Il y a dans la maladie un redoutable moment, que j'ai éprouvé lundi dernier au cours de ce long malaise, celui pendant lequel on ressent qu'une force obtuse nous conduit à sa guise, que toute apparence de volonté est vaine, que le biologique est tout-puissant, l'esprit scandaleusement brimé par l'organique.
Nous rêvons de passions et finissons par des accommodements.
La capacité d'amour du chien est proprement infinie; au point qu'il accorde son affection à ceux-là mêmes qui se montrent envers lui indifférents, voire cruels. Rien ne me touche comme cette disponibilité du cœur.
Dossier Jésus, de Johannès Lehmann. Constat scientifique qui ne peut alarmer les Églises. D'une certaine manière, ce livre s'inscrit dans la perspective d'une foi intransigeante. Que Jésus ait pu n'être qu'un homme ne modifie rien au fait qu'il ait eu une relation privilégiée à Dieu et, en ce sens, il est l'Envoyé.
Nul doute que, historiquement , l'auteur ait partout raison dans sa démonstration, les Églises partout tort dans leur systématique et entêtée falsification du christianisme, mais en quoi cela concerne-t-il la foi, le concept chrétien de la divinité ? Quelque objection den cette nature ne saurait jamais se situer qu'en marge de l'essentialité. De ce point de vue, ce livre me semble correct. Il pourrait être celui d'un croyant qui cherche sans sentimentalisme les sources de sa foi.
J'observe la foule. Il fait froid, mais pas plus d'un homme sur dix ne porte de pardessus ; les femmes paradent, bien que leurs bas, toutes n'en ont pas malgré la rigueur de la température, soient troués, filés, leurs vêtements râpés, mais en revanche le maquillage est soigné. Rien de déprimant comme cette illusion de luxe que chacun se donne à lui-même et prétend donner aux autres.
Virginie Despentes accompagnée par le groupe Zëro : Éric Aldea (guitare), Ivan Chiossone (claviers), Frank Laurino (batterie)
Son : Wilo
Depuis Baise-moi en 1994, Virginie Despentes s'est imposée comme une écrivaine majeure avec notamment Les Jolies Choses (prix Flore 1998), Teen Spirit, Apocalypse bébé (prix Renaudot 2010) ou encore son essai King Kong Théorie. C'est qu'il y a chez elle une énergie d'écriture salutaire et sans concession, mais aussi une intelligence rare. L'acuité de son regard sur le monde contemporain (tantôt hilarant, tantôt glaçant de vérité), on la retrouve dans la « série » Vernon Subutex, fresque incroyable en trois tomes. Personne n'échappe à Virginie Despentes et, en même temps, elle sait très bien qu'il est jouissif de canarder à tous crins. Elle s'efforce donc de prendre à bras-le-corps, et d'aimer aussi, cette galerie de personnages ultramodernes qu'elle met en scène.
Ce soir elle vient accompagnée du groupe de rock Zëro pour payer une dette littéraire : celle qu'elle doit au mythique Requiem des innocents de Louis Calaferte.
À lire – Virginie Despentes, Vernon Subutex 3, Grasset, 2020.
À écouter – Zëro, « Requiem des Innocents » (avec Virginie Despentes), 2LP Ici d'Ailleurs, 2020.
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