J'avais oublié que l'auteure, Yamina Benguigui, avait été ministre sous F. Hollande entre 2012 et 2014. Le titre du livre me rappelait vaguement quelque chose et, après coup, j'ai compris qu'il s'agissait d'un film de 2001, que je n'ai pas vu. J'ai donc lu sans préjugés ce très court roman au titre accrocheur.
L'histoire est assez mince: Ahmed, un travailleur algérien émigré en France, profite de la loi de 1974 sur les regroupements familiaux pour faire venir à Saint Quentin (où il réside) son épouse Zouina et ses trois enfants. Hélas pour Zouina, il exige que sa mère Aïcha vienne aussi. L'installation en France est une expérience très difficile pour Zouina, d'autant que Aïcha se comporte avec elle de manière tyrannique et qu'Ahmed ne fait aucun effort pour l'aider. Ses voisins français observent avec hostilité les nouveaux arrivants, ce qui conduit rapidement à une confrontation tragi-comique. Ensuite, le récit s'oriente dans une autre direction: Zouina se fixe un but: rencontrer une famille algérienne dont on lui a vaguement parlé, les Bouïna. Elle suppose que cette rencontre changera sa vie. Mais je vais laisser le lecteur découvrir la suite…
Curieux roman: l'auteure, qui est une "beur", décrit la famille algérienne traditionnelle avec réalisme, sans complaisance, voire avec cruauté. Elle n'a pas plus de tendresse pour les "petits Blancs". Mais le dénouement est intéressant: il change complètement de registre et surprend le lecteur. A mon avis le roman mérite d'être lu, d'autant qu'il est bref.
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« Dix ans, dix ans déjà, qu'on l'a mariée à Ahmed... Elle se souvient du jour où son père lui avait apporté une petite photo d'identité de l'homme à qui il l'avait promise. Elle se souvient surtout de sa gêne, de sa honte. Pourtant, elle avait fini par oser regarder la photo, du coin de l'oeil, comme à la dérobée. Elle l'avait trouvé beau. »
La réalisatrice engagée Yamina Benguigui se confronte aux silences familiaux, au sacrifice des mères, à la mémoire et au présent de l'Algérie dans son dernier film, "Soeurs" (en salles le 30 juin). Son cinéma traite de la mémoire des immigrés, des droits des femmes, des discriminations, d'écologie... Yamina Benguigui est notamment connue pour son documentaire "Mémoires maghrébines", 7 d 'Or en 1997, et pour ses nombreux engagements - elle a notamment été ministre chargée de la Francophonie de 2012 à 2014.