Je me souviens des écrivains alors à la mode : Maurice Dekobra (La Madone des sleepings, Mon cœur au ralenti), Pierre Frondaie (L'Homme à l'hispano), Marcel Prévost (Les Demi-vierges), Victor Marguerite (La Garçonne), Germaine Acremant (Ces Dames aux chapeaux verts)...
Je me souviens du grand article qu'Edmond Jaloux consacra dans les Nouvelles littéraires au premier livre de Julien Gracq, Au château d'Argol.
Je me souviens des Œuvres libres, du Livre Moderne Illustré et du Livre de demain.
Jarry portait toujours sur lui un revolver chargé. Un soir, assis auprès d'une inconnue qui lui plaisait et qu'il n'osait pas aborder, il tire un coup de feu dans la glace du restaurant. " Maintenant que la glace est brisée, lui dit-il, causons".
Arrêté dans une manifestation avec un revolver sur lui, Félix Fénéon est amené devant le juge.
"Monsieur Fénéon, remarque celui-ci, vous aviez sur vous de quoi commettre un meurtre.
- Oui, en effet, monsieur le juge, mais je portais aussi sur moi de quoi commettre un viol."
A un cocktail chez Gallimard, Cocteau observant les efforts de Mme Mauriac pour éloigner François de lui, alors qu'ils avaient été si proches dans leurs jeunesse ("Le baiser agaçant de tes lèvres gercées"...) :
"Mais quoi...qu'est-ce qu'elle s'imagine ?...J'ai été sa femme avant elle."
"Il faut donner du temps au temps." Comment une telle sottise a-t-elle pu connaître une telle fortune ? Peut-être parce qu'au grand discours politique, en panne, se sont substituées les "petites phrases" avec lesquelles l'homo politicus espère nous faire oublier qu'il parle dans le vide.
L'Antichambre de Jean-Claude Brisville. Pièce intégrale.