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Emanuel Bertrand (Autre)Wolf Feuerhahn (Autre)
EAN : 9791034401543
400 pages
Presses Universitaires de Strasbourg - PUS (19/09/2023)
4.17/5   3 notes
Résumé :
Le développement considérable des sciences et des techniques depuis 1945 n'a pas laissé nos sociétés indifférentes. Arpenter l'histoire des sciences propose d'ausculter ses effets à partir de douze témoignages d'acteurs de l'histoire des sciences sur les mutations de leur domaine depuis soixante ans.
En ressort un paysage riche et contrasté, qui fait de cet ouvrage une introduction vivante aux enjeux contemporains de l'étude des sciences et des techniques, po... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Ce livre recueille différents témoignages de l' histoire des sciences, académiques ou plus personnels.
Quatre questions ont été posées à ces chercheurs, qui font la structure de ce livre :
1) Comment êtes-vous entré(e) dans le domaine de l'histoire des sciences ( au sens large ) ? Quel avait été votre parcours antérieur ?
2) Pourriez-vous caractériser ce domaine au moment où vous y entrez (son périmètre, ses modes de socialisation, ses références canoniques, ses pratiques dominantes, ses objets d'investigation, ses principaux lieux de production...) ?
3) Comment scanderiez-vous et caractériseriez-vous son développement,national comme international, depuis lors (son périmètre,ses acteurs, ses lieux,
ses controverses...) ?
4) Quelle place accorderiez-vous aux facteurs politiques dans les évolutions françaises de ce domaine?
Visiblement 1962 est une date clé pour beaucoup d'entre eux, avec la sortie en anglais de S. Kuhn, “ la structure des révolutions scientifiques “
Ce livre peut se lire dans l'ordre ou en piochant les témoignages au gré des envies.
J'ai particulièrement apprécié le témoignage de Michel Serres, son approche à la fois historique, scientifique et sociétale; il considère que

“ La science est devenue un fait social total “ .
( “ Bien qu'ayant quitté l'histoire des sciences, j'ai constaté, de loin, que ce champ avait vécu de puissantes transformations. Je crois qu'il s'agit en fait d'un mouvement de fond, qui n'a pas concerné seulement les historiens des sciences au sens strict,mais qui a touché la totalité de la société. Par exemple, prenons la dictée de Mérimée, en 1857. Il y a un grand nombre de gens très cultivés qui font plus de quarante fautes. Pourquoi? Parce que le vocabulaire est médical.Aujourd'hui, il n'y a pas une seule concierge qui ne sache pas ce que c'est que le cholestérol. La culture médicale est désormais répandue partout. Et c'est la même chose pour la physique. Les gens ne savent pas ce que c'est que les ondes gravitationnelles, mais ils en parlent parce que le journal télévisé en a parlé. Aujourd'hui, la science est devenue un fait social total. Et le mouvement est ample. Par conséquent, il emporte toute la société, y compris la politique.y compris la culture, etc. L'histoire des sciences a été, elle aussi, emportée par cette vague, par ce tsunami, et elle est devenue plus globale, et même plus intelligente. Parce que, quand même, à l'époque de Mérimée, combien de gens savaient de la science? Très peu ! Aujourd'hui, la plupart des gens n'en savent toujours pas, mais ils vivent dedans. “)

“ Désormais, les problèmes de sciences sont investis par la société, et on en discute dans l'espace public. “

Je n'ai pas de bagage scientifique, mais j'ai bien aimé ce livre, plutôt agréable à lire. Les entretiens sont plus ou moins faciles à lire, mais toujours intéressants et enrichissants. Merci !
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12 scientifiques, 4 questions identiques. Chacun libre d'y répondre comme bon leur semble. Questions identiques mais témoignages bien évidemment différents en fonction du vécu et de l'expérience de chacun.
En premier lieu, pour chacun(e) de ces personnages scientifiques (dont certains nous ont hélas quittés), découvrir leur parcours est simplement impressionnant.
Ensuite, (pour un non scientifique que je suis), la découverte de l'histoire de la science, plus précisément à travers ces regards, l'histoire de l'histoire et de la philosophie de la science, son évolution, sa formidable analyse. Mathématiques, physique, religion, philosophie, sociologie, politique, etc, tout est abordé de par la diversité de ces témoignages.
Une belle quantité d'annotations qui permettent de préciser ou d'expliquer des points abordés, les protagonistes, dans leur élan, ne vulgarisant pas les choses.
Le douzième chapitre est celui de Michel Serres, différent des autres de par sa forme car réalisé en interview et non des moins intéressant.
Un ouvrage sur l'histoire de la science réalisé par des scientifiques pour des scientifiques mais, pour résumer, s'intéresser aux sciences c'est s'enquérir de leur histoire.
Merci Babelio et Presses Universitaires de Strasbourg pour la découverte de cet ouvrage.
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J'ai été passionnée par ce brillant recueil d'idées, contenant autant de grains à moudre qui m'aident à comprendre les révolutions d'idées du monde contemporain dans lequel j'ai grandi.
Les témoignages d'historiens à double formation (histoire et science dont ils étudient l'histoire) m'ont le plus passionnée, ils ont plus que les autres un recul qui leur permet d'expliquer simplement les évolutions.
Derrière ces profils se cache la question : peut-on étudier l'évolution d'une science que l'on ne comprend pas ? Ils répondent en général non, et j'en suis la preuve car étant non mathématicienne, je n'ai rien compris à l'histoire des mathématiques malgré les efforts de l'auteur !
Une autre question importante pour moi : l'accumulation de faits empilés chronologiquement fait-elle histoire ? Un témoignage m'a apporté la réponse que non : je n'ai pas compris l'intérêt d'une liste de dates et de noms proposée par un auteur qui répondait pourtant strictement aux questions posées. Il me paraît nécessaire de prendre du recul pour donner un sens et une épaisseur à l'histoire, l'accumulation de faits ne suffit pas ; cela vaut aussi pour les conversations courantes, un conteur donne une densité particulière à son récit, ce qu'un non-conteur ne saura pas suggérer. La plus brillante démonstration est à la fin avec l'interview de Michel Serres.
Bref, de quoi rendre les lecteurs plus intelligents à la fin !! j'adore.
Lu dans le cadre de Masse critique : merci aux organisateurs et à l'éditeur !
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
( Michel Serres)

Bien qu'ayant quitté l'histoire des sciences, j'ai constaté, de loin, que ce champ avait vécu de puissantes transformations. Je crois qu'il s'agit en fait d'un mouvement de fond, qui n'a pas concerné seulement les historiens des sciences au sens strict,mais qui a touché la totalité de la société. Par exemple, prenons la dictée de Mérimée, en 1857. Il y a un grand nombre de gens très cultivés qui font plus de quarante fautes. Pourquoi? Parce que le vocabulaire est médical.Aujourd'hui, il n'y a pas une seule concierge qui ne sache pas ce que c'est que le cholestérol. La culture médicale est désormais répandue partout. Et c'est la même chose pour la physique. Les gens ne savent pas ce que c'est que les ondes gravitationnelles, mais ils en parlent parce que le journal télévisé en a parlé. Aujourd'hui, la science est devenue un fait social total. Et le mouvement est ample. Par conséquent, il emporte toute la société, y compris la politique.y compris la culture, etc. L'histoire des sciences a été, elle aussi, emportée par cette vague, par ce tsunami, et elle est devenue plus globale, et même plus intelligente. Parce que, quand même, à l'époque de Mérimée, combien de gens savaient de la science? Très peu ! Aujourd'hui, la plupart des gens n'en savent toujours pas, mais ils vivent dedans.
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L'opinion publique est désormais formée par les médias. Et, comme les médias adorent les débats, ils vont mettre face à face un académicien des sciences, qui a eu le Prix Nobel, et une sorte de bateleur comme Hulot. .Et tout le monde, en les écoutant, pense que c'est la même chose, que les arguments échangés équivalents. Et, du coup, l'opinion publique ne fait plus Ia différence. Il nous manque un Jules Verne. Voilà. Il nous manque un Jules Verne. Cela rejoint mes propos sur l'importance des récits: il nous manque des gens qui feraient des récits. Jules Verne et Camille Flammarion, qui a tant fait pour l'astronomie populaire, ont joué un rôle considérable, dont on ne se rend plus compte. Par exemple, c'est grâce à eux qu'a été construit le Palais de la Découverte. Jules Verne était même un bon épistémologue, puisque, à la fin de sa vie, il a écrit trois romans mettant en scène une catastrophe nucléaire, pratiquement. Oui, vraiment, il nous manque un Jules Verne. Personne ne joue ce rôle aujourd'hui.
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( Michel Serres).

Pour ce qui est de l' étendue de la communauté des chercheurs en histoire des sciences, j'ai coutume de dire que ceux qui faisaient de l'histoire des sciences faisaient aussi de l' epistémologie, et qu'à cette époque-là, des épistémologues, il yen avait cinq ou six dans le monde. Il y en avait un en Amérique, un en Russie. Aujourd'hui, combien y a-t-il d'épistémologues dans le monde? A mon avis, il y en a entre quatre et cinq milliards. En effet, si vous faites un micro-trottoir et que vous demandez aux gens de la a rue ce qu'ils pensent des résidus nucléaires, ce qu 'ils pensent des OGM, tout le monde a une idée, tout le monde a un jugement sur la question. Donc on est passé, du point de vue de l'épistémologie, ou de l' histoire des sciences, de cinq pratiquants dans le monde à cinq milliards. Et cette évolution est très intéressante, et m'a beaucoup intéressé. Désormais, les problèmes de sciences sont investis par la société, et on en discute dans l'espace public.
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En fait, quand je suis entré dans le domaine de l'histoire des sciences, il y avait deux écoles. Et d'ailleurs ce partage était dramatique. Il y avait d'un côté les philosophes, dont la formation scientifique était plus que légère: peut-être savaient-ils ce qu'était une parabole, mais- cela n'allait guère plus loin. Et, de l'autre côté, il y avait des scientifiques qui prétendaient faire de l' histoire des sciences, mais qui ne comprenaient rien à l'histoire. Finalement La seule chose que j'ai voulu faire dans ma vie, dans ce métier, c'est de réunir les deux. Réunir les deux à la fois dans mon corps et dans la société. Mais je crois que j'ai échoué.
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