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Isabelle Delord-Philippe (Traducteur)
EAN : 9782714445872
339 pages
Belfond (02/09/2010)
3.86/5   92 notes
Résumé :
Nouvelle Angleterre, 1861. Tandis que le Nord subit des défaites imprévues, un homme quitte ses quatre filles et sa femme pour soutenir la cause de l’Union. Abolitionniste convaincu, le docteur March s’enrôle comme aumônier et se retrouve par hasard sur une plantation où il a déjà séjourné et qu’il n’a jamais pu oublier...

Connecticut, vingt ans plus tôt. Jeune colporteur, March est accueilli dans la demeure des
Clement, où il tombe sous le cha... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (24) Voir plus Ajouter une critique
3,86

sur 92 notes
Quand on a beaucoup aimé un livre dans sa jeunesse, la tentation est grande de vouloir lire un livre qui prend pour héros l'un de ses personnages. Mais fatalement, l'appréhension de voir l'oeuvre et l'esprit de l'auteur trahis est proportionnelle à la tentation ... aussi, quand le titre de ce roman a attiré mon regard, j'ai un peu hésité, tiraillée entre l'envie d'en savoir plus et la crainte de "dénaturer" mon souvenir d'une lecture de jeunesse ...

Eh bien disons-le tout net : je ne regrette absolument pas cette lecture ! Loin de trahir le souvenir très vif que j'ai des Quatre Filles du Docteur March et de tous les autres romans pour la jeunesse non traduits en français de Louisa May Alcott, ce titre m'a enchanté en braquant un projecteur éblouissant et sans concessions sur un personnage fantôme qui est pourtant présent dès le titre du roman, et dont on ressent bien à quel point il occupe une place centrale dans la vie et l'oeuvre de Louisa May Alcott : le Père (avec un grand P) !

Dans La Solitude du Docteur March, pourtant, ce n'est pas vraiment avec le père que nous avons rendez-vous, mais avec l'homme. L'idéaliste, l'abolitionniste, le rêveur, le mari, l'amant, le soldat pacifiste, le prédicateur et le professeur. Toutes ces figures tourbillonnent dans les pages du roman, sous la plume experte de Géraldine Brooks. Nos découvrons tour à tour le jeune homme pauvre mais ambitieux qui se fait colporteur sur les routes du Sud des Etats-Unis, l'homme fortuné qui tombe éperdument amoureux d'une jeune femme au tempérament explosif et fonde une famille et l'aumônier qui s'est engagé dans la guerre par conviction mais doit faire face à une violence qui le révolte, qu'elle soit dans le camp adverse ou dans son propre camp, et qui va réveiller des souvenirs enfouis profondément dans sa mémoire.

L'auteur nous propose toute une vie dans ces pages, et même plus, car Marmee a aussi droit à la parole dans l'avant-dernière partie du livre, quand elle part rejoindre son mari gravement blessé. Et même si cette partie n'est pas celle qui contient le plus de scènes horribles (elles émaillent tout le roman pour nous rappeler à chaque instant l'horreur de l'esclavage et celle de la guerre), c'est celle que je trouve la plus terrible pour le personnage principal, car elle révèle la somme de mésententes et d'incompréhensions qui s'élève entre deux personnes qui s'aiment pourtant profondément, et qui ont toutes deux la conviction d'agir dans le sens que l'autre souhaite ... triste leçon ...

Les personnages secondaires sont eux aussi poignants et remarquables, que ce soit du côté des esclaves et des soldats ou de celui de l'entourage des March à Concord. On aime particulièrement reconnaître l'irascible tante March, et certain épisode impliquant la petite Beth jette un éclairage nouveau sur le personnage.

Bref, sans hésiter, je recommanderai ce livre à tous ceux qui ont lu dans leur jeunesse et aimé Les Quatre Filles du Docteur March, mais aussi à ceux qui considèrent ce roman comme mièvre et convenu, ils seront sans doute surpris. Je précise que ce livre m'a fait réaliser pour la première fois que les quatre filles du Docteur March et Scarlett O'Hara étaient contemporaines ... oui, je sais, cela semble tomber sous le sens, mais ici, c'est palpable ...
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Dans le roman de Louisa May Alcott, le docteur March est le grand absent. Dans ce récit parallèle à l'histoire originale, l'autrice imagine la guerre telle que vécue par ce père de famille. Pour ce faire, elle crée un passé à ce personnage si laconique. On le découvre jeune colporteur dans le Connecticut, vingt ans avant la guerre de Sécession. Dans la demeure d'un riche planteur de coton, il rencontre Grace, belle esclave qui jouit d'un statut particulier, mais qui, par sa faute, subira un terrible châtiment. On suit ensuite le jeune homme et ses engagements nordistes, son mariage avec Margaret, dite Marmee, et sa décision de s'engager comme aumônier quand la guerre éclate. Sur le front, il découvre les atrocités commises par son propre camp et les souffrances des esclaves, bien loin d'être révolues. Et surtout, il retrouve Grace et doit se confronter à la culpabilité qui le ronge depuis des années.

Le roman est le récit du docteur March, agrémenté des lettres qu'il envoie à son épouse et ses filles. Ce fervent abolitionniste, plein d'idéaux et de fougue, refuse cependant d'exposer ses chères « petites femmes » à l'horreur de la guerre. Alors, il tait, il minimise, il détourne l'attention. « Je me disculpe de la censure à laquelle je me soumets : je n'ai jamais promis d'écrire la vérité. » (p. 13) Il chérit ses souvenirs du temps de la paix, de son tendre mariage avec Marmee et de son implication dans le chemin de fer souterrain. Renvoyé du régiment où il officiait, il se voit confier la gestion et l'éducation de la contrebande de guerre, à savoir les esclaves libérés qui apprennent à travailler pour un salaire. « L'abolitionnisme et le pacifisme étaient issus d'une même conviction foncière : il y a quelque chose de Dieu en chacun, et l'on ne peut donc réduire un homme en esclavage, pas plus qu'on ne peut le tuer, même pour libérer ceux qui sont asservis. » (p. 233 & 234)

Geraldine Brooks développe des points à peine évoqués par Louisa May Alcott, comme le caractère impétueux de Marmee, ce qui donne au personnage une épaisseur plus intéressante que sa seule dimension de mère aimante et d'épouse sacrificielle. L'autrice explicite aussi la faillite de la famille March et détaille la maladie du docteur et les soins que lui apporte son épouse. Pour autant, Geraldine Brooks n'a pas cherché à faire du docteur March un homme de notre temps : elle le laisse bien ancré dans son siècle, avec ses certitudes paternalistes à l'égard de sa femme, ses filles et des anciens esclaves. « Au lieu de développer un penchant pour l'oisiveté ou la vanité ou un esprit à qui tout est mâché, mes filles ont acquis énergie, assiduité et indépendance. En ces temps difficiles, je ne crois pas qu'elles aient perdu au change. » (p. 189) Cette histoire s'insère donc très naturellement dans les blancs laissés dans Les quatre filles du docteur March, et ce d'autant plus que les notes finales indiquent que l'autrice s'est inspirée de la famille de Louisa May Alcott pour imaginer son personnage et son texte. Voici une suite/réécriture tout à fait réussie !
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L'auteur réinvente l'histoire du père des « Quatre filles du docteur March ».
Elle s'est inspirée du célèbre livre de Louisa May Alcott et aussi des journaux intimes et de la correspondance des différents protagonistes pour raconter l'année que le docteur March a passé dans le sud pendant la guerre de Sécession, en tant qu'aumonier.
Nous parcourons donc sa jeunesse et découvrons comment il est devenu un ardent défenseur du droit des noirs. Confronté à des injustices flagrantes, le Docteur March va peu à peu s'intéresser au sort des esclaves.
Par les lettres qu'il envoie et qu'il reçoit, nous prenons également des nouvelles de sa femme et de ses filles.

Ce récit passionnant, mêle l'histoire personnelle d'un homme, entièrement dévoué à une cause à celle de l'Amérique.
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Certains d'entre vous vont me prendre, encore une fois, pour un rabat-joie. Mon billet sur ce roman se veut beaucoup plus mesuré que ceux enregistrés sur Babelio.

Le principe de donner vie au docteur March, qui n'a pas sa place dans le roman de Louisa May Alcott, est une excellente idée d'écriture. Dans le roman d'Alcott, le docteur est cantonné à un rôle immatériel de mari et de père parti à la guerre défendre une cause noble en cohérence avec les convictions familiales.

Je n'ai pas lu les Quatre Filles du docteur March, j'ai vu les nombreuses adaptations cinématographiques qui font de ce livre, à mon sens, un conte de Noël, ce qui est de circonstance.

Mais le docteur March que propose Geraldine Brooks est une déception. Elle en a fait un personnage trop moderne, que cela soit dans ses idées politiques voire culinaires, puisqu'il est vegan !? de même dans ses actes, il n'agit pas en homme du XIXème siècle. A cela, il est vrai, c'est un personnage qui m'a déplu. Un comportement insupportable, très pontifiant, donnant des avis sur tout, mais incapable de courage. Il le reconnaît lui-même en estimant que bravoure et couardise sont proches. Je lui ai trouvé un aspect anti-héros.

Alors, effectivement, je peux affirmer que je n'ai pas eu mon plaisir à cette lecture, sauf au moment où l'auteure change de personnage principal en passant du docteur à sa femme. Je n'ai pas apprécié ce livre. Cela reste évidemment très personnel
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Dernière d'une famille qui compte quatre filles et me faisant surnommer Emy, à une lettre près, l'identification était parfaite. Les « Quatre filles du docteur March » ont bercé mon enfance et aujourd'hui encore, je ne me lasse pas de leurs frasques, histoires d'amour et autres inventions. Aussi, quand je remarquai ce livre signé Geraldine Brooks sur l'étagère d'une librairie, l'appel littéraire fut irrésistible ; j'allais enfin découvrir ce que cachait la seule part d'ombre qui subsistât pour moi chez les March.
Au fil de ma lecture, j'ai compris que je m'étais plongée dans quelque chose de bien moins futile qu'une intrigue reprenant l'univers créé par Louisa May Alcott. On connaissait, grâce à cette dernière, la société des années 1860 qui avait subi la guerre de Sécession, n'ayant d'autre choix que de rester au foyer en voyant les hommes partir au front.
Ici, l'auteur dépeint la vie de ceux qui ont pris part au conflit, qui ont caché la vérité des atrocités à leur famille et se sont tus à leur retour. Pour ce faire, elle emprunte la voix du docteur March, humaniste et fervent défenseur de la cause des esclaves ; elle le place aux côtés de grands noms du XIXème siècle, bien réels, ceux-là : Henry David Thoreau ou Bronson Alcott pour ne citer qu'eux.
Si la guerre n'est dans l'histoire originale qu'une ombre planant au-dessus du tableau de l'idéal familial des March, et le père une silhouette un peu moins floue quand vient Noël, Geraldine Brooks insuffle autant de vie que possible à ces deux éléments. Chaque phrase est prodigieuse, rendant le récit d'une réalité géniale ; l'Histoire de la guerre de Sécession est là, mais elle est teintée des sensations du narrateur. Enfin, les valeurs morales des March, si parfaites qu'elles en deviennent parfois exaspérantes, se trouvent fissurées par les doutes, les erreurs, les réflexions qui les traversent, comme tous les hommes, au fond, et achèvent de donner à l'oeuvre de Geraldine Brooks ce qui la rend si renversante.
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critiques presse (1)
Lexpress
25 novembre 2011
Souffle épique, scénario à rebondissements, ce roman possède le panache des grandes sagas à l'américaine, ce qui lui a valu le prix Pulitzer en 2006.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
En tant que mère, j'avais souvent demandé à mes filles de savoir pardonner. "Ne laissez pas le soleil se coucher sur votre colère", leur avais-je répété, quand les grandes et les petites disputes de l'enfance les dressaient les unes contre les autres. C'était à mon tour d'être mise à l'épreuve. Je devrais mettre en pratique mes propres sermons. Il m'avait déçue de tant de manières ! Il ne m'avait pas apporté le confort matériel que j'attendais, mais il y avait longtemps que je m'y étais adaptée. Il ne m'avait pas consultée en décidant de partir à la guerre, j'avais pourtant feint d'approuver et gardé le silence. Et maintenant il m'avait infligé un coup encore plus cruel, il m'avait trahie de la manière la plus grave, et la plus personnelle, en nourrissant des sentiments secrets pour une autre femme. Et j'avais beau en comprendre les raisons, cela ne m'en blessait pas moins. D'autres connaissaient sur mon mariage des vérités qu'il m'avait cachées.
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Ce soir, les nuages gaufraient le ciel. Le soleil déclinant dorait et cuivrait leurs bords effilochés comme si le firmament était surfilé de fils précieux.Je marque une pause pour essuyer mon œil enflammé qui ne cesse de larmoyer. Cette phrase que je viens de noter est peut-être d'un style un peu trop fleuri, mais qu'importe : ma femme est une critique indulgente. Ma main qui, je le remarque, est mouchetée de traces de flegme séché, tremble d'épuisement.Pardonnez mon écriture disgracieuse, une armée en marche ne fournit guère de coin tranquille à la réflexion et à la correspondance. (J'espère que mon jeune auteur chéri trouve le temps, entre toutes ses bonnes œuvres, de profiter de mon petit cabinet de travail, et que ses amis les rats ne lui en voudront pas de s'être absenté un court moment de son nid d'aigle coutumier.) Et pourtant s'asseoir ici à l'abri d'un grand arbre pendant que les hommes allument leurs feux et plaisantent apporte une certaine paix. Je travaille sur l'écritoire que les filles et vous m'avez si judicieusement procurée et, bien que j'aie renversé ma réserve d'encre, vous n'aurez pas à vous donner la peine de m'en envoyer une autre, puisqu'un des soldats m'a donné l'ingénieuse recette d'un succédané bien commode obtenu à partir des dernières mûres de la saison. Je suis donc en mesure de vous expédier des mots «doux» !
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Je vous demande simplement de voir qu'il y a une seule chose à faire quand nous tombons, c'est de nous relever et de continuer d'avancer dans la vie qui s'étend devant nous, et d'essayer de faire le bien dont nos bras sont capables pour les êtres que nous rencontrons en chemin.
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connaître la bibliothèque d'un homme, c'est dans une certaine mesure connaître son esprit.
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« Vous prônez l’émancipation mais vous me traitez en esclave de la manière la plus primitive qui soit! Ne suis-je pas libre de m’exprimer dans ma propre maison face à de telles insultes ? Vous appelez vos filles "vos petites femmes" et bien moi je suis votre femme humiliée, et j'en suis lasse. »
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Non sous-titré.
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