Au cours de cette descente vers la mort, c'est-à-dire dès maintenant, les dirigeants mafieux de notre monde moderne vont devoir se maintenir face à des populations de plus en plus nombreuses dont les conditions de vie sont de moins en moins tolérables, et sans illusions sur la nature de leurs gouvernants - alors que le terrorisme moderne prouve que cette illusion est nécessaire à la conservation du pouvoir actuel. Voilà qui promet des affrontements confus et de longue durée, mais où la victoire est impossible pour qui détruit ses propres bases à chacun de ses succès.
Dans l'autre camp, au contraire, pourront se faire, à chaque instant de cette longue guerre, les choix décisifs entre la servitude, le découragement, l'impuissance argumentée, qui conduisent de plus en plus vite à la mort, et le rejet d'un ordre du monde qui ne doit son maintien actuel qu'aux entreprises criminelles de gestionnaires mafieux.
L'incompétence de la police et des services de renseignements, incompétence proclamée par cette police et par ces services après chaque attentat terroriste, leurs mea-culpa récurrents, les raisons invoquées de leurs échecs, fondées sur l'insuffisance dramatique de crédits ou de coordination, ne devraient non plus pouvoir convaincre personne. Simplement, la tâche première et la plus évidente d'un service est de faire savoir qu'il n'existe pas ou, du moins, qu'il est très incompétent et qu'il n'y a pas lieu de tenir compte de son existence tout à fait problématique. Mais toute l'histoire de notre dernier siècle montre que ces services existent bel et bien et qu'ils ont toujours été très compétents et très efficaces. Ils sont mieux équipés techniquement qu'ils ne l'ont jamais été.
Car le triomphe de l'économie aboutit nécessairement à l'impasse suivante : ses succès détruisent les conditions mêmes de la vie, la sauvegarde de ces conditions exige des efforts de moins en moins supportables économiquement, et il y aura bientôt de moins en moins de richesses, humaines ou autres, à gérer. Le monstre économique meurt de son propre succès, comme le cancer qui envahit un organisme vivant et qui finit par mourir lui-même de l'épuisement terminal de sa victime.
Telle qu'elle est présentée par les responsables gouvernementaux, par les journalistes, par les policiers et par les terroristes eux-mêmes, la guerre menée par le terrorisme contre ses adversaires déclarés est tout à fait invraisemblable. Pour être crédible, cette histoire exigerait triplement et simultanément une excessive stupidité des terroristes, une incompétence extravagante des services policiers spécialisés dans la lutte antiterroriste, et une folle irresponsabilité des médias. Cette invraisemblance est telle qu'il est impossible d'admettre que le terrorisme soit réellement ce qu'il prétend être.
L'examen, même superficiel, des entreprises terroristes menées depuis plus d'un siècle nous révèle leur inefficacité totale selon les critères politiques affichés par les terroristes eux-mêmes. Y compris pour le terrorisme d’État. Ni les bombardements de Londres en 1940, ni ceux de Dresde ou d'Hiroshima en 1945, ni ceux de Bagdad avant l'invasion de l'Irak n'ont réussi à détacher les populations civiles de leurs gouvernements; bien au contraire, comme on pouvait s'y attendre. Il faut donc croire que ces attentats terroristes avaient d'autres objectifs politiques ...