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EAN : 9782070442720
112 pages
Gallimard (06/05/2011)
3.07/5   27 notes
Résumé :
Marguerite, prématurément vieillie et usée, délaissée par son mari qui lui préfère la vive et fraîche Isabellada, ne sait que faire pour reconquérir l’homme qu’elle aime. Malgré sa bonté et sa générosité, le combat est trop inégal... Mazza, douce et rêveuse jeune femme, mariée et mère de deux enfants, succombe au charme d’un arriviste. Aveuglée par la passion, elle se transforme en une criminelle sans merci pour s’enfuir avec son amant.
Dans ces deux textes m... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Deux des écrits de jeunesse de Flaubert sont ici regroupés. Et ce n'est pas de vieille jeunesse dont il s'agit, Flaubert avait 15 ans quand il a écrit Un parfum à sentir. C'est assez particulier pour moi de découvrir Flaubert par ce biais... car oui je fais partie de ces gens qui n'ont jamais lu Flaubert, ni Madame Bovary, ni l'Education sentimentale, ni Salammbô... Ca va, je n'ai pas vu de pierres voler, vous êtes bien urbains.

Le choix de regrouper ces deux histoires est lié à ce que ce sont deux femmes terrassées par la jalousie pour l'une et la passion pour l'autre dont parle ici Flaubert.

Dans Un parfum à sentir, Flaubert montre toutes ses maladresses de jeunesse. Il harangue régulièrement le lecteur, cherchant à lui faire confirmer ses propres emportements d'adolescent face aux injustices du monde qu'il découvre lui-même. Lui fils de médecin qui n'a sans doute jamais connu la misère, met son lecteur face à la pauvreté des baladins, des mendiants, des prostituées, celle qu'on ne veut pas voir quand on a pas tous ses soucis. ll prend gauchement pour héroïne une femme qu'il dénigre lui-même dans toutes les descriptions physiques qu'il en fait et la confronte en plus à la jeunesse et la beauté d'une rivale. La naïveté de l'auteur quand il s'excuse presque de ce contraste dans son avant-propos, sa fougue dans la découverte de l'écriture en fin d'ouvrage, ses emportements contre la morale et la bien-pensance religieuse sont autant d'éléments qui rendent cette lecture touchante sur bien des points.

Passion et vertu, dans sa description de la passion adultère d'une femme mariée tout d'abord fort sage semble être un entrainement à Madame Bovary (pour ce que je connais malgré tout du classique de l'auteur). Même si, comme dans la première histoire, Flaubert ne ménage pas les hommes en mettant en avant leur muflerie et leur insensibilité, c'est bien encore ici la femme qu'il place sous son microscope. Un instrument de loisir enfantin plus que scientifique car on sent bien la jeunesse de l'auteur ici encore. Le style semble malgré tout plus maîtrisé, ses dénonciations d'injustice ne passent plus systématiquement par des biais maladroits et sont même parfois bien amenées.

Il est toujours intéressant d'observer le talent futur au moment de sa naissance. Il n'est que bouton et deviendra bientôt fleur épanouie, nourrie des expériences personnelles de l'auteur qui, je n'en doute pas, l'auront aidé à devenir par la suite un des écrivains français les plus célébrés de son temps.
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Ce livre regroupe deux des premiers récits de Flaubert, écrits dans sa jeunesse, et quand je dis jeunesse, c'est entre 14 et 17 ans! Alors forcément, on pouvait s'attendre à ce que ce soit encore maladroit.
La première histoire se passe dans le monde forain, où Marguerite jeune mère déjà flétrie, abîmée par la vie et son mari (et le jeune Flaubert en met une sacrée couche quand il s'agit de décrire la décrépitude de la pauvre femme), voit ce mari se mettre sous ses yeux et sans aucun remords avec la belle Isabellada.
Dans la deuxième histoire, c'est de nouveau une jeune mère de famille mais cette fois-ci bourgeoise qui s'éprend d'un homme qui joue avec elle et compte ses conquêtes.
Dans les deux cas, Flaubert nous présente l'intrigue en connaisseur du monde avec toute l'intensité dramatique et gros effets dont un adolescent peut faire preuve en toute sincérité. Les deux femmes chutent irrémédiablement au fond du gouffre, dans une déchéance cruelle. Dans la deuxième histoire, Passion et Vertu, les allusions sexuelles m'ont vraiment surprises dans un dix-neuvième siècle relativement prude.
Outre le style grandiloquent et surtout naïf (mais ça reste du Flaubert, hein, donc c'est malgré tout vraiment très bien écrit!), je n'ai pas vraiment apprécié ces images complaisamment humiliantes de ces deux femmes.
Dans cette collection de Folio à 2€, il y a à prendre et à laisser, et ici c'était à laisser.
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Un parfum à sentir ou Les baladins: "Ces pages écrites sans suite, sans ordre, sans style, doivent rester ensevelies dans la poussière de mon tiroir, et si je me hasarde à les montrer à un petit nombre d'amis, ce sera une marque de confiance dont je dois avant tout expliquer la pensée.
Mettre en présence et en contact la saltimbanque laide, méprisée, édentelée, battue par son mari, la saltimbanque jolie, couronnée de fleurs, de parfums et d'amour, les réunir sous le même toit, les faire déchirer par la jalousie jusqu'au dénouement qui doit être bizarre et amer, puis ensuite ayant montré toutes ces douleurs cachées, toutes ces plaies fardées par les faux rires et les costumes de parade, après avoir soulevé le manteau de la prostitution et du mensonge, faire demander au lecteur : "A qui la faute?"
La faute, ce n'est certes à aucun des personnages du drame.
La faute, c'est aux circonstances, aux préjugés, à la société, à la nature qui s'est faite mauvaise mère."


Je ne peux mieux résumer cette nouvelle que Flaubert lui-même dans cet avertissement au lecteur. J'ai vraiment beaucoup aimé cette nouvelle de sa jeunesse (1836) dont je ne dirais certainement pas qu'elle est sans suite, ni style! le style est au contraire plutôt bon et m'a semblé très agréable à lire. Flaubert, comme il l'a dit lui-même, met en scène dans cette nouvelle tout ce que la misère et la jalousie, alliées au mépris et aux moqueries de la société face à la laideur et à l'infirmité, peuvent faire comme dégâts dans l'esprit d'une femme, comment ils peuvent la rendre aigrie et haineuse, le tout avec une très grande virtuosité stylistique.



On retrouve le même thème dans la seconde nouvelle, Passion et vertu: il s'agit cette fois d'une jeune femme fidèle à son mari et vertueuse que décidera de séduire un homme "à bonnes fortunes". Lorsqu'elle cédera finalement, se croyant aimée comme elle aime, sa passion grandira et lui fera progressivement oublier toutes les valeurs qui étaient les siennes: vertu, honneur, religion, famille, etc. Même lorsqu'il l'abandonnera, effrayé par cette passion et comme le lecteur s'y attend depuis le début, sa passion ne faiblira pas et deviendra au contraire de plus en plus destructrice.


Flaubert analyse à merveille dans ces deux nouvelles les effets que peuvent avoir la société et les passions sur un individu, avec un regard sans concessions.


NOTE: cela n'arrive pas souvent dans cette collection, mais coup de coeur pour la couverture!
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Peut-être est-il vrai qu'il force un peu le trait.
Sans doute est-il un peu emporté quand dans ces deux nouvelles, il dépeint la société de son époque, la bourgeoisie, la pauvreté, les femmes...
Il est enthousiaste et déchainé le p'tit Flaubert, du haut de ses 15 ans au moment de l'écriture. Peut-être pas encore le "grand" Flaubert (dis-je en amateur peu éclairé) ; mais assurément pointe déjà le brillant petit Gustave (dis-je en amateur sachant apprécier)....Car oui...j'ai apprécié !...
Texte colérique et beau, avec ces formules et analyses éclairées.
Ici, le portrait qu'il brosse de Marguerite, Mazza ou Isabellada est plutôt du genre Vitriolé. , et pas de jours heureux à l'horizon.

Amour rime t-il avec toujours ? Rien n'est moins sûr !
Ce qui est certain, c'est que passion rime avec destruction.
Qu'elles soient victimes du mépris de la société, de l'infidélité d'un mari, d'une passion aveuglante, du jeu malsain d'un amant ou d'une rivale bien trop jolie...qu'importe !
Qu'elles soient jeunes ou bien âgées, laides ou affriolantes, lucides ou aveuglées...elles sont victimes de l'Amour et de son désespoir...Point barre!
D'un Amour comme une gangrène, qui ronge...qui consume...et qui achève !


Sûrement un brin moderne sur un livre de Flaubert, (je l'aurai imaginé plus facilement pour la pochette d'un LP de "Cure") ; mais comme 'Amandine', gros coup de coeur pour cette superbe photo de couv'. Ca contrebalance un peu avec celle d "un coeur simple" (toujours chez Folio) représentant un gros coeur rouge façon déco de Noel, il faut bien le dire.....Bien Naze !!!
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Oulalà, le jeune Flaubert veut choquer les bourgeois, en parlant de choses immorales, et même impures et sales. Regardez comme il est transgressif, il parle de laideur, de vice, de prostitution - et en plus, il écrit le mot. Et son personnage principal est une femme grosse, laide et vieille - relativement, elle a quarante ans...
Bref, un texte d'un jeune auteur qui n'est pas encore un grand écrivain et qui pense qu'il faut décrire l'immoralité pour se démarquer. Mais en soi, le récit n'a que peu d'intérêt.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
La parade allait commencer. Quelques musiciens accordaient leurs hautbois et leurs déchirants violons, des groupes se formaient autour de la tente, et des yeux de paysans se fixaient avec étonnement et volupté sur la grande enseigne où étaient écrits en lettres rouges et noires ces mots gigantesques : troupe acrobatique du sieur Pedrillo.
Plus loin sur un carré de toile peinte l’on distinguait facilement un homme aux formes athlétiques nu comme un sauvage et levant sur son dos une quantité énorme de poids. Une banderole tricolore lui sortait de la bouche sur laquelle était écrit : Je suis l’Hercule du Nord.
Vous dire ce que le pierrot hurla sur son estrade, vous le savez aussi bien que moi, certes dans votre enfance vous vous êtes plus d’une fois arrêté devant cette scène grotesque et vous avez ri comme les autres des coups de poing et des coups de pied qui viennent à chaque instant interrompre l’Orateur au milieu de son discours ou de sa narration.
Dans la tente c’était un spectacle différent : trois enfants dont le plus jeune avait à peine sept ans, sautaient sur la balustrade intérieure de l’escalier, ou bien s’exerçaient sur la corde à la
Représentation.
Débiles et faibles, leur teint était jaune et leurs traits indiquaient le malheur et la souffrance.
À travers leur chemisette rose et bordée d’argent, à travers le fard qui couvrait leurs joues, à travers leur sourire gracieux qu’ils répétaient alors, vous eussiez vu sans peine des membres amaigris, des joues creusées par la faim et des larmes cachées.
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"Ah! Ah! C'est toi vieille sorcière !" Dit-il à une femme en haillons et dont l'aspect était misérable.
"Je ne m'attendais pas à te voir de si tôt. où était-tu donc partie ? Mais tiens, tu me diras ça plus tard. Entre Marguerite, nous representions maintenant, entre, tu vas nous servir ; tu vas sauter, entends-tu ? Fais de ton mieux."
Il n'y avait pas à répliquer ; pourtant elle se hasarda à lui dire : "Pedrillo, tu vois bien qu'ils vont se moquer de moi. Je suis mal habillée."
Elle voulait dire autre chose, mais elle n'osa.
"Entre, entre !"
Il le fallut. Mais aussitôt que les spectateurs la virent, un murmure s'éleva accompagné d'un rire moqueur, de ce rire féroce que l'on donne à l'homme qui tombe, de ce rire dédaigneux que l'orgueil en habits dorés jette à la prostitution, de ce rire que l'enfant souffle sur le papillon dont il arrache les ailes.
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Quant à ses enfants, la charité des hôpitaux les ramassera peut-être ; on les élèvera dans une crainte religieuse des autres hommes, on les séquestrera de la société. On leur donnera un habit s'ils ont froid, un morceau de pain s'ils ont faim.
Mais leurs larmes ?
Oh ! Elles resteront longtemps à couler sur leurs visages, elles creuseront leurs joues... Les enfants des riches en passant leur jetteront parfois quelque or bien brillant, avec un rire d'ironie.
Et puis, devenus hommes, ils machineront des crimes en haine de cette société qui les a maudits parce qu'ils sont les fils du maudit !
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Je ne sais si vous avez comme moi étudié tous ces visages grotesques, mais il y en a quelques uns dont l'auteur doit être bien athée et bien misanthrope pour réunir sur le même carton la ressemblance de la brute avec l'homme.
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_Passion et Vertu.

Elle fut effrayée de la longueur du temps, elle crut avoir vécu un siècle et être devenue vieille, avoir les cheveux blancs, tant la douleur vous affaisse, tant le chagrin vous ronge, car il est des jours qui vous vieillissent comme des ans, des pensées qui font bien des rides.
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Et si l'une des meilleures façons de plonger dans l'oeuvre d'un classique était de contourner momentanément ses romans pour découvrir sa correspondance, c'est-à-dire l'homme derrière la statue, l'homme mis à nu ?
La « Correspondance » de Flaubert, c'est à lire en poche chez Folio.
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L'Éducation Sentimentale

Fumichon, concernant la propriété, évoque les arguments d'un homme politique dont Flaubert parle en ces terme dans une lettre à George Sand: "Peut-on voir un plus triomphant imbécile, un croûtard plus abject, un plus étroniforme bourgeois! Non! Rien ne peut donner l'idée du vomissement que m'inspire ce vieux melon diplomatique, arrondissant sa bêtise sur le fumier de la Bourgeoisie!". De qui s'agit-il?

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