Le format réduit et l'objectif de la collection de ce livre ne doivent pas conduire à le sous-estimer : loin d'être un ouvrage de vulgarisation à l'usage des débutants, il se propose comme une synthèse de deux mille ans de tradition juive, replacée, chapitre après chapitre, dans le contexte de la philosophie et de la civilisation où elle est apparue. La réflexion l'emporte sur l'exposition, et ce livre ardu est plutôt destiné à des étudiants confirmés qu'à des amateurs.
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... ils (les enfants) concevront à quel point le message monothéiste porté par Abraham a constitué une rupture radicale avec les sociétés environnantes qui pratiquaient les rites sacrifices humains. Certes, Abraham va devoir, lui aussi, se confronter à l'épreuve du sacrifice qui est la langue anthropologique de l'époque, mais précisément pour y renoncer, en laissant son fils Isaac vivant, et sacrifier ainsi l'idée même de sacrifice : comprendre que l'on ne peut rien offrir en sacrifice, puisque rien n'appartient à l'homme et que tout ce qu'il offre à son Créateur Lui appartient déjà ! Dans un contexte où les sacrifices humains sont encore pratiqués, cet événement a une double portée. D'abord, il rompt avec des pratiques sacrificielles terrifiantes, mais il confirme que le processus d'évolution spirituel proposé par la Torah doit aussi parler la langue d'une époque, précisément pour la dépasser.
p. 34
La haine occidentale du relatif
C'est un point de droit talmudique bien connu que la peine capitale prononcée à l'unanimité par un tribunal invalide la sentence. L'unanimité, qui devrait porter l'absolu du jugement parfait, dévoile en fait un vice caché fondamental. Car l'unité est problématique quand elle s'affirme a priori. C'est pourquoi la Loi orale apparaît comme un ensemble d'opinions plurielles lui permettant de résister au temps et de vivre avec le monde tout en restant elle-même.
p. 109