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Jean Mabire (Préfacier, etc.)
EAN : 9782913044890
200 pages
Deterna (01/01/2009)
4.25/5   2 notes
Résumé :
Notes sur Hitler ; La question juive ; Berlin en mai ; Discours aux chefs mili­ciens ; Pen­sées dans l’action ; Biblio­graphie. Proche de l’Action française, inscrit au PPF, l’attitude d’Abel Bonnard sera « collaborationniste » durant la guerre ; membre du Groupe Collaboration, il soutiendra des initiatives comme la création de la LVF et a été le ministre de l’Éducation nationale de l’État français.
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Les qualités qui ont fait de la France une nation grande et charmante sont aux antipodes de tout ce que les Français sont devenus dans ces derniers temps, par l’effet de cette démocratie qui, sous l’oripeau d’une rhétorique menteuse, n’a pas d’autre fin que de pousser chaque homme plus bas qu’il n’était. Si nous voulons trouver, dans le désastre qui achève une époque, l’occasion d’en recommencer une autre, si nous voulons renaître aujourd’hui, il nous faut comprendre d’abord, une fois pour toutes et jusqu’au fond, que, dans notre aspect général, nous étions hier le contraire de nous-mêmes.

On pourrait faire tout un livre sur ce contraste. Je me contenterai de le marquer ici par quelques exemples. Regardez-le, cet homme que la démagogie bourgeoise, dans ces dernières années, a multiplié chez nous en tant d’exemplaires, à la fois mou et fanfaron, avachi et prétentieux, ne se contentant pas de se relâcher en tout, mais mettant encore un plumet de fatuité à sa négligence, coquet sans être propre, et d’une coquetterie si disparate d’ailleurs et si hétéroclite que l’effet produit était ridicule. Regardez-le, ce poulpe de mauvaise tenue déroulant ses tentacules dans une société trouble, cet homme sans correction et sans fermeté, tantôt balayeur et tantôt ministre, qu’on rencontrait avec ennui dans les rues et qu’on voyait, dans les photographies officielles, portant, au coin d’une bouche molle, la vile cigarette qui marque le refus de bien se tenir. Cet homme n’appartient pas à une classe plus qu’à une autre, son vrai caractère étant précisément de s’être désagrégé, de ne plus tenir à une tradition ni à des mœurs, d’être proprement un homme sans classe : il abondait dans le personnel politique, et parmi les tripoteurs qui le continuaient et qui étaient souvent des gens bien vêtus, sans être jamais des gens convenables ; il foisonnait dans toute cette partie de la nation qui se prenait pour de la bourgeoisie parce qu’elle avait de l’argent et si je souffrais, pour ma part, de le voir devenir si commun aussi dans le peuple, c’est parce que le peuple est la réserve de la nation, et qu’on peut craindre que tout ne soit perdu, lorsqu’il est gâté. ("Nos défauts et nous", 25 août 1940, pp. 129-130)
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La société bourgeoise n'avait pas souci de l'homme. Elle devenait cruelle par insensibilité, inhumaine par indifférence ; naturellement cette indifférence ne s'avouait pas. L'éloquence démocratique était là pour couvrir l'obscénité du règne de l'argent. Le capitalisme avait pour feuille de vigne le libéralisme. Mais le vent qui souffle et qui arrache tant de feuilles est bien de force à emporter aussi celle-là.

Voici un second point, ou plutôt une autre face de la même idée : le règne de l'anonymat est fini. On ne saurait croire à quel point l'homme d'aujourd'hui, à quel rang qu'il se trouve, est las de dépendre d'organisations abstraites, d'autorités impersonnelles, de conseils d'administrations insaisissables ou de parlements informes. Dans la société affermie et simplifiée où nous allons vivre, les hommes verront leurs chefs et les chefs verront leurs hommes. Bien des fois, en regardant le spectacle de la société bourgeoise, j'ai admiré par quel triste enchantement elle étendait partout des déserts entre les âmes. Des gens que toutes les conditions et les habitudes de leur existence auraient dû réunir, qui passaient des années dans le même atelier, le même bureau, les mêmes chambres, qui auraient dû naturellement échanger ces regards, ces sourires, ces menus services par lesquels des hommes se sentent unis, arrivaient à vivre à côté les uns des autres sans jamais vivre ensemble ; ils frottaient leurs égoïsmes sans jamais rapprocher leurs âmes. De là la couleur générale de bouderie, de maussaderie presque hargneuse qui donnait un caractère antipathique à toute notre vie sociale. Etre présent pour la jouissance ou pour le profit et absent pour tout le reste, se dérober aux rendez-vous du travail comme aux occasions de charité, de politesse ou de gentillesse, tel était l'esprit social. Ceux qui regrettent ce sinistre état donne par là leur mesure. La société bourgeoise avait partout remplacé les rapports par des distances. (Discours aux chefs miliciens, 30 janvier 1943, pp. 101-102)
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Aller au réel ! C’est la première démarche, le besoin inné de tout homme vivant d’une façon saine et virile. Tandis que l’individu de décadence d’admire selon ce qu’il a de faconde et se regarde dans un miroir, l’homme d’une qualité authentique ne se connaît que par un ouvrage ; ce n’est pas assez pour lui d’accepter la dureté du monde, il l’aime et il la préfère, il va la chercher, parce que nous n’imprimons notre marque que sur un monde dur.

Tout homme digne de ce nom se réveille chaque matin avec l’impatience de livrer bataille, mais cette bataille n’est pas sanglante, c’est un travail. Cette rencontre avec l’univers s’opère dans le champ clos d’une besogne : pour un paysan, c’est de remuer une petite terre, mais à ces quelques arpents toute la Terre aboutit. Pour un ouvrier, c’est d’empoigner une pierre, un morceau de fer, de cuir ou de bois, mais par cet étroit objet le monde entier arrive jusqu’à ses mains. Pour le chef d’entreprise, l’objet de l’action s’agrandit, demande des facultés nouvelles ; pour l’homme d’Etat, il devient plus vaste et plus complexe encore, mais toujours l’activité virile a le même fond : elle se caractérise par cette rencontre avec le réel, par ce dialogue rapide, imprévu et étincelant où ses attaques provoquent nos ripostes, où ce qu’il nous oppose suscite de ce que nous lui imposons, où c’est nous qui voulons avoir le dernier mot.

Un des traits les plus significatifs et les moins favorables de la France d’hier, c’est que, sous l’effervescence des paroles, personne ne s’attachait plus aux choses : les gens abondaient qui exposaient des projets, des plans, des systèmes : l’exécution seule ennuyait, par ce qu’elle demande de persévérance et d’application ; or il n’y a qu’elle d’intéressante : nos idées ne sont rien tant qu’elles dansent en l’air. ("Morale d'une défaite", 7 septembre 1940, pp. 139-140)
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L’individu, c’est le dernier produit d’une société qui devient stérile, c’est l’être humain tombé de la plénitude de l’homme dans l’exiguïté du moi, c’est le nain arrogant, l’avorton prétentieux qui, toujours content de soi, n’est jamais content des autres, qui, restant toujours isolé sans être capable de vivre seul, à la fois dissident et dépendant, est l’atome d’une foule au lieu d’être l’élément d’un peuple. L’individu vit perpétuellement dans un état de désertion sociale. Il prétend être entretenu par une société qu’il n’entretient pas, il demande sans apporter, il voudrait tout recevoir sans rien donner et, dans une société décomposée, il représente un abaissement et une déchéance qui se retrouvent à travers toutes les classes.

Certes, s'il y a quelque chose de rejeté et de condamné, c'est cette vaniteuse façon de n'être rien. Cependant ne croyez pas que l'individu va se laisser supprimer sans résistance. Comme il voit bien que son affaire n'est pas bonne, au dernier moment il change de nom et pour se faire respecter, savez-vous ce qu'il a trouvé ? Il s'appelle « personne humaine ». Mais ce mot même, c'est un reste de la vie d'hier.

Dans la démagogie, dont tant de nos compatriotes ne se dégagent qu'à regret, comme il s’agissait de flatter tout le monde, on distribuait à presque tous les décorations qui auraient dû signaler le mérites de quelques-uns. Cependant, on avait beau faire, il restait des gens qui n'étaient pas décorés. Alors on a inventé une décoration pour tout le monde : ce fût d'être personne humaine. ("Discours aux chefs miliciens", 30 janvier 1943, pp. 103-104)
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Le temps est venu où l’homme, où la vie personnelle, pour s’accroître, doit se retremper dans une vie collective. L’individu qui ramène tous ses soins à soi pourrit comme une plante trop arrosée. L’homme ne s’augmente qu’en s’oubliant, et sur ce point les prescriptions de la morale sociale d’aujourd’hui s’accordent parfaitement avec les éternelles prescriptions de la morale religieuse. Il faut revenir à cette vie en commun, où l’âme s’exalte autant que la vanité s’y abîme. Dans cette révolution des valeurs, tous les grands mots changent de sens. Je n’en prendrai qu’un exemple. Un parti, qu’était-ce hier ? Une coalition d’intérêts et de convoitises. Le parti, qu’est-ce à présent ? Une cohésion de dévouements.

Dans la société démembrée du capitalisme et du libéralisme, on trouvait deux extrêmes aussi vicieux l’un que l’autre : ou bien, selon la tyrannie du capitalisme, l’homme donnait son travail et son concours à la collectivité sans recevoir d’elle en retour une rétribution équitable, ou bien, au contraire, selon la décomposition du libéralisme, l’individu demandait tout à la société sans rien lui fournir.

Quand seront établis de justes rapports, chacun, dans l’ordre matériel et moral, se connaîtra par l’échange incessant et régulier, à la fois ordinaire et magnifique, de tout ce qu’il apportera à la société nationale et de tout ce qu’il recevra d’elle. ("Discours aux chefs miliciens", 30 janvier 1943, pp. 104-105)
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CHAPITRES : 0:00 - Titre
A : 0:06 - ACTE - Jacques Deval 0:16 - ACTION - Sacha Guitry 0:28 - ADMIRATION - Comtesse Diane 0:38 - ADULTÈRE - Daniel Darc 0:59 - ÂGE - Fabrice Carré 1:08 - AMI - Jean Paulhan 1:18 - AMIS - Madame du Deffand 1:30 - AMOUR - André Birabeau 1:40 - AMOUR - Madeleine de Scudéry 1:51 - AMOUR DES FEMMES - Edmond Jaloux 2:03 - AMOUR ET FEMMES - Paul Géraldy 2:16 - AMUSEMENT - Jean Delacour 2:36 - ANIMAL - André Suarès 2:47 - APPARENCE - Nathalie Clifford-Barney 2:57 - ARGUMENT - Léonce Bourliaguet 3:07 - AVARICE - Abel Bonnard 3:19 - AVENIR - Gustave Flaubert 3:28 - AVIS - Marie d'Arconville
B : 3:37 - BAISER - Tristan Bernard 3:49 - BEAUTÉ - Fontenelle 4:00 - BÊTISE - Valtour 4:13 - BIBLIOTHÈQUE - André de Prémontval 4:24 - BLASÉ - Louise-Victorine Ackermann 4:35 - BONHEUR - Henri Barbusse 4:45 - BUT - Richelieu
C : 4:54 - CAPITAL - Auguste Detoeuf 5:10 - CERVEAU - Charles d'Ollone 5:20 - CHANCE - Pierre Aguétant 5:31 - COMPRENDRE - Charles Ferdinand Ramuz 5:42 - CONSEIL - Maurice Garçot
5:55 - Générique
RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE : Jean Delacour, Tout l'esprit français, Paris, Albin Michel, 1974.
IMAGES D'ILLUSTRATION : Jacques Deval : http://www.lepetitcelinien.com/2013/06/lettre-inedite-louis-ferdinand-celine-jacques-deval.html Sacha Guitry : https://de.wikipedia.org/wiki/Sacha_Guitry#/media/Datei:Sacha_Guitry_1931_(2).jp Comtesse Diane : https://www.babelio.com/auteur/Marie-Josephine-de-Suin-dite-Comtesse-Diane/303306 Jean Paulhan : https://jeanpaulhan-sljp.fr/ Madame du Deffand : https://fr.wikipedia.org/wiki/Madame_du_Deffand#/media/Fichier:Mme_du_Deffant_CIPA0635.jpg André Birabeau : https://fr.wikipedia.org/wiki/André_Birabeau#/media/Fichier:André_Birabeau_1938.jpg Madeleine de Scudéry : https://www.posterazzi.com/madeleine-de-scudery-n-1607-1701-french-poet-and-novelist-wood-engraving-19th-century-after-a-painting-by-elizabeth-cheron-poster-print-by-granger-collection-item-vargrc0078786/ Edmond Jaloux : https://excerpts.numilog.com/books/9791037103666.pdf Paul Géraldy : https://fr.wikipedia.org/wiki/Paul_Géraldy#/media/Fichier:Paul_Géraldy_by_André_Taponier.jpg André Suarès : https://www.edition-originale.com/fr/litterature/divers-litterature/suares-correspondance-1904-1938-1951-79921 Nathalie Clifford-Barney : https://www.amazon.fr/Eparpillements-Natalie-Clifford-Barney/dp/B081KQLJ87 Léonce Bourliaguet : https://www.babelio.com/auteur/Leonce-Bourliaguet/123718/photos Abel Bonnard : https://twitter.com/wrathofgnon/status/840114996193329153 Gustave Flaubert : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/e/ea/
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