AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782714494238
320 pages
Belfond (03/06/2021)
3.87/5   81 notes
Résumé :
À Tokyo, une chatte tricolore aux yeux verts vagabonde dans les ruelles sombres et les recoins les plus abandonnés. À mesure qu’elle trace son chemin dans des quartiers de plus en plus interlopes, elle croise la route de personnages étonnants : Ichiro, une ancienne star déchue qui vit dans un hôtel abandonné, Makoto, un jeune salaryman qui subit son existence, Kentaro, un tatoueur de yakuzas, et
Naomi, sa mystérieuse cliente, le détective Ishikawa qui gagne s... >Voir plus
Que lire après Tokyo, la nuitVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (35) Voir plus Ajouter une critique
3,87

sur 81 notes
5
11 avis
4
18 avis
3
5 avis
2
1 avis
1
0 avis
♫Les cerisiers sont blancs
Les oiseaux sont contents
Je ne suis pas mécontent...
Ah-ah, ah-ah,
J'aurais jamais cru ça♫
-Gilbert Bécaud- 1968-
----♪----♫----🗾--🔴--🗾----♫----♪----

L'arbre est en fleur, et je n'arrive pas à détacher mon regard de ses couleurs éclatantes...
Rose ou blanc mélé de rouge sang
les pétales tombent doucement...
Le ​besoin d'hanami !?
(célébration du printemps)
lisez Tokyo la Nuit
ce p'tit quelque chose de si bouleversant
L'ombre d'un chat qui raconte la triste histoire des hommes
salarymen, yakuzas ou tatoueurs
Cat Stevens qui nous chante Father and son
JO 2020 Cérémonie d'ouverture avant leurre
On peut juger une société à la façon dont elle traite ses chats…
Sachant chat,
Foi de Ninosairosse,
Ne dites plus Tokyoïte (tôt Coït) mais éjaculation précoce

Un gateau de riz à Masse Critique
Pour ce moment quelque peu magique
Un ARIGATO aux Ed Belfond et à Bradley Nick
pour ce premier roman à l'accent si Cat à tonique…🐱‍👤
Commenter  J’apprécie          1281
Coup de coeur...

Merci Babélio, et aux éditions Belfond pour cette très belle découverte.

Plonger dans une histoire, faire le grand saut, parfois en apnée, parfois en apesanteur. Et parfois, toutes ces sensations se mélangent et le voyage devient étrange, nouveau, changeant, mouvant... Et il fait du bien.
Cela fait longtemps que je ne m'étais pas autant plongée dans un livre. J'en ressors avec l'impression d'être encore dedans.

Une jeune femme qui entre dans un salon de tatouage, qui formule une demande claire pour se faire recouvrir le corps entier de la Ville de Tokyo vide d'habitant. Un tatoueur qui dévie de la demande initiale et intègre un petit personnage par clin d'oeil... Il y a ici deux éléments ici qui m'ont embarquée tout de suite : le Japon et les chats. le troisième est plus global : la vie tokyoïte, le mélange entre la tradition et le moderne, et une pointe de fantastique qui agrémente le voyage.

J'ai beaucoup aimé l'originalité de la construction du livre : ces pages de manga, de texte. Cela donne un rythme à l'histoire, on plonge, on change de direction, on découvre. J'ai aimé cette façon de ne pas être "statique". Mon ressenti, c'est de découvrir à chaque fois le même monde sous un autre regard avec ce chat en fil rouge, ce lien félin entre ces personnages.

Les personnages sont attachants, construit, mais aussi atypiques. Je me suis attachée à certains petits détails de la vie quotidienne. Appréciant beaucoup le Japon, sa culture, les quelques mots ou phrases ne m'ont pas perturbée pendant ma lecture. J'étais en terrain connu : il y a une richesse culturelle que l'auteur nous fait partager.
Hikikomori, Futoko & Neko est pour moi un chapitre très nourrissant, prenant, émotionnellement percutant. J'ai aimé cette façon de parler de la relation entre un jeune garçon et cette personne dont la solitude m'a touchée. Et ce lien par un félin qui sait et sent.

Je me suis attachée également à Kentaro, à ce tatoueur dont on partage aussi les réflexions. J'ai apprécié ce côté très respectueux et sérieux du tatouage qui reste un art, même si mal vu par la société japonaise, car celui-ci fait référence au Yakuza. Les mots avaient des contours, les lignes se dessinaient devant mes yeux.

Le style de Nick Bradley m'a plu. Tout simplement. J'ai été touchée, embarquée dans l'histoire. J'aurais aimé me plonger davantage dans certains passages que j'ai trouvé trop court ou trop peu développé. Ce livre m'a rendu curieuse : de l'histoire elle-même et de redécouvrir certaines oeuvres. L'auteur connaît son sujet : de l'importance du chat dans la culture japonaise.

J'ai envie de recommencer ce voyage, envie de voyager à nouveau au travers de ces histoires, un livre que je vais prendre un grand plaisir à relire.

Un mot sur cette couverture : mélange ! Mélange des styles, des genres, des couleurs... Un mélange qui anime, qui vibre et qui vit. le travail graphique est vraiment incroyable, ce jeu de lumière et d'ombre, une distance dans l'histoire, des petits cailloux semés pour la compréhension de l'histoire. Bravo vraiment ! J'ai été touchée rien qu'en me perdant dans cette couverture.

En bref : Un coup de coeur, un livre qui rassemble des thèmes que j'affectionne, un style fluide qui invite au voyage, une originalité dans la construction de l'histoire, un félin fil rouge et l'envie de replonger dans la découverte de Tokyo. J'ai beaucoup beaucoup aimé ce livre !
Commenter  J’apprécie          582
J'ai reçu ce livre dans le cadre d'une Masse Critique Privilégiée ; je remercie donc Babelio ainsi que les Éditions Belfond pour ce très joli "cadeau", car c'en est un, ne serait-ce que pour la qualité de cet ouvrage broché et de sa couverture qui, à elle seule, nous prend d'emblée par la main pour nous entraîner dans cette mégapole de trente millions d'âmes qu'est Tokyo.
D'entrée il me faut évoquer la quatrième de couverture qui nous fait, c'est sa raison d'être, un résumé en guise d'invite de - Tokyo, la nuit - de Nick Bradley, un gaijin anglais converti à la culture japonaise et dont ledit résumé mentionne une "atmosphère follement murakamienne"... j'insiste sur l'adverbe.
Quel besoin d'étiqueter un nouvel auteur, de le ranger, de le caser dans un tiroir littéraire plutôt que de lui laisser son authenticité, son originalité, sa patte (surtout lorsqu'on parle de chat... je sais, c'est facile)... bref, ce qu'il est par ce qu'il crée !
Est-ce parce qu'un jeune écrivain va avoir pour personnage un enfant qui a peur de se coucher le soir tandis que ses parents veillent au jardin, que ledit gamin va s'amouracher au retour des vacances d'une petite peste avec laquelle il partagera une tranche de cake à l'heure du goûter et que le parfum du gâteau lui rappellera des souvenirs, qu'on peut affirmer que le lecteur est pris dans une atmosphère follement proustienne ?
Pour ma part, je ne le pense pas et estampiller Bradley "murakamien" me semble erroné et racoleur... ce n'est pas politiquement correct, mais tant pis... c'est dit !
Lire ce roman choral, c'est avoir quelques clés qui vous permettent de vous introduire dans des lieux insolites, des situations hétéroclites, approcher des personnages quelquefois déroutants.
La première de ces clés... c'est la couverture.
Observez-la attentivement... puis entrez.
Là se trouve la deuxième clé, un poème de Hagiwara Sakutaro intitulé - le chat bleu -... lisez-le, relisez-le... il vous offre un trousseau ; à vous de savoir l'utiliser.
Naomie, une jeune femme mystérieuse entre dans un studio de tatouage tenu par Kentaro, un tatoueur formé à l'art du tatouage "à l'ancienne", dont la clientèle est exclusivement constituée de yakuzas ( mafieux japonais ).
Elle convainc un Kentaro réticent de lui tatouer la ville de Tokyo sur le corps... toute la ville de Tokyo dans ses moindres détails.
Un travail titanesque que le tatoueur finit par accepter d'exécuter.
Deux ans de travail qui finissent par épuiser Kentaro qui, pour se "divertir", introduit, à l'insu(?) de sa cliente... un chat tricolore aux yeux verts... à l'intérieur desquels on voit...
Qu'y voit-on ?
Ce que l'auteur, habilement, vous invite à suivre en le lisant.
Tokyo bien évidemment, et des Tokyoïtes de souche ou d'adoption.
Parmi eux des immigrés économiques... travailleurs pour l'essentiel... Vietnamiens, coréens, chinois, philippins etc... que l'on retrouve dans l'alimentaire ou le bâtiment... des femmes, étudiantes, enseignantes ou hôtesses de bar, strip-teaseuses, prostituées... des hommes ayant fui un divorce, une famille restée en Europe ou aux USA... des salarymen ou des businessmen.
Parmi eux, Ichiro une ex-vedette que l'alcool a clochardisé, Flo une traductrice qui s'échine à traduire en anglais un grand nouvelliste de SF...Nishi Furuni.
Mari et George, un couple que tout sépare mais qui inexplicablement ne se défait pas.
Taro un chauffeur de taxi qui a récemment perdu sa femme, et qui travaille jusqu'à pas d'heure pour échapper à sa maison vide et pour ses deux filles, dont l'une vit aux États-Unis.
Un soudeur psychopathe qui travaille à la chaîne et est totalement obsédé par les fourmis.
Ishikawa un détective privé qui fait le bien pour laver une conscience salie par...
Nao et Ken, deux êtres qui ont subi le rejet, le harcèlement, et qui vont...
Tous ces personnages et d'autres encore sont liés, d'un point de vue narratif par le chat aux yeux verts et par Naomie la jeune fille tatouée qui ne sont qu'un ou deux ? Par Tokyo... et par des liens plus subtils encore.
Plus qu'un roman conçu comme un recueil de nouvelles (je l'ai lu dans quelques chroniques), je dirais que c'est un roman choral avec une mise en abyme.
Par ailleurs, une des originalités de cet ouvrage, c'est que c'est un livre de collage, d'assemblage.
On y trouve des calligraphies japonaises, des lettres, une BD ou manga, des photos, des mails etc...
Qu'y a-t-il donc de murakamien dans tout ça ?
Tokyo ? L'omniprésence de la nourriture, des bars, de la musique, des chats ?
Sumimasen... mais ça ne suffit pas.
Il suffit de lire - Tokyo vice - de Jake Adelstein, que j'ai présenté il n'y a pas longtemps pour retrouver tous ces "ingrédients"... ou - Konbini, la fille de la supérette - de Sayaka Murata ou encore - Et si les chats disparaissaient du monde - de Genki Kawamura...
En dehors d'une pincée de fantastique, nous sommes loin de Murakami et de ses deux lunes, de ses "little people" dans sa trilogie - 1Q84 -, et de tous ses autres romans (dont j'ai lu plus d'une quinzaine) dans lesquels il se plait à redimensionner le réel, utilise des jeux de miroirs avec ou sans tain pour nous emmener dans des univers comme celui de - L'étrange bibliothèque -... lisez-le et vous m'en direz des nouvelles (mauvais jeu de mots !).
Non, Nick Bradley introduit un peu de fantastique dans le réel, mais il ne touche pas à ce dernier.
Un chauffeur de taxi qui a un grave accident de voiture se retrouve avec une jambe amputée... et sa prothèse ne l'entraîne pas dans une autre dimension.
L'alcoolique clochardisé traîne une vie de gueux... jusqu'au bout.
Peut-être le chat cloné qui dialogue télépathiquement est ce qui serait supposé se rapprocher de Murakami ?
De la SF, oui... mais pas plus.
De plus, lorsqu'un personnage de Nick Bradley ouvre une porte pour passer du salon à la salle de bains, il se retrouve dans la salle bains... pas dans un temple ou un univers à trois lunes.
Dans ce méga corps qu'est Tokyo se débattent des vies sur fond de JO 2020... on nettoie ce grand corps malade ( on rafle sans abri et animaux errants ), on démolit des vieux quartiers abandonnés, on rénove, on agrandit, on se prépare à la grande fête des sports et des sponsors.
Pendant ce temps, 30 millions d'êtres sont confrontés en permanence à l'absurde chagrin de vivre sans comprendre.
J'ai pris plaisir à lire ce roman créatif, inspiré, bien écrit, riche et empli de petites trouvailles : un livre plus que recommandable.




Commenter  J’apprécie          473
A la lecture de la quatrième de couverture, j'étais un peu sceptique : un étranger qui écrit sur le Japon (attention les clichés !), une énième histoire de chat (thème éculé !) un format incertain (un roman, vraiment, ou une série de récits plus ou moins indépendants et décousus) … Mais après coup, ce fut une très bonne surprise, tant l'auteur dévoile, progressivement, toute la palette d'un talent déjà évident dans son premier roman.

Mes trois points d'inquiétudes ont en effet disparu peu à peu. Nick Bradley connaît le Japon, pour y avoir vécu dix ans, ce n'est pas rien, et ça se sent. Il instille des mots et expressions japonaises, ni trop ni trop peu, et pas stéréotypées, du genre de celui qui connaît les subtilités et nuances de la langue. Il sait aussi les petites railleries entre japonais selon leur région d'origine, ce qui ne saute pas du tout aux yeux du premier voyageur venu, et sait en tirer des situations croustillantes et des dialogues savoureux (voir la fierté des habitants d'Hiroshima qui se targuent de faire non seulement les meilleurs, mais finalement les seuls okonomiyaki dignes du nom, quand ces méprisants tokyoïtes appellent ça des Hiroshima-yaki). L'étude des mentalités est très fine aussi. Par exemple, Bradley s'y entend pour suggérer finement ce qui fait foirer sur la durée la relation entre une japonaise et un gaijin, un étranger, faute d'une compréhension mutuelle naturelle et profonde.

Sur la forme, on est en présence d'une succession de récits, comme autant de photographies de Tokyo. Elles forment un kaléidoscope passionnant, qui sait sortir des clichés pour explorer le tissu de la société nippone. Mais surtout, les récits sont bien reliés entre eux par un fil conducteur, où réapparaissent les personnages. La construction est habile, c'est une réussite. Les thématiques abordées sont multiples, la dureté de la société envers les pauvres, le couple et la condition de la femme, les robots et l'intelligence artificielle, l'écrivain n'hésitant pas à flirter avec la science-fiction, avec un certain succès…

Quant au chat, il est d'une grande discrétion, il est aussi un personnage récurrent, c'est le chat de la rue qui se trouve là comme un témoin silencieux de l'étrange monde des hommes, mais il est insaisissable, l'auteur n'en fait pas un objet d'adoration naïve comme on le voit si souvent et encore moins un chat qui parle et pense comme les humains.

Un livre plaisant, instructif sur le Tokyo d'aujourd'hui, ville tentaculaire et fascinante, avec ses quartiers d'une grande diversité et ses mille facettes, aux atmosphères remarquablement captées par Bradley.

Un grand merci à babelio et aux éditions Belfond pour cette découverte proposée dans le cadre d'une opération masse critique.
Commenter  J’apprécie          413
Premier roman du jeune auteur anglais Nick Bradley, « Tokyo, la nuit » brosse le portrait d'une ville contrastée. Ville moderne trépidante, elle est restée par bien des côtés traditionnelle.
*
Alors que la ville de Tokyo se prépare à accueillir les jeux olympiques, une étrange jeune femme aux yeux verts chatoyants entre dans un salon de tatouage et demande au maître tatoueur Kentaro de lui tatouer un plan détaillé de Tokyo sur le dos, en insistant bien pour que la ville soit inhabitée.
Par jeu, Kentaro y cache un petit chat. Alors que son tatouage prend forme sur le corps de sa cliente, le tatoueur se rend compte que le chat se déplace dans le paysage urbain dessiné et l'observe.

« S'était-il simplement imaginé qu'il avait dessiné un chat sur le corps de Naomi ? C'était l'explication la plus simple… Pourtant, lorsque ses yeux balayèrent le district de Roppongi, son coeur s'arrêta : le chat était là, à la sortie d'une station de métro, la queue dressée comme pour se moquer de lui. »
*
Très présent dans l'art et la littérature japonaise, le chat est symbole de chance et est adulé. L'auteur, titulaire d'un doctorat sur la figure du chat dans la littérature japonaise, a su créer une ambiance mystérieuse autour du symbolisme du chat.

Ce chat calico aux yeux verts, en prenant vie sur le dos de la jeune femme, semble également se déplacer réellement dans la ville. Il se balade d'une scène à une autre, spectateur silencieux mais personnage central de ce roman.
Le lecteur a l'impression de lire au départ une suite de petites nouvelles avec pour seul point commun cet étrange chat. Mais sa présence énigmatique suffit à entremêler et chevaucher tous ces parcours de vie et mâtiner le quotidien des personnages de cette histoire d'une sorte de réalisme magique.

« … Ah ! La seule chose capable de dormir dans cette grande nuit urbaine
Est l'ombre d'un chat bleu
L'ombre d'un chat qui raconte la triste histoire des hommes
L'ombre bleue du bonheur qui me fuit
A jamais je poursuivrai cette ombre…
Un chat bleu – Hagiwara Sakutaro 1923 »

Ses rencontres furtives paraissent ne pas avoir de lien entre elles, mais il n'en est rien, un lien intime relie tous les personnages du récit. Au fur et à mesure que le fil conducteur se déroule, le lecteur repère les différentes connexions et fait des associations entre tous les acteurs.

Ce chat errant serait-il un Bakeneko, un chat aux pouvoirs surnaturels, capable de se transformer en femme ?
*
J'ai particulièrement aimé la description de Tokyo et de la vie des Tokyoïtes.
« La ville a besoin de nous, et nous avons besoin d'elle. Une symbiose pesante. »

Cette balade à travers les rues du Tokyo et ce patchwork d'histoires qui s'imbriquent les unes dans les autres, dessinent un tableau saisissant de cette grande métropole japonaise, révélant ses multiples facettes, tant au niveau de la vie quotidienne, de la culture, des traditions que du travail.
Avec un regard occidental, l'auteur dresse un portrait très réaliste de Tokyo qui apparaît comme une grande ville animée n'offrant pas toujours une vie agréable pour ceux qui y résident.
« Cette ville est trop grande, il y a trop de gens, trop de folies qui passent inaperçues ou que tout le monde ignore. »

Nick Bradley a indéniablement des connaissances sur le Japon, la littérature et la culture nippones. On ressent son amour pour ce pays dans lequel il a vécu pendant dix ans.
Mais il n'hésite pas non plus à nous parler des côtés plus sombres de Tokyo et à nous faire part de ses critiques de la société japonaise moderne. La vie des Tokyoïtes est stressante, oppressante et solitaire.
L'intégration, le racisme, le harcèlement, l'isolement, l'exclusion, l'interdépendance des vies brisées, le sentiment d'aliénation par le travail sont au coeur de ce roman.
*
Mais la plus grande force de ce roman est sans aucun doute le style très astucieux.
L'auteur propose un univers original et inventif en intégrant différentes formes de narration dans son récit, allant de la science-fiction au manga, en passant par le fantastique, le policier, le haïku, la lettre, la photographie et même des notes de bas de page et des publications sur les réseaux sociaux, pour un résultat assez convaincant et cohérent, je dois en convenir.
*
L'écriture de l'auteur est très agréable.
Le passage le plus touchant est pour moi les quelques pages de manga intégrées dans le récit, alors que ce n'est pas du tout mon genre littéraire de prédilection.
Le dessin apporte une valeur esthétique, une dimension culturelle et sociétale, un climat émotionnel poignant, mais également une habile mise en abyme.

Le seul reproche que j'aurais, est l'utilisation de mots japonais qui m'a gênée dans ma lecture. Un glossaire à la fin du roman aurait été le bienvenu pour éviter quelques recherches sur internet.
*
Reçu lors d'une masse critique privilégiée, je tiens à remercier Babélio, l'auteur et les éditions Belfond pour ces quelques jours de lecture très agréables.
Lorsque j'ai accepté de lire ce roman, je ne m'attendais à rien de particulier. J'ai été attirée par la très belle couverture, par les thèmes du chat et du Japon, mais aussi par l'éditeur qui m'a permis de découvrir, il y a peu, le magnifique roman de Maggie O'Farrell, « Hamnet ».

Je dois avouer que ce roman m'a surpris. Nick Bradley a su créer une ambiance insolite, une atmosphère très réaliste, mais aussi un brin mystérieuse avec ce chat calico qui nous surprend au détour des pages.
Commenter  J’apprécie          3312


critiques presse (1)
LActualite
10 août 2021
Ce qu’on en retient, c’est qu’on est tous connectés les uns aux autres, parfois sans le savoir. Un chassé-croisé fort réussi pour un premier roman.
Lire la critique sur le site : LActualite
Citations et extraits (42) Voir plus Ajouter une citation
Flo n'avait pas l'air conditionné, c'était trop cher, en revanche elle avait beaucoup de livres. Ses étagères en étaient remplies, il n'y restait plus un centimètre libre. Les voir la rassurait et la calmait. Elle en avait lu une majorité, mais il y en avait encore beaucoup à lire, ce qui suscitait chez elle une certaine excitation et lui évoquait un de ses mots préférés en japonais, tsundoku - un terme sans équivalent dans d'autres langues : acheter des livres et les entasser sur une étagère sans les lire.
p119
Commenter  J’apprécie          362
Tu n'as jamais l'impression que tout change ? Même s'il ne se passe rien de dramatique ou de spectaculaire dans la vie, le simple fait de vieillir a le même effet qu'un énorme traumatisme. Quand je nous revois, assis sur les tatamis avec mon grand frère, l'idée que ces moments soient à jamais enfuis a quelque chose de bouleversant et d'irrémédiable. Cette vague de nostalgie qui nous rappelle constamment que nous ne serons plus nulle part chez nous. Que ces gamins assis par terre, si jeunes et si heureux, sont morts et enterrés. Ils ne reviendront jamais. Et ne me lance même pas sur mon petit frère, qui est tellement plus jeune que nous...Il a arrêté d'aller à l'école primaire et il ne parle plus à personne. Et je ne peux rien faire pour l'aider. Lui qui était tellement joyeux, on dirait que le seul fait de grandir le tue à petit feu...
Commenter  J’apprécie          90
Flo choisit de se rappeler le matin où elle avait vu le soleil se lever depuis le sommet du mont Fuji, quand l'orbe rouge avait peu à peu émergé au-dessus des nuages et qu'elle s'était réjouie avec les autres grimpeurs de la chaleur qui montait dans ses membres frigorifiés.
p113
Commenter  J’apprécie          270
L'arbre est en fleur, et je n'arrive pas à détacher mon regard de ces couleurs éclatantes - blanc mêlé de rouge sang.
Les pétales tombent doucement au pied du cerisier. Ils chutent en cascade jusqu'au sol, comme des mouchoirs blancs tâchés de sang. Je bats des paupières, et quand je les rouvre pour de bon, il n'y a plus de fleurs. Je ne vois plus qu'un vieil arbre flétri, tout seul, dont les fleurs pourrissent par terre.

page 98
Commenter  J’apprécie          120
Un chat bleu – Hagiwara Sakutaro 1923

Aimer cette ville est une bonne chose
Aimer ses bâtiments, c'est une bonne chose
Et toutes les femmes aimables
Toutes les vies nobles
Qui écument ses rues animées
Bordées de cerisiers
Aux branches chargées de moineaux qui pépient

Ah ! La seule chose capable de dormir dans cette grande nuit urbaine
Est l'ombre d'un chat bleu
L'ombre d'un chat qui raconte la triste histoire des hommes
L'ombre bleue du bonheur qui me fuit
A jamais je poursuivrai cette ombre
Je croyais désirer Tokyo même sous une tempête de neige
Mais voyez, là, ce clochard en haillons qui grelotte dans la ruelle,
Affalé contre un mur - quel rêve rêve-t-il ?

Epigraphe - Tokyo, la nuit
Commenter  J’apprécie          50

Videos de Nick Bradley (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Nick Bradley
COFFRET LITTÉRATURE ÉTRANGÈRE GRAND FORMAT • Tokyo, la nuit de Nick Bradley et Maxime Berrée aux éditions Belfond Ces héroïnes qui peuplent mes nuits de Mia Kankimäki et Claire Saint-Germain aux éditions Charleston La seconde vie de Jane Austen de Mary Dollinger aux éditions Attilla https://www.lagriffenoire.com/100773-coffrets-coffret-litterature-etrangere.html • • • Chinez & découvrez nos livres coups d'coeur dans notre librairie en ligne lagriffenoire.com • Notre chaîne Youtube : Griffenoiretv • Notre Newsletter https://www.lagriffenoire.com/?fond=newsletter • Vos libraires passionnés, Gérard Collard & Jean-Edgar Casel • • • #lagriffenoire #bookish #bookgeek #bookhoarder #igbooks #bookstagram #instabook #booklover #novel #lire #livres #conseillecture #editionsbelfond #editionscharleston #editionsattilla
+ Lire la suite
autres livres classés : japonVoir plus
Les plus populaires : Polar et thriller Voir plus

Lecteurs (236) Voir plus



Quiz Voir plus

Londres et la littérature

Dans quelle rue de Londres vit Sherlock Holmes, le célèbre détective ?

Oxford Street
Baker Street
Margaret Street
Glasshouse Street

10 questions
1052 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature anglaise , londresCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..