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EAN : 9782756101163
296 pages
Léo Scheer (14/05/2008)
4.14/5   7 notes
Résumé :

Suite suisse, comme l'écrit son auteur, est " le livre de la PORTE ", celle qui est constamment claquée au nez de l'écrivain tentant vainement de gagner sa vie et ne rencontrant que mauvaise fortune. Parfaite représentante de ce destin tragique, Hélène Bessette réalise ici une manière d'auto fiction, évoquant son exil en Suisse à la recherche d'un pays moins hostile à ce qui est considéré co... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Le style percutant d'Hélène Bessette décode férocement les stratégies à mettre en oeuvre pour se maintenir dans une hiérarchie sociale fondée sur l'argent, la morgue, le mensonge et la frime.
Il faut savoir écraser ceux qui occupent le palier inférieur, bluffer ses égaux et courber l'échine devant les autres.
C'est la règle du jeu. Les rétifs n'ont pas grand avenir.
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Ce livre est le deuxième que je lis d'Hélène Bessette : à nouveau c'est le choc et la certitude d'être en présence d'une grande voix de la littérature. Ici, ce n'est plus Ida qui délire mais Hélène elle-même (ou faut-il l'appeler Fi Bess, comme elle le fait dans ces pages ?).

http://lepandemoniumlitteraire.blogspot.com/2010/09/suite-suisse-dhelene-bessette-leo.html
Lien : http://lepandemoniumlitterai..
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Écrit très spécial
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
QUELLE REPUBLIQUE ?

J'ai donc terminé au "Sapin vert"
Après une entrevue très sympathique.
La directrice m'engage sur-le-champ.
Papiers. Droit de séjour. Permis. Pour un an. Le tout
paraphé.
Signé. Daté. Coût : 45 francs (je les ai).
Puis le comité confirme. Affirme. Signe. Date.
La romancière Fi Bess. Pour un an
Quinze jours plus tard.
Vous partez dans un mois. Et prenez note.
Car si la Romancière croyait faire sa pelote. En Suisse.
Elle s'est trompée.
Ainsi dit la vieille chipie.
- Vous pourrez donner libre cours à vos talents et
cultiver vos dons.
Elle sait très bien que mes livres ne se vendent pas parce
qu'ils sont trop chers.
Et Dothy?
Il n'a qu'a travailler.
Elle pourrait être vendeuse.
Et lui jardinier.
C'est comme ça qu'on voit la Poésie et la Musique du
côté de Genève.
C'est sans préjugés il faut l'admettre.
C'est ma faute.
J'ai ouvert un compte en banque.
Parce que mon parrain d'Amérique m'a écrit :
je me suicide et je te laisse tout. Ouvre un compte.
Et ça ne plaît pas.
Qu'une clocharde des Ponts de Seine vienne en Suisse
spécialement pour ouvrir un compte.
Aussi la porte.
Quoi ? Elle est encore là.
La cohorte de ceux qui m'ont jetée dehors se dresse
menaçante.
C'est le mois de Noëil.
La vieille garce alimente les moineaux.
La vieille chipie hurle des hymnes à n'en plus finir.
On décore. On allume.
C'est la fête.
On distribue. Les cadeaux. Les bonbons.
C'est la fête.
Décors. Musique. Chants. Lumières.
Et les moineaux dodus.
On rit. On récite.
Détente. Relaxe. Voix de coloratura. Escalade dans les
escaliers.
Les amis sont là. Cadeaux. Petits fours.
Ca va bien dans la maison.
Tout le monde est content.
Derrière Fi on gueule un coup.
On a eu raison de la foutre dehors.
Que les invités voient qu'on a eu raison.
C'est une idiote.
Les petites garces font exprès les bêtises qu'on leur
commande.
Et la femme de ménage moucharde les mensonges
qu'on lui a conseillés.
Tout cela avec accompagnement de musique de piano
de choeurs de répétitions de première voix de seconde
voix.
Et c'est très bien.
Puis Chalande entre.
La otte pleine d'allumettes.
Il en distribue à tous et aux oiseaux.
Ainsi que des invitations pour une séance "complète"
au tea-room (avec Porgy)
Allons c'est la fête.
C'est Noël
Passez les chocolats. S'il vous plaît.

_________________

p 277/278

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...
Je n'ai pas ma Jag. Et pour le manteau il est en visions.
ça ne suffit pas ont-ils-dit.
La porte. La porte. LÂ PÔRTE.
Je suis né Française. Mais Paris n'est pas pour moi.
N'est pas à moi.
Ici c'est pire.
La Jag. Le manteau. Ils l'ont tous.
Et ce qu'ils aiment. Ce qu'ils aiment. Par dessus-tout.
Voilà ce qu'ils aiment.
C'est des Princes. Des palais pharamineux. Et mirobolants.
Des Rois. Des couronnes. Des suites. Des voitures. A
vous rendre malades.
Et j'en suis loin.
Pour l'instant je suis dans le train.
Deuxième.
"Lausanne!" crit l'idiot de contrôleur.
(...)
C'est le train de 8h26
Au parfum fort de Novembre. De Toussaint.
De cimetière.
Un instant je sens mon désarroi.
Comme un voilier perdu.
Puis remis bien en place. Les feuilles du calendrier.
Le train tout entier.
Se trouve au 27 septembre.
"Lausanne" murmure l'employé
Au loin. Confidences. Nous deux. Dans la brume de
l'âme affolée. Il faut arriver. Vivre. S'arrêter. Entrer
dans le ciel de taupe répandu entre les maisons.
Je craque une allumette.
Puis l'on voit le train lentement s'éloigner. Déteint.
Lueurs fumeuses. Papiers. Serpentement. Serpentins.
Tintement.
C'est la cloche de la réalité.
L'allumette meurt. Sur le pavé humide.
C'est à mourir.
Vous ne pouvez pas imaginer l'impression.
L'impression d'arrivée.
Vous ne le pourriez en aucun cas.
Il faut le faire pour le savoir
C'est de toute les détresses du Monde l'une des plus savantes. Perfectionnées. Améliorées. Bien fabriquées.
Au fond de ma poche ma Ferrari s'est envolée.
Et mon Palais de marbre rose.
Aux mille senteurs à l'heure du soir bien constellé.
Près de Bagdad huit jours avant.
Depuis hier a détalé.
J'ai marché sur quelque chose.
La vitre longue et fente sans bavure.
Devant moi s'ouvre en deux
Un autre jour. Une autre vitre.
Sans rupture.
A dressé son mur de glace
Entre moi et la Réalité.
C'était Paris
Ici c'est autre chose.

_____________________________________

p11/13

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Voici la chose la plus désolante du Monde.
Cette indifférence. Le masque de l'indifférence blanche.
Ce silence.
La crauté blême des visages rigides.
Les bouches glacées.
Pendant tout le mois (le mois de renvoi) qui précède le départ. le mois où l'esclave ssaie d'échapper à la mort par inanaition. Où l'esclave du XXème siècle est moins qu'un affranchi.
Ignorant la moindre bienveillance
Personne n'a jamais dit
Je connais quelqu'un qui
Avez-vous été voir
Vous devriez aller
Connaissez vous
Parce que je suis la romancière Fi Bess ?
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Je ne viens pas pour voir.
Ce que tout le monde vient voir.
Des lacs de larmes je n'ai rien vu le premier soir.
Je ne viens pas passer des vacances longues riviera yatching et cordiera.
Je ne vais pas planter ma tante sur la hauteur. Des glaciers lointains je ne verrais rien.
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Je suis à Lausanne.
Paradis verdoyant.
Des rois de la Banque de l'Industrie de l'Afrique de
l'Amérique de l'Arabie.
Le Paradis des Calvinistes s'il vous plaît...
(L'étable est loin j'aime mieux vous le dire.)
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