Chronique japonaise

Le père Valignano envoie au pape et à Philippe II une ambassade de quatre chrétiens japonais de bonne naissance et de bonne mine. Il les choisit jeunes pour qu'ils soient plus impressionnés par le spectacle qu'on leur prépare, et puissent témoigner plus longtemps des merveilles qu'ils ont vues. (...) En route, ces premiers Japonais à découvrir l'Europe se découvrent une passion qui sera pour le Japon plus durable que celle du Christ : la musique occidentale.

Celui qui n'accepte pas de commencer par faire l'apprentissage du moins est certain de perdre son temps.

Dans l’intervalle qui sépare ces deux trajets j’ai l’impression d’avoir été d’une certaine façon absent de ma vie. Je suis curieux de voir qui du pays ou de moi aura le plus changé.

"La façon dont un peuple explique son existence en apprend parfois aussi long que celle dont il la vit."

En quinze ans de persécutions massives, la chrétienté japonaise est détruite. On renie Dieu ou on meurt sur la croix, dans l'huile bouillante, dans la lave des volcans du Kyushu… cela avec un empressement, un courage, un mépris de ce bas monde qui édifient et médusent l'Occident. C'est que, dans l'éthique japonaise, mourir pour son seigneur est dans l'ordre des choses : même un vaurien connaît cette règle-là. À plus forte raison quand le Seigneur est déjà mort pour vous.

Une piqûre de guêpe sur un visage en larmes

Un pays même aussi frugal que le Japon ne peut pas vivre sans idées.

J’ai enlevé mes chaussures et foulé le sable en écoutant le cri gelé des mouettes, le ressac de vagues invisibles. J’avais 20 vingt kilomètres de plage pour moi, je me répétais : la mer... la mer, et j’étais content. Les plaisirs les plus simples sont les meilleurs.

Trois américaines mûres, solidement chapeautées, corsetées et équipées de caméras - de l'espèce qui vous digère en une journée une douzaine de temples et une ou deux résidences impériales sans même sentir leur estomac -, s'installent devant le fameux « Jardin de pierres », bien résolues à n'en faire qu'une bouchée.

Celui qui ici n'accepte pas de commencer par faire l'apprentissage du moins est certain de perdre son temps.