Aivly ferme les yeux avec un geste évasif, comme pour dire qu'il n'y a pas besoin d'explications. Puis me regarde, hésitante. Je l'embrasse brusquement. Au début elle reste raide, puis je la sens se détendre, respirant longuement contre ma poitrine. Il eût mieux valu que je ne sente pas son parfum. Je fourre son nez dans ses cheveux, respire et pour un peu je ne laisserais son odeur s'échapper de mes poumons, je ne la laisserais pas s'en aller, elle, qui maintenant me tient par les hanches. Juste un instant. Une étreinte si forte qu'elle semble définitive. Elle se détache, le regard baissé.
Le pays est concentré sur quelques ruelles étroites, un endroit qui doit être reposant l'hiver tant que l'angoisse du vide ne tue pas. Maintenant, le problème est exactement inverse : éviter le clapotis humain qui envahit chaque recoin en criant, le remue-ménage de savates et de sabots, de petits rires aigus, d'appels, de sifflements de klaxons et de sirènes des ferry-boats. J'avais trouvé une petite table libre dans un coin de ruelle, puis un groupe de garçons et de filles grands et forts me l'ont demandée si gentiment que je me suis retrouvé avec la chaise, mon verre posé sur le petit mur ! Je les observe, curieux, ils me fascinent comme des créatures inconnues. Les voir si jeunes apparemment heureux, me remplit d'une envie mélancolique !
- Moi je n'ai jamais compris à quelle catégorie toi t'appartiens, murmure-t-elle.
- A ceux qui sont toujours perdants, dis-je en la serrant plus fort dans mes bras.
Pino Cacucci :
Demasiado corazonAu Mexique, depuis Celestun dans le Yucatan,
Olivier BARROT présente le livre de
Pino CACUCCI "
Demasiado corazon", édité par Christian Bourgois. Un
roman noir traduit de l'
italien par
Benito MERLINO.
Images d'une ville
mexicaine.