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4,04

sur 877 notes
Ah, difficile d'écrire un billet après cette lecture mitigée.

D'une part, j'ai vraiment aimé l'écriture de Jeanne Benameur, réduite à l'essentiel, très dense, très compacte. Une écriture aussi ouverte à plusieurs interprétations, et qui m'a fait beaucoup penser à la poésie. Mais peut-être est-ce parce que je connais surtout la poète Benameur.

D'autre part, je n'ai pas été convaincue par l'intrigue de ce roman d'émancipation. D'abord je n'ai pas compris pourquoi la petite Luce offrait un cadeau à Mademoiselle Solange (sans vouloir dévoiler l'intrigue). Rien dans les pages qui précédent ne prépare le lecteur à un tel geste, ou alors je suis passée à côté. Maintenant je peux vivre avec ça, nos gestes et nos décisions ne sont pas toujours raisonnables et justifiables, surtout dans les romans.

Mais ce qui m'a surtout dérangée, c'est l'ambiance entre la mère et la fille, c'est cet amour fusionnel, ce cocon qui rappelle le ventre maternel. J'ai trouvé cette atmosphère régressive très pesante. Tout le contraire de l'élan de vie qui nous porte vers les autres et nous incite à la découverte du monde et de soi-même. Oui, quitter sa zone de confort est toujours douloureux et – certes – risqué, mais c'est la condition essentielle pour se réaliser, éprouver sa liberté et vivre réellement.
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Quand vous appréciez sans réserves la plume d'une autrice, qu'à maintes reprises vous avez apprécié ses romans, quand vous avez sous la main l'un de ses textes les plus connus et appréciés, pouvez - vous m'expliquer pourquoi je n'avais pas encore lu Les Demeurées?
Je vous suggèrerais pour ma défense que la 1ère de couverture me chavirait le coeur avant de lire la première ligne...Roland Roure est le coupable!
Je viens de quitter La Varienne alias la Demeurée, elle est avec Luce , sa fille, l'Amour de sa vie . Pour elle , elle devient louve, tigresse. Que l'on ne vienne pas toucher à son enfant!!
Luce n'est en confiance qu'avec sa mère. Pas de gestes tendres, pas de mots, seul le silence la protège, la maison est une tanière où elle peut être elle-même.
Alors quand Mademoiselle Solange pousse la porte , et pénètre dans la maison , elle a peur.. elle a peur et résiste comme elle peut. Les mots de la Maitresse sont des étrangers, il y a danger .....
Je referme ce roman bouleversée . Pas de mots, plus de mots , juste le coin de l'oeil humide et l'envie de vous inviter à découvrir Les Demeurées.
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Malgré l'écriture magnifique de Jeanne Benameur, il m'a manqué trop de choses pour que j'apprécie pleinement son livre, Les demeurées.

Pas certaine que La Varienne a conscience d'exister. Au début de l'histoire, elle travaille pourtant, et elle prend soin de sa fille, Luce.
Luce doit aller à l'école et mademoiselle Solange ne comprend pas comment il est possible que cette petite fille si calme n'apprenne rien. Comment c'est possible, à vous de le trouver, la relation fusionnelle entre La Varienne et Luce y est peut-être pour quelque chose. Mademoiselle Solange refuse de s'avouer vaincue.
Les demeurées est un conte sur la vie, sur les mots aussi qui n'ont pas la même importance selon les personnes. Un conte poétique et cruel, dont je ne suis pas certaine d'avoir compris le message, sur le respect des différences ?

Le livre se déroule à une période indéterminée (l'école est obligatoire, mais les assistantes sociales sont inexistantes). Dans un village. Je crois que ça m'a manqué, cette absence de précision sur le lieu et l'époque.

Lien : https://dequoilire.com/les-d..
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« le silence entre elles deux tisse et détruit le monde. »

Une mère, La Varienne, et sa fille, Luce, vivent dans un monde à part. Un monde tissé de silence, où les mots s'éteignent, où les gestes restent ballants le long du corps, dans l'absence emplie d'instants.

La mère est demeurée, abrutie, une femme de rien, aux gestes gauches. Elle est engourdie. Luce se sent en sécurité près de cette mère sans bruit, aux gestes lourds, répétitifs, puissants. Elle y puise l'amour qui se tait, qui brille sans couleur, sans sourire. Luce veut dire lumière, elle éclaire cette maison de cette intelligence du coeur. Elle reçoit de sa mère le silence de l'amour, des choses, qui se traduisent en lumière invisible.

Mais Luce doit apprendre sur les bancs de l'école. le savoir est indispensable. Les mots doivent la nourrir, la sortir de son ignorance.

Pourtant, elle sait. Sa mère aussi.

Elle ne veut pas laisser entrer les mots dans sa vie. Ils forment un obstacle entre sa mère et elle. Ils font entrer le monde.

Alors elle essaie de les détruire, de les taire, de les écraser sur le chemin de l'école, avant de rentrer à la maison.

Un jour elle trouve la solution.
La mère rapporte des bouts de fils de couleurs, des bouts de tissus. Luce est douée. Elle brode les mots.

« Les lettres s'arriment à son aiguille et elle tire les fils de couleurs. »

Elle apprend dans la joie. Elle fait vivre les mots.

Elle tisse un lien entre les fils de sa mère et ses mots qu'elle a retenus.

Elle n'est pas demeurée. Elle demeure dans le silence pour tisser l'instant.
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J'ai beaucoup aimé ce très court roman.
Il nous parle avec des mots choisis de ce qui souvent ne se dit pas et reste un mystère profond.
Il met des mots sur le mutisme d'une petite fille qui arrive à l'école et ne veut rien apprendre.
Elle ne veut pas avec une telle force que l'institutrice en est intriguée, émue et interpellée.
Nous suivons l'histoire de cette enfant, née d'une brève rencontre entre un homme saoul et sa mère, dite "La Varienne".
On l'appelle aussi "La Demeurée" au village.
Elle habite retirée avec sa fille dans une maison loin de tout et survit grâce au ménage qu'elle fait chez les gens qui l'entretiennent par charité semble-t-il.
Elle ne parle pas. Elle s'occupe de sa fille, malgré tout et à sa manière silencieuse.
Elle est toute en instinct, en émotions.
Elle et sa fille ne font qu'un, elles sont à l'unisson de ce monde rien qu'à elles, qu'elles écoutent et regardent à longueur de journées.
Elles se suffisent, elles s'aiment.
Jusqu'au jour où l'école obligatoire vient les séparer.
La déchirure fait une blessure profonde qui semble ne pas pouvoir cicatriser.
La mère a peur, elle a mal. La petite fille s'inquiète et a grand peur aussi.
La passion pédagogique de l'institutrice a été réveillée par l'enfant qui refuse tout en bloc.
Ce livre nous raconte combien l'accès au savoir peut être effrayant et douloureux et comment une enseignante peut se noyer dans la dépression, confrontée au doute du bien fondé de son action .
Ce drame est cruel sans doute parce que criant de vérité.
Le récit s'immisce dans la pensée et dans le coeur de l'enfant qui ne veut que le bonheur et l'amour de sa mère. Il révèle les émotions de la mère qui butent sur les choses faute de mots.
Il relate le désespoir profond de l'enseignante qui comprend qu'elle a rendu l'enfant malade, et qu'elle a sans doute échoué et faillit.
C'est un livre à lire pour qui s'intéresse à la relation pédagogique et à l'apprentissage de l'écrit.
des liens sur : http://sylvie-lectures.blogspot.com/2008/07/les-demeures-jeanne-benameur.html
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La Varienne est l'idiote du village. Fruste et sans malice, elle entend sans les comprendre vraiment les mots lancés par les autres habitants : abrutie, demeurée.
Elle se tourmente et se pose mille questions auxquelles, naturellement, elle n'a pas les moyens de trouver de réponse.
Mais ce qui la tracasse le plus concerne sa petite fille, Luce : « Abrutie, aussi ? »

Luce n'est en rien une abrutie ou une demeurée. Elle comprend, ou plutôt elle sent instinctivement, bien des choses. le problème est qu'elle n'a personne à qui parler, personne à qui poser des questions.
La Varienne et Luce vivent une relation fusionnelle et la fillette ne voit personne en dehors de sa mère, donc « Elle n'a personne à qui demander ».

Arrive l'âge de la scolarité obligatoire, et tout est chamboulé.
Luce prend le chemin de l'école et se retrouve dans la classe de Mademoiselle Solange, une institutrice passionnée et très investie, bien décidée à sortir sa petite élève de la gangue d'ignorance dans laquelle elle est enfermée.
Y parviendra-t-elle ?

Ce roman est une merveille de sensibilité et de finesse.
Avec son écriture très originale, Jeanne Benameur fait sentir au lecteur toute la tendresse bourrue de la Varienne et tout le désarroi de la petite Luce, déchirée entre son désir d'apprendre et sa volonté farouche de ne pas trahir sa maman.
Avec ses phrases très courtes, elle montre l'amour simple mais intense de cette mère démunie intellectuellement et qui aime sa petite de façon très animale.
Avec une grande économie de moyens, elle met en lumière beaucoup d'amour sans paroles.
La Varienne et Luce se comprennent sans avoir besoin de mots, se réconfortent mutuellement, et font bloc contre le reste du village. Contre le reste du monde.

Une lecture très émouvante, qui prend littéralement aux tripes.
Qui par le sujet traité et l'écriture utilisée ne peut que vous toucher en plein coeur.
Otages intimes, Profanes, Les demeurées : Jeanne Benameur est vraiment talentueuse. Voilà une écrivaine dont je lirai certainement d'autres livres.
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Quel petit bijou que cet ouvrage ! Il n'est pas long, c'est certain, mais l'écriture en est juste merveilleuse, j'ai été subjuguée par la pudeur, le choix des mots, tout en non-dits, on devine, on ressent, notre coeur chavire entre ces lignes pleines d'amour, de dignité. L'attachement mère-fille, entre ces deux êtres un peu différents, un peu à part, est palpable dans ces images, ces silences.
La question de l'école, vécue comme une force intrusive, invasive, qui menace la relation fusionnelle entre cette petite fille qui hésite aux portes de deux mondes, et sa maman, qui, bien que ne répondant pas aux critères établis par la société, est une vraie mère, aimante et protectrice.
Je ne peux que conseiller cette lecture bouleversante, dans laquelle fond et forme s'unissent si harmonieusement, avec beaucoup d'humanité.
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C'est une histoire qui pourrait se passer de mot et pourtant,avec une subtilité merveilleuse, J.Benameur vient les déposer comme essentiels. le Verbe,celui qui ouvre à la vie,qui permet véritablement d'être. Entre Luce et sa mère,La Variene,il y a l'attachement fondamental,la fusion. Une complétude presqu'enviable si elle ne cachait pas le germe de l'aliénation. Et puis, il y a Solange, l'institutrice,le soleil qui veut éclairer la lumière ! Elle voit l'essentiel là où tous ne voient qu'abrutissement et cause perdue d'avance. Et le miracle se produit. C'est un roman/ poésie qui me laisse béate d'admiration.
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La Vairienne vit seule avec sa fille Luce, dans une petite maison. La mère est domestique pour une riche famille de la ville. Mais personne n'approche ces deux êtres, on semble même les craindre. Parce que la Vairienne est différente : elle est l'idiote du village, la demeurée. Elle a avec sa fille une relation fusionnelle qui n'a pas besoin de mots pour s'exprimer. Quelques gestes qu'elles seules peuvent décrypter. Mais Luce a grandi et elle doit aller à l'école. Et les mots c'est le domaine de Solange, la maîtresse de l'école du village, qui va se faire un point d'honneur à tenter de faire entrer Luce dans son monde. En voulant apprendre les mots à Luce, Solange n'a pas conscience des séismes qu'elle va générer chez Luce, chez sa mère mais également pour elle.

En 80 petites pages Jeanne Benameur nous relate une relation hors norme. de son écriture poétique qui tranche avec la violence des rapports humains exposée, elle fait le récit d'un amour intense, d'une pureté et d'une force que nul ne peut comprendre. Il y a de la pudeur mais aussi de l'âpreté dans les phrases sorties de la tête de cette femme qui ne vit que pour sa fille. Pas de grands mots, pas de tournures compliquées. Des émotions brutes, un ressenti qui ne cherche pas d'explications psychologiques. Et ce brouillard qui semble envelopper cette mère, nous frappe, résonne, plonge en nous. Les demeurées ne sont peut-être pas celles que l'on croit. Et la dignité et l'humanité ne sont pas non plus du côté où on l'attend.

Un court roman d'une extrême beauté. Une ode à l'amour et à la différence. Un de ces livres qui donne une claque et oblige à changer le regard sur l'autre.
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Dès les premiers lignes de ce court roman (81 pages), Jeanne Benameur nous emporte avec elle dans cette histoire émouvante. Charriés par sa poésie, nous dévalons avec avidité le cours de ce fleuve de mots emplis d'humanité et de liberté. C'est un véritable coup de coeur pour la grandeur de ce petit récit, d'une intensité émotionnelle incroyable et d'une intelligence indéniable.

La Varienne, c'est comme cela qu'on l'a appelé, vit sa vie avec sa fille, sans penser, sans parler, sans montrer ses émotions. Elle est « la demeurée », « l'abrutie ». Sa fille cherche à chaque instant un signe, une émotion, un regard … mais rien. Pourtant ça n'enlève rien à l'amour pur qui les unit. Mais le jour où Luce va à l'école car c'est obligatoire, La Varienne est désemparée et reste plantée dans la rue à l'attendre. le sentiment de manque qu'elle ne connaissait pas s'insinue en elle et c'est alors une grande souffrance qui s'empare de tout son être. Luce est aussi triste et blessée à vif par cette séparation et reste totalement hermétique, de par sa volonté : « Elle fait mur. Aucun savoir n'entrera. L'école ne l'aura pas. » Pour elle, si elle apprend elle s'éloigne de sa mère, et elle ne veut pas. Leur amour est fusionnel, inconditionnel. Elles ne sont bien qu'ensembles.

Mademoiselle Solange, l'institutrice, va tenter de prendre Luce sous son aile après l'école avec l'accord de sa mère qu'elle est allée convaincre, pour lui transmettre son savoir. Très vite Luce va tomber malade et se retrouver à rester chez elle. Elle ne retournera pas à l'école, elle ne le veut pas. Sa mère restera à son chevet, apprenant la douceur en prenant soin de sa petite. » le savoir ne les intéresse pas. Elles vivent une connaissance que personne ne peut approcher. Qui était-elle, elle, pour pouvoir toucher une telle merveille . Comme elle a été naïve de croire qu'elle pouvait apporter à un être quelque chose de plus ! La petite est comblée. de tout temps comblée et si elle l'ignorait, en la faisant venir ici, dans cette école, elle le lui a appris. C'est la seule chose qu'elle lui ait enseignée sans le savoir : une douleur et un bonheur intense. Savoir qu'on manque à quelqu'un, que quelqu'un nous manque. »Tous ses évènements ne vont qu'amplifier leur besoin de rester unies et toutes les deux. Elles ont connu ce sentiment de manque insupportable lorsque Luce était à l'école. Désormais Luce est rétablie et elles vivent leur vie tranquillement chez elle, loin des autres, unies à jamais.

Luce commencera à chantonner, chantonner les mots qu'elle a entendus. Elle se rendra compte rapidement que tous ces mots refoulés qui lui venaient de l'école, tous ces cours, sont bien ancrés en elle. Malgré elle, malgré qu'elle les ait rejetés le plus fort possible, elle a appris, elle possède un savoir, et elle aime cela. Elle le savait, mais pour elle il était un danger pour sa mère et elle, alors elle l'a chassé, enfouie en elle, hors de sa conscience. Maintenant qu'il refait surface, elle le prend à bras le corps et veut apprendre. Elle s'initiera à la broderie avec du fil que ramènera La Varienne. Ce sera alors son secret et elle continuera par la broderie son apprentissage des mots loin des yeux de sa mère, de l'alphabet pour commencer. Elle aura protégé sa mère, protégé leur amour, gardé intact la pureté de leur lien, tout en ayant le plaisir du savoir et de la connaissance. L'institutrice quant à elle vivra avec douleur son échec, pensant qu'elle a eu tort de vouloir forcer un apprentissage, elle en perdra la raison de culpabilité.

Je ne vais pas en dire davantage mais la suite et la fin sont un condensé de beauté, de tristesse mêlée, des émotions à fleur de peau qui vous envahissent en un instant, vous laissant dans une sensation de plaisir littéraire intense. La plume de Jeanne Benameur est une merveille, sa poésie a un impact sur moi incroyable. Je savoure encore ses mots, ses messages, toute cette humanité qui explose, tout ce désir de liberté individuelle qui crie son existence et tout la beauté de la simplicité ! D'une grande pudeur, d'une sensibilité puissante, je vous conseille de tout mon coeur cet ouvrage magnifique !
Lien : http://madansedumonde.wordpr..
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