Pour enfin ouvrir La Pucelle de Diable-Vert, il m'a fallu attendre plus de neuf mois : pratiquement un accouchement littéraire !
Heureusement, le travail n'a pas été long : trois jours au total pour La Perle et l'enfant et le Hussard amoureux. Bonne nouvelle, le Baba se porte bien ! (clin d'oeil aux lecteurs, pour comprendre ruez-vous sans tarder sur le premier tome !)
Autant dire donc que j'attendais le moment de cette rencontre avec impatience. Enfin j'allais rencontrer Jéhanne, sa perle (que vient donc faire une perle dans un titre ? M'enfin…), et me faire moi-même juge d'un nouveau talent dont j'avais reçu plusieurs échos enthousiastes.
Il faut dire que si le résumé m'a laissée dubitative quand à l'originalité du récit, je suis littéralement tombée amoureuse de la couverture. Proprement magnifique. J'ai presque passé autant de temps à la regarder qu'à tourner les pages.
Mais rien, absolument rien ne m'avait préparée à être aspirée dans un monde aussi complexe et détaillé, peaufiné jusqu'à la perfection. Dans un univers plus ou moins moyenâgeux, on retrouve des accents, des patois, des peuples mélangés, des coutumes et des légendes… le dépaysement est total et cependant l'auteur nous tien par la main, ne nous laisse pas nous perdre dans cette profusion d'informations.
Certes, la relecture des cinquante premières pages s'est avérée presque nécessaire, j'avoue que plus d'une fois j'ai été perdue (au début) entre ce qui tenait du présent de Jéhanne et de son passé. Mais après coup, quel plaisir de vois que chaque petit détail qu'on avait zappé à la première lecture se trouvait expliqué et avait sa raison d'être !
L'évolution des personnages, notamment de la relation entre Jéhanne et sa perle (comment ça, une relation avec une perle ? La fantasy, c'est vraiment n'importe quoi !), est prenante et intéressante, Jéhanne sait se montrer ironique, caustique, même, parfois, mais aussi touchante et impuissante face à certains évènements. Et il faut avouer que le lecteur ne comprend pas toujours ce qui se passe, tout comme Jéhanne.
Mais pas de panique ! Tout s'explique dans la vie, et à plus forte raison dans un livre.
Bémol à la coupure entre les deux tomes : POURQUOIIIII ? Un seul tome aurait été suffisant et aurait évité un certain sentiment de frustration en arrivant aux dernières pages.
Un conseil : lisez-les à la suite, d'une même foulée.
Autre conseil, à tous les amateurs de fantasy sous toutes ses formes : lisez-les, tout court.
(Et pour ceux qui ne jurent que par les prix littéraires, sachez que La Perle et l'enfant a été nominé aux Imaginales 2011 ;) )
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Rien de plus pénible que de lire "c'est bien pour un premier roman". Là, c'est bien tout court.
Je viens de reposer ce premier tome, et tout de suite l'envie se partage entre lire la suite et relire le début pour éclairer certaines zones d'ombre.
C'est là ce que j'ai préféré dans cette Pucelle : les flous, les incertitudes, les franges inexpliquées, qui m'ont parues assez nouvelles dans un genre où souvent, sous couvert de magie, tout est sur-rationalisé.
J'ai aussi beaucoup apprécié la qualité d'écriture qui ne cherche pas qu'à décrire mais fait chanter les lieux et les personnages, mention spéciale aux dialogues et à certaines jactances. Il y a une vraie voix là-dessous.
Bon, faut que je trouve le 2, maintenant !
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L'univers fantasy de cette serie d'aventures se met en place dans ce tome 1 où nous suivons un personnage féminin (c'est à la mode) enrôlé. Pour ma part j'ai eu du mal à rentrer dans cette intrigue. Les "flash backs" parfois sont maladroits ou artificiels, les dialogues mélangent anciens français moyenageux et français actuel. Une intrigue sans être originale est quand même bien tenue.
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Le soleil n’avait pas reparu depuis l’oasis.
Il avait rougi et décru, couché sur l’horizon comme un ivrogne
sur sa paillasse, puis il s’était mollement enfoncé derrière la ligne
des crêtes, abandonnant le ciel à une nuit opaque et tiède. L’obscurité
s’était emparée des tertres, seules les lanternes à huile de la caravane
projetaient un peu de leur lumière jaune sur la piste.
On était à peine à l’heure de la midi.
Avec ce nouveau coup du sort, les bouches s’étaient fermées, les
cris joyeux qui avaient annoncé le départ de la caravane avaient laissé
place au cliquetis entêté des roues de bois et au martèlement sourd
des buffles foulant la poussière du désert.
« J’ai grand soif. »
Jéhanne ouvrit les pans de son garde-corps et inclina la tête jusqu’à
toucher du menton le col entrouvert, pour plus de discrétion.
— Taisez-vous !
« Je ne me tairai point tant que vous ne m’aurez point donné à
boire ! »
— Taisez-vous donc !
Maître Gaillard, à sa gauche, se tourna vers elle d’un air las. Les
cahots du chariot faisaient doucement danser sa tête d’avant en
arrière, ses cheveux longs et gris de crasse battaient en mesure sur
son front. Elisabeth lança, sans quitter des yeux le sillon incertain de
la piste :
— Encore à parler toute seule, le caillou ?
Le chariot venait de gagner le sommet de la crête et le Capitàn de tirer sur la bride des buffles.
— C’est donc cela, Diable-Vert ?
Ils s’étaient attendus à trouver un gros village crasseux des confins du royaume, peuplé de gueux ; or sous leurs yeux stupéfaits s’étalait une cité magnifique dont les lumières colorées illuminaient les deux versants de la vallée comme une parure de diamants. D’arrogantes tours de jade jetaient leurs flèches vers les étoiles tandis que des dômes d’albâtre s’enroulaient à leurs pieds, jetant des lueurs dorées par leurs fenêtres rondes. Les maisons escaladaient les parois rocheuses et des voies pavées traçaient dans la cité de longues lignes d’argent. Tout au fond de la vallée, un palais gigantesque semblait déverser par ses portes grandes ouvertes une marée de bâtiments de pierres et de briques, disposés en étages depuis les premiers coteaux jusqu’au lit de la rivière Vermeille.
Un murmure étonné s’éleva dans leur dos. Les yeux fascinés des voyageurs observaient ce spectacle avec l’avidité de ces indigents qui, après des semaines de famine, contemplent leur premier repas. Depuis que la Grande Ruine avait commencé son œuvre, l’on ne voyait plus guère dans le royaume que des murs lézardés et des visages ternis par la misère. La splendeur de Diable-Vert avait quelque chose de féerique, qui redonnait l’espoir aux cœurs des hommes de la caravane.
Il apparut bien vite que le fait d’être une femme facilitait au contraire la tâche de Jéhanne, dans ces bas quartiers peuplés de filles à soldats et autres femmes de molle vertu. En doublon avec un vieux milicien muet comme une carpe et qui la suivait comme son ombre, elle retrouva un piquier en maraude étendu entre deux tentes, assommé par quelque détrousseur au sortir de la gueuse. Puis elle mit la main sur un servant de baliste qui avait trouvé rusé de se déguiser en prêtre eunuque pour passer inaperçu – elle le ramena au Bailli les chaînes aux pieds au prix d’une course effrénée au milieu des étals du marché couvert. Un troisième manquant, un malheureux sous-officier d’active, la reçut dans une petite yourte à l’odeur pestilentielle. Il était rongé par une blessure gangrenée et agonisait sur une natte d’osier. Il avait quitté son régiment pour mourir entre les bras de la femme qu’il avait épousée ici-même et qui épongeait silencieusement son front d’un linge humide.
Dame, quel triste sort que celui des filles-à-jouir ! Comme il doit être laid, le soleil du matin, à ces pauvrettes. Quel sorte de gentilhomme peut bien juger glorieux d’avilir une jouvencelle dans le besoin, pour assouvir ses voluptés ?
Nous ne voulons point la guerre, hommes de Saban, tout ce que nous voulons, c’est Jéhanne de Basses-Terres, prétendument lieutenante du Roy, ainsi que le baba qu’elle porte. Livrez-les nous et vous pourrez sortir librement avec vos armes et vos couleurs.
KÉO ET L'ÉPÉE MAGIQUE, la première série fantasy des 7/8 ans et + ! Retrouvez les deux premières aventures, L'ARMÉE DES ORCS et LE DÉVOREUR DE MAGIE, en librairie dès maintenant. Deux romans écrits par Paul Beorn et illustrés par Alexandre Cochez.