Des récits de dépression, il en existe des tonnes. Des plus ou moins sincères, des plus ou moins saignants. Des plus ou moins intéressant et des plus ou moins bien écrits...C'est toujours le risque avec la littérature de témoignage: on la consomme souvent aussi vite qu'on l'oublie.
Le livre de
Guy Birenbaum a une originalité particulière: sa dépression est le fruit d'une ultra-moderne solitude due à l'ultra-moderne connexion. Il nous parle donc d'une ultra-moderne forme de la maladie...
Journaliste, le pouce toujours vissé sur son smartphone, les écouteurs sur les oreilles, il est tellement " à l'écoute" du magma médiatique et des réseaux sociaux qu'il" n'entend" plus rien du monde réel, de ses proches et surtout...de lui-même. Trop d'égocentrisme, une overdose de connexions auto-centrées, et le voilà qui plonge au fond du trou..
Ce livre est le récit d'une descente aux enfers et d'une lente renaissance: il dit comment reprendre pied dans sa propre vie et garder la bonne distance avec le monde hyper connecté et déréalisé , ultra-violent , et totalement dénué d'affects qui est devenu le nôtre.
Juste, sans complaisance, démontant pièce par pièce les faux-semblants et les miroirs aux alouettes d'un moi artificiel qui a peu à peu effacé tout ce qu'il y avait de vrai en lui -le "chercheur", le juif, le fils, le père- il est sauvé par une épouse extraordinaire, un médecin empathique et fidèle au poste, et quelques médicaments miracles qui nous rappellent que nous ne sommes qu'une fragile chimie ambulante.
Guy Birenbaum nous livre un récit plein d'enseignements qui remet à leur juste place des outils aussi merveilleux et redoutables que le Web, les réseaux sociaux, les médias.....A consommer avec distance et modération!