AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,87

sur 2913 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Je découvre Dino Buzzati par le biais de ce recueil de nouvelles. J'y trouve beaucoup d'humour, une autodérision assez caractéristique des auteurs italiens. J'y trouve aussi des réflexions d'ordre philosophique, sociologique, une critique sociale et politique et un style invitant. Tout ça rend l'expérience de lecture en général agréable. J'ai été cependant un peu gênée par le fait que l'ensemble m' a paru « daté ». Si certaines nouvelles ont une portée universelle, plusieurs font allusion à la guerre froide, une époque quelque peu dépassée maintenant que Trump et Poutine s'entendent comme larrons en foire; les cigarettes que tout un chacun grille de façon désinvolte m'ont semblé aussi d'un autre temps; ainsi que le rôle des femmes… Ces petits détails ont estompé pour moi un peu les qualités indiscutables de l'écriture. Je me promets cependant de revenir à cet auteur qui, par le biais de contes plus ou moins fantastiques (qui ne sont pas sans rappeler ceux de Marcel Aymé) a su faire passer quelques réflexions sur l'humanité et ses travers. Peut-être parce qu'elle était plus longue, presque un petit roman avec des chapitres, j'ai particulièrement apprécié la dernière (Voyage aux Enfers du siècle).
Commenter  J’apprécie          180
J'ai eu la chance d'étudier cette oeuvre de ce grand novelliste italien qu'est Buzzati dans mon cursus de lettres. Une lecture qui ne m'excitait pas à première vue, puisque je ne suis pas une adepte des nouvelles. Mais Dino Buzzati a su m'ensorceler et m'emmener dans son monde, un monde disjoint entre réalité et fantastique.

Beaucoup de ses nouvelles abordent le thème de notre société individualiste et de la possible rencontre que l'on peut faire de l'autre via le langage et les mots.

Le style d'écriture de l'auteur est personnel, et très travaillé. En effet, il joue avec les genres littéraires et mélange réalisme des descriptions et fantastiques des scènes narrées. Un mélange hétéroclite, qui met le lecteur au pied du mur, ne sachant trop où se placer et que croire.

Sa première nouvelle, qui a donnée son titre à l'ouvrage, le K, est sans doute l'une de mes préférées. Elle raconte l'histoire d'une bête mystérieuse, qui choisie sa proie et la suit jusqu'à la fin de sa vie. Une nouvelle énigmatique et effrayante, qui se dénoue d'une façon étonnante.

Quant au Veston ensorcelé, l'image que veut faire ressortir Buzzati est limpide. Ce jeune homme, doté d'un manteau magique qui lui octroie des pièces d'or à chaque fois qu'il plonge la main dans ses poches, fait clairement penser au système capitaliste de notre société.

La Tour Eiffel est également l'une de mes nouvelles préférées de Buzzati. En s'appuyant sur un fait historique (la construction de la Tour Eiffel et ses 300 mètres de hauteur), il amplifie sa réalité et décide d'ajouter une touche de magie dans son récit. La Tour Eiffel continuera à grimper à l'infini, jusqu'aux nuages. Hélas, la médiocrité de la condition humaine, armé jusqu'aux dents, fait revenir les hommes du ciel sur terre. La réalité rattrape très rapidement la fiction.

Dans la nouvelle intitulée Jeune fille qui tombe… tombe, l'auteur nous met face à la futilité de la vie et nous renvoie en pleine tête notre mortalité. La jeune fille dégringole les étages de son immeuble et se retrouve vieille dame lorsqu'elle arrive tout en bas. Il y a de quoi frisonner.

Les bosses dans le jardin est également une nouvelle qui fait réfléchir à la mortalité de l'être humain, mais aussi à sa pérennité. Que restera-t-il de chacun une fois mort ? Une question que tout le monde s'est déjà posé une fois dans sa vie, mais qui malheureusement, ne peut trouver de réponse positive.

Je n'ai cité là que quelques-unes de mes nouvelles préférées. le recueil en contient bien trop pour que je les aborde toutes l'une après l'autre. Néanmoins, un socle commun unie chaque nouvelle. En effet toutes font prendre conscience au lecteur de certaines choses qui régissent sa condition humaine. La futilité de la vie, sa mortalité, son rapport au monde et aux autres. Il nous inflige des leçons de morales bien dosées, qui agissent simplement et indirectement, via le fantastique. Grâce à ce subtil détournement fantastique, le lecteur revient plus brutalement au réel pour prendre conscience de sa nature et de l'image de la société.

Buzzati a un talent démentiel. A travers des nouvelles fantastiques simples de compréhension, il y cache de nombreuses interprétations possibles. C'est riche, profond, majestueusement écrit. Amusez-vous à replacer des éléments concrets sur toutes ces narrations si magiques. Réflexions et questionnements assurés (et bon moment de lecture, aussi) !
Lien : https://analire.wordpress.co..
Commenter  J’apprécie          180
J'ai dégusté ce recueil de nouvelles sur plusieurs mois. A quelques exceptions près, elles m'ont toutes plu. J'ai beaucoup aimé "le K" qui ouvre ce recueil et en donne le ton. Plusieurs m'ont marquée durablement, notamment "la leçon de 1980", où l'auteur imagine que Dieu, excédé par les querelles des hommes, fait mourir l'homme le plus puissant de la planète tous les mardis à minuit. "Ubiquité", où le narrateur-auteur se découvre le pouvoir d'ubiquité et finit par refuser de s'en servir, car il imagine toutes les conséquences que cela pourrait avoir. J'avais adoré le Désert des tartares il y a plusieurs années et cette lecture m'a donné envie de lire davantage Buzzati.
Commenter  J’apprécie          151
Un recueil de nouvelles très particulier : les thèmes et le style sortent des nouvelles fantastiques "classiques". Assez souvent farfelus, comme le complot de la tour Eiffel ou la transformation d'un être humain en voiture, voire parfois un peu nébuleux, tous les textes réunis ici comportent un côté poil à gratter qui est loin d'être désagréable. Un ouvrage à découvrir, et certainement très intéressant à relire.
Commenter  J’apprécie          150
Le K est un trésor, je pèse mes mots.
Ce livre, découvert au lycée, m'a marquée profondément. Cet ensemble de nouvelles est écrit avec une plume incisive, les histoires sont originales, les personnages fascinants...
J'ai relu ce livre maintes fois, et c'est une redécouverte à chaque fois.
Je le conseille à tous, c'est un livre qu'il faut avoir lu.

Nouvelle critique datant du 11/01:
Aujourd’hui 11 janvier, je débute cet avis sur un livre qui me tient à coeur. La date est importante, car ce sont les événements de ce jour qui m’ont fait penser au « K ». Après le couturier André Courrèges, l’acteur Michel Galabru, les chanteurs Michel Delpech et Lemmy Kilmister, c’est David Bowie qui nous a quitté.
Or dans ce recueil de nouvelles, il en est une qui s’intitule « La leçon de 1980 ». Il s’agit de l’histoire de Dieu, qui lassé des querelles, « s’amuse » à faire disparaître tous les hommes importants. Certes, les hommes de cette nouvelle sont responsables de drames et de guerres, alors que les personnages qui ont disparu ces temps ci n’ont pas tant à se reprocher! Mais c’est la succession de disparitions qui m’a fait penser à ce merveilleux ouvrage qu’est « Le K ».
L’introduction étant faite, passons maintenant à mon avis sur ce livre, même si les adjectifs précédemment utilisés étaient transparents!
« Le K » est donc, vous l’aurez compris, un recueil de 50 nouvelles écrites par Dino Buzatti, publié pour la première fois en 1975. La première nouvelle, qui donne son nom au livre, évoque en filigrane un homme à la poursuite sa vie durant de chimères, alors que l’épanouissement absolu est à sa portée depuis le début. Vous l’aurez compris, le ton est assez cynique, voir triste. On sent que l’auteur est un journaliste dans sa façon de formuler, mais cela est loin d’être dérangeant. Au contraire, on oscille ainsi entre fiction et réalité, en se demandant ce qui est juste, ce qui est inventé…

La suite sur mon blog ;)
Lien : https://aubazartdesmots.word..
Commenter  J’apprécie          154
Un ami m'a offert le K de Dino Buzzati pour mon anniversaire. C'est parfait car je souhaitais lire plus de classiques. Je lis habituellement peu de nouvelles mais le ton fantastique de beaucoup d'entre elles m'a plu. Ce recueil en contient 51 au total, ce qui a assez impressionnant ! Alors qu'ai-je pensé de monument de la littérature italienne ?

Imprégnée d'éléments absurdes, fantastiques et d'un humour mordant, l'ambiance de ces récits est profondément sombre, voire déconcertante. La lecture donne l'impression de parcourir une série d'événements anodins, peut-être liée à la formation journalistique de l'auteur, chacun dissimulant un sens caché. Ils révèlent successivement nos solitudes, nos fantômes, nos vertiges, nos attentes, nos folies, le temps, la vieillesse, la mort, et mille autres aspects selon la perception individuelle. On sent chez l'auteur un certain sens du nihilisme, comme si ce qui nous guidait avait quelque chose de profondément vain, inutile, pour nous faire sentir proches de l'insignifiance.

À travers un subtil mélange de vraisemblance et d'invraisemblance, d'absurdité et de rationalité, Buzzati met en lumière la dimension fantastique de la vie. On ressent alors que, à n'importe quel moment de nos existences, à partir d'un élément apparemment anodin, quelque chose d'inquiétant peut surgir brusquement, ébranlant, voire détruisant nos croyances et nos certitudes. Les personnages de Buzzati semblent être atteints d'une forme de malédiction, parfois même littéralement, ce qui ajoute au vide existentiel qui habite ces différents récits. C'est comme une prise de conscience de la petitesse de sa propre existence. Par exemple, dans la nouvelle le K qui donne son titre au recueil, l'auteur semble souligner à quel point les hommes ont tendance à fuir en avant, manquant l'essentiel au passage et ne s'en apercevant qu'aux portes de la mort.

La plume de Buzzati fait mouche. Il a un style fluide qui se laisse suivre facilement. Entre exagérations et sens du sordide, il ne manque pas d'un certain humour noir, d'une ironie mordante et pathétique. le tragicomique constant de ces nouvelles est parfaitement dosé. En conséquence, nous avons de nombreuses interprétations possibles à partir de ces courtes histoires, ce qui fait partie du génie de l'oeuvre. L'auteur ne donne jamais de réponses toutes faites, ce qui fait également la force de certaines nouvelles. En quelque sorte, c'est parfois au lecteur d'y trouver sa propre explication à travers son angoisse existentielle.

J'ai par exemple été très marquée par les progressions, de courts textes qui évoluent très vites. L'exercice de style m'a rappelé l'Oulipo, dont les contraintes d'écriture sont très marquées. Cependant, il est vrai que les historiettes n'ont pas toutes le même impact. Notamment car les chutes manquent parfois un peu de mordant ou que certains textes sont trop opaques pour rester en mémoire. C'est souvent le cas sur les recueils qui réunissent un grand nombre de textes. On sent que certaines nouvelles sont un exercice de style plutôt qu'une volonté de l'auteur de distraire un lecteur.

Buzzati, maître du fantastique, explore avec une sensibilité exacerbée des thèmes universels tels que la solitude, la jeunesse, la guerre, et la mort. À travers un subtil mélange de vraisemblance et d'invraisemblance, l'auteur met en lumière la dimension fantastique de la vie, soulignant la fragilité de nos certitudes et la petitesse de notre existence. La plume fluide de Buzzati, teintée d'humour noir et d'ironie mordante, entraîne le lecteur dans des progressions rapides, rappelant par moments l'esprit de l'Oulipo. Cependant, la diversité des nouvelles engendre des réactions variées, certaines histoires laissant une impression plus marquante que d'autres. Cela contribue à enrichir les multiples interprétations possibles, laissant au lecteur le soin de trouver sa propre signification au travers de cette angoisse existentielle.
Lien : https://lageekosophe.com/202..
Commenter  J’apprécie          140
Je viens de butiner Buzzati et d'y savourer une cinquantaine de nouvelles. Un régal ! Buzzati porte un regard désabusé sur la société, les nantis, les crédules, en faisant souvent astucieusement basculer sa nouvelle vers le conte fantastique.
Parfois, on entre directement dans un conte. Ainsi, par exemple et pour vous mettre l'eau à la bouche, dans "1980" Buzzati, (mort en 1972, il avait écrit cela avant 1966) nous raconte que, « excédé à la fin par tant de querelles, le Père éternel », tous les mardis soirs, faisait mourir subitement l'homme le plus puissant de la terre. Cela commença par le chef du gouvernement soviétique, puis une semaine plus tard par le président des États-Unis, etc. De Gaulle attend son tour. Mais il est obstinément épargné, comme si le Père éternel voulait lui faire comprendre l'écart entre l'opinion que le général avait de lui-même et la réalité de son pouvoir...
Parfois, la nouvelle commence par une situation réelle plausible (un homme marié veut acheter une très belle voiture) mais glisse soudain dans le fantastique (quand, sa femme l'ayant quitté, on comprend qu'elle s'est métamorphosée dans la superbe voiture avec laquelle il frime). Une autre fois, Buzzati vous fait prendre l'ascenseur au 31e étage d'un gratte-ciel, fait monter à son bord au 27e une jeune femme et, parce que vous en êtes amoureux, ralentit la course descendante afin de vous permettre de faire votre cour, mais, comme cela ne suffit pas pour conquérir la belle, l'ascenseur continue de plonger dans les entrailles du sous-sol bien au-delà du dernier niveau affiché ...
Bref, vous avez là de joyeux divertissements à portée de la main. Mais ce ne sont pas que des moments de rêve ou d'imagination qui vous sont offerts : la plaisante comédie sous-tend une réelle tragédie : celle de notre monde, avec les mesquineries des mortels que nous sommes, sans cesse à la poursuite de satisfactions illusoires.
Commenter  J’apprécie          140
Recueil de nouvelles souvent choisi par les professeurs de lettre en collège afin d'aborder la science-fiction, on retiendra de ce "K", outre un titre énigmatique, des "bulles" tueuses, une société gérontophobe voire gérontocide (mais ces mots existent-ils ?), un adepte des belles voitures, et bien d'autres encore.
À recommander pour mettre un premier pied dans le genre de la science-fiction.
(Mention spéciale pour la première de couverture —un requin et une bulle montrant une étendue d'eau— qui entraine souvent des questionnements de la part des lecteurs).
Commenter  J’apprécie          141
Le premier texte de ce recueil, qui lui donne son titre, prend des airs de conte philosophique. Lecture plutôt plaisante, conclusion intelligente, bon départ. Hélas, en avançant un peu plus, j'ai peu a peu déchanté. J'avais l'impression désagréable de parcourir la pseudo-sagesse insipide d'un célèbre écrivain lyonnais exilé à Bruxelles (pour les bières et le chocolat, bien sûr, pas pour la fiscalité).
Grosse erreur de ma part ! Etais-je insuffisamment réceptif ? Fatigué? Perturbé? Désarçonné de ne pas retrouver le ton unique et l'ambiance prenante du Désert des Tartares ? Peu importe, le fait est que, une fois passé ces quelques textes qui me semblaient un peu plus faibles, le talent de Buzzati m'a saisi de nouveau.
Une construction ciselée, élément clé pour des textes courts de ce genre (nouvelles? fables? contes?). Plume précise, évocatrice, concrète et néanmoins poétique. Cette double qualité permet de s'identifier aux protagonistes, grâce au réalisme simple des descriptions et des situations initiales, puis de nous emporter hors de notre monde, par l'introduction progressive de nuances oniriques, surréalistes, voire fantastiques. Cela peut tenir à quelques détails ou se matérialiser dans des retournements de situations brusques et complets.
Ces caractéristiques suffiraient déjà pour classer ce recueil dans les livres incontournables (et me faire regretter mes préventions initiales), mais Buzzati va au-delà de l'exercice de style ou de la banale invitation à l'évasion. Il nous offre, dans (presque !) chacun de ces 51 textes des pistes de réflexions profondes. Les thèmes abordés sont la vanité du pouvoir, la vacuité de la possession, le rôle de l'art pour définir l'espèce humaine, le sacrifice de sa vie pour combler ceux qu'on aime (et qui ne le voient pas toujours), l'utilité (ou l'inutilité) de notre agitation quotidienne, la fuite du temps et ses corollaires qui sont l'espoir de trouver mieux en allant voir plus loin et la déception d'atteindre trop tard ce but fantasmé. Et il y en a bien d'autres.
Alors, si les premières dizaines de pages de ce livre vous déçoivent un peu, ne vous y fiez pas : avancez. La beauté et l'intelligence sont au rendez-vous.
Commenter  J’apprécie          130
Assez peu adepte des recueils de nouvelles, qui imposent souvent une lecture hachée, j'ai été surpris par le K. Ce texte offre une fluidité, une continuité inattendue, qui allège la lecture tout en donnant du poids au fond.
Buzzati y explore la place de l'homme dans l'univers. Ou plutôt il remet l'homme à sa place dans l'univers, explorant tour à tour l'évidence de la mortalité ou la fragilité de la vie ; l'ignorance et l'impossibilité d'accéder à la Vérité ; l'orgueil, la colère et le lot de vices qui rongent les sociétés humaines ; le tout avec une écriture précise et en évitant les lieux communs.
Quelques textes m'ont particulièrement marqué : le défunt par erreur (où l'on sent une influence kafkaïenne), l'oeuf, douce nuit ou les dépassements (très drôle et si... humaine)
Commenter  J’apprécie          130




Lecteurs (10628) Voir plus



Quiz Voir plus

Le K de Dino BUZZATI

Qui est "le K" ??

Un squale
Un kangourou
Un homme d’affaires

14 questions
171 lecteurs ont répondu
Thème : Le K de Dino BuzzatiCréer un quiz sur ce livre

{* *}