Quelle joie de se retrouver plongé dans le monde d'
Henri Bosco, de retrouver Pascalet et Gatzo, de rejoindre le mystère, l'obscurité, les peurs, l'inexplicable, les puissances secrètes et ténébreuses de la nature, bref l'univers de Bosco.
Nos héros, dont Pascalet est, à n'en pas douter, le reflet de l'auteur lui-même, attirés par l'ombre d'un renard fantomatique, la présence des Caraques dans l'île où fut séquestré Gatzo, l'enlèvement d'une jeune fille par ces bohémiens, vont tout faire pour la sauver de ces voleurs d'âme.
Car le renard autrefois tué est une âme triste qui a perdu « son paradis » cherchant un corps d'enfant pour revivre, et la jeune fille, sans doute
Hyacinthe, s'est vue dérober son âme.
Un lien uni les Caraques et le renard, un intérêt commun.
Rédigé dix ans après «
l'enfant et la rivière », «
le renard dans l'île » reprend l'histoire quelques temps après la première aventure.
Je voudrais profiter de ce billet pour faire part de ma perplexité : ce roman et bien d'autre de Bosco sont considérés comme littérature jeunesse, Gallimard le préconise même pour un lectorat de11 à 15 ans.
Pourquoi pas ? Mais
Henri Bosco l'a-t-il écrit véritablement pour ce public ? Pas sûr. L'auteur lui-même présentait « l'âne culotte » et «
l'enfant et la rivière » comme des romans pour enfants et adolescents certes, mais aussi pour les poètes.
En écrivant ce roman, comme il l'avouait lui-même, Bosco souhaitait revivre son enfance et en éprouver toutes ses joies, ses peines, ses peurs, et surtout ses songes avec la même intensité.
Et tant mieux si, en plus, cela pouvait toucher les enfants.
C'est parce que Bosco a su garder son coeur d'enfant qu'il écrit si joliment, si purement, avec cette grande richesse sensorielle, aux frontières du rêve et du réel, et qu'il sait entrer en communion avec ses lecteurs pour peu qu'ils aient su conserver cette fraîcheur.
Le fait de conter des aventures vécues par des enfants n'est pas gage de l'orientation jeunesse d'un roman ; « le grand Meaulnes » pâtit tout autant de cette étiquette, et pourtant quelle richesse que ces oeuvres.
Vraiment, je vous invite à plonger ou re-plonger dans ce monde et si d'aventure vos enfants vous le chipe, laissez-les faire…..