Structure est un livre de photographies d'Isabelle Boccon-Gibod-Daniel. Elle reprend, à l'heure du selfie y compris de groupe, l'idée du portrait de famille.
Chacun respecte le cadre posé par Isabelle Boccon-Gibod-Daniel : assis ou débout, sur une chaise ou un plot, en illustrant la géométrie du groupe. C'est à dire le carré si la famille comporte quatre personnes, en croix, si il y a en trois, ligne horizontale ou verticale pour deux personnes, etc. Il semble que la photographe ait aussi demandé sérieux, port figé et vêtements noirs et blancs à la manière de ces photographies retrouvées jaunies dans des cahiers poussiéreux.
En fait, ce cadre d'une grande contrainte libère la perception et l'imaginaire du regardeur. Outre les ressemblances qui sont notées entre les membres, il y a ce que disent la position, l'expression du visage, le regard de chacun et du coup, cela retentit sur l'ambiance de la cellule présentée.
Car, la place de chacun se définit par rapport à l'autre, parent, enfant ou conjoint. Des liens entre les uns et quelques fois contre d'autres assignent le rôle, la place dans cette nébuleuse familiale.
Ainsi la photo à la page 40, reproduite ci-dessus, où ce fils prend ses aises, assis sur le fauteuil alors que son père se tient debout de côté le regard interrogateur. Que veulent-ils nous dire de leur relation ?
Alors que celle de la page 22 reproduite ci dessus représente aussi un père et son fils. Mais là, le père est protecteur avec ses mains posées sur les épaules et le regard sombre de son fils.
Mais n'apprenons-nous pas plus de nous que nous apprenons d'eux ! Car, chacun y projette ses émotions, ses joies et ses fêlures. Qu'est-ce que raconte mon interprétation de ce que je suis, de mon histoire et du vécu de ma famille ?
Ainsi, que dit le regardeur de cette photographie page 34 reproduite ci-dessus où les enfants se tiennent derrière leurs parents avec un père et son sourire satisfait. Sa femme placée de côté possède aussi cette force tranquille qu'on sent dans son sourire et ses yeux.
Ceux qui ont choisi de poser, ainsi, livre de leur humanité, sans fard et sans artifice et le dialogue avec le regardeur prend sa place pour honorer cette rencontre. le format choisit permet la confrontation. Et, ce qui pourrait devenir du voyeurisme lors d'une exposition, est avec ce livre, un échange comme un rendez-vous à honorer.
Ravie d'avoir pu découvrir le travail d'Isabelle Boccon-Gibod-Daniel et ses 30 clichés. Je ne regarderais plus mes vieilles photos, où derrière rien n'est noté, de la même façon. Elles peuvent nous raconter ce que l'histoire familiale a tenu sous silence ou a trop crié. Un travail très intéressant !
Remerciements à @Babelio et sa Masse critique et @HemeriaPhoto pour ce magnifique livre.
Photos et citation sur
https://vagabondageautourdesoi.com/2021/05/18/isabelle-boccon-gibod-daniel/
Lien :
https://vagabondageautourdes..