois appelé sur la terre ».
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