Ce roman est un carré de chocolat noir à la fleur de sel, un après-midi d'été chaud à l'ombre d'un grand arbre, une des suites pour violoncelle de Bach interprétée par Jean-Guihen Queyras, l'odeur de terre chaude lorsqu'il pleut l'été... zut j'ai mis des points de suspension, promis, j'essaierai de ne pas le refaire :
"Et vous, Dieu soit loué, vous y recourez peu, aux points de suspension, et c'est tant mieux. Je ne les aime pas (...) Ceux qui les utilisent me rappellent ces types qui font mine de vouloir se battre, qui vous forcent à les retenir par la manche et qui vocifèrent : retenez-moi ou je lui pète la gueule à ce connard !" dixit Pierre-Marie Sotto (l'un des personnages).
L'histoire commence, alors qu'un écrivain célèbre (Pierre-Marie Sotto, justement), lauréat du prix Goncourt, reçoit un jour une grosse enveloppe. Il pense qu'il s'agit d'un manuscrit, s'énerve un peu parce qu'il n'est pas éditeur, trouve l'adresse mail de celle qui lui a envoyé ce paquet encombrant (Adeline Parmelan), et c'est le début de longs échanges.
Ce roman est écrit par deux auteurs,
Anne-Laure Bondoux et
Jean-Claude Mourlevat, un homme et une femme, et il raconte les échanges électroniques d'un homme et d'une femme qui ne se connaissent pas, mais qui au fil de leurs mails, se découvrent, s'apprécient au point de devenir essentiels l'un à l'autre.
J'ai adoré voir leurs messages, petit à petit, s'apprivoiser, s'arrondir, se truffer de tendresse, d'humour et d'attentions.
Reste le problème de cette grosse enveloppe encombrante, qui n'est pas un manuscrit.
Elle n'est pas tout à fait comme le cadavre dans Amédée ou Comment s'en débarrasser, mais elle est là, entre eux, une ombre, un poids... (et zut, j'ai recommencé avec mes points de suspension !)
Je ne sais pas comment les deux auteurs ont procédé pour travailler ensemble, est-ce qu'ils ont réellement écrit ce roman par mail, ce qui serait amusant, ou est-ce qu'ils étaient ensemble côte à côte pour écrire ce livre ?
Dans tous les cas, c'est un roman bien agréable à lire, d'auteurs aimant les mots et les jolies formules. Ils sculptent leurs personnages, des humains plus vrai que nature, qu'on aimerait connaître, avec qui on aimerait partager une tisane, des spaghettis ou une bière.