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EAN : 9782262070199
300 pages
Librairie Académique Perrin, Paris (18/10/2018)
4.17/5   3 notes
Résumé :
Les coulisses du Tribunal révolutionnaire, une plongée dans la Terreur !
Le 10 mars 1793, la Convention nationale instituait un tribunal criminel destiné à réprimer " toute entreprise contre-révolutionnaire " et " tout attentat contre la liberté, l'égalité, l'unité, l'indivisibilité de la République ". Installé dans le Palais de justice de l'île de la Cité, il allait faire comparaître plus de quatre mille personnes pendant seize mois, et en condamner près des... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Défendre la République

Cet essai historique sur le Tribunal Révolutionnaire est intéressant.

Plan de l'ouvrage :

- Naissance du Tribunal : justice politique
- le Tribunal en son palais : le palais de Justice, le personnel
- le Tribunal au quotidien : de l'arrestation au jugement
- Justice révolutionnaire et pouvoir politique
- Détruire le royalisme
- "La Révolution dévore ses enfants"
- Au temps de la Grande-Terreur
- La Terreur en procès

Ce livre présente les conditions de création du Tribunal Révolutionnaire (mars 1793), son fonctionnement, quelques procès, son personnel (du Président, au jurés, en passant par les commis), ses liens avec les comités de l'Assemblée (Comité de Salut public et Comité de Sûreté générale) et sa dissolution en 1795.

Il constitue une synthèse des travaux antérieurs effectués sur cet organisme par Emile Campardon, Henri Wallon, James Logan, Godfrey et Gérard Walter ; ainsi que d'ouvrages et d'études sur le système de terreur de Jean-Clément Martin, Olivier Blanc et Patrice Gueniffey.

Malgré ce que l'auteur affirme dans l'introduction, un parti pris idéologique est sous-jacent dans cet ouvrage, qui parle de Terreur, de Grande Terreur (ce mot a été inventé après la mort de Robespierre en août 1794), même si certaines réflexions le nuancent.

Institué le 10 mars 1793, après une proposition de Danton d'envoyer des commissaires dans les sections pour activer l'application de la conscription, car les parisiens étaient inquiets de partir aux frontières en laissant leurs famille seules, et exigeaient la création d'un tribunal d'exception.

Selon l'auteur, c'est Jean-Baptiste Carrier qui fait voter le principe de la création d'un nouveau Tribunal (sans références)

Il y eut avant ce dernier des tribunaux d'exception comme celui du Châtelet qui devait les crimes de lèse-Nation (créé après le 14/07/1789), ou la Haute Cour nationale à Orléans, ou enfin la Cour Martiale créée après la prise des Tuileries le 10 août 1792.

C'est toujours dans un contexte difficile, durant lequel des patriotes ont été tués, que s'établissent ces Juridictions d'exception, comme le rappelle l'auteur qui nous cite l'ouvrage de Vanessa Codaccioni pour qui la justice d'exception a une place centrale dans l'histoire pénale française. Il précise que cette Juridiction agit temporairement "dans un contexte de forte conflictualité politique et sociale, souvent marqué par la guerre, initiée et soutenue par pouvoir exécutif concentrant l'essentiel des pouvoirs au nome d'une défense considérée comme légitime" et le compare aux cours prévôtales de 1815 ou les cours martiales de Vichy !

Je ne souscris pas à cette comparaison, en 1793, il n'y avait pas de pouvoir exécutif, car seule l'Assemblée (la Convention) décidait. Les différents Comités n'étaient qu'une émanation de cette assemblée, composée de députés.

La description des bâtiments du Palais de Justice, situé sur l'île de la Cité, sont pertinents et assortis d'un plan (j'ai ainsi eut la preuve que j'avais prêté serment dans la salle du Tribunal révolutionnaire !)

J'ai apprécié, en juriste, le chapitre sur le fonctionnement de cette entité : entre la procédure (mandat d'arrêt, arrestation, travaux administratifs d'envoi des documents…), les délibérations, les jugements…
Il est à remarquer que nombre de procédures parsèment notre code pénal contemporain : l'instauration des jury populaire, la retranscription des actes et leur conservation...

Les jugements ne reprennent pas que les plus connus mais aussi de personnes anonymes, même si j'ai trouvé celui de Marie-Antoinette beaucoup trop long.

Le portrait d'Olympe de Gouges est idéalisé comme d'habitude (je m'en suis expliquée lors d'une précédente chronique)a ainsi que celui de Manon Roland.

Tant qu'au décryptage de la Loi du 22 prairial an II, dite Loi de "Grande Terreur" ! Elle n'a jamais été appelée comme cela pendant la Révolution. Les mesures exceptionnelles qu'elle prévoyait ne constituent pas une nouveauté (l'absence de défenseur existait sous l'Ancien Régime, voir la biographie de Robespierre par Hervé Leuwers) ; même si ce n'est pas une excuse, mais cette loi complétait les décrets de Ventôse qui prévoyait de redistribuer les biens des prévenus envers les nécessiteux.

Au final, la Convention thermidorienne rapporta le décret du 22 prairial, le 1er août 1794, modifia l'organisation du Tribunal révolutionnaire puis le supprima le 31 mai 1795, après avoir jugé Carrier et Fouquier-Tinville.

Il précise comme l'a écrit Bronislaw Baczko dans son essai, que la Convention thermidorienne était contrainte de démanteler progressivement les institutions répressives qu'elle avait elle-même mises en place, sans pour autant donner le sentiment qu'elle remettait en cause les nécessités du salut public et l'ensemble du dispositif juridique issu de la Révolution : un défi d'équilibriste !

L'auteur rappelle justement cette curiosité morbide d'une partie du peuple (le spectacle de la mort étant inscrit dans son quotidien depuis des siècles) et n'affabule pas sur les "tricoteuses". Il faut nous replacer au XVIIIe siècle où les exécutions et les supplices étaient publics (d'ailleurs, lorsque les parisiens virent pour la première fois une exécution par la guillotine, ils huèrent et demandèrent des morts plus spectaculaires !).

Il ajouté également que l'accélération des exécutions et les complots des prisons (à cause de quoi Lucile Desmoulins fut jugée et exécutée) sont des mises en scène du Comité de Sûreté général pour discréditer Robespierre, qui était absent du Comité de Salut public à ce moment-là.

il précise que ce sont les circonstances qui jouèrent un rôle déterminant (guerres intérieures et extérieures, complots, assassinats de députés (Le Peletier Saint-Fargeau, Marat) et les tentatives contre Collot-Herbois et Robespierre)).

Le tribunal n'était pas seulement une instance politique, car il connaissait des infractions contre-révolutionnaires, comme l'impression de faux assignats, vols, meurtres..

il eut à juger 5 215 personnes : la sentence de mort fut appliquée à 53,5 % des inculpés.

Une bonne synthèse sur le Tribunal révolutionnaire, malgré des défauts de références sur certains passages qui m'ont dérangée : Carrier qui fait voter le décret de création du Tribunal, Marguerite Roger de Chalabre étant une amie de Maximilien Robespierre

La Justice est révolutionnaire avant d'être justice (Frédéric Bluche)
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Durant toute son existence, le Tribunal révolutionnaire eut à juger 5 215 personnes : 2 791 condamnations à mort furent prononcées – dont 94 % avant la chute de Robespierre –, frappant ainsi 53,5 % des accusés.
Devenu dès l’époque thermidorienne le symbole même de l’arbitraire judiciaire, le Tribunal révolutionnaire a fait l’objet de la réprobation morale de la plupart des grands historiens de la Révolution du xixe siècle. C’est ainsi que, tout en reconnaissant que le tribunal avait été « sérieux par le péril et la grandeur de la crise » et qu’il avait été composé de juges qui « respectaient la conviction » au cours des premiers mois de son existence, Jules Michelet souligna que le décret du 22 prairial avait fini par le transformer en une juridiction « exécrable par sa rapidité furieuse1 ». Quelques décennies plus tard, Alphonse Aulard écrivit que « beaucoup d’innocents périrent » et qu’il y eut « des méprises effroyables ».
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Le Comité de sûreté générale eut tout particulièrement recours à un procédé consistant à s'appuyer sur des individus incarcérés dans les principales prisons de la capitale pour leur faire révéler des conspirations prétendument préparées par certains prisonniers contre la Convention.
La méthode révèle… sans doute celle de nombreux membres du comité de dresser l'opinion publique contre Robespierre en le faisant apparaître comme le seul responsable du renforcement de la terreur.
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Cette volonté des juges de rattacher un vol - certes d'une gravité exceptionnelle - (le vol du Garde-Meuble) à un complot contre-révolutionnaire est l'une des caractéristiques essentielles d'un procès de nature politique.
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Plus de deux siècles après les faits, il est avéré que Marie-Antoinette avait reçu les conseils secrets de Mirabeau, activement soutenu l'organisation de la fuite à Varennes, correspondu avec le député Antoine Barnave, disposé de fonds secrets, entretenu un réseau de d'informateurs, rédigé de nombreuses lettres de nature politique à ses frères, appelé de ses vœux la coalition des souverains européens contre la France et reçu aux Tuileries de nombreux conseillers dans le plus grand secret. La Révoltions n'avait été pour elle qu'une machination conduite par "une bande de factieux et de forcenés"
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Institué dans un contexte de guerre étrangère, de guerre civile et de tensions parlementaires, le Tribunal révolutionnaire de Paris s'inscrit toutefois dans l'héritage institutionnel légué par l'Assemblée constituante.
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Vidéo de Antoine Boulant
Storia Voce - 12 mars 2021 Le peuple à l'assaut du pouvoir (1789-1795) Christophe Dickès reçoit Antoine Boulant.
Dans ses mémoires consacrées à la Révolution française, le baron Paul-Charles Thiébault disait de la capitale qu’elle était un « sol volcanique dont les torrents de feu s’échappaient à la moindre secousse. » Or, une des expressions de ces torrents de feu est la fameuse journée révolutionnaire. Nous connaissons tous ce moment si particulier de la prise de la Bastille qui fu dans les faits une reddition… Il n’empêche, la prise de la Bastille est devenue un symbole dès les premiers jours mais est-elle pour autant l’archétype de la journée révolutionnaire ? D’ailleurs, combien existe-t-il de journées révolutionnaires et comment naissent ces moments si particuliers de cette période? Qui en sont les meneurs et qui en sont les organisateurs ? Comment les autorités, les élus, le pouvoir réagissent-ils ? Quels sont enfin les conséquences de ces journées ?
L'invité: Docteur en histoire, Antoine Boulant est l’auteur de nombreux travaux relatifs à l’histoire politique, institutionnelle et militaire du XVIIIe siècle, de la Révolution et du Premier Empire. Il a notamment publié une biographie de Saint-Just. L’archange de la Révolution, saluée par la critique, et La Journée révolutionnaire. Le peuple à l'assaut du pouvoir, 1789-1795 (Passés / Composés, 224 pages, 18€).
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