Voilà un recueil de nouvelles paru en 1991 en Italie, en 1994 chez nous, d'un auteur complètement absent des collections de romans noirs si l'on fait exception du présent ouvrage. La grosse nouvelle de 70 pages qui donne son titre au recueil est suivi de 16 textes beaucoup plus courts, d'une dizaines de pages chacun ; les histoires se déroulent souvent au Mexique où l'auteur a longtemps séjourné, plus rarement en Italie, en pleine mer ou ailleurs encore.
San Isidro est un micro bled paumé dans la Sierra Madre, l'un de ces multiples trou-du-cul-du-monde de quelques dizaines d'habitants, relié à la civilisation par un chemin d'une vingtaine de kilomètres transformé en fleuve de boue la majeure partie du temps. Les ploucs de San Isidro aiment le football. Aussi, ils ont monté une équipe et organisent des matches avec le personnel de ranches plus peuplés que leur commune. Une première difficulté est de trouver un terrain plat pour jouer ; ensuite il faut en tracer les limites, et là, on se souvient d'Alvaro Christobal, un vieux grippe-sous imbuvable et buté qu'on a vu récemment avec des sacs d'engrais tout blanc, parfait pour dessiner par terre un terrain de foot. Bon, le match est une cata, l'attaquant sanisidroïen se traînant comme une loque après une nuit d'amour aussi longue que frénétique. Mais le voilà qui s'effondre, le pif sur la ligne de touche, et qui se relève comme un zébulon pour aligner des boulets de canon dans les cages adverses...
Les autres nouvelles mettent en scène des tueurs à gage, des militaires de l'aéro navale en méditerranée embringués dans une sale opération top secret, un jeune camé qui se lance dans le bizenesse, deux soeurs complètement cintrées, un pépé grignoté par Alzheimer dans sa maison de retraite, etc.
San Isidro Football Club (le recueil) est une auberge espagnole tour à tour foutraque, terrible, nonchalante, cruelle, qui aligne des instantanés d'une société bien malade. J'en retiendrai au moins deux chefs d'oeuvre : d'abord la longue nouvelle titre, puis le magnifique "Livraison à domicile" racontant à la première personne la dérive d'un jeune gars chargé de "livrer" une Mercedes haut de gamme, d'origine louche, depuis les Etats Unis jusqu'au fond du Mexique, à un richard qu'on imagine abject. le reste est constant dans l'excellence, l'écriture est d'une grande qualité et la traduction sonne parfaitement.
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Demasiado corazonAu Mexique, depuis Celestun dans le Yucatan,
Olivier BARROT présente le livre de
Pino CACUCCI "
Demasiado corazon", édité par Christian Bourgois. Un
roman noir traduit de l'
italien par
Benito MERLINO.
Images d'une ville
mexicaine.