AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782213609966
194 pages
Fayard (22/08/2001)
3.4/5   5 notes
Résumé :
- Et ce grain magique, où se trouve-t-il donc ? - Il est sur la terre et dans le ciel. Visible et transparent à la fois. Il brûle dans les lanternes et tapisse le fond des puits. Un feu follet dans le jardin de l'oubli Il est la vie, mes enfants, simplement la vie dans toute sa fragilité... Pierre et Sonia fuient les frimas de l'Hexagone en direction du grand Sud. Ils aboutissent au coeur du Rif dans un village de montagne, au milieu des champs de chanvre, où la rou... >Voir plus
Que lire après PollensVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ah qu' est ce qu'ils s'aiment ces deux là ! s'aiment à perdre la raison ?
Sonia et Pierrot vivent dans un petit village d'Alsace et leurs vies ne sont rythmées que par leurs retrouvailles à Guebwiller dans la chambre de Pierrot pour s'aimer et s'aimer encore.
C'est Sonia qui va avoir envie de partir, quitter cette Alsace froide, obscure et brumeuse pour qu'ils aillent s'aimer au soleil, à la lumière, à la chaleur. Et les voilà partis sans argent, ou presque, sans plan bien défini. Ils iront à Marseille, prendront un bateau pour traverser la Méditerrannée, feront confiance au premier venu qui les éblouira par sa magnificence, et iront s'établir, s'enterrer tout vivant (?) dans un petit village du rif marocain.
C'est Pierrot qui raconte son histoire ; cela fait plusieurs années qu'il vit là, dans ce village aux portes du domaine d'un seigneur qui lui a ravi son aimée.
« Non, je ne suis pas fou ; simplement amoureux » clame-t-il dès la première phrase du livre.
Amoureux comme Aragon ? « Aimer à perdre la raison...à n'avoir que toi d'horizon ...» Pierrot n'a que Sonia d'horizon. Son unique objectif dans sa vie est de la revoir encore une fois, juste une fois cette Sonia qui a rejoint de son plein gré le seigneur Moussa derrière les murs de son palais et qui n'en est jamais ressortie. Et comme un preux chevalier il part à l'assaut de ce mur et y revient, revient encore ; les gardes le battent, lui crève un oeil mais qu'importe il revient. Si pour la voir et que Moussa accepte de le faire entrer il faut être ennuque, il se fera ennuque.

Conte d'une folie, d'une tragédie en devenir, à moins que Pierrot n'ai toujours porté en lui sa tragédie...
Le lecteur suivra Pierrot dans ses rêves, phantasmes et démesures.
Tous les deux, Sonia et Pierrot sont venus se faire pièger dans ce Maroc profond, dans ce village dont les champs de cannabis font la richesse du seigneur Moussa. Village mystèrieux et mortifère : même des moutons meurent d'overdose d'avoir brouter trop de cannabis. Et puis au printemps ce pollen qui retient à jamais celui qui n'est pas capable de fuir.
Des le début de leur histoire, ni Sonia ni Pierrot n'avait le recul suffisant pour prendre conscience de la réalité. Ils vivent dans un monde qu'ils ont construit de toutes pièces. Les perspectives sont flouées. Et quand Pierrot perd un de ses yeux il se retrouve encore plus enfermé, isolé, vivant de la maigre obole que lui envoie sa mère, du pollen de cannabis dans la tête et la fumée de ses joints pour nourriture.
L'ambiance de ce roman oscille entre contemporanité et relents de l'époque médiévale : le seigneur Moussa, trafiquant de cannabis, est un véritable ogre, un Gilles de Rais qui « résolte » pour ses plaisirs toute chair fraîche à sa portée, et ses « serfs » se réfugient dans ce village, où ils recréent une société chaleureuse, même si chacun d'eux a subit ce genre d'épreuve qui démolit n'importe quel être humain. Une ambiance d'étrange intemporalité.
Mahi Binebine à travers cette histoire nous décrit un Maroc à deux vitesses et s'intèresse à ceux qui vivent à la marge, douloureusement, avec leurs cortèges de malheurs, de morts chéris et de souffrance. Mais ces hommes sont d'autant respectacles qu'ils sont courageux et fiers et humains à l'inverse d'une classe de nantis capables de toutes les soumissions, tous les complots les plus vils pour assouvir leur soif de pouvoir.

C'est par sa peinture que je suis arrivé à lire les romans de Mahi Binebine : peinture aux couleurs vives, lumineuses où évoluent des formes humaines suggérées d'un simple trait, des masques, coincés dans un espace qui les morcelle.
Son écriture est simple et directe pour tout à coup emporter le lecteur comme dans une trombe ascendante d'exaltation, pour revenir à une réalité cruelle dans la phrase suivante. Dans « Les étoiles de Sidi Moumen » j'ai senti la puanteur de la dechèterie de ce camp-cité isolé du monde mais aussi l'explosion de vitalité de ces gamins rêvant de devenir la meilleure équipe de foot avec toutes leurs brutalités et leurs joies. Dans « Pollen », c'est le contraste entre l'aridité et la beauté de ce Maroc profond, et le courage de ces hommes malgré tout capables de récréer un lieu de vie, avec beaucoup d'amitié et d'humour ravageur et très noir. Comment ne pas avoir envie de s'assoir au Café Atlas, près d'un thé à la menthe simplement assis sur un tapis dans une grotte surplombant une vallée, écoutant les plaisanteries des compagnons de Pierrot ?
Deux romans qui ne laissent pas indifférents, dont l'écriture marque, ne se laisse pas oublier.
Même si je ne suis pas experte en littérature, je peux affirmer que Monsieur Binebine est un grand romancier qui constuit son oeuvre.
Commenter  J’apprécie          20
Un couple d'amoureux alsacien qui s'en va vers le Maroc qui va les investir totalement dans un drame douloureux. Très bien écrit, marqué par la lumière aveuglante du Maroc aussi bien pour les héros que pour le lecteur.
Commenter  J’apprécie          30

Citations et extraits (4) Ajouter une citation
En fait, les gens sont assez partagés à mon sujet. Les vieux, par exemple, pensent que ma folie - assez douce, à dire vrai - est due exclusivement au printemps. Ou plutôt aux petites graines du printemps que tout un chacun respire dans nos parages. Ces graines là, affirment-ils, ont dû s'incruster à tout jamais dans ma tête. Pire : elles ont sans doute germé dans mon esprit et envahi peu à peu jusqu'aux derniers recoins de mon être. Je suis donc devenu à leurs yeux une sorte de compromis entre humain et plante. Dans un sens, ils n'ont pas tort, vu que ma vie à Kétama se réduit à sa plus simple expression : je végéte de l'aube au couchant entre le café Atlas et mon lit.
Commenter  J’apprécie          60
Nous devions partir vite, au plus vite, afin de rejoindre son coeur à elle, qui n'avait pas eu la patience de nous attendre : il nous avais devancé là-bas, à l'autre bout de nos rêves. Dès qu'elle fermait les yeux, elle disait qu'elle le voyait, haut dans le ciel, escorté par une nuée d'oiseaux migrateurs, survolant des terres inconnues, des mers à perte de vue, sans jamais s'essouffler. "Un coeur, soupirait-elle, est capable de voyager aussi loin qu'il le désire pourvu qu'il accorde son rythme au pouls des oiseaux."
Commenter  J’apprécie          40
...les existences les plus simples, les plus insignifiantes recèlent en réalité des puits de tendresse et d'émotions insoupçonnés ; d'inestimables trésors pour qui veut se donner la peine d'y regarder de près. Les eaux dormantes cachent tant de remous, tant de bouillonnements ! Le reste n'est qu'apparences, simulacres, faux-semblants. Un insidieux vernis où s'engluent nos rêves avortés. Quant au bonheur, existe-t-il vraiment ? Ou est-ce une invention de poètes en mal d'inspiration ?
Commenter  J’apprécie          40
Cela fait des années que je lutte avec les mots. Ils ne m’obéissent plus, ou seulement à moitié. Ils se défendent, déjouent mes ruses, m’appâtent à leur tour, m’entrainent sur des ornières incertaines. Mais je continue à écrire. Parce que je n’ai pas le choix. Parce que je mourrais, autrement. Je garde mes stylos à billes vides comme des reliques de mes soupirs.
Commenter  J’apprécie          40

Lire un extrait
Video de Mahi Binebine (2) Voir plusAjouter une vidéo

Mahi Binebine : Cannibales
Depuis un café de la banlieue de Fes au Maroc, Olivier BARROT présente "Cannibales" de Mahi Binebine, la destinée funeste de candidats à l'exil vers l'Europe.
autres livres classés : littérature marocaineVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (14) Voir plus



Quiz Voir plus

Petit quiz sur la littérature arabe

Quel est l'unique auteur arabe à avoir obtenu le Prix Nobel de littérature ?

Gibran Khalil Gibran
Al-Mutannabbi
Naghib Mahfouz
Adonis

7 questions
64 lecteurs ont répondu
Thèmes : arabe , littérature arabeCréer un quiz sur ce livre

{* *}