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EAN : 9782356080448
142 pages
Editions de L'Escampette (19/05/2012)
4.11/5   14 notes
Résumé :
Elle ne meurt pas, elle s'éloigne jour après jour, se détache de la rive pour se fondre en des brumes au-delà desquelles se trouve peut-être une île lumineuse.
Son très vieux compagnon lui tient les mains, non pour la suivre mais pour la rassurer et lui transmettre jusqu'à l'ultime seconde des paroles de chair.. Des paroles d'amour, des paroles d'amour fou, car il ne s'agit que de cela, et l'on sait bien, dès les premières lignes de ce récit, qu'un jour Orphé... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Ce deux février, Georges Bonnet accompagne son épouse à sa nouvelle demeure, une résidence pour personnes âgées dépendantes. de petits oublis en longues absences, le diagnostic est tombé il y a six ans, Suzanne est atteinte de la maladie à corps de Lewy. C'est une variante de la maladie d'Alzheimer, plus cruelle encore, avec de fréquents moments d'agressivité et des délires paranoïaques. Pendant six ans, Georges Bonnet fut l'aidant et l'aimant de Suzanne. Inlassablement, il tenta de la ramener à lui, de la ramener à elle. Il fut sa mémoire et sa parole. Mais aujourd'hui Suzanne est trop loin. Les mots l'ont quittée. Elle est entrée dans sa nuit.

"Elle ne sait ni le jour, ni le mois, ni l'année, où nous sommes.
Sa montre ne quitte plus le tiroir de sa table de chevet,
car l'heure est sans importance.

Restent des moments de tendresse. Je lui dis que je l'aime. Elle répond : " Moi aussi ".
Nous sommes soixante-trois ans plus tôt, et nous allons nous marier.

On retrouve le ciel, et un peu de frémissement sans le temps, avec l'aide du jardin.

L'ennui n'existe pas.
Elle n'a ni regrets, ni espoirs.
L'instant est fait d'un petit rien."

Georges Bonnet passera dorénavant tous ses après-midis auprès de son épouse. Peu à peu il apprendra à se contenter de presque rien, d'un geste, d'un simple regard. Il apprendra à aimer le silence. Soixante ans d'amour, de complicité, de souvenirs partagés et puis la maladie qui efface tout, qui emporte l'autre à la dérive. L'autre est là mais ce n'est plus vraiment lui. Il est là mais il vous manque. Et quand les mots ne peuvent plus être dits, ne sont même plus compris, il reste la tendresse, ce langage des premiers instants.

"Entre deux mots la nuit" est fait de cette tendresse-là, qui ne sait plus si elle est amoureuse ou maternelle. Fragments plus que récit, presque poèmes, les textes retracent pour nous le lent effacement de Suzanne avec une infinie douceur. Car il n'y a plus de colère chez Georges Bonnet, plus de questions mais seulement de l'amour, un amour si grand qu'il permet de laisser partir l'autre.



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C'est l'histoire d'un homme âgé de plus de quatre-vingt ans dont la femme est atteinte d'une forme de démence (la maladie à corps de Lewy) qui ressemble beaucoup à la maladie d'Alzheimer : troubles de la mémoire récente, fugues, accès de violence au début puis le tableau s'aggrave. Il existe un médicament qui ralentit l'évolution mais ne guérit pas.
Un jour, cet homme est obligé de placer sa femme en maison spécialisée car il ne peut plus gérer tout seul. C'est un déchirement pour lui car ils sont mariés depuis près de soixante ans.
Il raconte son ressenti et l'évolution de sa femme au jour le jour comme dans un journal intime sous forme de poème en prose. Il dit sa souffrance de la voir s'éloigner peu à peu. Il vient la voir tous les après-midi et ils vont se promener dans le parc, regarder les arbres, puis reviennent pour le goûter.
Il lui raconte les évènements de leur vie commune, lui faisant répéter les souvenirs, puis les mots, les prénoms des enfants des petits enfants. Il lui parle du cèdre qui est dans leur jardin. Mais les choses vont peu à peu évoluer au fil de la progression de la maladie….

Ce que j'en pense :

C'est le premier roman de Georges Bonnet que je lis grâce à masse critique de Babelio et aux éditions « l'Escampette » que je remercie vivement car c'est un très beau livre.
Cet auteur a commencé à écrire sur le tard et surtout des recueils de poèmes, et ce livre qui son sixième roman est un long poème, un hymne à l'amour.
On devine que le héros du roman n'est autre que lui-même. Il s'exprime à la première personne. On sent toute la tendresse qui unit ce couple et l'amour très fort qu'ils ont partagé dans les bons moments et qu'ils partagent encore.
Il a une très grande sensibilité qui lui permet de sentir, deviner les moments de désarroi de son épouse. Il l'aide à chaque instant, en faisant travailler sa mémoire, tous les jours, en nommant les noms des enfants, des petits-enfants, en lui montrant les photos, en lui posant des questions sur leur vie d'avant pour entretenir au maximum les souvenirs afin de retarder le plus possible le processus de la maladie, de le rendre plus doux. On sent à chaque instant la force, la puissance des liens qui unissent ce couple.
Il décrit l'inexorable qui avance malgré tous ses efforts, cette femme qui lui échappe, qui est de plus en plus dans un monde parallèle, où il ne parvient plus à la suivre malgré son désir d'être en communion avec elle. Mais il est là tous les jours, attentif, attentionné et prévenant.
Il y a une très belle réflexion sur le temps, le temps qui passe, qui se ralentit qui ne n'est plus le même pour lui et pour elle. Nous respirons le même air, les mêmes choses s'imposent à nous, mais elle est dans un autre temps. P 77
Le jeu des mains aussi évoque toute leur tendresse respective mais il est aussi une façon de garder le contact, la mémoire du toucher, la mémoire du corps (les mains qui s'agitent sur le chemisier à la rechercher des boutons, puis qui s'agitent simplement dans le vide (est-ce un tic ou une tentative pour reconnaître son corps, le sentir ? pour rappeler que le corps existe encore) puis qui finissent par rester immobiles : elle devient absente dans le corps et dans la tête. Nos mains encore. La main écoute la main. Nos mains ont leur mémoire, et se comprennent. P 43
Le corps existe-t-il encore, est-elle encore quelqu'un, puisque le mental n'est plus que de la brume ?
Deux choses reviennent souvent dans le livre : le ciel bleu, qui est la vie mais aussi l'immensité, et les fenêtres qui sont des traits d'union avec la vie, les mots peuvent être des fenêtres ou des murs selon les cas. Une autre chose revient comme un leitmotiv : les feuilles qui bougent au gré du vent, puis qui changent avec l'automne, leur mouvement se ralentit….
L'auteur nous livre dans cet ouvrage plein de poésie une réflexion sur la mémoire, celle du corps, celle de l'intellect, sur la vie et sur le déclin qui aboutit un jour à la mort pour chacun d'entre nous.
L'auteur par ses mots à su me toucher, m'émouvoir, me conquérir, c'est le compagnon qu'on rêve d'avoir à ses côtés quand on est en souffrance alors lisez-le avec le coeur et laisser ce long poème entrer en vous comme par effraction pour un voyage qui apporte du bonheur.

Note : 9/10 c'est tellement dur de lui attribuer une note !!!!

Lien : http://eveyeshe.canalblog.co..
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Récit, poème : peu importe, réellement, la forme d'Entre deux mots la nuit. Seule compte cette voix bouleversante qu'emprunte Georges Bonnet pour évoquer la maladie de sa femme, la lente dégénérescence de sa mémoire, son absence – sa nuit- entre deux paroles qui se délitent.

Le texte avance par éclats, pour dire la douleur de devoir laisser sa moitié dans une maison de retraite spécialisée, tenter de justifier cet abandon médicalisé, que le coeur ne supporte pas, lui qui se remémore tristement le passé vif, joyeux, plein ; dire la descente aux enfers vécue à deux, l'un, impuissant, voyant l'autre disparaître, l'autre, régressant, jusqu'à ne plus se connaître.

Dire, inlassable, la lutte contre la lente désertion de sa femme par elle-même ; lutter, en convoquant dans un éternel présent celle qui n'a plus ni passé, ni futur, « immobile dans l'instant », tisonnant ses souvenirs (« je lui retrace la route du long apprentissage de notre bonheur » ; « je lui rappelle les paroles vieilles de vingt ans qu'elle me disait sous notre cèdre. Je colorie volontiers nos souvenirs. ») ; assister, impuissant, à la « sérénité de l'ignorance » de la malade, sans trop savoir si les mots, « la tendresse, toujours, inépuisable issue », lui parviennent ou ne sont qu'un ressassement pour s'apaiser, narrateur impuissant face à une déchéance programmée.

La suite par ici : http://www.delitteris.com/au-fil-des-pages/entre-deux-mots-la-nuit/
Lien : http://www.delitteris.com/au..
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Livre lu dans le cadre de Masse Critique :

Entre deux mots la nuit, est écrit comme un journal. Quelques phrases, à la suite les unes des autres, 140 pages durant. Mais peu importe puisque cette écriture est belle, poétique. le narrateur évoque l'effacement, la disparition progressive de son épouse atteinte d'une maladie proche de celle d'Alzheimer. Avec un narrateur dont on ne sait presque rien, une identification est inévitable à ses mots, à sa souffrance, à son amour aussi, exemplaire. Parce qu'entre deux mots la nuit, c'est avant tout un amour sans limite, qui s'amplifie devant l'autre qui y répond de moins en moins : "Je vis, je parle pour elle. Nous vivons deux en un." C'est aussi la croyance éternelle en un passé, en des souvenirs, grâce à ces mots qui aident à retenir le temps encore un peu devant la nuit de la maladie implacable : "Entre deux mots, j'attends comme un mendiant." L'éditeur le mentionne sur la quatrième de couverture et il est vrai qu'il est impossible de ne pas penser à ce narrateur en Orphée, plongeant en enfer pour tenter d'en extirper son Eurydice mais dont l'image s'évanouit, inexorablement, jour après jour.

Joli moment de lecture qui me donne envie de découvrir l'auteur en d'autres registres, merci Babelio.
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Le thème de ce récit poétique, la promesse de son style, le nom de l'éditeur m'ont immédiatement attirée. Hélas, la promesse n'est selon moi pas tenue. je suis déçue d'avoir trop espéré, peut-être.
En guise de voyage à l'escampette, je suis restée étrangement extérieure à ces fragments mis bout à bout, ces petits riens de la vie quotidienne que j'affectionne tant d'habitude. J'observais pour ainsi dire l'auteur tentant d'insuffler du quelque chose dans le rien, tentant de faire joli. Mais l'ensemble manque selon du liant qui pourrait me faire entrer en émotion. Peut-être est-ce une question d'état d'esprit, peut-être n'étais-je pas bien disposée ce jour-là...Dommage.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Un souvenir lui revient en confusion d’années.
Elle ne s’étonne pas de ses oublis.
La mémoire est un luxe…
…assis à table devant la fenêtre, nous faisons chaque jour des mots fléchés.
Je lui demande de me donner des noms de villes ou des prénoms commençant par une lettre de l’alphabet que nous choisissons ensemble. P 37
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Le temps est lent, comme grandissent les arbres, comme les fleurs persistent en leur savoir, comme les saisons au fil des années sont aimées de la pluie ou du soleil. P 42
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La fenêtre de la chambre est belle.
Elle est source d’évasion, un pouvoir lui est dévolu.
Elle rattache à la vie, est matière de mémoire, capte avec rigueur le ciel qu’elle s’attribue. P 30
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Après quelques détours, elle construit son nid, s’y abandonne. Si je lui parle, les passerelles que je lui offre, sont importunes.
Elle dispose de son ciel. P 90

c'est la dernière.....
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Je lui dis ma tendresse. Elle me dit la sienne. Nous partons pour un long partage.
Frôler un souvenir, c’est déjà beaucoup. P 50
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Videos de Georges Bonnet (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Georges Bonnet
"Entre deux mots la nuit" Georges Bonnet - lecture d'extraits .Lecture d'extraits par Marie Vullo et Pierre Moulias du livre de Georges Bonnet "Entre deux mots la nuit", éd. L'Escampette, lors de la soirée de lancement de "La Voix des lecteurs" le 14 juin 2013 au Moulin du marais (Lezay -79) © Centre du livre et de la lecture en Poitou-Charentes - Août 2013
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