Je remercie Babelio et la maison d'éditions "la Chambre d'Echos" pour l'envoi de cet ouvrage assez inclassable, que j'ai beaucoup aimé, sauf quelques passages.
Assez poétique, très imaginatif, ce recueil est un appel au voyage, physique mais également intérieur.
Le plus : le fait que cet ouvrage soit, précisément, revisité par son auteur, qui ne l'écrirait probablement pas de la même manière aujourd'hui.. ou tout du moins à l'époque où il a commenté son propre récit.
Des "histoires" intéressantes, comme sa vision de la suisse, de la Hongrie, de Marylin (étude d'une simple photo sur plusieurs pages), du sens même des mots et de la façon de les utiliser.
Belle découverte encore, et comme souvent avec l'opération masse critique qui nous emmène où nous n'irions peut-être pas spontanément.
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Je souhaite remercier Babelio et la Masse critique, mais aussi Les éditions La chambre d'échos, car je n'aurais jamais eu l'occasion de découvrir ce livre et cet auteur sans eux.
J'ai aimé suivre les différents voyages de l'auteur, de ses débuts en Hongrie jusque Montréal, en passant par Genève, Paris, et encore New York. Cependant, la lecture de ce livre a été assez compliquée pour moi, car cette édition revisitée compile l'histoire initiale parue en 1983, mais aussi les notes de bas de page de cette nouvelle édition de 2004, ajoutée par l'auteur. Cette lecture entrecoupée m'a souvent perdue dans ma lecture, même si les précisions de l'auteur m'ont parfois donné le sourire.
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Je n’ai jamais su comment faire, comment vivre pour correspondre. J’allais devenir un homme dans l’inconscience ; et celles qui font souffrir, elles vous font, paraît-il, vivre. (…) Mais ce ne sont pas des femmes que vous souffrez ; c’est de vous-même. Le bonheur ou le malheur d’un amour vous fait vivre.
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Nous étions invités, ma femme et moi, moi et ma femme, la femme et le mari - comment échapper à une situation de possession ?
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La connaissance d’une langue, grammaticale et phonique ne peut s’installer qu’à la place d’une autre langue. Si cette autre langue lui laisse une place… Si vous, vous avez envie que cette autre lui laisse une place. Tout se joue dans le cerveau et dans le coeur et certainement pas au niveau de la mâchoire ; tout est question de désir. Comme l’amour.
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Le matin du 24 octobre, ma mère me salue avec une de ces phrases qui vous collent à l’oreille pour une vie : tu peux rester au lit, tu n’iras pas à l’école, il y a la révolution.
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De ma fenêtre, on voyait les toits de la vieille ville, le Jet d’eau, le Jura, les Alpes, et très loin le désert de Gobi.
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Il regrettait de n’être pas né juif, or il l’était, ça aussi comme le reste, il nous montra qu’on n’y échappe pas, qu’on peut changer les hardes, les fringues, les oripeaux, les frusques, les costards, la culotte et la liquette et le passeport mais que l’essentiel vous colle à la peau sous la peau à en crever. Et que tout le monde vous sent, parce que vous sentez.
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J’ai été convié un jour, c’était avant le PACS, à être témoin officiel, à la mairie, d’un concubinage. J’ai refusé cet honneur : il faut savoir ce qu’on veut. Etre hors les normes, refuser les conventions : alors on couche sans la présence du maire, et sans que cela soit déductible des impôts.
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Caché à moitié par un écran d’arbustes entre la salle et la cuisine, il portait des toasts copieux à ma santé, et je mangeais comme on baise dans les romans pornos — invraisemblablement.
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Deux juifs se rencontrent à l’aéroport de Roissy, en France.
- Comment vas-tu ?
- Ça va, ça va. Et toi ?
- Moi, pas terrible. D’ailleurs, tu vois, je pars.
- Tu pars ? Mais où vas-tu donc ?
- Je pars pour la Nouvelle-Zélande.
- Pour la Nouvelle-Zééélande ? s’étonne l’autre. Mais c’est très loin !
Le premier regarde l’autre et demande tout bas :
- Loin d’où ?
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La question se pose ainsi : vaut-il mieux être malheureux à l’étranger ou étranger chez soi ?
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"Etre” signifie plénitude, et “il suffit d’être” annonce une difficulté : “être” n’est pas simple. L’être nu me semble la chose la plus difficile au monde, surtout aujourd’hui, quand on vous juge à l’aune de l’activité, du résultat, du paraître, de l’énergie (pas la vraie, l’intérieure, mais l’agitation fébrile et vaine que les managers qui nous gouvernent prennent pour de l’énergie). Avant de persuader les autres, avant d’en parler aux autres, il faudrait se parler à soi-même.
Est-ce qu'un homme existe comme tel, ou est-il un assemblage de tout ce qui n'est, précisément, pas lui?
André Comte Sponville interviewé au Casino de Morges pour son livre "Dictionnaire amoureux de Montaigne" aux éditions Plon avec le Club du Livre https://club-livre.ch/
Né le 12 mars 1952 à Paris, dans une famille déchirée, André Comte-Sponville s'est « découvert peu doué pour la vie, peu porté au bonheur, davantage doué pour l'angoisse, la mélancolie : raison pour laquelle j'ai besoin de philosopher. »
Agrégé de philosophie en 1975, André Comte-Sponville enseigne à partir de 1976 la philosophie. Il a été membre du Comité consultatif national d'éthique de 2008 à 2016.
Traduit en 24 langues et a vendu plus de à 300 000 exemplaires (hors poche) sur un seul de ses livres : Petit Traité des grandes vertus.
Distinctions
1996 : Prix La Bruyère de l'Académie française pour son livre Petit Traité des grandes vertus.
1996 : chevalier de la Légion d'honneur.
Doctorat honoris causa de l'université de Mons-Hainaut, en Belgique.
Oeuvre
-Traités de sagesse
-Traité du désespoir et de la béatitude
Tome 1, le mythe d'Icare, 1984.
Tome 2, Vivre, 1988.
-Une éducation philosophique 1989.
-L'Amour la solitude, Paroles d'Aube 1992.
-Petit Traité des grandes vertus 1995.
-L'Être-temps, 1999.
-Le Gai Désespoir, Alice Éditions, Liège, 1999.
-Chardin ou La matière heureuse, Adam Biro, 1999.
-Le Bonheur, désespérément, Pleins Feux, 2000.
-La Vie humaine, Hermann, 2005.
-Le Sexe ni la mort. Trois essais sur l'amour et la sexualité, Albin Michel, 2012.
-Du tragique au matérialisme (et retour), 2015.
Propos
-Impromptus, 1996.
-Douze articles écrits.
-Le Goût de vivre et cent autres propos, Albin Michel, 2010.
-L'Inconsolable et autres impromptus, 2018.
-Contre la peur, et cent autres propos, Albin Michel
-Recueil de chroniques publiées dans diverses revues.
Aphorismes
Du corps, 2009.
Études éthiques
-Valeur et vérité. Études cyniques,1994.
-Le capitalisme est-il moral ?, Albin Michel, 2004.
-L'Esprit de l'athéisme. Introduction à une spiritualité sans Dieu, Albin Michel, 2006.
Essais à partir de philosophes
-« Je ne suis pas philosophe » : Montaigne et la philosophie, Honoré Champion, 1993.
-Camus, de l'absurde à l'amour (en collaboration), Paroles d'Aube, 1995.
-Le Miel et l'Absinthe. Poésie et philosophie chez Lucrèce, Hermann, 2008.
-Lucrèce, poète et philosophe, La Renaissance du Livre, 2001.
-Dictionnaire amoureux de Montaigne, Plon, 2020.
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