POLICE est là mise sous-tension de trois collègues, de trois policiers, qui se retrouvent, un soir, chargés de la mission d'escorter un réfugié à l'aéroport
Charles de Gaulle dans le but de son expulsion du pays.
Si le sujet traité par
Hugo Boris est évidemment d'actualité – souvent exposé du point de vue des victimes et donc de l'horreur de la chose -, il est ici pointé du doigt dans un huis-clos finement mené et surtout, très humain.
Les trois policiers ne sont pas présentés comme des bourreaux sans coeur, on apprend furtivement à connaître des fragments de leur vie, de leur passé, de leurs sentiments intérieurs aussi. Des images qui laissent transparaître beaucoup d'humanité (et de failles), tout autant que dans leur façon d'aborder leur mission nocturne et de se heurter à la réalité quant à l'expulsion de certains réfugiés.
La reconduite à la frontière du réfugié reste le sujet central du livre, mais la façon dont il est traité – en toile de fond parfois - laisse l'esprit de Virginie, la policière qui fait le plus office de personnage principale, se disperser vers des sujets personnels tels la maternité, l'adultère, la difficulté d'être une femme dans un monde d'hommes. Cette façon constante de s'éloigner du sujet du roman pour y revenir m'a énormément plu, on a réellement l'impression de se retrouver plongé dans l'esprit en pleine introspection de quelqu'un se retrouvant tiraillé par ses choix, ses valeurs et qui cogite sur les décisions à prendre, qu'elles soient immédiates ou non.
Avec ce huis-clos qui ne dure que le temps de quelques heures, d'une voiture de
police à un aéroport,
Hugo Boris prend le parti-pris de traiter le sujet des réfugiés d'un point de vue assez différent de celui que l'on peut avoir d'ordinaire. Ici, le réfugié ne participe pas réellement au cheminement internet de l'histoire, il n'est que la cause, la cassure dans la vie des trois policiers, celle qui les amène à remettre en question leur vie et leur métier. Ce point de vue ciblé sur la
Police est un parti-pris qui aurait pu paraître risqué si l'auteur ne l'avait pas abordé avec autant de finesse, de normalité et d'humanité. Un très bon roman sur le sujet qui, comme le laisse suggéré la typographie du titre du livre sur la couverture, nous permet, le temps d'un instant, de passer de l'autre côté du miroir, de l'autre côté de l'uniforme.
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