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EAN : 9782020992169
464 pages
Seuil (19/03/2009)
4.4/5   5 notes
Résumé :
Ce que je crois qu'en tout cas je puis dire de vrai, à propos de Rimbaud, c'est qu'aucun autre que lui ne m'aura requis en poésie par autant d'intensité, d'immédiateté, de proximité dans sa voix. Voix qui elle-même demande, voix qui affirme et bien sûr se trompe, mais se reprend, vit de se reprendre, portée, secouée par les deux grandes forces qui font que l'on est au monde [...] : d'une part l'espérance, qui veut croire possible que l'existence soit un partage et d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
En tant qu'admirateur inconditionnel de Bonnefoy j'ai lu avec grand intérêt ce livre qui est en fait un recueil de textes sur Rimbaud dont Bonnefoy est un des plus grands spécialistes. Par l'hermétisme de sa poésie j'ai souvent considéré que Bonnefoy était un peu le Rimbaud du XXe siècle. J'ai lu cette ouvrage que j'avais depuis un moment dans ma bibliothèque pour préparer mes cours de 1ère de l'an prochain "Les Cahiers de Douai" étant au programme en poésie.
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Au ponton de Foleux.

Ceci n'est pas une critique.

juste une note d'un lecteur lisant un autre lecteur.



« Notre besoin de Rimbaud »

Yves Bonnefoy

La Librairie du XXIe siècle, Seuil, 2009*





Un gros bouquin de quatre cent cinquante pages écrit par un homme que je connaissais comme poète — du mouvement et de l'immobilité de Douve — et qui est aussi professeur honoraire du Collège de France. Un gros bouquin qui rassemble onze textes qui s'échelonnent entre 1961 et 2008. L'auteur les a réunis sans tenter de les unifier ou même de les coordonner. Il reconnaît ce livre comme une sorte de journal de (son) affection pour le poète.

Le possessif "notre" : est-il de majesté ou de modestie ? L'ensemble des textes me ferait pencher pour la modestie. Et ne fut-ce cette affirmation que l'heure présente lit peu, ou mal Rimbaud, Yves Bonnefoy prouve sa grande humilité de lecteur.

Dont acte.



L'épaisseur des textes va du plus épais, les 190 pages du Rimbaud par lui-même, paru en 1961 au Seuil dans la collection Écrivains de toujours, repris ici sans les illustrations, mais avec cette singularité typographique très intéressante présentant en italique et sans guillemets les citations de Rimbaud incorporées au texte et en romain les poèmes et autres textes détachés de celui-ci, au plus mince, La brièveté de l'essentiel — sic ! — à peine 3 pages. Journal d'affection certes, mais patchwork qui ajuste entre eux l'essai, la préface, l'introduction, la réponse à enquête, la communication dans un colloque, pour un catalogue d'exposition, pour une revue.



Quant à la méthode, c'est une démarche tout aussi singulière que le choix typographique du premier essai, hors des courants critiques habituels influencés par la linguistique, la psychologie ou l'histoire littéraire ; encore en 2003, achevant de préfacer Une saison en enfer, il affirme passionnément que les écrits rimbaldiens ont été dès après sa mort la proie d'idéologies aussi autoritaires que réductrices. Il y a eu tour à tour, ou plutôt simultanément, et parmi bien d'autres, un Rimbaud catholique, un ésotériste, un marxiste, un autre « voyou », un autre encore, plus récemment, qui serait l'ami sinon le complice de ceux qui prônent qu'écrire, c'est travailler la langue, sans souci d'une réalité qu'ils disent simplement le décor de la mise en scène qu'est la langue.

S'y ressent bien une acrimonie envers les tendances de l'approche structuraliste et linguistique qui sévirent entre 1960 et 1980. Ici, un poète écrit sur sa relation quasi permanente à un autre poète, sur sa lecture qui est, non élaboration d'un cénotaphe, mais demande d'aide. Un modeste lecteur pourrait donc mettre ses pas dans ceux de l'auteur. J'y ai mis les miens. le chemin fut parfois ardu : la prose du Bonnefoy poète est parfois alambiquée.



À l'instar de beaucoup de ses confrères en poésie, il rôde autour du concept "poésie" avec des accents qui se rapprochent plus du religieux que du linguistique :

Que fut Rimbaud, cet esprit bouleversé dès l'adolescence par l'intuition poétique — laquelle ne s'apprend pas, étant quelque chose comme une grâce..?


Ce que je reprocherai à Bonnefoy, c'est d'être plus souvent dans le spirituel que dans le mental. Sans doute est-il un parmi les lecteurs à oser tenir compte de ce que Vitalie Cuif, la mère de Rimbaud, s'entend répondre quand elle demandeà son fils le sens d'une Saison en enfer :

J'ai voulu dire ce que ça dit littéralement et dans tous les sens.


Ce que montre bien Bonnefoy c'est l'effort, la lutte jusqu'à la folie et certainement jusqu'au désespoir pour un autre Bien, un nouvel Amour.


(à suivre)
Lien : http://grapheus.hautetfort.com
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Ce livre comporte plusieurs livres en un seul. En effet, il comprend tous les textes sur Rimbaud écrits par Bonnefoy depuis déjà un demi-siècle. On trouve donc des études qui ont pour vertu de prendre Rimbaud au sérieux : c'est-à-dire de lui rendre son sérieux le plus fondamental. Bonnefoy donne à voir l'étendue du pas d'un génie - ce génie qui continue à marcher plus vite que nos contemporains.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Il y a eu, en 1870, un très jeune Rimbaud, timide, débraillé, obsédé de mille désirs, qui allait désespérément dans ces rues sans espoir et sans amour. Il n'acceptait pas cette pérennité de l'ennui, et que tout avenir, tout possible eussent disparu devant cette gare n'ouvrant qu'à d'autres gares semblables, sous sa pendule au temps arraché. Il n'acceptait pas, comme sa petite sœur Vitalie, d'être réduit à compter, faute d'existence à vivre, les arbres des avenues.
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Et ce que je crois qu'en tout cas je puis dire de vrai, à propos de Rimbaud, c'est qu'aucun autre que lui ne m'aura requis en poésie par autant d'intensité, d'immédiateté, de proximité dans sa voix. Voix qui elle-même demande, voix qui affirme et bien sûr se trompe, mais se reprend, vit de se reprendre, portée, secouée par les deux grandes forces qui font que l'on est au monde, et Rimbaud l'aura été, malgré vite ses cris de désespoir : d'une part l'espérance, qui veut croire possible que l'existence soit un partage et donc que la vie ait un sens, d'autre part la lucidité qui déconstruit les illusions successives en quoi l'espérance s'enlise, mais aussi bien l'aide à s'approfondir, à se clarifier, à se faire, si je puis dire, espérance pure, irréductible dès lors à tout effondrement de ses tentatives.
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Je dois beaucoup à Rimbaud, peu de poètes auront compté pour moi d'une façon aussi essentielle, révélation de ce qu'est la vie, de ce qu'elle attend de nous, de ce qu'il faut désirer en faire.
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Espérance et lucidité , c'est le titre que j'aurais pu donner à ce livre (...) Mais j'en ai préféré un autre parce que m'alarme de plus en plus un certain déni que je vois qui se répand aujourd'hui de l'intuition proprement poétique , à cause d'une lucidité mal fondée dont la conséquence est un renoncement désastreux à l'espérance
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Videos de Yves Bonnefoy (31) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Yves Bonnefoy
Les derniers livres d'Yves Bonnefoy (1923-2016) expriment son désir de transmettre le legs de la poésie par-delà la mort. « Lègue-nous de ne pas mourir désespéré », lit-on dans L'heure présente (2011). Quant à L'Écharpe rouge (2016), c'est un « livre de famille » testamentaire en même temps que l'histoire d'une vocation : « Il se trouve que j'étais apte à me vouer à l'emploi disons poétique de la parole… » La Pléiade fut pour Bonnefoy l'occasion de porter sur son oeuvre un regard ordonnateur. Il choisit le titre du volume, Oeuvres poétiques, sans céder sur son désir de faire figurer au sommaire quelques textes brefs que l'on qualifierait spontanément d'essais. Tous les livres ou recueils poétiques, vers, prose, ou vers et prose, sont présents. Bonnefoy ne se reniait pas ; il a souhaité donner dans les appendices quelques textes rares. Il a voulu aussi que soit présente son oeuvre de traducteur, de Shakespeare à Yeats, de Pétrarque à Leopardi. Enfin il a ouvert à ses éditeurs les portes de son atelier.
« Le souvenir est une voix brisée, On l'entend mal, même si on se penche. Et pourtant on écoute, et si longtemps Que parfois la vie passe. Et que la mort Déjà dit non à toute métaphore. » L'heure présente, Yves Bonnefoy
À lire – Yves Bonnefoy, Oeuvres poétiques – Coll. La Pléiade, Gallimard 13 avril 2023.
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