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EAN : 9782380823028
Anne Carrière (05/04/2024)
4.86/5   7 notes
Résumé :
Gustave Courbet est mort en 1877. Il est désormais un spectre. C'est Elle qui l'a rappelé sur terre, une jeune fille de quinze ans qui se revendique de sa lignée et réclame son droit à l'anticonformisme et à l'excès - surtout, la liberté de vivre sa grande histoire d'amour avec George, un garçon magnétique aux contours flous et parfois inquiétants. Gustave, condamné à errer entre deux mondes et à la suivre pour une durée indéterminée, devient le témoin de cette pass... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Je crois aux fantômes. Je crois que la mort ne sépare pas ceux qui s'aiment. Je crois aux histoires folles, intenses, trop intenses. Je crois qu'il est possible de tomber amoureux d'un tableau. Je crois aux rencontres improbables qui se produisent grâce aux livres. Je crois que la beauté peut nous sauver de tout. Je crois en la puissance des femmes. Des mots. Des images.

Il y a un peu de toutes ces croyances dans Saturation. le texte est porté par une voix célèbre, celle de Gustave Courbet, fantôme un peu cabot qui regarde avec tendresse la jeune femme qui découvre l'amour sous ses yeux. Un amour incandescent qui bientôt se teinte de noir et de boue. Et l'élan qui permettait l'envol disparaît. A terre, on s'enlise.

J'ai appris beaucoup de Gustave Courbet dans ce roman. Quand je visite un musée, je guette toujours deux artistes : Delacroix et Courbet. Parce que l'un comme l'autre décident de rompre les codes de leur époque et d'inventer autre chose. Je crois aussi beaucoup au pas de côté. A ceux qui décident volontairement de ne pas suivre le courant. L'autrice, pour autant, n'en fait pas trop, ne s'enfermant pas dans la biographie romancée. Très vite, les informations sur le peintre n'étaient plus qu'un cadre pour magnifier cette histoire d'amour toxique qui est au coeur de tout. Et cette histoire là est de celles que j'aime, indéniablement.

Et puis, il y a la musique. Pour moi ça compte. le rythme des phrases, certes, mais pas seulement. La musique tient un rôle essentiel dans le texte, la playlist en est la preuve, je la partage intégralement (@thanyrauz
approved).

Alors, voilà, il y a la peinture, la musique, l'amour, la vie dans ce roman. Un fantôme et une femme puissante. Tout ce en quoi je crois. En refermant ce livre, je ne dirai que deux choses.
Je crois en Gustave Courbet. Je crois en Thael Boost.
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Dans les yeux de Gustave

« Nous avons besoin d'amour et de fantômes pour espérer traverser cette existence avec force et exaltation »

D'amour et de fantômes, deux mots qui se promènent tout au long du deuxième ouvrage de Thael Boost. le fantôme, c'est le spectre de Gustave Courbet, ce peintre anticonformiste qu'Elle apprécie tant, celui en qui elle se reconnaît. Est-ce son modèle depuis qu'elle l'a rencontrée sur une couverture d'un livre ? L'amour, c'est celui qu'elle voue les yeux fermés à Georges, celui qui lui permet l'émancipation, le rêve et croit elle la liberté.

« Tu t'y soumets en toute liberté, avec la foi des pèlerins envers l'infini. »

Soumettre en toute liberté, est-ce à dire que l'amour rend aveugle ? Ou plus exactement, à l'instar d'un artiste, qu'il faut de nombreux essais, échecs (rupture et réconciliation) pour enfin être libre ? Est-ce accepter d'être qu'un faire-valoir par amour ?
Une question existentielle, une question fondamentale à laquelle Gustave essaie d'apporter sa contribution en regardant la vie d'Elle et de Georges, en comparant les désagréments ou les joies à sa propre oeuvre. Saturation est aussi une ode à la création.

« On confond souvent amour et possession. Cela ne signifie nullement que les deux ne peuvent coexister, ils ne devraient cependant jamais fusionner. Et surtout pas justifier l'une au nom de l'autre. »

Être libre, c'est aimer sans être possédé(e), c'est être capable d'oser saisir sa chance, d'être soi et non celle que l'on veut qu'elle soit. C'est peindre une toile que d'aucuns jugent blasphématoire, c'est s'opposer aux idées reçues, c'est des nuits qui ne sont plus hantées. Et c'est tenir le coup, avancer sans se retourner, sans regretter.
« Même dans une nature morte, le bois est plus vivant que ce que tu traverses durant cette période dans l'ombre de votre relation. »

L'écriture est aérienne, mélodique, poétique, littéraire. Elle dépeint les émotions, les joies et les doutes, elle fait baigner le lecteur dans une atmosphère, une bulle que l'on quitte à contre coeur en refermant l'ouvrage. Chaque chapitre est une contemplation d'une nouvelle oeuvre, des détails que l'on découvre, des indiscrétions sur sa création.

Une playlist musicale, des noms de chapitres Tableaux de Gustave, on n'arrive jamais à Saturation. On apprend, on s'enrichit, on réfléchit. 
N'est-ce pas là trois éléments majeurs de la lecture ? Assurément les ingrédients d'un très bon livre.

Saturation sort le 5 avril.
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Que penserait Gustave Courbet de notre époque ? Lui, l'anticonformiste, le scandaleux, le sulfureux, celui qui place l'origine du monde là où personne n'ose regarder ? Thael Boost l'imagine, parmi nous et aujourd'hui. “Sans doute aurais-je aimé peindre les visages éreintés des caissières face aux caddies vomissant leur contenu sur les tapis roulants.”

Mort en 1877, il apparaît dans ce livre sous la forme d'un spectre. Il décide, un peu par hasard, un peu par intuition, de s'arrimer à une jeune fille. “J'ai immédiatement su que tu pouvais te revendiquer de ma lignée et j'ai senti la catastrophe qui s'annonçait.” S'il s'adresse à elle dans ce récit, il ne peut qu'observer, fantomatique et impuissant, sa muse tomber amoureuse de George. À mesure que les années passent, l'amour devient passion, excès, abus. Jusqu'à saturation.

En chaque scène il imagine un tableau. Avec un vocabulaire un rien désuet, quelques expressions nouvelles et un brin de prétention pas forcément posthume, il pointe les similitudes - plus que les différences - entre les deux époques. “Une fresque de rue, comment vous appelez ça déjà ? Ah oui, un tag !”

La fréquentation des modernes offre aussi à Gustave un nouveau point de vue sur sa carrière, ses éclats, ses amours, ses regrets - “bon sang, j'aurais dû y penser de mon vivant !” -, son amitié houleuse avec Charles Baudelaire, mais surtout sur ses oeuvres, au rythme d'une toile par chapitre. le roman expose la fougue créatrice qui éclabousse, au-delà du peintre, au-delà de l'art, au-delà de l'au-delà, les âmes passionnées d'aujourd'hui en quête de liberté.
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Revenu d'entre les morts, Courbet est le témoin d'une histoire d'amour dont on aimerait qu'elle ne finisse pas mal (en général…). Pages après pages, tableaux après tableaux, c'est par son regard frondeur et l'expérience de sa vie d'insoumis que l'on suit l'histoire d'une jeune fille tombée en amour pour George le flamboyant. Dès les premiers instants il devine que le cadre sera trop petit et les couleurs trop fades. Mais comment la mettre en garde elle qui voit si grand et si intense ?
Il y a dans ce roman les émotions qui nous traversent quand on aime profondément, la passion, l'oubli de soi dans le don à l'autre, une croyance absolue en la force du couple. Mais qu'advient-il lorsque la peinture s'écaille et que le besoin de liberté s'impose ? Quel est le prix à payer pour passer du camp de « ceux qui restent » à celui de « ceux qui partent » ?
Saturation est un texte puissant, brillamment écrit, aux chapitres courts qui en disent longs sur nos fantômes invoqués ou assignés, sur les décisions douloureuses mais vitales qui nous rapprochent de nos aspirations les plus profondes. La double narration est fluide, l'effet miroir nous apparaît de manière évidente tout comme l'envie de se plonger dans les oeuvres de Courbet et dans sa vie d'anticonformiste.
Je referme le livre de Thael Boost et ce sont des paroles d'une chanson de Brel qui me trottent dans la tête :
« Rêver un impossible rêve
Porter le chagrin des départs
Brûler d'une possible fièvre
Partir où personne ne part
Aimer jusqu'à la déchirure
Aimer, même trop, même mal
Tenter, sans force et sans armure
D'atteindre l'inaccessible étoile »
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Tu l'as invoqué comme un ange gardien. Qu'il veille sur toi et cet amour avec George. le magnétique et énigmatique George. Doux et terrifiant. Toxique, George?

Tu m'as appelé pour que je veille sur cette passion naissante, moi Gustave, l'anti conformiste, le moderne, le féministe.

Homme du 19eme siècle, j'erre dans ce siècle inconnu, en pleine mutation, témoin de ton histoire.

Still loving you résonne, la femme au perroquet en toile de fond, la voix de Thael qui murmure à mon oreille le souvenir de Gustave, George et toi, la jeune fille amoureuse. J'ai adoré ce roman, contemporain et romantique. Saturation est un roman sur l'amour, une ode à la liberté, un très grand tableau ! Gustave serait fier !
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
L’autarcie est un régime politique délétère. Je n’aurais jamais pu peindre sans me nourrir du travail des autres. George t’aime, tu l’aimes, vous estimez que ces seules composantes permettent de s’affranchir de tout autre théorème. Tu as déjà lu nombre de romans dont les histoires d’amour tournent mal, tu continues à penser que vous ferez exception. C’est beau, cet aveuglement, cela ressemble à une fin du monde.
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