Stat Crux

Masse Critique a le pouvoir formidable de permettre de découvrir des ouvrages qui seraient sans doute passés inaperçus, en effet qui se serait vraiment arrêté devant la sombre couverture du Christ en croix, ou aurait été interpellé par le titre "Stat Crux" qui ne peut faire écho que chez des Chartreux ou éventuellement des latinistes, seul le nom de Boissoudy pourrait attirer quelques amateurs d'art avisés, ou bien encore les noms de philosophes ou écrivains cités sur le bandeau qui pourraient accrocher quelques lecteurs assidus.

Or cet ouvrage qui fait suite à l'exposition qui eut lieu à Paris au Collège des Bernardins en février-mars 2024, présente non seulement des oeuvres du peintre François-Xavier de Boissoudy, photographiées par Alexis Congourdeau, mais s'agrémente de textes très personnels, lumineux et passionnants d'auteurs qualifiés, croyants ou non, qui ont été interpellés par les oeuvres soumises à leur regard, par ce Jésus qui meurt sur le bois de la Croix ou qui, ressuscité, chemine avec les pèlerins d'Emmaüs. Il faut noter au passage le choix judicieux de présenter le Christ crucifié sur la couverture de l'ouvrage et le Christ ressuscité en quatrième de couverture, signifiant ainsi le passage de la mort à la Vie et par là-même l'Espérance chrétienne.

Certaines oeuvres réalisées et exposées sont monumentales, comme la ”Ville” ou la série des ”Face à face”, pouvant aller jusqu'à 3m50 sur 2m40, d'autres sont de petit format comme la série des ”Visages" du Christ.

Inspiré par la phrase (qui est en outre la devise des Chartreux) : "Stat Crux et dum volvitur orbis", la croix demeure tandis que le monde tourne, François-Xavier de Boissoudy a réalisé sur des surfaces de papier des lavis d'encre de chine noire ou de terre ocre. "J'ai donc par l'encre épaisse et l'eau utilisées, eu les mains dans la boue colorée… mes gestes ont été au-delà de moi-même, conscient uniquement de là où je voulais que la lumière soit figurée par l'absence de peinture".

Les représentations de François-Xavier de Boissoudy dépassent les codes établis jusqu'alors. Face à la croix, il privilégie la rencontre, il veut montrer "Jésus qui se laisse entourer par la foule, se met à la hauteur de ses interlocuteurs, change la vie de ceux qui le désirent". Quant aux disciples d'Emmaüs, étonnamment un homme et une femme, ils sont comme poussés par les bras en croix du Christ ressuscité vu de dos et accompagnés par lui vers un avenir lumineux.

Ainsi François-Xavier de Boissoudy partage dans ses oeuvres son ressenti. Tout comme pour des icônes il écrit plus qu'il ne peint, ses oeuvres disent et nous parlent.  Au-delà de l'esthétique, qui peut au premier regard ne pas toucher, il transmet à travers sa peinture ce qu'il a intériorisé, il offre ainsi à contempler, plus qu'une représentation, une Présence. Une rencontre peut alors avoir lieu et un dialogue intérieur peut même s'instaurer.

Merci à Babelio et aux éditions Première Partie pour l'envoi de ce superbe ouvrage, un grand merci à François-Xavier de Boissoudy pour avoir touché mon âme, notamment avec un des visages du Christ souffrant. Merci à la contribution éclairée et éclairante de Paule Amblard, historienne de l'art, Alexis Congourdeau enseignant d'histoire et photographe, Olric de Gélis, prêtre et docteur en théologie, Sylvie Germain, écrivain, Olivier Kaeppelin, homme de radio et écrivain, Didier Pourquery, journaliste et écrivain,  Robert Redeker, enseignant en philosophie, Richard de Seze, consultant stratégique dans une agence de communication, Martin Steffens professeur agrégé de Philosophie et conférencier.

Amis lyonnais, ne ratez pas la prochaine exposition « Stat Crux » de François-Xavier de Boissoudy qui aura lieu au Musée d'art sacré de Fourvière du 20 avril au 29 septembre 2024