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EAN : 9782246823193
224 pages
Grasset (10/02/2021)
4.27/5   33 notes
Résumé :
« J’avais roulé tôt vers le port de Saint Malo un matin de printemps, pour voir partir en campagne de pêche, le plus ancien et le plus grand des chalutiers français, le Joseph Roty II. Un monstre d’acier de quatre-vingt-dix mètres de long avec cinquante cinq marins à bord. Aveuglé par la clarté du ciel, je ne distinguais pas leurs visages, seules leurs silhouettes massives se détachaient dans le contre-jour. Je les entendis se marrer. Ils partaient cinq semaines pêc... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Cela fait plusieurs heures que j'ai posé mon pied à terre après ce voyage éprouvant au coeur des tempêtes. Et je n'arrive pas à m'y faire.
Je n'ai pas encore retrouvé mon point de gravité, mon équilibre et ma capacité de réflexion. Je suis encore tout à mes émotions, à ma concentration pour ne pas avoir le mal de mer et je rassemble tout ce qu'il me reste d'énergie pour tenter de ne pas céder à la peur et pour survivre au coeur des éléments.

Je suis sans mots face à l'immensité, à l'adversité de l'Atlantique Nord, à la fascination que me procure cette plongée au coeur de l'infini bleu à bord du Joseph Roty II.
Je suis sans mots devant le courage de ces hommes qui passent leur vie à bord, loin du confort, des êtres aimés et des rêves terrestres.
Je suis sans mots devant ce chalutier gigantesque, dont le coeur bat au rythme des vagues et dont chaque pièce sert à ramener poissons et hommes à bon port, une fois la pêche terminée.
Je suis sans mots devant le talent de Frédéric Brunnquell.
Cet auteur et réalisateur nous raconte avec humilité la force de cette Nature si puissante loin des terres. Il nous partage avec pudeur et admiration l'intimité qu'il a su créer avec ces hommes de la mer avec qui il a partagé angoisses et joies, tranches de vie et rêves.

Hommes des tempêtes...
Ce titre et sa couverture m'ont fait de l'oeil dans ma librairie préférée alors que je m'étais juré de ne rien acheter. (J'étais entrée juste pour me faire envie). Pfff... C'était sans compter l'attrait irrésistible qu'ont sur moi l'océan, ses bateaux et ses hommes.
Face à eux, je suis fascinée... et terrifiée. Je me sens si petite et en même temps si vivante ! Une fois de plus, j'ai l'impression d'avoir poussé au mauvais endroit - dans mes Alpes pourtant si appréciées - tant le monde océan m'attire.

Vous n'allez pas me croire : je viens de terminer ce livre en ce dimanche de Pentecôte et je découvre à l'instant que le film documentaire de Frédéric Brunnquell passe à la télé dans trois jours.
Rien de tel pour prolonger le plaisir d'être en mer et retarder le moment de l'atterrissage dans mon quotidien dispersé.

Embarquez vous aussi pour ce voyage décapant. Vous ne le regretterez pas ! Et puis, vous ne mangerez plus jamais de surimis comme avant !!!
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Ce qui au départ était n voyage pour faire un film-reportage sur la vie des marins-pêcheurs hauturiers s'est transformé en pur roman d'aventure pour l'auteur !

Sur le plus grand chalutier français, le Joseph Roty II et ses 90 mètres de long, il embarque avec l'équipage de 55 personnes pour une campagne de pêche du merlan bleu en Atlantique nord.

Le navire a été construit pour la pêche à la morue en 1974 sur un chantier naval polonais. Après l'interdiction de cette pêche sur Terre-Neuve en 1992 il a été transformé en bateau-usine et il est maintenant l'unique bateau européen équipé pour la production du surimi-base.

L'auteur est logé comme les marins même pire puisqu'il s'installe dans la cabine surnommée “le ghetto” avec 2 autres marins. Son espace personnel, une bannette de 2 m sur 60 cm pour les 7 semaines prévues !! En plein coeur de l'hiver il va vivre au rythme de l'équipage, de la recherche du poisson, de la peur que rater la campagne entraine une absence de salaire pour tous.

Tout comme ces hommes il va subir les odeurs, les bruits, la promiscuité, les dissensions, le gros temps et surtout la tempête ! L'angoisse s'installe en même temps que son récit, les odeurs et le bruit sont présents et le danger perceptible. Malgré les avancées technologiques et industrielles, pêcheur hauturier reste un métier dangereux, violent, soumis aux aléas météos ! le merlu bleu n'est pas un poisson qui se localise, la réussite de la pêche dépend du professionnalisme (en termes d'années) du capitaine !

Ces marins, bretons, portugais ou polonais, sont les mêmes qu'à la grande époque de la morue, le mental identique pour supporter ces conditions et parfois ils semblent coller à leur travail comme des bernicles (berniques, arapèdes ou patelles) !

Pour le commun des mortels c'est franchement horrible mais il faut lire ce livre, il n'y en a pas tant que ça à témoigner de ce métier et si la caméra est aussi habile à retranscrire une ambiance que la plume, j'ai hâte de voir le documentaire, qui n'est pas consultable pour l'instant !

#Hommesdestempêtes #NetGalleyFrance

Challenge MULTI-DEFIS 2021
Challenge ATOUT PRIX 2021
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"Il y a trois sortes d'hommes, les vivants, les morts et les marins."
Il faut connaître les marins pour comprendre la justesse de cette assertion. Je le sais, je suis mariée à un homme qui n'est ni vivant ni mort ;).
Un monde à part, une vie à part, morcelée, pleine de risques, de folie, de liberté, de souffrances physiques et morales. Un monde complexe mais qui relie les hommes de dizaines de pays si différents : italiens, ukrainiens, polonais, français, russes, philippins, indonésiens, indiens, angolais...
Un métier aussi vieux que le monde et qui, aujourd'hui, fait tourner le monde. Qui nous apporte nos frigos, notre ciment, notre jus d'orange, nos liaisons internet, notre gaz, notre coton, nos poissons, tout. 85% des échanges mondiaux se font par la mer.
Hommes des tempêtes est un livre magnifique, qui raconte la vie en mer. La vraie. le combat contre la mer, les poissons et les vents, contre les machines, contre soi-même. L'enfermement, l'attente, les blessures et la peur. L'espoir. Les rires et la confiance. La colère. Tout ce que ressentent ces hommes oubliés, que la mer, tout à la fois, sauve et dévore.
Un livre à ne pas manquer.
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Ce livre est plein d'air frais, de vagues et d'embruns. J'ai vraiment adoré.

Pendant quelques mois l'auteur a accompagné l'equipage du plus grand chalutier Français, le Joseph Rotty II, lors d'une campagne de pêche dans l'Atlantique nord.

L'attente est longue avant de trouver le poisson, le travail est harassant, l'environnement hostile et les aléas incessants. Houragan, pannes, océan démonté, creux de plusieurs mètres contrastent avec la solitude des hommes d'équipage qui passent de longues semaines loin de leurs proches, seuls dans leurs cabine.
Leurs témoignages sont exceptionnels. N'hésitez pas une seconde à embarquer avec eux respirer l'air du large et partager leur expérience. C'est passionant.
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Récit documentaire au allure de roman d'aventure qui nous embarque pour 7 semaines de pêche dans l'Atlantique Nord à bord du Joseph Roty II, le plus gros chalutier Français en activité, qui concentre son activité dans la pêche au merlan bleu servant a la fabrication du surimi et qui va nous transporter dans l'intimité et la promiscuité que se partage les 55 membres d'équipage.
On plonge avec l'auteur dans la dure réalité du travail de marin pêcheur en haute mer à la rencontre de ces hommes, Portugais, Polonais et Bretons dont la vie oscillent entre terre et mer, entre amour et solitude, entre confort et promiscuité et pour qui l'horizon sans fin de l'océan qui nous fait tant rêver n'est synonymes pour eux que de dur labeur.

On referme le livre en appréhendant le roulis du bateau, on se lève, on tangue un peu, on regarde par la fenêtre comme à travers un hublot, croyant apercevoir la mer en furie, puis on émerge de la tempête dans laquelle nous a plongé ce livre et l'on s'aperçoit rassuré que l'on à les deux pieds bien ancrés sur la terre ferme.
Pour sûr, aux prochains apéros entre amis je regarderai les surimis avec un très profond respect.

Pour les amoureux de la mer, récit court (200 pages) dans lequel l'auteur, a l'aide parfois d'envolée lyrique magnifique, nous embarque pour un voyage immersif et passionnant.
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critiques presse (1)
Liberation
19 octobre 2021
On est bien avec ces ­marins, on les voit vivre, travailler, dormir, manger et essuyer les grains. On les suit. On entend ce qu’ils vivent et confient. Brunnquell a tourné et retourné autour de ce «paradoxe de la liberté des ­marins».
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Nous tournons autour du ban de merlans et, tous les jours, prélevons de cette masse invisible cent mille individus dont nous ne gardons que les protéines et rejetons les abats, la peau, les arêtes et les nageoires. Dans les cantines, les cuisines, les aires d'autoroute, les salons, sur les tables basses ou sur le coin d'un bureau, au moment où nous pêchons, des milliers de personnes dans le monde entier consomment des surimis. Cette nourriture sans âme, purement fonctionnelle, apporte à l'humanité sa part de protéines journalières. Le lien entre notre existence sur les flots et ces bâtonnets est impossible à établir. Le surimi orange, maquillé au safran, aromatisé au goût de crabe, est un produit industriel intraçable. La chair du petit poisson, mixée fraîche puis déshydratée, colore nos assiettes, mais le merlan bleu demeure indétectable. "Micromesistius poutassou" n'existera jamais dans l'imaginaire des consommateurs. C'est une matière première sans origine qui nourrit le corps des humains sans aucune référence à la nature. "Tu es ce que tu manges", aurait dit Hippocrate. Alors apprenez, consommateurs de surimis, que derrière vos bâtonnets se tient au milieu de l'océan un bal tragique, où des oiseaux, des marins, des mécaniciens et un capitaine jouent leur survie face aux forces liquides d'une planète restée sauvage.
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Joaquim est l'homme de toutes les manœuvres, le chef de l'équipe de pêche. Il est petit et trapu, dirige ses voltigeurs qui travaillent sur le pont arrière. Tous maîtrisent l'art du ramendage, celui de tous les rafistolages, celui de l'amarrage. Ils sortent par tous les temps, par toutes les mers.
Le bosco est un seigneur à bord, dégagé de toutes autres corvées. Il ne sourit pas. Poker face. A chaque manœuvre, il joue la vie de ses hommes et celle du chalut.
[...]
Six tonnes de câbles d'acier suintant de graisse, un kilomètre sept cents de long, le diamètre d'un filin de télésiège à la montagne. Avant de commencer la pêche, il faut les dérouler entièrement puis les enrouler à nouveau serrés par une tension de plusieurs tonnes. Le navire est une puissance, le plus grand navire de pêche français.
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Je ne quitte pas des yeux les chiffres de l'anémomètre. Dans les rafales, ils passent de 70 à plus de 85 noeuds. Le vent siffle, hurle, menace d'arracher out ce qui traîne sur le pont. Le bateau battu par une pluie diluvienne tient bon. Dehors, c'est l'enfer. Dans le grain, le vent forcit et le Joseph Roty II ralentit. Notre vitesse chute dangereusement. Nous ne marchons plus qu'à 1,5 noeud, à peine trois kilomètres à l'heure. Je ne connais rien à la pêche mais j'ai n sens marin un peu aiguisé par des milles de navigation et je sais que si nous perdons notre petit avantage de vitesse face à la mer, nous risquons d'être pris par les vagues. Devant le danger, je conseille au barreur, qui somnole, d'augmenter un peu la puissance de l'hélice.
- Erwan, pousse à 40, sinon on va tomber travers aux lames !
- Pascal m'a dit de toucher à rien !
- Regarde la vitesse du bateau, le vent souffle plus fort que tout à l'heure !
- Non, il m'a dit de ne rien toucher.
- Ajuste la vitesse du bateau ! Nous sommes à moins de 1,5 noeud !
Erwan lève les yeux sur le GPS, s'aperçoit que le bateau est presque à l'arrêt et enfin pousse la manette qui augmente la propulsion.

Page 112
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- Il y a une dizaine d'années, on rigolait bien en mer, on jouait aux cartes, on se gueulait dessus souvent, c'était vivant à bord. Aujourd'hui, tout le monde vit enfermé, cloîtré dans son lit. Les séries, les disques durs, tous ces films qu'on embarque et le chouïa de réseau qui nous relie à la terre ont tué l'ambiance. On connaît mieux la généalogie des personnages de Game of Thrones que la vie de nos voisins de chambrée. On échange des mini-textos pleins d'émoticônes avec sa femme, où on ne se dit pas grand-chose mais qui suffisent à nous suspendre entre deux mondes. Mais sans ça, aucun jeune n'embarquerait. J'aime moins naviguer aujourd'hui. Mais à la cuisine, je suis bien. Avec Jean-Pierre, il y a une bonne ambiance.
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A terre, les compagnes des marins espèrent autant que nous le poisson. Elles partagent la trouille de la marée d'infortune. La honte de ces retours la cale vide qui ôte aux marins la fierté de faire vivre leur famille. Rentrer sans, c'est comme sortir de prison, sa peine purgée, sans avoir caché de magot.
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Vidéo de Frédéric Brunnquell
Dans son nouveau roman "Le bûcher des illusions", Frédéric Brunnquell retrace les vies romanesques d'hommes et de femmes de "la petite classe moyenne". Leurs histoires racontent la petitesse de la vie comme son immensité.
Pour en savoir plus: https://www.albin-michel.fr/le-bucher-des-illusions-9782226481900
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