- J'aimerais me confesser mon père, parce que j'ai péché.
- Je vous écoute mon enfant. Parlez moi de cette culpabilité qui vous dévore.
- Eh bien je viens de terminer
Kill the rich !, le dernier roman d'Anonyme, et comme à chaque fois j'ai adoré.
- Vous n'avez pas à vous en vouloir, bien au contraire. Lire est important pour se documenter, se forger des opinions, se cultiver.
- le problème c'est qu'il n'y a rien de tout ça dans les aventures du
Bourbon Kid et de ses compagnons Dead Hunters. C'est un défilé de grand n'importe quoi. Et tous les deux ans j'y retourne quand même, je ne parviens pas à me désintoxiquer.
- Vous devez vous pardonner mon fils, et vous autoriser à vous divertir de temps en temps. La lecture ludique après une dure journée de labeur peut avoir des vertus thérapeutiques. Moi-même je remplace parfois ma Bible sacrée par un petit
Diderot ou un
Montesquieu de derrière les fagots.
- Je crois que vous n'avez pas bien réalisé. Quand je vous dis que c'est barré c'est bien pire que tout ce que vous pourriez imaginer.
"La rumeur disait que le
Bourbon Kid et ses potes avaient tué le diable, Méduse, Frankenstein, le pape, les acteurs de la Planète des singes et d'innombrables autres entités surnaturelles."
- Ca a l'air un peu tordu votre truc là quand même, non ? Et ça ne m'a pas l'air politiquement très correct, commence à me rabrouer l'homme d'église, davantage sur la réserve.
- C'est pire que ça. Et en parlant de politique, dans ce tome une moitié des chefs d'Etat du globe se fait assassiner à quelques heures d'intervalle.
"Trente-six personnalités de premier ordre étaient mortes en une matinée."
- Effectivement...
- On va retrouver cette fois une cape d'invisibilité sacrée, un cirque tenu par des vampires, un gang de motards, un hypnotiseur de tueurs à gage et des hommes poissons. le plus grand complot du monde moderne nous sera révélé.
- Je commence à comprendre pourquoi vous êtes venu me voir. Je crois qu'un exorcisme s'impose.
- Jasmine continue de se promener tout le temps toute nue.
- Comme Eve.
- Et elle fait une gâterie à Dieu pour le remercier de l'avoir invitée à un match de basket.
- Blasphémateur ! Odieux lecteur ! Va vite laver ta vilaine bouche avec du savon !
Il était en train de devenir tout rouge et de s'étrangler d'indignation.
- Euh, mais c'est pas moi, c'est lui, murmurai-je.
- Qui ça lui ?!
- Ben l'auteur, Anonyme.
- Quelque chose à ajouter à votre liste bien trop longue de péchés ?
- J'adore le personnage de J.D.
- Ca je ne vais quand même pas vous le reprocher. C'est que vous êtes capable d'empathie. Il y a encore un minuscule espoir de vous sauver.
- Sûr et certain ? C'est quand même le plus grand tueur de masse, son sens tactique de l'affrontement consiste souvent en la formule :
"On n'a pas le choix, on va devoir y aller et buter tout le monde."
Dès lors, pour monsieur le curé, la seule absolution possible pour moi était d'aller conjurer le mal à la racine, de décapiter la tête pensante de la secte des lecteurs amusés du
Bourbon Kid, de faire preuve de patriotisme et d'abattre l'auteur qui sévit depuis 2006 et
le Livre sans nom. Cependant, je ne le ferai pas pour trois bonnes raisons :
- Je ne sais pas qui c'est.
- Je n'ai pas envie d'aller en prison.
- Plus que jamais j'ai compris que je les adorais tous ces héros un peu cartoonesques et stéréotypés, et que j'allais vite avoir envie de les retrouver. Et puis j'ai pris conscience également que derrière la légèreté des mises en scènes et le rocambolesque toujours en partie renouvelé, le travail de construction était gigantesque et a permis un suspense comme j'en avais rarement lu, ajoutant ainsi un chapitre supplémentaire à la légende déjà bien fournie du
Bourbon Kid.
A lire et à boire sans modération.