AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782410023947
196 pages
Editions Belin (05/05/2021)
4.26/5   25 notes
Résumé :
« J'ai intégré la notion de surprise, d'accident - je préfère ce mot - dans ma propre création. Je le répète, ainsi, la fin de l'humanité s'installe en moi comme une intuition du présent. » Enki Bilal pense que l'Homme est l'accident le plus tragique qui ne soit jamais arrivé à notre planète Terre. La destruction écologique semble inévitable et, avec elle, c'est l'extinction de notre espèce qui est en jeu à brève échéance. Cette intuition et cette angoisse, l'artist... >Voir plus
Que lire après L'homme est un accident - Entretien avec Adrien RivierreVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Ce texte "L'homme est un accident", édité en 2021 et réédité en 2023, est un entretien du dessinateur et auteur Enki Bilal, dirigé par Adrien Rivierre dans lequel, Bilal évoque sa vision du monde et l'avenir de la planète.
Je n'ai jamais été une grande lectrice de science-fiction. J'ai lu certains classiques, comme tout le monde (R. Bradbury, F. Herbert, K. Dick, Asimov…) et d'autres plus contemporains. Je suis peut-être encore moins connaisseuse de bande-dessinée de science-fiction. Pourtant, et je ne saurais dire pourquoi, pendant un certain nombre d'années j'ai suivi régulièrement les sorties BD de Bilal.
Intéressée par le sujet et connaissant le travail de Bilal, c'est donc avec curiosité que j'ai abordé cette lecture.

Les nouvelles dans l'hexagone et sur cette planète sont déprimantes et terrifiantes. Si on peut se mettre des oeillères pour respirer de temps en temps, en tant que citoyens, on se doit cependant de rester informés, être les plus lucides possible (pour ne pas dire actifs), et pour cela, utiliser tous les media à notre disposition (les débats politiques et sociétaux, les essais, les journaux, etc.). Cet ouvrage s'avère être un support supplémentaire pour affiner notre propre vision du monde.

L'auteur de bande-dessinée est né en 1951 d'origine bosniaque et tchèque. Il est arrivé en France à l'âge de 9 ans. Peut-être que le côté solitaire de ce gamin ajouté à un temps d'adaptation et d'intégration l'ont amené à se plonger dans le dessin. Et son histoire bien entendu explique en grande partie que son univers tourne autour de sujets politiques, sociaux et qu'il porte également sur la mémoire et l'identité dans un contexte de guerre et/ou post-apocalyptique.

Autant prévenir de suite, si on est à la recherche d'un message d'espoir sur l'avenir de la planète et des hommes, ce n'est pas dans cet entretien qu'on va le trouver. le regard d'Enki Bilal est assez plombant. Lucide mais plombant.
Le titre à lui seul résume la pensée de Bilal. Selon lui, l'homme est un accident. Sa présence sur cette planète est un accident. Il n'y a plus de réelles solutions pour nous sauver. Nous sommes en train de nous autodétruire. Et tant pis pour nous. La planète Terre -même si elle a perdu et continue à perdre nombre d'espèces animales et végétales- va réussir à survivre et, d'ailleurs s'en trouvera bien mieux sans nous.
Pour valider son constat, il s'appuie sur différents évènements, faits de sociétés, observations... Il fait référence à de nombreux domaines, à certains personnages publics ou encore à ses albums. Ainsi en partant du sujet de l'état de la Planète, il ne se limite pas à un discours écologique, il élargit le champ sur une vision du monde multidisciplinaire parce que tout est lié, comme un effet domino…

J'ai été assez impressionnée par ses connaissances dans des secteurs divers et variés, sa soif d'informations (médical, géopolitique, écologique, numérique).
Bilal considère que le numérique et ses avancées spectaculaires (avec l'IA en particulier) peuvent être considérées comme la nouvelle révolution -après celle industrielle-. le numérique (l'IA) va faire tout accélérer et modifier considérablement nos comportements en quelques années.
Le risque est qu'à tout nous mâcher, nous allons perdre notre capacité à être curieux. L'information va certes nous arriver plus vite, presque instantanément mais nous risquons de nous limiter aux informations prémâchées, résumées, synthétisées sans chercher à approfondir, à les décortiquer (ou même la critiquer) ni même à nous en souvenir. Avec pour exemple, certains réseaux sociaux ou encore les chaines d'informations qui tournent en boucle et qui ont déjà quasi supplanté les journaux papiers, les journalistes d'investigation …

L'entretien a été réalisé en 2021, c'est-à-dire pendant la période covid et de confinement. Une période presque apocalyptique qui collait bien avec son travail, ses récits. Mais également à sa vision assez sombre.
Tout au long du récit, A. Rivierre ajoute quelques notes explicatives sur le travail du dessinateur, les albums sortis et les rapproche du sujet en cours. Ces notes permettent au lecteur une meilleure compréhension et analyse de l'entretien mais aussi de Bilal.
Pour ma part, l'insertion de certaines planches (de la trilogie Nikopol, etc.) en lien avec les thèmes abordés ont ajouté au plaisir de lecture. Dessins qui m'ont bien entendu rappelée toutes ces heures passées dans l'univers futuriste (et finalement, pas tant que ça) de l'auteur.

L'interview s'avère très intéressante, riche et instructive. le lecteur est rapidement happé par l'échange entre Bilal et Rivierre. On suit assez facilement les opinions, le fil de la pensée de Bilal, grâce son discours clair, structuré, cultivé, ponctué de nombreuses références. (Pour le petit bémol : j'avoue que j'aurais aimé quelques notes d'espoir, et avoir regretté que Bilal concède ne pas être actif en termes écologiques ou encore ne plus voter.)

Une lecture qui donne à réfléchir, qui incite et invite à s'informer plus encore sur certains des sujets évoqués. Il est fort possible d'ailleurs que je relise cet entretien dans quelques temps.


Commenter  J’apprécie          230
Enes Bilal, dit Enki Bilal est un auteur de bande dessinée de science-fiction français, né en 1951.
« L'homme est un accident » est un entretien entre Enki Bilal et Adrien Rivière dont l'objectif est de nous faire percevoir la vision du monde de l'artiste et sa manière de l'exprimer dans ses oeuvres.

Ne connaissant Enki Bilal que de réputation, et n'étant pas une grande lectrice de bande dessinée, c'est avec beaucoup de curiosité que j'ai abordé cet échange.

L'idée d'Adrien Rivière d'écrire un livre sous la forme d'une interview m'a paru excellente. Mieux qu'une autobiographie, cela nous permet de plonger dans la façon de penser de l'artiste même sur des sujets délicats. Au fil des pages, nous découvrons une personne d'une lucidité remarquable, qui contrairement à beaucoup, ne confond pas le pessimisme et le réalisme. En parallèle il nous apparaît comme très humaniste, et c'est très rassurant qu'il existe encore des personnes avec cette fibre.

Sa vision n'est pas spécialement réjouissante mais de toute manière, il faut bien l'accepter et l'accepter est le premier pas pour tenter d'y trouver des solutions. Sa vision correspond de très près à la mienne mais ça ne m'a pas empêché de poser le livre à chaque fin de thématique pour y réfléchir de manière plus approfondie. Il a une capacité à nous faire nous poser des questions qui est remarquable d'autant plus qu'il n'y a pas vraiment de jugement dans ses propos, juste des faits. Cela laisse toutes les réflexions possibles.

En parallèle du contenu de l'entretien, j'ai adoré découvrir quelques oeuvres de l'artiste ! C'est une excellente idée d'incorporer des oeuvres qui complètent ses propos. Et il faut bien l'avouer, les dessins sont superbes !
Commenter  J’apprécie          120
Cet ouvrage d'Enki BILAL est rédigé sous la forme d'un échange sur une année avec des questions posées et des apartés rédigés par Adrien RIVIERRE.

Dans cette oeuvre, Enki BILAL nous invite à réfléchir sur la marche actuelle du monde. Il aborde le sujet sous divers angles de vue sociétaux, politiques, économiques, planétologique et autres pour apporter des éléments de compréhension afin d'aiguiser notre esprit critique. Il se placent ici, comme avec l'ensemble de ses oeuvres, en observateur lucide et éclairé du futur qui nous attend, en dehors des considérations de positivisme ou de négativisme.

Comprenez bien qu'il apportent une vision très personnel, presque égotique en tant qu'artiste comme il le dit, et non pas une vérité absolu.
En cela, il nous donne l'envie de confirmer ou d'infirmer des éléments de cette oeuvre en se donnant l'ambition de chercher par nous même au delà de cet ouvrage.

C'est cette vision, dont je partage assez régulièrement le même avis, qui m'a permis de lire avec beaucoup de curiosité cet entretien.

Je vous le recommande chaudement pour, qui sait, prendre conscience de certains enjeux qui jalonnerons le futur de l'humain.
Commenter  J’apprécie          90
Conversations menées de mai 2020 à février 2021, soit en période de covid (donc peu réjouissante), avec Adrien Rivierre, spécialiste de la prise de parole en public, domaine professionnel que j'ignorais !
Enes Bilal, dit affectueusement Enki, dessinateur futuriste depuis plus de 40 ans, se prête à des entretiens aux sujets d'actualité. Ses analyses aux accents alarmistes sont d'une vibrante lucidité, auxquelles j'adhère à 100%. Peut-être est-ce l'effet de notre âge avancé et du constat peu reluisant de la situation géopolitique, sociale et culturelle que nous traversons !
A la question de Derrida : « Qu'est ce que le monde s'il s'obscurcit de la sorte ? », il répond : « C'est un être vivant qui s'écroule sous les actes irresponsables de l'Homme », réponse à laquelle j'ajouterai, pour conforter les propos précédemment tenus par Enki : On dirait que l'histoire se répète à cause des idéologies rétrogrades (religieuses, politiques, économiques, culturelles, sociales…), entretenues par des groupes toxiques qui laissent place à toute forme d'obscurantisme quand la culture, la connaissance et l'éducation sont abandonnés ou détournés. Les dogmes verrouillent la pensée et les actes. La paresse intellectuelle conduit à la médiocrité, à la bêtise et à la méchanceté quand il n'y a plus de filtres sociétaux, philosophiques et culturels. C'est la fin de l'humanité.
Il pense cependant que le grand remplacement sera générationnel. Je ne sais pas s'il est sincère ou si son propos est circonstanciel. Mais peut-être en effet, doit-il porter cette forme d'espérance heureuse, car chacune de ses trilogies (que j'ai lues), « Nikopol », « Monstre », « Coup de sang », affichent une fin où l'espoir du bien l'emporte sur le mal. Manichéen en quelque sorte !

Lien : https://www.babelio.com/conf..
Commenter  J’apprécie          20
Demander son avis sur l'écologie à un artiste spécialisé dans les récits futuro-dystopique, on pourrait penser que l'idée est saugrenue, pourtant, c'est ce qu'Adrien Rivierre a fait en contactant Enki Bilal.

Ce livre se construit autour d'un interview qui a eu lieu entre 2020 et 2021, autant dire entre confinement et déconfinement. Adrien demande à l'artiste et scénariste Bilal ce qu'il pense de l'état du monde, partant de la situation pandémique, puis développant sa réflexion sur un peu tout ce qui fait l'humain d'aujourd'hui, dont la technologie. Son envie d'aller toujours plus vite, toujours plus loin, et à quel prix.

Enki Bilal soulève des idées troublantes face à une réalité qu'il accepte à la limite de l'abnégation. Sans nostalgie pour un temps où les choses n'étaient pas forcément mieux mais où l'on ignorait davantage les catastrophes, il accueille le présent et le futur, faisant le deuil du passé comme bien des gens peinent à le faire. Mais l'avenir est-il pour autant réjouissant ? Peut-on encore changer ce qui détaille ?

Ce ne sont que des réflexions personnelles qu'Enki avance ici, rien de scientifique ni d'étudié en détail. Des idées qui me réconfortent, d'autres qui m'inquiètent ou m'effraient et que, j'avoue, je préfère occulter. Mais surtout, de nombreuses paroles troublantes de justesse…!

J'ai eu beaucoup de plaisir à découvrir cet artiste, que je ne connaissais que de nom et de quelques illustrations que j'avais vues ici et là, au travers de ses propres mots et non au travers de pages de fans - car il semblerait qu'on ne trouve que ça sur le net et que lui n'y partage absolument rien.

Comme l'assume pleinement Enki, c'est un livre qui ne donne aucune solution, mais pointe du doigt ce qui ne va pas. Et de là, il est certainement possible de trouver des solutions… si on le souhaite.
Commenter  J’apprécie          20

Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
C'est terrible d'arriver à ce constat que l'Homme est à ce point inhumain. C'est une aberration et malheureusement ce n'est pas être pessimiste mais bel et bien lucide. [ ] Je n'arrive pas à m'enlever de la tête que le mal et le laid surnagent toujours dans notre monde.
Commenter  J’apprécie          10
Ce sont donc les nouvelles générations qui vont renverser la table?

Qui d'autre? En reprenant une expression sulfureuse pour mieux lui tordre le cou, je dirais que le grand remplacement sera générationnel. Et si par le passé, la jeunesse s'accommodait des vieux cons, je crois que dans les années à venir, elle ne prendra pas de pincettes. Je ne serai pas là pour le voir, mais la grande question est de savoir comment ses acteurs vont faire pour enlever la nappe du monde, en faisant gicler assiettes, verres et couverts? Mystère...
Mais surtout, la grande question, la plus importante c'est: que vont-ils mettre sur la table? Un livre? Non, probablement pas! Un ordinateur, plus probable. Et après? Répondre à cette question, c'est toucher du doigt ce moment de rupture que j'imagine car le livre, c'est un lien avec le passé, alors que les ordinateurs, c'est une addiction à l'avenir.
Page 180
Commenter  J’apprécie          70
La vie nous offre un scénario haletant, tu ne trouves pas ?

Un scénario plein de rebondissements et bourré de suspens ! Et pendant la saison 2020, il y a eu un sacre emballement de la machine. Nous vivons actuellement tous des expériences inédites…

1. Il ne faut pas trop s’en faire pour la planète mais plutôt pour nous !, p. 21
Commenter  J’apprécie          80
Nous allons évoquer ensemble de très nombreux sujets mais il me semble nécessaire de commencer cet échange en énonçant ce que je considère être ma seule certitude: nous courons à notre perte car nous foutons la planète en l'air. Toutes les autres problématiques sont subordonnées à ce pressentiment.
Page 24
Commenter  J’apprécie          50
Et, avec la robotique, il y aura la création de cyborgs. De nouveau, nous en avons pris le chemin. Les progrès de l'intelligence artificielle et l'avancée des travaux sur le cerveau connecté laissent présager de drôles d'expériences... Car, avec ce genre d'obsessions, nous allons interférer sur le vivant comme jamais auparavant, investir des terrains étranges et soulever des problèmes éthiques énormes.
Page 62
Commenter  J’apprécie          20

Videos de Enki Bilal (94) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Enki Bilal
Augustin Trapenard reçoit Enki Bilal pour "Shakespeare – Bilal. Une rencontre", paru aux Editions Marie Barbier. L'ouvrage se penche sur l'adaptation de "Roméo et Juliette" de William Shakespeare par Enki Bilal en 2011. A ses côtés, Camille de Peretti présente "L'Inconnue du portrait", édité chez Calmann-Lévy, dans lequel elle imagine l'histoire de la femme peinte par Gustav Klimt dans son "Portrait d'une dame". Yannick Haenel, lui, évoque "Bleu Bacon", publié chez Stock, et Thomas Schlesser "Les Yeux de Mona", édité chez Albin Michel.
autres livres classés : critique de l'hommeVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (67) Voir plus



Quiz Voir plus

Enki Bilal - la trilogie du "Coup de sang"

Que désigne le "Coup de sang" ?

une guerre
un groupuscule terroriste
un tsunami
un bouleversement climatique

10 questions
41 lecteurs ont répondu
Thème : Enki BilalCréer un quiz sur ce livre

{* *}