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EAN : 9782298045277
France loisirs (01/11/2011)
4.03/5   105 notes
Résumé :
Russie, 1915. Un acte de bravoure a fait passer en un instant le jeune Gueorgui de simple moujik à garde du corps du tsarévitch, le jeune Alexeï. Il quitte alors son petit village de Kachine et la rudesse du monde paysan pour les fastes du palais d’Hiver à Saint-Pétersbourg.

Désormais, son destin est lié à celui, tragique, des Romanov. C’est un nouveau monde qui s’ouvre à lui, côtoyant quotidiennement la famille du tsar et, surtout, la belle Anastasi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (31) Voir plus Ajouter une critique
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Depuis toute petite j'adore L Histoire et je suis fascinée par certaines figures historiques mythique comme c'est le cas pour Anastasia, fille du dernier tsar dont la mère porte en plus mon prénom. J'ai lu et vu nombre de romans et reportages sur sa famille mais face à l'enthousiasme de Steven concernant ce roman, alors qu'il est dans le même cas que moi, ça m'a donné très envie de le découvrir à mon tour !


Le titre déjà interpelle : La maison des intentions particulières, il est la traduction la plus proche du titre originel mais d'anciennes parutions l'avaient remplacé par La maison Ipatiev ou Ne m'appelle plus Anastasia, qui sont encore plus parlant, Ipatiev étant la dernière demeure des Romanov. La couverture, elle aussi, m'a interpellée avec cette femme vêtue de rouge au milieu de cette allée enneigée avec ce cheval prêt à faire demi-tour pour s'enfuir au galop. C'est une très belle composition.

Cependant ma lecture fut plus complexe que ce à quoi je m'attendais. J'ai d'abord eu beaucoup de mal à pleinement apprécier ce roman car j'en attendais autre chose. Connaissant plutôt bien l'histoire de la fin du règne de Nicolas II, je pensais vivre ces années / mois-là au plus près. Ce ne fut pas le cas. J'ai donc été perturbée en étant une spectatrice plus lointaine que prévu et qui plus est avec des trous assez importants dans la chronologie, ainsi que des libertés assez flagrantes.

Malgré tout j'ai passé un très bon moment. Pourquoi ? Parce que l'auteur fait vraiment oeuvre de romancier. Il nous propose une histoire inédite qui se traduit par une double temporalité que j'ai adoré, en mode "Malgré Tout" (la BD) où le temps s'écoule à reculons jusqu'au moment clé d'un côté, et en mode je m'introduis dans la grande Histoire à l'aide d'un petit personnage de l'autre. C'est une belle idée pour revisiter un mythe déjà connu et rebattu.

Le narrateur de cette histoire, celui grâce à qui celle-ci vaudra le coup, c'est Gueorgui Yachmenev, un jeune paysan russe, qui suite à un concours de circonstance va se retrouver parmi les très proches de la famille impériale pour assister à leur chute. A ses côtés, nous allons découvrir la vie de la paysannerie en Russie au début du XXe siècle, puis la vie des domestiques à la cour impériale, et enfin la vie intime de cette famille si éloignée de nous : les Romanov, dont les époux se surnomment entre Nicky et Sunny, et dont les enfants aiment bien faire des frasques dans le dos de ceux qui les surveillent et protègent. L'auteur nous propose une vraie incursion dans les coulisses de cette grande Histoire.

Mais paradoxalement, ce n'est pas la partie de l'histoire que j'ai préféré. Non, moi ce que j'ai aimé, c'est le récit de Gueorgui adulte qui raconte à reculons son exil avec sa femme Zoïa, de leurs vieilles années à l'heure actuelle, jusqu'au tout début de cet exil en 1918. A travers ce récit, nous allons voir comment ce couple si soudé va surmonter ou pas au fil des décennies les traumatismes de cette Révolution qui va arriver peu à peu sur l'autre ligne temporelle. Nous allons les découvrir dans le Londres présent avec une Zoïa malade, avant de remonter peu à peu dans le temps tandis que leur couple affronte bien des souffrances : tromperie, deuil, perte d'enfants, tentative de suicide, perte d'amis, etc. C'est une vie bien rude qui nous est contée dans un contexte historique riche puisqu'ils ont également connu la Guerre froide, la chute de Lénine, la Seconde Guerre Mondiale et l'ostracisme des Russes, mais aussi la montée de l'extrême-droite en Europe. Leur histoire devient au fil des chapitres aussi riche qu'émouvante avec un Gueorgui pierre angulaire de celui-ci, alors on lui pardonne ses débuts peu crédible et leur fuite improbable.

Cependant, à vouloir raconter tout cela, l'auteur a dû faire des choix, des impasses et c'est notamment dans le récit passé de ce qu'ils ont vécu que cela pêche le plus, l'autre fil scénaristique n'en souffrant pas vu que conçu comme ça avec ces bonds dans le temps. Ainsi si j'ai ressenti de l'attachement pour le couple Gueorgui-Zoïa adultes, ce ne fut pas du tout le cas avec leurs pendant jeunes, ni avec la famille du Tsar. A force de ne nous raconter que quelques instantanés de vie, je n'ai pas ressenti d'attachement particulier pour ceux-ci et je n'ai pas vraiment perçu ça comme un drame que la Révolution les renverse. Il y a même un certain parti pris historiographique pas forcément très juste, ni honnête, envers Nicolas et Alexandra qui m'a agacée, celle-ci étant transformée en la Marie-Antoinette russe, ce qui ne fut pas forcément le cas...

La maison des intentions particulières fut donc une riche lecture mais pas sans défaut. J'en ai aimé l'audace narrative avec cette double ligne temporelle dans l'avancement et le recul se croisent. J'ai été profondément émue par le narrateur âgé et sa femme et leur parcours de vie après le grand drame de l'Histoire. Mais, ce fut justement la partie historique qui a pêché pour moi, manquant de détails, manquant de justesse, ayant trop de parties pris et prenant trop de liberté malheureusement sur un sujet que je connais. Ce ne fut donc pas la pleine réussite que j'attendais mais tout de même un très joli moment.
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Pour moi, l'histoire des Romanov a toujours signifié un destin tragique et une quête perpétuelle de réponses. Depuis des années, je suis fascinée par cette famille qui a perdu la vie de manière si cruelle et sur qui on a rejeté toutes les fautes... Alors quand j'ai découvert ce livre qui mêlait histoire et roman, je n'ai pas hésité une seule seconde à me plonger dedans.
Et je dois dire que les premières pages ont donné immédiatement le ton du reste du roman... Rien qu'en les lisant j'avais déjà le coeur opprimé, meurtri et des larmes me montaient aux yeux, ça promettait pour la suite...
En effet, le titre est assez évocateur de ce qui se passe dès les premiers chapitres et j'ai malgré moi tout de suite deviné de qui on parlait, ce qui je dois l'avouer est un peu dommage ; j'aurais préféré découvrir la vérité beaucoup plus tard, mais comme dit précédemment, le titre nous met sur la bonne voie immédiatement.
En lisant chapitre après chapitre, j'ai été un peu déboussolée par ces différents sauts dans le temps, mais cela ne m'a pas empêchée d'aimer découvrir la Russie des Romanov, la vie au palais et dans les campagnes durant la guerre... ni de suivre les aventures de ce petit fermier devenu un homme assez important pour la famille royale... Effectivement, le fait de se retrouver d'abord en 1981, longtemps après la fin de la Première Guerre Mondiale, pour nous décrire les affres de la vie avec certains détails du passé, puis de retourner encore plus loin dans ce même passé sans nous en dire plus sur ces détails, mais en en rajoutant d'autres est assez déroutant je trouve : j'ai souvent dû faire marcher ma mémoire pour me souvenir d'un indice en corroborant un autre... Même si j'ai beaucoup apprécié que tout ce qui se passait en Russie soit dans l'ordre chronologique des choses alors que le reste semblait être le contraire et se rapprocher de plus en plus de la période russe 14-18.
Les personnages m'ont, pour certains, beaucoup interpellée : je déteste toujours autant Raspoutine et ses soi-disant pouvoirs obscurs qui lui ont permis d'être bien vu dans l'entourage de la tsarine Alexandra ; je n'apprécie toujours pas cette dernière pour s'être laissé embobiner comme une jeune femme libidineuse par cet homme obscur ; j'ai de la peine pour le petit Alexeï, tsarévitch en devenir, mais trop fragile pour mettre le nez dehors et se dégourdir les jambes ; les soeurs aînées d'Anastasia m'ont paru toutes plus insouciantes les unes que les autres, se fichant royalement des autres et se préoccupant que de leurs petits plaisirs et leur confort royal (sauf peut-être Marie...) ; Anastasia est celle qui m'a le plus touchée, car même si elle adore sa famille elle ne désire pas vivre dans tout le luxe que lui confère sa position, lorsqu'elle sent que les choses vont bientôt changer elle prend peur, se pose plein de questions sur son avenir... ; le tsar est également un personnage que j'ai aimé découvrir et que j'ai appris à apprécier : malgré la guerre il ne veut que le bonheur de sa famille et de son peuple, même si ses décisions n'ont pas toujours été les plus perspicaces (comme déléguer son pouvoir à la tsarine lorsqu'il était à la tête de l'armée !). D'un bel homme fringant, plein de vie, il est devenu un vieux monsieur croulant sous le poids des responsabilités, de la peur et de ses échecs... Je me suis surprise à souffrir en même temps que lui quand il a signé son abdication, la fin d'une dynastie vieille de plus de deux cents ans se terminait avec lui...
Gueorgui est un garçon de la Russie campagnarde et même s'il n'a aucune reconnaissance de la part de son père, il espère bien pouvoir lui plaire un jour prochain. Mais c'est sans compter sur sa bravoure (ou son idiotie) puisqu'en sauvant un membre de la grande famille des Romanov, le voilà direct envoyé à Saint-Pétersbourg pour protéger le tsarévitch... Moi qui pensais que rien ne pourrait corrompre ce jeune homme, quelle idéaliste je suis ! Sa soeur lui demande de l'aide, que fait-il ? Il lui ment et la renvoie dans sa famille sans aucune gène ni pitié pour elle ! Tout ça pour quoi, parce que le palais royal était son territoire à lui et qu'il ne voulait pas que sa soeur vienne y empiéter ! Son instinct lui dit de ne pas faire confiance ni écouter un seul des mots que dit Raspoutine, au lieu de ça lorsqu'ils se retrouvent seuls tous les deux, il boit littéralement ses paroles et irait même jusqu'à lui faire un câlin ! Quel crétin sans blague ! Il est tellement innocent que tout ce qu'il ressent se voit sur son visage ; quand il a appris que le tsar avait été arrêté, il n'a pas pu contenir sa colère et s'est retrouvé avec des ennuis sur les bras puisque beaucoup de ses anciens camarades étaient ravis de cette capture pendant que lui fulminait et jurait son allégeance au tsar, la personne qui l'avait sauvé de sa vie miséreuse : il doit donc s'enfuir dans la forêt pour rejoindre Saint-Pétersbourg avant de se faire attraper par les gardes... Heureusement qu'il est plus discret quant à ses sentiments et sa relation avec la grande-Duchesse Anastasia sinon on aurait vraiment craint le pire ! Des fois, je me dis, au fil de ses histoires et de ce que je lis, qu'il aurait peut-être mieux valu qu'il reste dans sa campagne et ne connaisse jamais le faste du luxe... Je pense qu'au regard de tout ce qu'il a vécu, en particulier la dure réalité de ce que représente la guerre : ses souffrances, ses peines, ses incertitudes... ont fait de lui l'homme qu'il est devenu en fuyant son pays : un homme fidèle (autant à son amour Zoïa qu'à la famille Romanov et particulièrement le tsar et le tsarévitch), passionné (il aime les livres et apprendre en les lisant)... mais avant tout il reste un fier russe !

Après avoir terminé ce livre, je peux dire qu'il m'a beaucoup marquée dans sa véracité et parfois sa dureté de ton mais à quoi pouvais-je m'attendre d'autre lorsqu'il est question des Romanov et de la Russie de 1914-1918 me direz-vous ? Je conseille donc absolument ce livre si vous voulez apprendre des choses sur cette illustre famille tout en voyageant dans les coeurs de deux adolescents, adultes puis vieillards amoureux comme au premier jour...

Pour que jamais une telle horreur ne se reproduise...
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Pour l'anecdote, ce roman devait faire partie de ma wishlist de Noël mais lorsque j'ai relu son alléchant résumé et à cause – ou grâce – à la limite des stocks disponibles ainsi que du fait de mon impatience légendaire, j'ai décidé de ne pas prendre de risque et de me l'offrir dès maintenant. Sans surprise et une fois lecture faite, je suis plus que content de ne pas avoir attendu et de posséder un tel trésor – synonyme de coup de coeur – dans ma bibliothèque.

Pourtant, lorsque j'ai débuté ma lecture et même si j'ai dès les premiers pages été complètement happé par l'histoire contée avec simplicité par John Boyne, je ne m'attendais pas à ressortir de cette lecture aussi triste que mélancolique et avec le coeur si lourd et piétiné. L'auteur m'a tout simplement fait vibrer et inconsciemment, je me suis totalement attaché aux personnages présentés dans cette oeuvre dans laquelle j'y ai laissé un bout de moi. Il faut bien admettre que ce dernier détient un style accrocheur et totalement pertinent. Sans être des plus singulière, sa plume n'en est pas moins percutante et détient un je ne sais quoi des plus séduisant et émouvant à lire. C'est pourquoi, il m'a été difficile de lâcher ma lecture et de faire mes adieux à Zoïa et Gueorgui, ce couple aussi attachant qu'émouvant à découvrir et dont la vie n'aura pas été de tout repos. J'ai adoré détenir tous les tenants et les aboutissants de cette dernière et étonnamment, j'ai aimé les deux temporalités dévoilés. Quelle ne fût pas ma surprise de découvrir une telle construction et alors que je craignais de ne m'intéresser et de n'accrocher qu'à celle dédiée à la Russie d'antan ainsi qu'à cette autocratie portée par le dernier Tsar, Nicolas II, ce ne fût pas le cas. Finalement et qu'il s'agisse du passé ou du présent, chacune des histoires merveilleusement dessinées m'ont totalement charmé et convaincu. Mieux encore, les deux finissent par s'imbriquer avec une étroitesse et une symbiose remarquable et grandiose. Ainsi, John Boyne maîtrise avec brio et efficacité la construction de son oeuvre qui se dévoile subtile à souhait et d'une finesse louable. C'est pourquoi, je me suis laissé porter par cette dernière et même si j'ai très rapidement découvert la finalité de cette dernière, je suis plus que comblé par celle-ci qui a le mérite de me laisser le coeur lourd, la gorge serrée et les larmes aux yeux.

Bien entendu et bien que basé sur des faits réels, ce roman est davantage une fiction qu'une authentique biographie de l'histoire des Romanov. Pour autant, l'auteur parvient à réaliser une intrigue plausible et palpitante à suivre. Ainsi, de l'arrivée du fermier Gueorgui au palais impérial, à la chute de cette impressionnante famille, j'ai été transporté corps et âmes dans un savoureux et délicieux mélange de réalisme et d'invention dans lequel la limite est si fine qu'elle en devient quasiment invisible. Cet exaltant et grisant sentiment – que j'avais déjà ressenti avec le Journal Secret de Charlotte Brontë de Syrie James – me laisse à chaque fois stupéfait et admiratif du travail de l'auteur et totalement pantelant et bouleversé face à une telle réussite. A tel point que, pour mon plus grand plaisir, j'ai totalement perdu mes repères et je ne savais plus qui disait quoi, qui disait vrai. Ainsi, cette lecture m'a totalement emporté et littéralement subjugué. Je me suis laissé immerger par l'histoire de cette famille qui me passion toujours autant et qui laisse derrière elle bien des mystères dont John Boyne est parvenu à s'inspirer et combler avec simplicité mais non sans efficacité. Sa fiction se dessine et se dévoile presque réelle et authentique et n'a cessé de m'émerveiller. Cet émerveillement est avant tout dû à l'ambiance générale de la Maison des Intentions Particulières ainsi qu'à ses personnages. En effet, l'atmosphère de cette oeuvre se dévoile d'une mélancolie pure et saisissante, à la limite de la tristesse. Tandis que ses personnages se démontrent des plus attachants et des plus empathiques. Malheureusement, je ne peux les détailler davantage pour ne rien dévoiler alors que j'ai tant de choses à en dire. Simplement, j'ai plus qu'adoré les suivre dans leur périple et découvrir, en même temps que ce bon et courageux Gueorgui, l'envers ainsi que les coulisse de cette riche vie impériale. C'est pourquoi qu'il est totalement réducteur de présenter ce roman comme une simple romance du fait qu'il renferme beaucoup plus que que cela. L'auteur décortique et analyse, certes d'une manière brève et succincte, les us et coutumes de la Russie et plus précisément ce que fût la fin de la famille de Nicolas II et du règne des Tsars. Ce dernier offre ainsi un très large aperçu des enjeux politiques de cette époque tout en évoquant aussi tant d'autres sujets comme celui de la guerre et de ses conséquences sur la population ouvrière, par exemple. Cette lecture se dévoile ainsi aussi riche que divertissante à parcourir.

C'est simple et pour vous situer, cette savoureuse lecture, dont je me suis délecté avec entrain et avidité, se situe entre la magnifique adaptation Anastasia et la pertinente biographie de Jean des Cars. John Boyne allie histoire et fiction avec finesse et offre un récit palpitant et poignant, rythmé d'un style efficace et d'une plume mélancolique à souhait qui ne m'aura pas épargné un seul instant. Ainsi, c'est le coeur lourd et serré que j'ai tourné la dernière page de cet incroyable et saisissante lecture.

Cette lecture a été réalisée à l'occasion du Cold Winter Challenge 2021 : Menu Cocooning hivernal – Catégorie Bonhomme en pain d'épices.
Lien : https://mavenlitterae.wordpr..
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En 1981, à plus de quatre-vingt-deux ans, Gueorgui Yashmenev se remémore son enfance dans sa Russie natale. Il y a plus de soixante années qu'il n'a pas revu un seul membre de sa famille d'origine. La Russie, Gueorgui Yashmenev l'a quittée en 1918, avec sa compagne Zoïa, pour se rendre en France où il l'épousa. Ils se sont finalement installés définitivement en Angleterre en 1923, où Gueorgui fut employé à la bibliothèque du British Museum, jusqu'à sa reraite. Depuis, il est devenue un lecteur assidu de ladite bibliothèque.

En 1981, Zoïa, l'amour de sa vie, est en train de s'éteindre doucement dans un hôpital londonien …

Tout a commencé en 1915, alors qu'il avait un peu plus de seize ans, quand il sauva la vie du Grand Duc, cousin du Tsar Nicolas II et qu'il devint - en récompense - le garde personnel du Tsarevitch Alexei (tout juste âgé de onze ans et frère d'Anastasia qui en avait quinze) dans la belle ville de Saint-Pétersbourg.

L'auteur nous emporte, au fil des chapitres de son intrigue, vers l'histoire un peu “re-visitée” de la Russie et de sa révolution, vers les joies et les tragédies qui ont jonchées le chemin de vie peu banal de Gueorgui et Zoïa. Et l'ombre de la Grande Duchesse Anastasia, fille préférée du Tsar Nicolas II, plane en permanence sur ce long récit …

Moi qui avais tant aimé les sagas russes de l'inoubliable Henri Troyat au cours de ma jeunesse, je ne pouvais passer à côté de cette histoire ! La lecture du roman de l'écrivain irlandais John Boyne fut donc un réel plaisir et une belle détente.
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Avant de commencer ce roman, il faut connaître une petite partie de l'Histoire Russe: celle de la famille Romanov, qui aboutie à l'un des plus grands mystères du XXe siècle et qui est le point central du récit. Walt Disney en a fait un très beau dessin-animé, John Boyne nous livre ici sa version du mythe. Ceci dit, je dois vous avertir que connaître cette Histoire vous spoilera automatiquement.

Ne m'Appelle Plus Anastasia est un roman qui m'a passionnée. Il est raconté de manière très touchante, puisque le narrateur, Gueorgui Daniilovitch Yachmenev, bibliothécaire à la retraite, est un vieil homme fou amoureux, au chevet de Zoïa, sa femme mourante, nous racontant petit à petit ses souvenirs, en alternant avec le présent qui recule de plus en plus dans le passé à mesure que l'on avance dans le livre (on passe, par exemple, de 1981 à 1979, puis 1970, 1953, ...). C'est une construction étonnante qui marche bien !
Il nous plonge donc dans son enfance, son adolescence, jusqu'à ce jour où tout a changé pour lui. Jusqu'à ce jour où il a sauvé la vie du grand-duc Nicolas Nicolaïevitch, commandant des armées russes, cousin du tsar Nicolas II à qui il va être recommandé. En effet, va lui être incombé la tâche de protéger le tsarévitch (fils du tsar, pour les non-avertis) Alexeï Romanov, cet enfant précieux pour la Russie et terriblement fragile.
On découvre Gueorgui jeune homme, tombant amoureux de la mauvaise personne - l'une des filles du tsar - et rencontrant de nombreux personnages: la famille Romanov, évidemment, qu'il côtoie quotidiennement, puisque son métier est de surveiller à chaque instant le fils du tsar; des princes, des duchesses, mais aussi de plus sombres personnes telles que Raspoutine (décrit d'une telle manière que j'en ai eu des frissons).
On est confronté aux préjugés de la guerre, on voit des manières de vivre radicalement opposée, et on prend parti pour les Uns ou les Autres. On découvre une patrie et ses spécificités...

J'ai aimé la manière qu'à John Boyne de décrire au fil des péripéties une histoire d'amour profonde, pure, puissante, sans que l'on puisse vraiment qualifier ce livre de "romance". Je le répète, c'est extrêmement touchant de décrire ce vieil homme au travers de chaque étapes de sa vie.
Grâce aux détails apportés aux paysages et à l'atmosphère globale, je me suis sentie Russe, et ça a été un voyage magnifique.
Ce roman est passionnant, les personnages sont intéressants, et l'histoire est sublime mais Ô combien triste, environnée de beauté et de mélancolie.
C'était une très belle découverte.
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Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
" Où irons-nous ? " me demanda Anastasia alors que nous lisions la liste des villes où nous pourrions prendre une correspondance. Rome, Madrid, Vienne, Genève, Copenhague, peut-être, où son grand-père était roi.
" Où tu voudras, Anastasia. Où tu te sentiras en sécurité. "
Elle désigna une ville et j'acquiesçai, car ce nom semblait romantique. " Paris, alors, annonçai-je.
- Gueorgui, dit-elle en me prenant par le bras. Juste une chose.
- Oui ?
- Mon nom. Il ne faut plus l'utiliser, ce serait trop risqué. Toi, tu ne seras pas recherché, personne n'était au courant pour toi et moi, à part Marie, et elle... "
Elle s'interrompit, le temps de retrouver son calme. " Désormais, tu ne peux plus m'appeler Anastasia.
- Bien sûr. Mais comment vais-je t'appeler, alors ? Je ne vois aucun meilleur nom que le tien. "
Elle baissa la tête et réfléchit. Quand elle se redressa, elle semblait être devenue une toute autre personne, une jeune femme se lançant dans une nouvelle vie dont elle ignorait tout.
" Appelle-moi Zoïa. Cela signifie la vie. "
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J'ai fait un rêve, Gueorgui. [...] En fait, c'était moins un rêve qu'un souvenir. Le jour où je suis devenu tsar. Mon père n'avait pas cinquante ans lorsqu'il est mort, le savais-tu?[...] Je pensais avoir bien des années devant moi. Certains disaient que je n'étais pas prêt. Mais ils se trompaient. Depuis toujours, je me préparais pour cet instant. C'est une chose étrange Gueorgui, de pouvoir accomplir sa destinée uniquement lorsque l'on perd son père. Et sa mort m'a accablé. [...] J'ai épousé Sunny une semaine après la mort de mon père. [...] Cela me semble maintenant appartenir à une tout autre époque. Quand nous sommes entrés dans Moscou pour le couronnement, la foule... Les gens étaient venus de toute la Russie. Ils nous aimaient, vois-tu. Cela ne me paraît pas si ancien, mais ça remonte pourtant à il y a plus de vingt ans.[...] Gueorgui, le général Rouszki sera ici dans quelques minutes. Tu sais pourquoi il vient me voir? [...] Il m'apporte des papiers à signer. Quand je les aurai signés, un grand changement se produira en Russie. Une chose que je n'aurai jamais crue possible. De mon vivant.
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Cette nuit là fut l'une des plus froides, de mémoire d'homme, et le fleuve resta gelé pendant près d'une semaine.
Quand la glace commença à fondre et que l'on découvrit le corps de Raspoutine, il avait les bras écartés, les mains serrées comme des griffes, les ongles blancs d'avoir gratté la glace. Il avait essayé de s'échapper. Il n'était pas encore mort quand nous l'avions jeté à l'eau. Il s'était débattu pendant un temps indéterminé. Le cyanure ne l'avait pas tué, ni les quatre balles du prince, ni la noyade. Tout cela avait échoué.
J'ignore à quoi il finit par succomber. Tout ce qui comptait, c'est qu'il n'était plus.
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Voilà plus de soixante ans que je n’ai plus vu un seul membre de ma famille russe. Il est presque impossible de croire que j’ai vécu jusqu’à quatre-vingt-deux ans et que j’ai passé si peu de ce temps parmi eux. J’ai négligé mes devoirs envers eux, mais ce n’est pas ainsi que je le percevais alors.

Car je n’aurais pu modifi er le cours de ma destinée, pas plus que la couleur de mes yeux. Les circonstances m’ont entraîné d’un moment à un autre, et ainsi de moment en moment, comme pour tous les hommes, et j’en ai suivi le cours sans poser de question.
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Mon père et ma mère n’étaient pas très heureux en ménage.Il s’est passé des années depuis la dernière fois où j’ai dû subir leur compagnie, des dizaines d’années même, mais je pense à eux presque tous les jours, pendant quelques instants, pas plus. Comme un murmure de la mémoire, aussi léger que le souffle de Zoïa sur mon cou quand elle dort à côté de moi, la nuit. Aussi doux que ses lèvres sur ma joue quand elle m’embrasse pour commencer la journée. Je ne sais pas exactement quand ils sont morts. Je ne sais rien de leur décès, en dehors de la certitude naturelle qu’ils ne sont plus de ce monde. Mais je pense à eux. Je pense encore à eux.
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Vidéo de John Boyne
Extrait du livre audio « La Vie en fuite » de John Boyne, traduit par Sophie Aslanides, lu par Rafaèle Moutier. Parution numérique le 6 décembre 2023.
En savoir plus : https://www.audiolib.fr/livre/la-vie-en-fuite-9791035414290/ Commander sa version CD : https://boutique.audiolib.fr/produit/2719/9791035414290/la-vie-en-fuite
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