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3,83

sur 321 notes
Il est tentant de laisser son attention, déjà flottante, se diluer dans la parenthèse qui indique une rupture temporelle de quelques mois au coeur du journal de 1917 du docteur Poliakov, dans les espaces laissés en blanc avant et après - ainsi que dans la note de bas de page du traducteur :
"(Manque une vingtaine de pages arrachées du cahier.)*
* La plupart des biographes de Boulgakov estiment que ces pages manquantes ont pu correspondre au réactions horrifiées de l'auteur face aux événements révolutionnaires et au coup d'Etat bolchevik d'octobre 1917, impossibles à publier dix ans plus tard."
Par ailleurs, la partie journal peut rappeler le Journal d'un morphinomane (publié aux éditions Allia).
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Morphine de Mikhaïl Boulgakov
Hiver 1917, le docteur Bomgard vient de quitter son travail à Gorielovo un à plus tôt, un district perdu, pour l'hôpital du chef lieu de canton, il en est très heureux et quelques temps plus tard repense avec émotion mais sans regret aux mois qu'il y a passé. Or justement, au même moment il reçoit une lettre, datée du 11 février 1918, de celui qui l'a remplacé, le docteur Poliakov, une lettre aux tonalités dramatiques, il parle d'une »mauvaise, grave »maladie. Bomgard se prépare à partir, il connaissait bien Poliakov, il avait été son condisciple en médecine. Mais le temps qu'il se prépare une infirmière le prévient qu'un homme vient d'arriver en piteux état, il vient de se tirer une ballé dans la tête, c'est Poliakov qui meure quelques instants plus tard. L'infirmière remet alors un cahier à Bomgard, accompagné d'une lettre datée du 13 février 1918, c'est Poliakov qui a consigné l'évolution de son mal au fil des jours.
Bomgard va alors étudier ce qui a amené Poliakov à calmer ses douleurs morales et physiques par des injections de morphine et leur terrible résultat.
Très beau et très court récit plein d'émotions dans une Russie en pleine révolution. Boulgakov a sûrement tiré de ses expériences personnelles des éléments de cette nouvelle, il était médecin( et morphinomane)avant de devenir écrivain.
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80 pages.
Une plongée tranchante dans la psyché d'un morphinomane.

Le génie de Boulgakov, c'est d'arriver à rendre un texte si court aussi haletant, dévorant et sidérant.

Des mots dans l'urgence, une lecture désespérée et exaltante.
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Le début de la nouvelle est très brouillon, quasiment incompréhensible et très difficile à lire. Rares sont les phrases compètes avec sujet, verbe complément et point.

En revanche le sujet traité est interessant. C'est surprenant et ironique qu'un médecin devienne morphinomane.

Un peu déçue, cette nouvelle ne me donne pas envie de continuer à explorer l'univers de Boulgakov et de m'intéresser au reste de la littérature russe.
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Très courte histoire qui est, en fait, plutôt la publication d'un journal de bord d'un médecin morphinomane. On suit alors la descente dans la dépendance, le déni devant la simple évidence du bien que procure la dose. Puis une certaine impatience, une peur et une violence quant à l'incertitude d'avoir la dose nécessaire, mais toujours en clamant les "points positifs" de la drogue. Et puis voilà, un jour, ça commence à faire mal. A rendre méchant. A rendre agressif, impulsif, à rendre nerveux et dégénéré. Et c'est pire encore lorsqu'on s'en rend compte. La tentative de sevrage n'est pas relatée, parce qu'elle s'éclipse de la mémoire du drogué dès qu'il a à nouveau sa dose. Et puis il y a cette description du manque, ce qu'on ressent réellement, qu'on peut à peine imaginer, que l'écrivain tente malgré tout de nous l'inculquer. La rapidité du processus. Les doses qui grimpent.

Tout est raconté d'un oeil plutôt médical, assez détaché mais pourtant qui permet de comprendre comment le médecin tentait de se rassurer, de prouver qu'il a toute sa tête, qu'il gère ses doses. Jusqu'à ce qu'il avoue, après cpup, que non, il ne gère pas. Que ses écrits mentent un peu, selon qu'il ait écrit avant ou après sa dose. Il se repent parfois. Mais au fond, pourquoi résister? C'est cela, la vraie question, à la fin. Pourquoi justifier, cacher, arrêter. C'est intéressant, lu en moins d'une heure, pas vraiment le genre de livre qui transporte.
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Le début est étrange, voire brouillon. On est directement plongé dans le récit mais sans vraiment l'être. On a d'abord une sorte d'introduction, puis le journal de bord du personnage aux prises avec la morphine. C'est intéressant mais dommage que ça n'a pas été poussé un peu plus loin au niveau du ressenti du drogué. On sent qu'il souffre, qu'il délire, mais ça reste très superficiel.
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L'écrivain (et médecin) russe Mikhaïl Boulgakov nous met sous perfusion avec cette nouvelle addictive.

“Il serait très bon que les médecins aient la possibilité d'essayer sur eux-mêmes de nombreux médicaments. Ils auraient une tout autre idée de leur mode d'agir”

Ce journal d'un morphinomane nous renseigne sur le fait que les cordonniers sont souvent les plus mal chaussés. Les soignants eux-mêmes cèdent à la drogue, si facilement accessible, de nos jours le soupçon pèse encore sur les narines de nos étudiants en médecine comme de nos éminents chirurgiens…

L'auteur met en exergue un des ressorts psychologiques les plus déroutants de l'addiction, c'est la facilité avec laquelle on préjuge de nos propres forces, n'avez vous jamais entendu quelqu'un vous dire à propos de la cigarette par exemple “ah mais MOUA j'arrête quand j'veux”… de la même manière, le morphinomane se ment, ment aux autres, toujours demain sera la fin, encore un instant monsieur le bourreau pourrait-on presque l'entendre implorer. Tantôt pris d'un espoir et d'une résolution ferme de pouvoir s'en sortir, tantôt se complaisant dans une situation qu'il ne voudrait quitter pour rien au monde, comme chantait Amy “They tried to make me go to Rehab But I said no, no, no…”

Le lecteur se retrouve pris dans la seringue glaciale d'un talent littéraire total, empreint d'ironie et de suspense, une atmosphère tout à fait séduisante et efficace concourent à l'intensité de cette expérience de lecture.

Qu'en pensez-vous ?
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Morphine est une nouvelle quasi-autobiographique dans laquelle il est essentiellement question de l'addiction progressive et douloureuse d'un médecin à la morphine.

Russie, 1918

Dans ce récit court, cru et rapide, un médecin, Poliakov, appelle à l'aide un ancien collègue, Bomgard.

On apprend rapidement que Bomgard ne pourra pas sauver Poliakov. Il reçoit en effet peu après le journal intime de Poliakov qui le lui adresse comme une anamnèse après s'être donné la mort.

Ce journal intime s'insère dans le récit, créant par là une véritable mise en abyme (un récit dans le récit). A sa lecture on apprend la descente – en abyme ? – aux enfers de Poliakov : Morphine relate prestement le douloureux parcours d'un médecin qui tombe par quelques milligrammes ou centigrammes dans l'addiction à la morphine. Descente vertigineuse.

Peut-être devrais-je dire qu'il s'agit là d'un chef d'oeuvre du genre, que la morphinomanie y est limpidement décrite, concentrée sur le phénomène de manque qui transforme un médecin en un être faible et agité, en un homme obsédé par la recherche d'un apaisement, de plaisirs artificiels, et, qui le réduit, finalement, à ses seules supplications.

Trop court ? Trop rapide ? Un dénouement trop attendu ?

Peut-être suis-je passée à côté de quelque chose durant ma lecture. Car ce livre m'a ennuyée, il m'a si peu apporté que je devrais sans doute le relire ! Il ne répond à aucune de mes interrogations.
Lien : https://moncarnetlitteraire.fr
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Le temps s'est arrêté durant cette nouvelle de Boulgakov. Véritable descente aux enfers d'un médecin morphinomane durant cette cruciale année 1917. Si la lecture d'autres oeuvres de cet auteur russe ma laissé quelque peu sur ma faim, cette fois, c'est une autre chanson. Impossible d'en lâcher la lecture. Puissance des mots et des images. Décidément , les paradis artificiels ne sont qu' hallucinations.
Aux enfants de la chance... comme le chantait Gainsbourg.
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Russie, 1918. Un médecin se fait réveiller pendant sa garde à l'hôpital, pour tenter de sauver l'un de ses collègues qui vient de se faire sauter la cervelle… Mais pourquoi donc ? Quel mal incurable le rongeait ? Avec son dernier soupir, celui-ci lui lègue un cahier qu'il a tenu, une anamnèse, dans lequel notre narrateur trouvera les réponses à ses questions.
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Le titre nous dit déjà tout de l'addiction dont il sera question, mais seule la lecture du cahier restitué par le narrateur nous décrira par quelles épreuves le morphinomane est passé : d'une simple injection pour soigner une douleur ponctuelle, il trouve agréable l'apaisement physique qui en découle mais aussi mental, qui lui permet d'oublier une rupture récente, ainsi encore que l'efficacité de son cerveau débarrassé de toute douleur physique et mentale.
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Ne pouvant plus se passer de cette sensation, il devient vite accro : désagréable avec son infirmière qui s'en rend compte et le met en garde, roublard avec les pharmacies qu'il dévalise pour s'injecter sa dose quotidienne de plus en plus importante, inconscient avec sa propre santé physique (des infections apparaissent aux endroits des piqûres) et mentale (des hallucinations pourraient le mettre en danger ou ses patients). Mais il n'en a cure et refuse de se faire interner, car déjà il ne peut plus s'en passer.
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En seulement 40 pages, on a un bon aperçu de la rapidité de la descente aux enfers alors même qu'il s'agissait d'une personne avertie. En seulement 40 pages, l'ensemble reste pourtant assez léger finalement, trop pour que je me sente réellement à la place du personnage, à trembler avec lui. Surtout lorsqu'on sait que l'expérience était autobiographique, ce que je n'aurais jamais deviné si je ne l'avais lu dans la biographie de l'auteur.
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J'espérais, en l'ouvrant, que le sujet pouvait donner matière à divers effet de plume qui permettrait de vivre ce qui était décrit (comme l'a fait par exemple Benjamin DIERSTEN avec son personnage de flic sous médicament dans La Cour des mirages entre autre, ou dans un autre style Tom Wolfe décrivant les parties d'Acid test de Ken Kesey, etc…), ce qui n'a pas été mon cas.
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Peut-être le plus intéressant aurait été ces fameuses « pages arrachées » du cahier, sans doute les plus accablantes. Celles qui restent et qu'on nous livre sont cependant révélatrices des stades, paliers et ravages de la dépendance. Un témoignage somme toute assez factuel.
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« Mais il suffit d'un instant et la cocaïne dans mon sang, en vertu de quelque loi mystérieuse dont aucune pharmacologie ne donne de description, devient quelque chose d'autre. Je sais bien quoi : c'est le diable qui se mêle à mon sang. »
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