L'écriture chatoyante de
Souad Benkirane transporte le lecteur dans un Maroc inconnu. Celui du siècle passé, au temps où les jeunes villageoises étaient arrachées à leur famille pour être vendues comme esclaves. Les hommes fortunés achetaient et revendait des jeunes filles aussi facilement que des cacahuètes pour mettre les plus belles dans leur lit et les moins jolies en cuisine.
C'est ce qui est arrivé à M'barka la petite berbère alors qu'elle n'était qu'une enfant d'à peine sept ans. Aujourd'hui devenue une vielle femme, elle confie son histoire à sa petite fille qui la transcrit dans cet ouvrage sous forme romancée. M'barka rebaptisée Morjane nous y conte avec beaucoup de pudeur sa vie de déracinée réimplantée dans une famille fictive.
Cette histoire vraie est passionnante , dès les premières lignes j'ai senti que j'allais passer un bon moment avec ce roman. Cette impression s'est confirmée tout au long de ma lecture qui a été un vrai moment de plaisir.
La construction du récit est habile, en faisant alterner le passé et le présent l'auteur permet à son lecteur de faire une pause dans le récit. Cette respiration rythme confortablement l'ensemble de ce roman assez dense qui nous fait découvrir la vie complexe d'un sérail.
On pourrait s'imaginer que cette histoire appartient à un passé définitivement révolu mais il ne faudrait pas oublier que malgré l'abolition de l'esclavage, des enfants, des jeunes filles et des femmes continuent à être exploitées un peu partout dans le monde.
Je souhaite au Quatre saisons du citronnier de rencontrer le succès qu'il mérite, sa simplicité et son authenticité peuvent sans peine séduire un large public.
Je remercie Babelio, les éditions Karthala et
Souad Benkirane pour cette belle découverte faite à l'occasion d'une opération masse critique.