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Lori Saint-Martin (Traducteur)Paul Gagné (Traducteur)
EAN : 9782752902917
360 pages
Phébus (10/05/2007)
4.05/5   11 notes
Résumé :

Celte histoire se déroule dans une île imaginaire - qui n'est pas sans évoquer le Sri Lanka -, quelque part au large de l'Inde. Une île au climat tropical, couverte d'une forêt au creux de laquelle règne une nuit encore plus profonde que la nuit. Elle est le théâtre d'affrontements meurtriers entre une armée gouvernementale et des rebelles qui luttent pour l'indépendance de leur ethnie. Un jeune instituteu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Première rencontre avec Neil Bissoondath, écrivain canadien né à Trinidad de parents immigrés indiens, neveu du prix Nobel de littérature V.S. Naipaul.
Douce ironie de commencer par ces informations, pour cet écrivain qui s'est d'abord fait connaitre dans son froid pays d'adoption pour ses positions à l'encontre du « multi-culturalisme » typiquement anglo-saxon, définissant avant tout l'individu par ses origines, y glissant le débat nature-culture vers ce paradoxe de l'anti-racisme racialiste qui nous occupe aujourd'hui avec les wokes.
Son premier livre datant de 1995, « Le marché aux illusions », il l'a surtout écrit en pensant à sa fille née peu avant à Montréal, en espérant qu'elle ne soit jamais aux yeux de ses compatriotes qu'une « franco-québéco-amérindo-indo-trinidadoantillo-canadienne », mais un individu répondant au doux nom d'Élyssa.

Ces préoccupations traverseront toute son oeuvre, que j'approche avec cette « Indéfectible Clameur de la Nuit », comme traduction littérale de ce livre écrit, comme toute son oeuvre, en anglais, avec cet exemplaire qu'il a dédicacé à un certain Alain, un été 2009 sur l'Ile de Ré… lui laissant même son adresse mail, sans doute pour recevoir humblement son avis, lui qui répète qu'en tant qu'écrivain, il est parfois difficile de percevoir si son travail est apprécié…
N'ayant d'ailleurs plus rien publié depuis 2010, sa récente distinction à l'Ordre du Canada le remettra peut-être à l'ouvrage, la société occidentale ayant plus que jamais besoin de ce genre de voix.

Ce roman se déroule sur une île qui évoque sans le préciser le Sri-Lanka, au prise avec une longue guerre civile ethnique, où se superpose une évidente opposition de classe riche citadin / pauvre ruraux ; un dispositif qui simplifie volontairement à l'extrême la situation ultra-compliquée des Cinghalais face aux Tamouls, et dispense l'auteur d'en faire un brûlant roman historico-politique.
Il permet avant tout de se concentrer sur l'histoire d'un jeune homme, Arun, quittant son milieu privilégié envers et contre tous pour enseigner dans une région pauvre et séparatiste, peuplée de gens qualifiés « pudiquement » par le pouvoir de « 2 % ». On y suit ses péripéties dans son « intégration » comme éternel aller-retour entre volonté et rejet, nature et culture…

La focale reste celle de l'intime, dans l'écriture comme dans le récit, comme si cette histoire n'avait au fond rien à nous enseigner, rien à ériger au rang d'universel, tout en persistant dans l'expression d'une profonde humanité.
Bissoondath explique dans la presse qu'il écrit ce genre d'histoire en restant avec nous « spectateurs », témoins de cet épisode qui s'écrit sans trame préalable. Ce procédé fonctionne admirablement quant à ménager ses surprises, donnant à certaines scènes un profond caractère réaliste, grâce à son rendu très « visuel ». Il peine par contre lorsqu'il s'agît de brosser certains personnages utiles à la symbolique de l'oeuvre, tous ceux évoqués hors du présent semblant « mal câblés », tel ce trouble professeur, nationaliste et rebelle, Mahadeo, figure qui aurait pu être centrale, si seulement l'auteur lui avait apporté plus de soin, l'intégrant alors dans l'action directe de l'intrigue.

Après la lecture, on hésitera longtemps sur ce qu'on en a retirée, en sa « morale » ou bien dans son absence.
La langue y oscille entre ombre et lumière, comme ses personnages, nous laissant ébahi face à cette manière de nous conter une histoire, avec ce sentiment qu'il y a trop ou pas assez d'épices… ou devrait-on parler de matière grasse ?

Une rencontre qui reste malgré tout réussie, et que l'on prolongera par « Tous ces mondes en elle », et ses « Cartes postales de l'enfer », et de profonds encouragements envers une écriture qui n'a pas peur de l'audace.
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Arun était destiné à reprendre les rênes de l'imprimerie familiale mais il a préféré laisser cet héritage à sa soeur et à son beau-frère et suivre sa voie : devenir instituteur. Il arrive dans une petite ville, Omeara, au bord d'une baie étroite où « les terres environnantes se distinguaient surtout par leur rareté ». le logement de fonction est misérable et inconfortable, l'école ne vaut pas mieux.
le premier jour de classe Arun constate que seuls des élèves handicapés sont présents, les enfants valides restant chez eux pour aider aux travaux.
Mais pour un instituteur Arun connaît mal les lois de la physique (à moins que ce ne soit l'auteur !) : "Les glaçons fondaient rapidement et Arun dut prendre quelques gorgées généreuses pour empêcher le liquide de déborder."
Il fréquente quelques voisins, M. Jaisaram, le boucher, sa femme, qui n'a plus dit un seul mot depuis la disparition de son fils (mort ? parti ailleurs ?) et sa fille Anjani, Kumarsingh le commerçant ; il entretient des liens avec Seth, le militaire rencontré dans le train. Il découvre la réalité des « deux pour cent », et peu à peu ses certitudes se fissurent. Il croyait fortement à sa mission, mais des voiles se lèvent sur ce qu'il prenait pour des vérités, y compris l'accident d'avion où ont péri ses parents. Il n'en sortira pas indemne.
L'île est imaginaire, quelque part au large de l'Inde, mais les évènements qui s'y déroulent, les actes de terrorisme, la lutte entre ceux qui possèdent le pouvoir et ceux qui aspirent à leur indépendance, la misère des petites gens, font écho à ce que déroulent nos journaux à longueur d'années.
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L'action de ce roman se situe dans une petite île imaginaire proche de l'Inde. Imaginaire, elle l'est, ce qui le dispense de tout souci météorologique, historique ou géographique ; mais vraisemblable, elle l'est tout autant. Ces lieux pourraient parfaitement exister, ces événements pourraient parfaitement s'y produire. Une fin surprenante et forte vient donner de façon ultime une nouvelle dimension à cet excellent roman.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Le plus souvent, nous faisions simplement partie du butin des guerres européennes. On nous échangeait et on nous cédait comme un quelconque terrain sans valeur. Ils se souciaient de nous, les habitants, comme de leur première chemise. Quant à nous, eh bien, nous avons caché notre haine sous le boisseau pendant cent cinquante ans, c'est tout. Fatalement, les salauds en ont un jour eu assez de nous ; nous étions devenus trop turbulents. Ils nous ont donc "donné" notre indépendance, ce qui est ironique, vu qu'ils ne nous l'avaient jamais vraiment enlevée. Ils avaient fait comme si nous n'étions pas là. Ils sont repartis avec leur drapeau. Aussitôt, nous avons repris nos couteaux, nos épées et nos fusils, et nous avons recommencé à nous entr'égorger à qui mieux mieux, comme un siècle et demi auparavant.
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Il s'était cru capable de vivre dans un pays empreint de violence sans se laisser effleurer par elle, d'être là mais ailleurs, dans la marge, d'avoir un effet sur le lieu tout en demeurant insensible aux forces qui la régissaient. Et pourtant, (…) il y avait le sentiment d’être souillé, infecté.
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La foi, c'est la peur rendue tolérable par la magie et la superstition.
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Videos de Neil Bissoondath (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Neil Bissoondath
Entretien avec l’écrivain québécois d’expression anglaise Neil Bissoondath. Originaire de Trinidad, il parle de son choix de vivre au Canada et au Québec. Il parle de sa détermination et de sa passion pour l’écriture. Il explique sa vision du multiculturalisme, du français au Québec et donne une définition de la liberté. Source: En toute liberté, 5 février 1995 Journaliste: Isabelle Albert
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